3.31.2015

Arabie Saoudite/Iran- La guerre depuis cinq ans ou "Orange is the new black"




Le Vietnam et la Corée n'ont pas inventé les guerres asymétriques. On se demande à quoi cela sert de l'écrire. Nous vivons dans des puissances de guerres lâches. L'Espagne a été le baroud d'honneur du XXe siècle, avant le ravage des guerres franches. Dans "Orange is the New Black" c'est le personnage de Vi qui nous montre, dans nos pulsions et notre joie du pouvoir, le pusillanime du tiers.

Nous avons honte. Et nous voulons tout. Et par-dessus tout, nous voulons la paix interne. La paix chez nous, dont le prix est noir.

L'Union soviétique et les USA jouaient par l'idéologie l'accès aux ressources.

L'Arabie Saoudite et l'Iran jouent par l'idéologie les ressources.


Il y a un post que j'ai écrit quelque part, en mai ou en juin où je racontait ce truc. Truc que je racontaits aussi dans mes cours, à mes étudiants adultes qui, pour la plupart me regardait avec des yeux comme des billes.

Le Vietnam, toute proportion gardée, actuel, c'est l'Irak et la Syrie, le Yémen maintenant.

La Russie ne joue plus dans la cour des grands, elle lèche ce qu'elle peut. L'Amérique est tremblante et frigorifiée.

Les anciens sont faibles. Et dépendants.

Et nous, comme d'habitude, pauvre peuple, nous sommes les causes et les solutions.

Sortez de ce putain de pétrole.

Vous êtes, je suis, la cause de toutes nos guerres.


3.27.2015

Haïku de route-44/ Hurricane



La proportionnalité c'est l'éthique de la chance. L'oasis. Quand on suit les commentaires, ce serait ici, un des nombreux paradis que nous offrirait la Californie. Mais selon ces impressions tripadvisées, le paradis serait relatif à la propreté du lit et à la qualité de la piscine. Notre paradis veut glander sans trop de morpions et se liquéfier dans le chlore. Dans ma tête je n'entends même pas la musique qu'on y passe, j'ai Hurricane de Dylan. Dans le désert, on remplit ses vides. Chaque fois que ce morceau se décide à se choisir dans la lecture aléatoire de mon i-pod, j'imagine une scène, je ne vois même pas le public, je suis au centre du rêve, mais sans narcisse. Les rêves éveillés sont bien là pour que l'on soit au milieu d'un truc qui ne se fait et ne se fera pas, non? Je suis assis sur une chaise au centre de la scène et c'est moi qui chante. Selon, c'est Yvan ou Ptijean ou Aymon à la basse, Dimi toujours à la trompette, Till, Kropf, Samir ou Fabrice à la guitare, Alex à la batterie ou Lb, parfois ils sont tous là et les refrains, on les fait tous ensemble. Je dois avoir quelques manques, je crois.


Je finis ma bière assez vite. Hurricane s'éteint. Le serveur est froid. Je ressors et reprends Date Grove. L'aller découvre tout, la vie est neuve. Le retour, c'est déjà l'habitude qui s'installe. J'ai trop bougé; Tout se fait vite. Je suis déjà moi. J'ai aussi de l'eau fraîche. En arrivant vers la voiture, je vois ma mère préparé le melon. J'avais acheté des cuillères en plastique à Barstow. On s'installe sous les palmiers, sa chair est tiède. L'impression que j'ai c'est comme le quatuor à corde numéro 13 en La mineur de Schubert. L'air autour est clair et plat et la joie du fruit, mais qui n'a que l'idée, la déception contente et les poussées de son angoisse qui mène la route à venir, le calme raisonné de la carte, Zabriski, la connaissance des langueurs et le moteur à adoucir. La résignation motivée. L'envie encore, sous le soleil de cagne, l'ombre des palmiers et la mystique de la traversée de la Mort. En quittant la voiture, plus tôt, je me répétais, en mantra, ne t'énerve pas contre ta mère.


