10.21.2011

Nouvelle/3 : Approche de la zone


Nous connaissons tous des zones où personne jamais n'a mis le pied.
A qui faut-il encore des repères?
Maintenant regarde autour de toi, ils marchent comme ils marchaient il y a 534 ans. Quand penses-tu?
J'ai connu sally richardson et vincent mcguire.
Une femme est venue aujourd'hui dans le bar où je l'attendais, je sais que je la connais depuis 42 ans. Pour l'amour que je lui avait donné, elle m'a répondu par sa confiance et personne autour ne s'est rendu compte de nos signes, n'a su lire nos gestes.
En 1939 je signais un pacte de non-agression avec ma cousine. Elle arrachait les ailes des mouches que je cherchais à protéger et je cassais des pierres sur le bord d'un chemin quand elle y voyait son coeur et l'exacte image de ce qu'elle était. Nous nous sommes retrouvé le jours où elle et moi avons vu un fossile de mouche gravé dans la roche. Puis chacun, à un moment précis de nos existences avons quitté la zone de combat pour devenir la guerre elle-même.

10.20.2011

Nouvelle/2 : il y a de la place dans mon ventre


Friday, October 20, 2006

Les piqures d'insectes sur nos corps sont des postes de surveillance aux vitraux percés.
Longues allées calmes, des mensonges et de la gale, des non-dits et des absences, des coups montés et des baises sans envie.
Industrialisation, naissance du capitalisme, du marxisme et de l'anarchisme, la guerre fera naître dada, la seconde, l'absurde.
Il y a de la place dans mon ventre, tu sais, je peux encore porter.
Des braillards dans la rue à la sortie du restaurant chic.
Arrêt de bus, attente minimale. Barrière de travaux, deux planches rouges et blanches.
Je n'ai jamais fait l'armée, je n'ai jamais eu peur de porter un fusil, j'ai bossé toute ma vie, de temps en temps, je n'ai jamais été un esclave, je n'ai jamais été riche, je n'ai jamais rien possédé, je n'ai jamais été aimé par les femmes que j'ai aimé. Toutes ont choisi le comfort et la sécurité et je n'ai jamais pensé que la femme était vénale. Des concours de circonstances probablement.
Court-circuit sur los angeles, suite de jours de grand vent, je sors quand même.
Le vent donne la force, le froid t'oblige à réagir, à être en mouvement, la chaleur te rend paresseux.
Le soleil, c'est l'enclume des forces.

Houellebecq/1

Jai lu Houellebecq
Il écrit comme un peq

























Ce poème est meilleur
Que toute la poursuite du bonheur


10.07.2011

Sur le théâtre/4 - Le théâtre bâtard

Le théâtre pour nous n'est pas une unité mais bien un art bâtard et c'est ainsi que nous le lisons et que nous allons le produire.
Ici il n'est pas question du fond de notre travail et de ce que nous chercherons à exprimer sur scène en janvier, mais bien de la manière qui nous fonde et ce que nous chercherons à déconstruire dans notre modus operandi.
Nous ne considérons pas le théâtre comme un ensemble fini et défini par des codes qui lui serait entièrement réduit. Au contraire, nous voulons le sortir de lui-même.
Nous ne voyons pas des scènes successives, mais un ensemble de tableaux qui reprend à la peinture et à la composition du cadre ses droits dans une unité temporel et spatial qui se rapporte directement au plan-séquence cinématographique.
Nous pensons en ligne et en masse et considérons la manifestation des sentiments comme un enjeu de la couleur, un enchevêtrement où l'harmonie est subjective et se décline des fondamentales aux dégradées.
Nous concrétisons les développements de l'abstraction, nous simplifions pour éclairer.

Le texte n'est qu'une trace, une encoche, il finalise la ligne, enduit les perspectives, achève les protagonistes en les déterminant dans un ensemble où ils ne sont que contrastes.
 Le texte est une limite. Il est neutralisé parce que naturalisé. Il est notre défaite face à l'écoulement, nos ongles sur la paroi.

Et ainsi ces lignes vivantes sont un ballet géométrique clos, les regards et la gestuel, la recherche dans la prélangue d'une communication réduite et déjà fatiguée de ne pouvoir se signifier totalement, clairement, simplement.

L'image reproduite sur écran est à la fois un surplus et une mise en abîme, la représentation de la représentation, la distance à la volonté qui nous détériore et nous détermine et le double à jamais réel et réalisé que l'on a ou que l'on est.

Du théâtre il ne reste rien. Nous sommes peinture, image donc, totalisée et saisie dans la danse qui n'est qu'une autre musique.

Nous sommes la manifestation de l'Art premier qui se fait corps pour s'exprimer.

pourquoi Steve Jobs a gâché ma vie

Pas de old good year, ni de nostalgie attardée dans ce post, pas d'Eden regretté. Jamais.
J'ai eu mon premier natel/portable/gsm a 23 ans, peut-être 24, je ne me rappelle jamais les années ni ce que j'y ai fait. Je ne me rappelle pas non plus quand j'ai envoyé mon premier mail, quelque part dans la vingtaine...
Je fais partie de la dernière génération qui a entièrement vécu son adolescence sans les urgences de la communication.
J'ai eu une existence sociale. J'étais au courant de ce qui se passait. Je lisais, je voyais, j'écoutais et je parlais.
Mon virtuel ne consistait que dans les rêves que je faisais, éveillé, fantasmes et désirs, projections et idéalisations.
Je sortais dans des lieux-clés où hors rendez-vous les rencontres étaient des éventualités, les absences des conditions à autre chose.
Depuis lors je suis prisonnier.
Je suis devenu et dois être à présent éternellement joignable, réactif, prenable, contrôlable.
Si je ne répond pas au téléphone, je dois me justifier, si j'éteins mon téléphone, je dois me justifier.
Si je ne réagis pas à tel mail dans tel temps, je dois me justifier.
Le temps est contracté, la réalité immédiate et sécantée, l'absense, étrange ou étonnante, incompréhensible, la distance, limitée, l'oubli, un effort, la quiétude, un impossible.
Je n'ai plus la possibilité de n'être rien, personne, nulle part.
Je hais Steve Jobs.