4.29.2015

Cinématographe-6/ Plain Story







Movies are made to move the brain
not the images
We have to move
not the images















































































































Sweet Sixteen- 1/ Susurre-moi le chaos




Ce qui est l'apocalypse
le ciel inondé
par tes yeux
une toile léchée, ta voix annoblie trop vite


Mon coeur, mon coeur
tu bouffes le soir
l'ivresse en couleur et le tumulte des foires


Au printemps naissant
la nuit s'immole
et toi bel enfant
dans une danse folle

au printemps naissant
dans tes yeux la rancoeur
car l'hiver puant
avait gelé tes pleurs

Susurre-moi le chaos


Tout autour du village
quand les singes criaient
des étalons sauvages
en hiver violaient
le corps immaculé
de Mary Pixies
de mille coups redoublés
de sexes argenté























4.27.2015

Haïku de route- 53/ Electricity











La Nadeau Trail s'achève et les virages reprennent dans des côtes plus douces. Quelle crevée. Le soleil s'abaisse un peu et les façades de roche enrichissent l'ombre, en bribe. Mais ça chauffe toujours. L'air est lourd et plein. On force sur les cordes d'asphalte et ces paysages qui s'ouvrent et se referment, cet air pour les yeux qui s'étendent et s'aveuglent, se libèrent et s'enferment. On s'arrête finalement. Elle n'en peut plus. Les lignes droites vont arriver. Les call stop vont revenir. La fin de route, ça multiplie la fatigue. La migraine tabasse. La tempe tape. Le moteur sue. Elle dit. Je n'en peux plus. Il faut que je m'arrête un peu. Elle se parque sur le bas-côté. On reste un moment dans l'habitacle. Derrière les lunettes de soleil, elle ferme les yeux et se masse la tête. Puis elle sort chercher l'ombre derrière la voiture et s'y accroupir un moment. Des gens nous dépassent détendus dans l'air conditionné d'une route qui semblerait facile.


Je la laisse alors. Je vais faire quelque pas dans le désert qui bleuit. Le sable et la caillasse, des monticules et des fentes. J'imagine des serpents. J'imagine devoir faire attention. Je marche doucement, je regarde le sol et autour et le plus loin possible. Je respire et je fume. Je ramasse une pierre pour le petit, une vraie pierre de la Vallée de la Mort. Je marche encore un peu. je regarde le silence. Vous ne vous rendez pas compte du silence. Il n'y a que le vent dans ma chemise qui l'empêche à la folie ce silence. L'absence de la route, l'absence des sonneries, l'absence du disque dur qui tourne, l'absence des ondes, l'absence des souffles, des nez, des gorges, le silence de la pluie sur les feuilles des arbres, des pneus sur les routes de pluie, le silence de l'eau et le silence des oiseaux. Chez moi j'aime sortir le matin et fumer sur la terrasse avant les heures de pendulaires, entre les trains, juste avec les oiseaux.


Je ne sais pas si j'ai peur ou si c'est doux. Il y a un temps où ce silence-là devait régner. Avec les bêtes. Il y avait un temps où la peur était réelle et se résolvait dans l'action, pas dans le canapé d'un psy. Un temps où entre la peur, il devait y avoir des moments comme ça. Des moments qui ne savaient pas vraiment ce qu'ils étaient censés être, quelque part dans le doux, dans l'intervalle du doux. Et la nuit aussi. Un temps de vraie nuit, avec ce silence, ces cris de silences, ces vents de silence et tout le sombre de la peur et toutes les images qui sortent du sombre de la peur. Un temps d'esprits et d'ombres. Un temps qui n'avait pas d'autre choix que d'être un temps d'esprits et d'ombres, de disparitions et de retours, de terreur à résoudre dans du bois taillé et des entrailles de boeufs. On ne pense pas le passé, l'histoire et les peuples et les croyances et les structures si on ne se rappelle pas, à chaque seconde de l'analyse ou de la critique, à la nuit et au silence de la nuit. Ce n'est pas Nietzsche ni les Lumières qui ont tué dieu. C'est l'électricité.





























4.25.2015

Haïku de route-52/ 5%Grade-2Miles





Et ce sont déjà, encore, des montagnes derrière la plaine-pont. Et des pics encore derrière les pics. Je ne regarde plus la carte. Je sais que nous sommes sur la bonne route, que c'est juste toujours tout droit et qu'un moment donné il y aura de la vie, humaine, des stations-services, des fast-food, des gens sur des trottoirs, des bars et des motels. Un interminable des lignes. L'Amérique est un interminable des lignes. Les brisées, les vagues. Et celles toute droite d'angles au quatre coins et vers le ciel. L'Amérique est une main gauche ayant, un jour, saisi un couteau, un de ces couteaux de trappeurs à double tranchant pour dépecer et uniquement pour dépecer et qui s'est, dans la paume de sa main droite, tracé ses propres lignes de vie et d'amour et de chance et de mort à côté des lignes du corps. Elle ne les a pas effacées. Elle ne les a pas prolongées. Elle s'en est taillé des fraîches, le long, envers et contre ses lignes de corps. Le respect dans la domination. Respect contrit de protestant et domination coupable et nécessaire de protestant. Moi aussi, j'ai mes lignes.