On vire les pépins sur le bas-côté, je marche vers Chevron mettre le reste à la poubelle et on boit un peu d'eau fraîche. Ce serait con. Et tout le cinéma, toute la littérature qui balise. on remonte dans la voiture et on s'encourage. enfin, moi ça va. Je connais les migraines en théorie. on reprend la 190 vers le Furnace Creek Inn, on passe Tumpisa Loop et on retrouve notre croisement vers Badwater. On continue tout droit, puis la boucle le long des monts, c'est vide et élancé sur la gauche, comme un coude à poser sur la vallée, et à droite, la roche pour nos dos en dossier. Une pécadille de miles vers l'asphalte rayonnant du parking de Zabriski. C'est la ricane du regret raté, celui qui te regarde et que l'on aurait pu avoir, celui du moment à deux doigts, de l'effort fin, de l'impulsion qui aurait toujours pu manquer. La vie, elle t'entre et offre des deux doigts à chaque seconde. Elle observe ta volonté. La vie, elle te tente. L'objet du désir n'est jamais obscure, il est pénombre, tamis, à peine tassé, toujours à la limite de l'halo. On ne se suicide jamais quand on sait qu'il y a toujours la seconde d'après.
































3.26.2015

Haïku de route-43/ C'est comme de parler poésie au White bar de Rolle



On longe la halle aux foires,  la Greenland Rch Road sur notre gauche, le sunset campground sur la droite et on s'arrête un peu plus loin, sous les palmiers, en face de la station Chevron et avant la airport Road. Greenland. si on avait su on aurait pu rire un coup et faire le contraste, nous rappeler, emmitouflés sous des couches termiques dans les jours rares, un février avant, à la traque des boréales. Mais ce n'est pas un temps à l'Irish Coffee inuit et ma mère aimerait se poser un peu, en inclinant le siège, toutes les eaux du crâne et le sang dense qui cogne et la migraine qui monte et juste, là, un peu d'ombre, juste en prendre un peu, allongée et les yeux fermés pour calmer la lumière qui bat dans les tempes. Je comprends bien. Je la laisse et remonte sous le soleil d'asphalte et le petit chemin vers les bungalows, le sol propre, je fume et jetterai mon mégot dans une poubelle. Je ne croise personne. Je remonte vers le ranch, le commerce, l'air co et les gras. Je traverse Greenland et prends par Date Grove Rd, quelques mètres jusqu'à l'entrée du merdier parfait. Je ne voulais pas utiliser le mot "gras". Je n'y peux rien si c'est là ce que je vois, si c'est ça qu'on me présente.



 Même les rares fines suintent et l'ambre solaire se dissout dans la chaleur. Je m'arrête d'abord au General Store, les cabines téléphoniques qui bordent la route et les poubelles pour se recycler. L'intérieur s'enfile en souvenirs, à porter d'abord, puis dans le fond à manger et à boire. Je vaque dans les rayons, je vois et j'aimerai, le cash dans mes poches me cajole d'une joie insolente à marquer le coup. Je marche et reviens, traîne, hésitant, je prends le frais des fruits, la lumière hallogène pour contrebalancer dans l'iris, celle du soleil dehors, devant l'ombre où sieste ma mère, je touche les t-shirts, les compare, j'aimerais en ramener un au petit, mais il n'y a que des tailles d'enfants fats et des pierres et des mugs et dans l'autre fond, près de l'entrée, sur la droite, des nécessaires de camping et de survie, des boussoles et des cartes. Je me rappelle qu'on cherchait une crème solaire que je n'avais pas trouvée à Barstow ni à Shoshonee et que ma mère aimerait bien. Je refait les rayons, trouve une belle protection 50 et je finis par choisir un t-shirts pour Eliott dans quelques années. Deux bières encore et je sors.


