11.24.2014

Sur l'exposition de Françoise Petrovitch "Rougir" à la galerie DuboisFriedland



Patrick Straram disait dans "Quatre Quatuors en Train qu'Amour Advienne"

"J'aspire à une simplicité fondamentale".

Il voulait la dire avec ses sons et ses images.

c'est à cette phrase que j'ai pensé, en voyant l'exposition de Françoise Petrovitch "Rougir" à la galerie DuboisFriedland.

Elle est pas évidente la simplicité. Elle tend le monde. Elle est là. Elle est si dure à aborder qu'on en rajouterait toujours trop. Une ligne de trop. Un trait de trop. Comme si le regard sur le monde avait besoin de ce trop pour le rendre plus réel.
Dans le travail qui nous est présenté, on ne se pose pas la question du plus ou du moins, ni du trop ou du pas assez, il n'y a qu'un trait rouge sur un fond blanc et ce trait c'est la brise, une fidélité à l'évidence.
Ces sérigraphies à taille réelle offre au trait mis, l'espace laissé au blanc, ce fond que l'on voit souvent par défaut, l'arrière-plan qu'on est tant, voilé par les couches qu'on donne au monde. Alors qu'il est lui, le détail de toutes nos généralités. Et c'est ce détail, pur et violent comme du blanc que Françoise Petrovitch nous invite à voir, en l'entourant, les joues rougies, les corps vivants, en l'entourant, en nous l'isolant.
Ici le rouge est la limite et le lien, la piste qui ouvre le paysage, le soupçon d'un blanc comme une goutte pour un pli à nous raconter.

Il y a beaucoup d'humanité, des seuls et des couples et quelques animaux et l'humanité regarde bas, le ciel est déficient, c'est ici que ça se passe. Ces adolescents et ces adolescentes, liés ou séparés, plongent dans les éclats blancs leurs regards dans un ailleurs concentré et tellement là, tellement présent, non pas perdus mais pris, dans des rêves chthoniens qu'on pourrait les imaginer flottants ou inquiets alors qu'ils semblent plutôt si concernés dans une solitude trop présente qui résumerait tous nos mondes.

Non, l'Au-delà semble réservé aux pendus répartis dans l'espace de la galerie dont les visages effacés, amalgamés à leurs cordes ne savent plus que ronger des liens qu'eux n'ont pas choisis.

Les adolescents sont des narcisses qui se baignent dans l'autre, ils se lissent à fleur de fleuve alors que les pendus se fendent et fondent dans le Léthé, lynchés par l'oubli.

Ce double trait dense qui lient ces deux adolescentes qui ne se regardent pas, qui ne nous regardent pas, c'est le lien lourd et complice, le lien violent et exclusif, toujours évident de cette entité totale de l'adolescence qui ne pardonne rien. Et la mise en scène proposée des oeuvres, offre un Champ/Contre-champs qui, d'un mur l'autre, joue les joies et les craintes et les profondeurs des dialogues sans regard. Et les deux adolescentes qui se tiennent par la main surplombent un pendu assis, affalé, dont la corde, elle, est le lien forcé, des lois et des codes, des lectures guidées et des clichés.


Seuls les animaux osent nous regarder parce qu'eux seuls ont la chance de ne pas avoir cette conscience qui plonge si loin derrière et attend tant des devants qu'elle parasite toutes nos bonnes intentions et nous entrave à respirer simplement en souriant sur ce qui est, sans avoir à s'abattre sur ce qui pourrait advenir, sans ronger ce qui est advenu. le privilège des chiens dont l'os n'est qu'un os.

Les joie simple du trait, les kilomètres de travail et d'application pour cette joie simple du trait qui offre toutes les nuances de retrait et du pli comme dans ce grand format où la blouse bouffe au-dessus du coude dans ce blanc en fond, tout clair et frais qui lui donne dans sa vie, une inspiration.

Mais ce calme qui baigne montre aussi une angoisse d'être là, d'être dans cette simplicité de la forme, trop là, l'angoisse de devoir être et, que l'on soit seul ou à deux, la simple nuance de l'angoisse et cette hallucinante ambiguïté du jeu des couleurs où le rouge, aujourd'hui, semble si doux, si normal presque comme si l'on vivait une translation des valeurs et un décalage de nos grilles de lecture. Mais c'est l'oeil qui a raison, le sang et la passion sont aussi des crépuscules, comme si le désir lui-même, ennuyé d'être si passionné, était devenu banal.


Le seul élément dommage de cette exposition, c'est lorsque Françoise Petrovitch pèche par évidence, non pas dans les traits, mais dans les motifs choisis, en nous offrant le texte et son explication, l'image et sa lecture comme si dans ce monde il fallait éclairer l'éclairage.

Cela en détail, bien entendu. Son travail est à suivre. De près.












11.20.2014

La grammaire est Sexy/ Le futur ne sert à rien



En français comme dans la plupart des langues parlée en Europe, le temps et l'action sont intimement liés. Le temps, en un certain sens nous sert à stabiliser, à existencialiser nos actions, à les inscrire en photographie sur une ligne du temps, inscrite si loin en nous, toujours spacialisée.

