5.30.2011

fédéralisme

Nous savons bien qu'aucun système politique n'est la panacée, qu'aucun n'est un idéal, que rien n'est possible d'une société humaine, encore moins démocratique, qu'Utopia n'existe que dans les rêves des Moore ou des Platon.

La question est achevée et à notre stade historique, la démocratie est notre fin, notre contrainte et la manifestation d'une maturité en gestation.
Alors pour l'Europe? L'unité de Bruxelles ou les Padanies, Flandres, Pays Basques, Kosovos,...?

Il n'y a d'unité d'Etat que celle fondée historiquement par la force et la contrainte ou la volonté arbitraire de tiers, rarement du libre choix des peuples, qui eux, sont "naturellement" différenciés, si on peut se permettre de les généraliser en tant que groupe. Aucune idée de hiérarchie quelconque. La différence. C'est tout. Mais la nécessité fondamentale d'un vivre ensemble, au nom de la survie, au nom de la solidarité, au nom de la paix.
L'Europe délire. Les régions délirent de se vouloir nation, de chercher à se déterminer contre, alors que, tout en ayant leurs particularité, elles ne sont rien d'autre qu'une succession d'influences, qu'elles sont toutes des étrangères, d'abord à elles-même et aux mythes qu'elles croient les former.
Nous n'avons pas le temps aujourd'hui de nous disperser dans des égoïsmes enfantins.
Nous devons fédérer.
Nous ne pouvons évoluer qu'en n'abandonnant pas le chemin entrepris. Nous sommes socialistes et ultra-libéraux, nous sommes les deux, violemment, viscéralement, nous sommes génétiquement chrétiens.
Est-ce ma pensée? Mon rêves? Ma volonté?
Bien entendu que non, je suis bien plus difficile que ça, plus exigeant. Je veux être l'adulte que je deviendrai. Je ne veux pas tuer mon père, mais créer avec lui des liens horizontaux, puis m'en défaire.

Ce ne sont que des constats. Des réalités qui s'usurpent en cliché, qui se veulent lutte pour un statut-quo des pouvoirs et des mains-mises.

Il faut un autre courage.

Il faut que chaque pays de l'Union se garde en Etat, mais qu'il fonde cet Etat sur le fédéralisme, qu'il sépare ses pouvoirs, ces lieux de décisions, qu'il se dilue, qu'il répartisse ses forces, qu'il s'entende à les répartir.
Fini Paris, fini Rome, terminé Londre, Varsovie... Il faut multiplier les zones de décisions, partager les responsabilités, libérer les sphères de participations populaires, créer un polis pour créer une politique.

Puis fédérer l'Europe, la confédéré comme on aura confédéré les pays.

Et si possible sans sang ni Tyran.

Le monde n'attend pas. Et il ne se gênera pas pour nous manger. Si facilement en plus, si nous ne réagissons pas. Alors que les régions aient un pouvoir, c'est une évidence, mais au sein d'un Etat, qui lui-même, ne sera qu'un canton dans une supra-entité, qui elle, sera l'esprit, la voix et les bras de ses peuples dans la totalité-monde à venir.

sur l'éternité

L'éternité semble violente mais il n'en est rien, de même le vide ou le néant qui n'en est pas vraiment un.
C'est la paix, la vraie paix, la fin des souffrances, des peines, des désirs, de l'ennui, de la peur, la fin absolue de tout.

Les paradis des religions sont encore emplis du coeur-même de nos vicissitudes, des conditions de nos terreurs. Ils gogent de l'autre, ils gogent de nous, plein de pommes d'or, de fleuves de lait, plein de nourriture, encore, de vierges, alors de queues turgescentes, de jour contre la nuit, ivres des imageries terrestres, du continuum matériel...
Je n'ai rien contre, au contraire, j'adore nos mouroirs, les genèses de nos crises. Mais je les laisse à la vie, au monde.
De même les mythes du retour, la réincarnation, ne nous retournent que sur nos considérations, nos imageries, nos cauchemars et oui, nos rêves aussi. Et alors?
Alors que la mort, enfin sans dieu(x), délivrée de l'après, de l'ailleurs ne nous ramène qu'à rien, qu'à la plénitude, à l'étendue calme.

Quant au corps s'il on veut encore penser à lui, il peut toujours s'achever en lenteur et en nourriture, jeu de mouches, terreau des vers qui ne deviendront, ne seront que d'autres nourritures, qui seront d'autres nourritures, ad lib. Notre corps pourrissant sera la condition de la vie à venir, une autre éternité mais mouvante celle-là.

5.26.2011

Dieu

Les dieux sont la personnalisation d'un inconscient collectif. Le monothéisme l'unifie, le polythéisme le diversifie. Plus l'histoire est dense, plus le dieu est fort. Plus l'histoire s'étire, plus le dieu se nourrit. La double force du dieu juif, la force persistante des dieux hindous. La guerre nécessaire du dieu musulman.
La nécessité vitale de s'identifier, de se préciser, de se créer une histoire, de la justifier.
Les atermoiement du dieu chrétien qui ne peut se renier, ne peut évoluer, ne peut se critiquer au risque de se perdre, de se faire oublier par un mensonge ou plutôt un abandon. La nécessité de son pape de ne rien lâcher, de ne rien abandonner au risque de se détruire. Un dieu trop complaisant est un dieu faible, un dieu à mourir, pas de reniement possible, pas de fléchissement. Au contraire.
Le choix de Reizinger est un choix juste, j'entends, logique. Il ne pouvait y en avoir un autre. La foi dogmatique est hors de l'Histoire, parce que le Verbe est éternel.
C'est la puissance réelle des dogmes de se situer hors du temps et hors de l'espace, ce qui leur permet d'être absent à toute critique, détaché des contingences et des lois des hommes.
La solution (qui n'est qu'un possible) n'est jamais l'Amour, mais la Raison.
L'Amour est la guerre. La paix n'est possible que par la raison.