Du temps encore, à laisser. Je n'ai pas fait exprès de prendre si loin, je veux dire, je n'ai pas volontairement choisi la longueur. Je monte les marches de la travée extérieure du Wrangler, Steak House. Deux personnes qui font partie de ce que l'époque offre de plus cool en sortent et on se croise en se frôlant un peu l'épaule, un couple fume, j'entre. Tombées conditionnées qui m'alterne les températures, la salle principale est presque vide, je me dirige vers le bar et m'assieds sur un tabouret. Je prends ce qu'offre la pression. Le paysage n'est ni glauque, ni trendy, ni cool, ni fonctionnel, ni touristique, le paysage n'est rien, un bar de rien, un aseptisé suprême à forcer la volonté de s'y faire une histoire. j'imagine ici, des rencontres, des premières secondes et la tristesse des souvenirs qui en restera. Il y a des lieux comme ça dans le monde où tu peux croiser celle ou celui que tu croirais être la bonne personne ou la parfaite personne de passage, mais le lieu est une glaise si insipide, un théâtre à mémoire tellement informe que ton histoire en est déjà pourrie. C'est comme rencontré l'amour au Loft à Lausanne ou discuter poésie au White Bar à Rolle. C'est foutu avant d'avoir commencé.






3.22.2015

Haïku de route-42/ No Pool Bungalow





Est-ce que seul je serai aller plus loin? A pieds, j'entends. Bon, pour être honnête, je ne serai pas aller très loin, je n'ai même pas mon permis de conduire. J'aurais fait du stop probablement. J'ai l'impression que dans la Vallée de la Mort, on vous laisse moins facilement goger sur le bord de la route; Mais, c'est vrai que le stop n'a jamais été une science exacte. Je me sentais quand même bien timide là, sur les talus, à faire trois pas avec toujours la voiture en ligne de mire. je voudrais pas trop inquiéter ma mère non plus... C'est pas que je ne l'ai jamais fait. Je pourrais même dire que j'en ai fait des belles. Sous les yeux ni les attentes de personnes. sous ses yeux à soi, ses joies et ses hontes. Garder ou raconter, on faisait ce qu'on voulait. Mais c'était l'époque bénie où on pouvait vivre sans téléphone portable ou adresse mail, où on pouvait si facilement disparaître en promettant simplement qu'on rentrerait vivant, le reste, c'était juste vivre et voir et rentrer vivant.


La majorité des voitures que nous croisons sont des modèles suréquipés, glacière dans le coffre, air conditionné, GPS et lecteur DVD, des véhicules fait pour se perdre, pour se retrouver nulle part et jouir comme d'un studio fonctionnel et bien chauffé en hiver. Pourtant, ces monstres se traversent de banlieues léchées en banlieues aisées sur les asphaltes lisses, d'un Peggy Sue 50's Diners à une station Chevron. Ce n'est même pas l'amour trouillard de la route, c'est la pérennité de l'immobile confortable en mouvement, c'est chez soi partout. L'Amérique, ce n'est pas une route, c'est une banlieue résidentielle qui se déplace et pour le reste, le diabète qui vaque glauque dans les banlieues rances. Badwater Road croise la 190 à la hauteur du Furnace Creek Inn. L'oasis est plus bas, sur la gauche. C'est peut-être dans cet hôtel que cet acteur était descendu, celui qui est mort quelques mois après qu'on soit passé, par là, dans la Vallée de la Mort après une ballade déshydratée.