Dans un post précédent, je disais qu'il fallait, non pas éviter d'utiliser, mais s'abstraire de penser au conditionnel passé et au conditionnel.

L'inexistence est le regret, la conditionnalité, une probabilité faible. Ce sont, dans tous les cas, des "hors de", des translations du ici et maintenant vers un vide, toujours confortable même lorsqu'il se manifeste en nous rongeant.

Mais la seule réalité, c'est l'instant. Le passé que je pense n'existe d'une part qu'en rapport à maintenant et d'autre part, n'existe plus que maintenant.

Lorsque je me projette dans le futur, je ne peux que l'imaginer. Futur simple comme une estimation d'une forte probabilité de réalisation, conditionnel comme une faible probabilité. Le futur antérieur, encore plus flou puisqu'il exprime un processus impliquant deux inconnues qui doivent se succéder pour advenir. Le futur proche étant la manifestation d'une intention du présent, il flotte vers ici, c'est moi qui étend mes bras.

Quand j'utilise un temps du futur, je ne peux qu'imaginer une action et la traduction de cette action aura le goût soit du désir, soit de l'attente, soit de l'espoir. La volonté, elle, si elle existe, ne peut être que présente, elle s'oblige à être là.

Imaginer l'action.


Dans mon dictionnaire ces trois verbes, désirer, attendre et espérer sont rayés, biffés au marqueur noir indélébile.

Le désir me contraint, quel qu'il soit. Il m'entrave. Il génère l'image d'un besoin qui n'est que son besoin et qui conditionnera mes actions jusqu'à un assouvissement qui fondra dans un instant qui n'aura pas le temps de se réaliser et de jouir de lui-même qu'il aura déjà disparu pour faire place au désir suivant, l'exponentiel ou le même du premier ou un nouveau. Mais le terme "désir" est faux, il s'appelle en fait "manque".
La société spectaculaire l'a toujours considéré comme l'alpha et l'oméga de sa structure et de son modus operandi. La création de nouveaux désirs est sa lutte constante. Et lorsque l'innovation fait défaut, elle recycle en vintage un ancien toujours nouveau.


L'attente est un mouroir. Bien entendu, je peux la passer (m'en débarrasser en somme) en lisant, en parlant, en dormant, en rêvant, en socialisant. Encore heureux. Mais ces différentes activités ne se font pas pour elles-mêmes, elles sont utilisées afin de remplir un intervalle perdu. Elles sont en annexe.
L'attente c'est la pause forcée, c'est la chaîne qui t'empêche de commencer quelque chose, de continuer quelque chose ou de finir quelque chose. L'attente est une frustration, un rythme brisé, un AVC de l'ici et du maintenant.



L'espoir est une calamité. La nourriture de la foi. La nourriture de tous les plus tard, des remises à jour, des après, des Edens, de la pension, des vacances, du samedi soir où toujours
toujours ce sera, Enfin.
La connerie du Grand soir parce que l'International "sera" puisque personne n'a jamais vraiment voulu qu'il soit.
La faiblesse profonde de toutes les religions monothéistes qui sont des pensées de mort où le Bien s'il existe, le Beau, s'il existe "sera" et n'"est" jamais.
L'espoir, c'est mettre en d'autres mains, souvent inexistentes et impuissantes la toute douce volonté d'être. Et ce qui est agir.

Ici et Maintenant.

Juste un peu d'air





Chanter chaque ligne, il n'y a qu'ici, il n'y a que maintenant
et le cinéma
ce n'est pas faire du mouvement,
c'est le voir
savoir le voir.


C'est un souffle.

Ecrire en air, laisser de l'air, écrire l'air.

Chanter chaque ligne, il n'y a qu'ici, il n'y a que maintenant
et lire
ce n'est pas suivre la ligne
c'est l'écrire
en soi
avec ses sons et ses images


C'est encore un souffle


il n'y a pas vraiment de mots entre les points et les virgules

il y a un bel air,
un bel air.


chanter chaque ligne, il n'y a qu'ici, il n'y a que maintenant.

11.19.2014

Cinématographe-2/ The Promised Land




Promised Land
(Générique/Steve Earle "Meet me in the Alleyway")







They're warming up. I've been waiting. Nobody.

Under the morning's dawn on BoozeLand's Street

Shake, baby, Shake

Finally

They go into hidding, sure, Look at the Mormon!

the Shagging's Church

Shake, baby, Shake

Nobody

or the Meat-Myth, everywhere

Finally (Musique-Vashti Bunyan-Train song)

shuuuuuuuut

I'm diving



They should be cooped up


Where?

Where?

Somewhere in the past

Rendez-vous


Yes. Finally. Come over. I found them





In the Menu


Shhhhhht (she's a spy!)



A real one!

It's time

To flee this place

Shake, baby, Shake, run, Baby, run, Run!

Finally (The End)