10.07.2011

pourquoi Steve Jobs a gâché ma vie

Pas de old good year, ni de nostalgie attardée dans ce post, pas d'Eden regretté. Jamais.
J'ai eu mon premier natel/portable/gsm a 23 ans, peut-être 24, je ne me rappelle jamais les années ni ce que j'y ai fait. Je ne me rappelle pas non plus quand j'ai envoyé mon premier mail, quelque part dans la vingtaine...
Je fais partie de la dernière génération qui a entièrement vécu son adolescence sans les urgences de la communication.
J'ai eu une existence sociale. J'étais au courant de ce qui se passait. Je lisais, je voyais, j'écoutais et je parlais.
Mon virtuel ne consistait que dans les rêves que je faisais, éveillé, fantasmes et désirs, projections et idéalisations.
Je sortais dans des lieux-clés où hors rendez-vous les rencontres étaient des éventualités, les absences des conditions à autre chose.
Depuis lors je suis prisonnier.
Je suis devenu et dois être à présent éternellement joignable, réactif, prenable, contrôlable.
Si je ne répond pas au téléphone, je dois me justifier, si j'éteins mon téléphone, je dois me justifier.
Si je ne réagis pas à tel mail dans tel temps, je dois me justifier.
Le temps est contracté, la réalité immédiate et sécantée, l'absense, étrange ou étonnante, incompréhensible, la distance, limitée, l'oubli, un effort, la quiétude, un impossible.
Je n'ai plus la possibilité de n'être rien, personne, nulle part.
Je hais Steve Jobs.

1 commentaire:

  1. Pas encore de pseudo mais ça viendra14 novembre 2011 à 21:44

    Pour me chauffer tranquillement, je commence par celui-là, facile, on m'a collé dans les pattes mon premier portablenatelgsm après que tu ais eu le tiens, donc forcément je suis d'accord.
    Ce salaud a tué les rencontres que je préférais, celles qui surprennent, les plus belles: les rendez-vous jamais donnés, quand on se contentait de traîner au bon endroit et que ça suffisait. Qu'il crève, ah non, trop tard

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