J'aurais peut-être pu réserver là. Une Deluxe King Room ou une Deluxe Room/Double-Twin ou la Standart Hillside Room ou même la Pool Bungalow avec l'accès direct à la piscine et la vue sur le désert. On s'imagine les prix en prenant sur la gauche vers le ranch, probablement l'équivalent de quatre ou cinq nuits dans les Motels où l'on s'arrêtera. On ratera les télévisions avec plus de 60 chaînes satellites, les massages, la salle de bains moderne, le sèche-cheveux, les horloges électriques et la faune upper-class dorée au bord de la piscine. Mais il va tout de même falloir s'arrêter un peu, trouver de l'ombre, essayer le melon qui voyage dans le coffre, se dégourdir les jambes. La radio passe mal. J'essaye parfois, j'abandonne vite. Un panneau indiquait Zabriski sur la droite, mais ma mère est un peu latée et Artists Drive nous a un peu déçu. Je vais prendre le temps de regarder sur la carte, voir si ce n'est pas trop loin, sinon tant pis. J'espère qu'elle n'aura pas mal à la tête.






3.21.2015

Haïku d'images-38/ I Could not foresee this Thing happening to you






















































Haïku d'images-37/ Desert's Roads



















































Haïku de route-41/ AC2-3T4O10X2








Précession de mes équinoxes, les zones à être stable, la caillasse égayée et le je-m'en-foutisme actif de l'éternité. Ma mère semble raide, je vois les nuits mais maintenant je me couche plus tôt, rien à regretter, c'est simplement que je veux tapisser toutes les parcelles des jours. J'ai toujours vu triste les gens qui couraient sur leur temps à racler la jeunesse et l'étirer et la croire comme une règle simple à appliquer et des lieux à rogner. Ce sont eux les rognés, les doux pauvres dont les ados se foutent ou adulent et laissent en fin de soirée ou en fin de nuit dans des remblais défoncés pour jouir tranquilles de chairs claires et lisses sans veinules, larmes, colliques de vieux temps ou mauvaise haleine. Leur saison sous le soleil. Je les détestais autant que j'avais de la tendresse pour eux. J'étais pas ça. J'avais mes bottes et j'avais pas le courage de leur marcher sur la gueule. Peut-être aussi que je ne me sentais jamais si loin que ça. On hait si facilement ce qui nous pend au nez. Comme mon père quand il était plus rien mais qu'on le maintenait pour la forme. Mais laquelle? J'aurais dû le tuer.


Chinatown. Ni celui de Chang Mai, ni celui de Bruxelles. On est en train de s'endormir devant avec ma femme, la semaine a été longue, San Fransisco est loin, un an, presque, 1400 kilomètres environ. La tête voyage sans trop de problème dans le temps, ce serait même à cela qu'elle sert et l'espace se désire, se matérialise et se rematérialise à notre gré, c'est une question d'effort. Ne croyez pas que j'ai oublié où nous sommes. Nous sommes sur une route simple, sans marquage au sol qui vallonne entre des roches qui semblent friables. L'asphalte est usé, poussiéreux, une ligne jaune à gauche, blanche, à droite, la route déborde un peu, des deux côtés comme un bide d'Américaine dans un pantalon trop serré. Artists Drive porte bien son nom, on a l'impression d'une page blanche. On pourrait choisir de voir la sécheresse, la croûte de sel dans l'imaginaire qui ne fait rien venir, la pauvreté face à trop plein de mêmes qui deviennent du rien, la teinte trop unie des mots qu'on a déjà trop utilisé. On peut aussi prendre le parti d'y voir tant de lignes et les infimes de tous les touts et une langue évidente à sinuer méthodiquement, en nommant, méticuleux, chaque grenaille de pierre, chaque grain de poussière et le ciel, là-haut.


Du rouge de fer, du rose de fer, du jaune de fer, le vert est AC2-3T4O10X2 et le manganèse fait le pourpre. On s'arrête en bord de route, face à la palette. Je m'attendais à quelque chose de plus brillant, plus scintillant, plus évident. Je sors de la voiture pour courir sur les talus de cailloux, j'aimerais m'approcher un peu, peut-être trouver et prendre des restes à terre. En me retournant, je vois ma mère qui est sortie de la Ford et qui prend le mur en photo. Je ne vais pas faire trop long. Je ne sais pas quelle heure il est, mais on devrait avancer un peu. Furnace Creek ne me semble pas trop loin sur le plan, avec un bout de papier, j'ai fait une règle pour les échelles, je love sur la carte et à l'estime je ne me trompe pas de beaucoup. Pas de basal en feuillet, malgré le soleil, pas vraiment d'éclat métallique, je ne raménerai rien de là, je regarde encore un peu et je rejoins ma mère sans trop me presser. Une voiture se gare derrière la nôtre. Il est temps de boucler la boucle et de rejoindre la Vallée.

