Nous descendons. On se parle peu. Ma mère semble sur pilote automatique. Elle se masse la temps, calle sa nuque, oublie parfaitement sa jambe gauche. Les virages ouvrent et cachent la plaine-pont, la route-pont comme une promesse vers l'arrêt. La lumière change. Le soleil commence à changer de chaleur. La Ford va mieux, elle respire dans la pente qui l'embrasse. La roche fait l'ombre. 5% Grade. 2 Miles. Des points brillants sur la tranchée droite et des buissons d'un vert plus gorgé. Je pense à ma femme et au petit. Je rangerai les cadeaux dans la valise quand on sera au Motel. Ou demain matin avant de repartir. Il faudra que j'anticipe l'étape de demain. Il faudra qu'elle soit plus courte. Je me rappelle que, hier soir, devant la piscine à Barstow, dans la nuit et la bière fraîche, les Hollandais m'avait parlé d'un lac, pas loin de Lone Pine, Mono ou Monroe, un endroit qui valait le détour sur la route du Yosemite. Je regarderai sur la carte. Plus tard. Tout devrait souvent se faire plus tard.


La route-pont est plutôt bonne. Elle vacille au soleil et se bombe un peu. Au loin, sur le côté, il y a des dunes de sables, presque blanc au pieds des montagnes de roche. Comme une plage que l'eau aurait abandonnée. J'aimerais bien y aller, y marcher un peu, laisser du vrai sable s'insérer dans mes chaussures et me plaindre des grains entre les orteils et la sensation de papier ponce. J'ai repéré une route qui coupait, mais je ne peux pas le demander à ma mère. Je ne devrais même pas y penser. La ligne est longue et les fonds, de chaque côté d'un vert dur, terne, plein, comme des verts de mer froide. C'est une impression étrange. Un environnement écartelé entre les dunes, les montagnes du désert, la végétation qui reprend, la caillasse qui s'accroche, la lumière qui oscille. Un paysage schizophrène. Un paysage qui n'a pas choisi. Un paysage qui hésite à être quelque chose. Et toujours cette ligne qui ne semblait pas si interminable.



















4.21.2015

Haïku d'images- 46/ My Family























































Sur la Terrasse du café du Nord à Rolle/ La poésie est un langage clair/ Pour Pépi

















C'est sensible. Il y a un goût. Et puis le retour
La gouille assise que le verre clair l'on regarde
en imaginant des lacs et les coulées de torrent
coincé entre deux rues pour que les midis s'attardent


En vrille ça vient et, doux en soi, se sise
Des images qui nous mouillent et le pénible qui s'arrange
Quand les flaques nordent pour des phrases plus concises
Quand tu tiens comme une grue que les passants dérangent


Tu connais bien ça, les phalanges de coeurs sourds
On refait la Grande rue et pis, ça meurt
Couché sur la route ou là-haut, dans l'arrière-cour


mais les terribles se digèrent et on creuse et on fouille
Et on ressasse dans les terres l'engrais des beaux jours
Et les yeux qui nous brûlent qu'enfin rien ne souille
























Haïku de route- 51/ Hey Joe




Au sommet de la côte, dans les Chinois qui se rabattent c'est une tranche blanche qui s'ouvre dans le bas, dans le flou chaud qui coupe en deux la plaine qui se sombre dans les extrémités et est toute sablée de lumière au centre. On ne sait pas qui est le pont de quoi. Il y a le pont de vie qui est un pont de vie morte, un pont tanné, un pont de sécheresse et de racines assoiffées et un pont d'hommes, un pont d'asphalte, un pont de bitume humble qui rampe à même la terre et qui nous étirera vers Lone Pine, en s'excusant, un pont qui n'a même pas la force de surplomber quoi que ce soit, qui n'est même pas capable de se vouter un peu et de prendre en charge, au sol aride, un peu de vent et y tenter d'y mettre un peu d'ombre. On a peiné pour l'atteindre cette côte et ma mère fatigue. Les yeux ballants, ceux qui ne parlent pas et qui dormiraient mais qui traînent sur la route et appellent les virages et les ravins pour mettre un goût dans l'ennui qui endort tout.