5.24.2011

sur le théâtre/2

On m'a demandé pourquoi mettre en scène un texte des années 50 et pourquoi de la poésie.

Comme si l'histoire allait si vite que cela.

Oui ce texte est éminemment contemporain et même si l'auteur le décrit comme un câble tendu entre "le Lyrique et le Burlesque, je le lis moi, ce câble, comme de la tragédie, mais une tragédie dénuée de fatum et de dieux.
On me parle de tant de texte contemporain qui disent la même misère et la même lutte à ne rien décider ou plutôt à décider de ne rien changer ou plutôt à décider simplement de continuer.
Je n'entrerai pas encore dans le détail de la dramaturgie, ni des enjeux. Je vais rester dans le superficiel, de la théorie sans pratique. Le méta, mais sous l'angle de Tinguely.
Il y a cette impression qui sous-tend les quotidiens de la matière que la vie, mais bien entendu l'existence a changé au cours des siècles qui, ici, commencerait grosso modo, à la Grèce archaïque, mais que l'on pourrait ramener sans autre au post-simien, changement dû au progrès de la technique, que nul ne conteste.
Il y a cette impression que cette évolution s'est accélérée au XXe siècle, atome, gène, internet pour simplifier.
Bien entendu c'est vrai, bien entendu rien n'est vrai ou plutôt, l'illusion est si puissante qu'elle nous conditionne une pensée où la matière est l'oméga de nos problèmes. Nul mysticisme dans cette critique, le corps est un absolu et un terme, bien loin de l'obscurité de Plotin et toute la pensée monothéiste qu'il a signifiée.
Mais Antigone continue à se jouer sur nos scènes et c'est l'art lui-même qui nous répond, non par la vacuité de ses formes ou les miroirs qu'il répète, mais bien par l'écho des interrogations qu'il pose.
L'avion ne résout rien à l'envie d'aller d'un village à l'autre et lorsque l'on brûle de l'atome pour se chauffer, ce n'est rien d'autre que du bois.
Le même Prométhée vole à Zeus le même feu.
L'art n'est qu'une question de forme, comme la matière à notre confort.
Et la poésie est un langage bien plus clair que les vaticinations d'une langue pré-parlée ou d'un naturalisme qui ne soude pas tant une époque, qu'un trait, non d'union mais d'arc bandé vers les tessitures d'un désirs immédiats.
Ce n'est pas la variété des signifiants qui transforme le signifié, elle le nuance et redessine ses désirs à l'aulne de la paresse où la masse se complaît.
Trouver son public.
Non.
Le forcer.
Et tant pis si.

5.22.2011

le métier

Le jour où l'on me demandera d'être, alors je me tairai et je fouterai le camp.
Est-ce que ce sera la fatigue?
Non. Elle, elle me rend poreux à toutes les éventualités, à tous les détails qui serait l'inverse-même si j'étais en pleine forme. Elle, elle me rapporte toutes les faiblesses pour que je ne les oublie pas, que je continue à les connaître et les haïr et en savoir et la force et la nécessité.
Ce sera l'utilité que je serai alors devenu, un outil pour d'autres mains que les miennes.
Je ne sais pas à quoi mènent mes pensées, mais cela n'a pas tellement d'intérêt. Elles m'évitent de stagner, de goger, de me dire un jour, plus loin,
moi, je n'ai pas changé, je suis né tel et je mourrai tel.
Je finirai loin de là où j'ai commencé.

5.04.2011

le cinéma nous manque

le cinéma nous manque parce que le cinéma nous ment et parce que ce mensonge nous ramène à tous nos masques quotidiens, ces pierres que l'on empile devant nos yeux et qui sont ce que nous sommes au monde.
Le cinéma nous manque pas les films qui s'empilent comme de fausses pierres devant nos yeux et qu'on croit trop aisées à la propagande, films qui ont tant fascinés les fascistes et les dictateurs de tout bord, qui ont tant aimé la fiction contre les documentaires, qui ont tant cru que le mensonge serait le meilleur vecteur de leurs volontés, alors que le mensonge que nous offrait le cinéma était la preuve de notre être-au-monde, pauvre peut-être, minable souvent, mais entièrement libre de sa pauvreté et de sa misère, c'est-à-dire de son humanité.
Le cinéma nous manque parce que les cinéastes, aujourd'hui, croient qu'en se mettant à nu, le plus à nu possible, ils signifient notre vérité alors que par cette crudité, ils sont, par leurs films, devenus les meilleurs propagandistes d'un système qui nous a voulu et nous construit comme matériaux, marchandises, objets.