3.19.2015

Haïku de route-40/ 25'000 Words






Il y a des boucles qui te regardent et les cercles de Dante qui sont trop loin. J'ai enlevé ma chemise. J'ai envie de courir dans les pierres. On a repris la route vers la fin de la vallée qui ressemble à du foin blanc, rasé, endormi à terre pour des tamis de lumière. On vacille cool la fenêtre ouverte à l'air conditionné. Bennett Peak, Rogers Peak, Colville Ridge, Wildrose Peak. Les faîtes en face, je me demande quand c'est les roses sauvages, qui s'est perdu pour dominer et laisser son nom, puis je laisse aller, tout est bien là, je ne chercherai pas. On regarde sur le livre, les images sont jolies, les photos bien cadrées, on se dit que tant qu'à être là et on bifurque sur Artist Drive, pas de risque de se perdre, la route fait une boucle et rejoint la vallée. On s'enfile avec ma mère. Je vois du violet dans la rocaille et l'ennui des bruns, une voiture nous croise, descendante, il y a, derrière des gens qui n'ont pas encore amorcé le virage, je demande à ma mère de s'arrêter, je veux mettre des pieds sur lce sol, je veux trouver un caillou pour le petit, je voudrais tellement aller tellement loin.


Des rangs alanguis d'épaules de roche, des corps harassés, au repos, les banquets qui suivent les batailles, la nuit finie de vin et bombance, les corps gorgés, pleins, les corps gras, les corps luisants, les corps osseux, cougnés, enlacés, suant et pris et sec de fatigue, de vaillance et de bêtise, la Vallée de la Mort, c'est la dernière heure du dernier banquet d'Alexandre, l'oiseuse fin débile des gloires, l'étendue lente, fouillie, amoureuse, stuprante, l'avachie des grains, le rêve de tous les ors et la liturgie de Méduse. Mes chaussures prennent mal pieds, je m'équilibre, je cherche un serpent. La voiture nous dépasse. Le soleil est global et lent. Ma mère ne sort pas. Je racle le sol, je ne trouve rien, rien qui me plaise, pas de caillou qui m'appellerait, je frotte ma main pleine de poussière sur mon pantalon et je retourne dans la Ford. Je joue avec mes boutons. J'aime bien ma casquette, enfin... La casquette d'Eliott.


La vue sera surfaite. J'aimerais écrire 25'000 mots sur rien. Mais le petit me dirait, pourquoi 25'000, pourquoi 50'000, pourquoi pas 37'000 ou 62'000. Il a raison. Je suis trop conditionné. J'utilise les mêmes expressions, les mêmes nombres pour imaginer des combiens vagues, je continue à dire "le soleil se lève" et "le soleil se couche". Alors que ce sont des erreurs sémantiques majeures, comme si je croyais encore que nous étions le centre de l'univers, que tout tournait autour de nous et pour nous, que j'étais le centre de l'univers et que tournait autour de moi et pour moi. La science nous a réduit à rien. Rien qu'un conglomérat d'atomes régit par des règles physique, là, interagissant de manière plus ou moins aléatoire, dirigé par des forces relative en gros, quantique aux coeurs des coeurs, perdu dans rien, venant de nulle part et s'étendant quelque part pour se réduire ensuite, centre de rien, censé être rien mais obligé de faire et de continuer à se voir. La plus belle promesse de l'écrit, c'est de décrire ce rien et d'y être en joie.

