Il y a des familles qui n'ont pas de nom. Je veux dire, qui ont des noms qui ne signifient rien. Des noms comme des cris ou des grognements, des balbutiements, des noms comme des borborygmes, des histoires bégayées, des routes aphones. Nous, les Domahidy, nous sommes gravés dans notre nom, nous sommes des bras qu'on porte comme des ponts, des bras qui nous éloignent, si tendus à s'éloigner qu'ils ne savent plus étreindre, qui se sont tant étendus qu'ils ne parviennent plus à resserrer quoi que ce soit, à se serrer tout simplement. Le pont  qu'on est, qui porte et nous porte et nous a mené à nous répandre et nous disparaître au quatre coins du monde, des ponts de coeur et de souvenirs, des ponts d'ancres, des ponts aveugles. Domahidy. Nom suspendu, ceintre de chair et de mémoire, nom des départs, nom des fuites et des absences, nom de l'entre-deux, nom de l'hésitant, nom de tous les manques, cette route qui trace entre les soleils de cagne et les neiges du Mont Whitney, entre des entres de rien, là, en bas de la côte, c'est ma lignée et ma filiation, ce qui m'est et ce avec quoi je dois faire et composer.


Le voyage c'était pour venir voir oncle Jo, le dernier des trois frères. Trois heures pour le dernier des trois. Je suis encore dans sa maison à boire ce vin rouge de Hongrie, je regarde la route qui descend, je regarde la fatigue de ma mère, je remonte la colline de Redondo comme on amorce la descente hors de la mort. Je casse le biscuit chinois, je revois le sourire, le sourire de notre nom, les banquettes en skaï et la chaleur salée de l'océan sous le ciel enfin dégagé des poumons de LA. C'est pas très important le temps, c'est l'espace qu'on y occupe, la densité qu'on met à être quelque part quelque chose. Je crois que c'est ça être quelqu'un. Les définitions ne veulent rien dire, des arrêts sur image tout au plus, un cadre qui moisit déjà dehors, sous la pluie. Finalement, le verbe "être" ne sert à rien, parce qu'il ne veut rien dire, les zones floues, vagues de l'identité. Mon nom est un axe sur lequel j'oscille et maintenant, la plaine.
















4.17.2015

La poésie est un langage clair/ Bar's List (Perspectiv)
















Tu te souviens des soirées au Pub de Rolle
Tu te souviens des soirées au Pub de la gare
Bientôt on fera péter au Pub de Rolle
Bientôt on fera péter au Pub de la gare



Tu te souviens des soirées à l'Akropolis
Tu te souviens des soirées au Marché
Bientôt on fera péter à l'
Bientôt on fera péter au




Tu te souviens des soirées au Bistrok
Tu te souviens des soirées à la Madone
Bientôt on fera péter au
Bientôt on fera péter à la




Tu te souviens des soirées au 10 bis
Tu te souviens des soirées à l'Evêché
Bientôt on fera péter au 10 bis
Bientôt on fera péter à l'Evêché




Tu te souviens des soirées au Café Romand
Tu te souviens des soirées au Loft
Bientôt on fera péter au Café Romand
Bientôt on fera péter au Loft




Tu te souviens des soirées au Quai 23
Tu te souviens des soirées à l'Usine
Bientôt on fera péter au Quai 23
Bientôt on fera péter à l'Usine


Tu te souviens des soirées au Supra
Tu te souviens des soirées au Verschuren
Bientôt on fera péter au Supra
Bientôt on fera péter au Verschuren


Tu te souviens des soirées au Vésuvio
Tu te souviens des soirées au Boozeland
Bientôt on fera péter au Vésuvio
Bientôt on fera péter au Boozeland 



Tu te souviens des soirées au Jazz Club Zelezny
Tu te souviens des soirées à la Panca
Bientôt on fera péter au Jazz Club Zelezny
Bientôt on fera péter à la Panca 


Tu te souviens des soirées au Differenciels
Tu te souviens des soirées chez Carole
Bientôt on fera péter au
Bientôt on fera péter chez


Tu te souviens des soirées à l'Entweder Oder
Tu te souviens des soirées au Kafka
Bientôt on fera péter à l'Entweder Oder
Bientôt on fera péter au Kafka


Tu te souviens des soirées à l'Entweder Oder
Tu te souviens des soirées au Kafka
Bientôt on fera péter à l'Entweder Oder
Bientôt on fera péter au Kafka


Tu te souviens des soirées à l'Hurryia
Tu te souviens des soirées au Café Cinéma
Bientôt on fera péter à l'Hurryia
Bientôt on fera péter au Café Cinéma