Imagier-19/ Rain Dogs










































































3.18.2015

Haïku d'images-36/ I'm a Life Underground
















On the First part
I turn to sea
i'm a 
Life
Underground























The Heat

The Rain

No Pain















After Two days
the story
of 
No Pain



















Oh
Oh

























 




 No one 
Remember my 
Name



































3.17.2015

Haïku de route- 39/ Fritzl's Daughters



S'arrêter à Dante, peut-être. Le lustre des soleils salés. Ma mère aime le Nord, le désert bleu des soleils gelés. Ici, c'est le miel morne et les descentes de coude cagnant. Dans les hémisphères du froid, le difficile se réflète ou marche de face. La peine vient à nous en côté opposé et parallèle et on la croise au centre et on s'écarte mutuellement vers l'étire qu'on sait resister. Dieu, lui, est lâche et caniculaire. Il ne peut que tomber, il ne peut que s'abattre. Il est l'effondré et son miroir, le suc et le sel. Le monothéisme est une pluie de plomb et ce désert d'or, les déserts d'or croquent et plient du toc où s'amoncellent les illuminations comme des chèvres assoiffées. Les serpents rigolent bien. Nos 70% d'eau s'y perdent et hurlent aux dieux une pierre à sucer. Tous les prophètes ont gogé et se sont humiliés aux mirages qu'ils aspiraient. Putain comme c'est simple à comprendre. Il suffit juste d'envoyer un gentil paumé sur-sensible dans le cagnard pendant trois jours et l'écouter à son retour s'il est encore vivant. Dieu c'est comme Facebook et notre siècle est déjà spirituel parce que dans nos pauvresses timides, paresseuses ou lâches, nous ne savons que rêver du réel virtuel. Les révélations sont des fièvres, les fièvres tristes de Job, ivres de Noé, sociopathes d'Abraham, les fièvres de fièvres des incestes et des pierres, putain, les religions du Livre sont des séquelles d'insolation.



Mais ce genre de connerie ne me travaille pas vraiment quand nous remontons dans la voiture. Mes "révélations" se font sous air conditionné. Je vois ma mère. Je connais ma mère. J'oublie tous les âges et j'oublie tout, je veux oublier tout. Je roadtripe avec une trentenaire ou même pas. Je ne réalise pas. Les gens sont vivants. Puis ils meurent. Dimitri n'a pas de cheveux blancs. Mes amis ne vieillissent pas. On boit des canettes au terrain. On fume chez Djé. Fabrice a sorti son couteau sur Sandre avant qu'on entre chez lui avec Kropf. On est tous là. On a toujours été là. Pas vrai les gars? Mais bon, on éclot toujours à la réalité à un moment ou à un autre, des éclairs. J'y reviens, pas le choix, regarder par la fenêtre, je disais et quand on y jette nos yeux, alors dedans, tout change. On ferait d'y rester, peut-être, s'étendre à la cave et la faire comme perspective. La cave, cette éternité, les enfants de Fritzl ne se rendent pas compte de leur bonheur. Le tout c'est une bonne ventilation. Il faut bien se rendre à l'évidence, sur la carte c'est encore loin. Je vais voir comment multiplier les arrêts. Ma mère a passé 70 ans, je ne sais pas encore, je ne comprends évidemment pas, mais je sens. Et je dois trouver des manières. S'arrêter. Dès qu'on peut. Quand on peut. Aussi souvent qu'on peut.


Les limbes. Les virées du Nord. La tension et l'abattage des rayons bourrés, le salut et les cascades d'Islande, le Mont Withney et la blanche en source, Needle Hgwy, nos tristesses. On devait monter en Finlande, vers les boréales, c'était  en 99 ou en 98. On devait le refaire avec ma mère, reprendre dans l'enfance des voyages. Ma mère avait tout organisé. On avait rendez-vous à Zurich, dans le hall de l'aéroport. Je venais d'emmenager au 10 bis qui ne s'appelait pas encore comme ça. Il y avait Dimi. Il y avait Charlotte. Toutes les raisons. Le squatt avait tout à refaire, on le ferait et on le fera. L'hiver arrivait. On avait le tuyau qui nous reliait, j'étais jeune comme il fallait, c'était l'idéal. On virait les parasites? Vlad, Lb et Marau vivait en face. Et ça a brûlé. Une connerie. Des histoires d'huile. J'étais sorti comme un con avec ma couverture, la nuit venait, les flammes aussi, Marau, à la porte, m'a dit, barre-toi connard, il avait bien raison, ça aurait pu exploser, le feu prenait déjà bien. Et tout le monde était sorti. Une couverture... Comme dans les livres où tout est évident et finit bien. Le lendemain on devait décoller. J'ai dû m'endormir bien perturbé et bien défoncé. Ils viendront tous vivre là. J'ai laissé ma mère monter à Zurich et m'attendre comme une conne dans le hall de l'aéroport. J'ai pu la joindre. Peut-être qu'il y a eu un appel général. On est jamais allé en Finlande. Je suis resté parce que c'était une merde à laquelle je devais absolument participer. C'est comme ça.



Imagier-16/ Horse With No Name



A Horse with no Name,
my name
at
the No Name Bar
of All Town
But I
always
would that
someone
remembered
My name
Salt Me





























3.15.2015

Haïku d'image-35/ Salt of the Earth















Soul
is Water
Death
Evaporation
Life
A
Clear
Line

































































Haïku de route-38/ L'âme est un corps comme un autre


Un dos noir, la roche et la 192 derrière. Nous ne sommes pas seuls mais, on ne peut pas dire qu'il y ait foule. Je mets une chemise. En ouvrant la porte, on sent tout de suite l'air rare, le sel d'air, une compresse d'air. Je descends l'escalier et marche sur la passerelle de bois. Il y a comme une drôle de terrasse en Y sur la gauche qui s'avance un peu dans le cloaque endoréique. Endon, Rhein, Sans, Flux. Le même verbe avec Dia, signifie, couler à travers. L'eau qui vient ici ne coulera nulle part, le soleil est le seul échappatoire. Il n'y a qu'à chuter dans la matière et s'évaporer en gaz. Cela doit ressembler à ça en fin de compte. On nous serine d'âme depuis des siècles, on se composerait de ce vague oscillant, agrippé à cette matière de chair lourde, bonne qu'à la douleur et au vieillissement mais, je crois que l'"âme' ou l'"esprit" n'est qu'un corps comme un autre. La mort ne fait que nous évaporer. Le paradis est un nuage qui pleut et on finit toujours par revenir, quelque part plus loin.


Le silence est pauvre. On parle nordique, un couple hispanique, la route peu fréquentée mais, toujours fréquentée. L'eau stagne. Je regarde la croûte blanche. J'aimerais la gratter. J'ai toujours aimé gratter les croûtes. Je me demande si elle est épaisse, je me demande si elle est dure, s'il est possible de marcher dessus, ce qu'il y a vraiment en-dessous. Le sel d'air me lappe le palais, j'ai soif, je regarde si ma mère vient, la chaleur est rude, elle est encore en haut, sur le parking, dans la voiture. La journée sera longue... Il faudra essayer de trouver de l'air mouvant et des plages d'ombres. Ici, c'est la vallée. Elle est bien large. Je crois que c'est midi. Le blanc brille, ramassé comme une ébullition avortée, des nuages à terre et l'espace si violamment ouvert. Des adolescentes se tiennent aux cordelettes lâches qui font barrière. On a tous envie d'aller marcher là-bas. Le ponton s'ouvre sur une langue blanche, l'eau maigre semble peser des tonnes.


Je retourne vers la voiture. Ma mère a baissé son siège. Elle porte ses lunettes de soleil. Elle est lestée de chaleur, elle boit un peu. Elle a pu somnoler. Nous sommes parqués en plein soleil, le moteur doit souffrir, je vais pisser. C'est encore relativement propre. Des gens s'arrêtent, d'autres viennent d'arriver, certains remontent du ponton. Ma mère sort de la voiture et va faire un tour, marcher sur le sol du point le plus bas d'Amérique du Nord. Ca pourrait presque être une thématique de route, marcher dans le monde, sous la mer. Mais ici, ce n'est pas comme en jordanie où encore, en face d'Israel, au-bas de cet hôtel assez classe, nous nous sommes baignés dans la Mer Morte et où j'étais trop maigre pour flotter vraiment, la vase aux pieds dont je me suis tartiné, la soif ouverte, l'autre rive, toujours un peu en attente d'Intifada et cette plage, bondée. On était entré par l'hôtel, sans que je sache vraiment pourquoi. A Badwater Basin, il n'y a rien a trempé, je fume une cigarette en regardant ma maman sur le ponton.

3.13.2015

Haïku d'image-34/ A Tramway named Desire









Salt
My Love
We are life
and
the
Rest


































































Haïku de route - 37/ Badwater



Il n'y a pas de Tramway nommé Désir sur la Badwater Rd. J'aime mon torse, nu, dans le pare-brise et le soleil qui descend sous la mer. Mais je n'ai plus la hargne de Kowalsky. Ou je l'ai toujours. Mais elle profonde, sans ronger. Elle m'ennuie. Je cognais. Dans ma tête surtout, en fantasme. Sur des murs, à travers des fenêtres, j'ai encore les marques. J'ai évité la chair vive. Je crois que je suis gentil. Le désert est fait pour les gentils, désert de glace des Groenlands, désert sec vers le sel de Badwater. La ville, elle, ricane et nous ronge nos douceurs. Elle offre. en images. Elle usure en vrai sur notre joie. J'ai viré les Blanches. Mon précieux est décarné. Avec ma mère on parle du Coyote ou on garde les mots et on les regarde, on a toujours préféré les silences vécus que les kilomètres de mots, ce remplissage comme si l'humain s'était fait pour se parler. C'est dingue. Les gens s'abreuvent. Ils ne se rendent pas compte de l'inepte qu'ils se transmettent. L'amour, c'est le silence doux. L'amitié, c'est un regard. Ceux qui vous parlent se foutent de vous. Ils bâtissent des "Je" pour se justifier d'être là. Le respect, le tendre, l'attention, l'échange, c'est rien qu'être là. Le désert est la joie.


On ne savait pas. On n'avait pas prévu. C'est comme ça. On s'arrête sur le parking du point le plus bas d'Amérique du nord. Wikipédia donne un nombre, 85,5 mètres sous le niveau de la mer. Mais ça oscille, ça oscille en centimètre selon les gels, le redoux, les fontes et les remugles. Un temps, on pensait que c'était le point le plus bas de ce que les américains appellent l'hémisphère ouest, mais l'Argentine est venue brisé l'hégémonie. Avec ma mère et Michel et Maryvonne on est déjà allé sous la mer, en Jordanie. Sous la mer. J'ai marché englouti. Basin. Gels-dégels répétés, cycle d'évaporation. Cloaque. Les eaux stagnent, partent et reviennent, stagnent pour nos yeux, du rien puant plein de vie. Tous nos pires font des vies, sont des vies, ont des vies. Nos massacres sont des détails, nos dieux nos délires, nos justifications des conneries. La vie est belle. Elle est là. Elle fait son histoire sans nous. Elle n'a jamais eu besoin de nous.


Funeral Peak, notre route des rebonds comme si on ne comprenait pas, on arrive à Badwater Basin, on s'arrête. Il y a des toilettes. Il n'y a pas d'air. La chaleur crampe les poumons, on l'avale. On marche dans son ton, on mute d'elle, on descend les escaliers. Je laisse ma mère à l'arrière, je vais vers le ponton, il fait trop chaud pour elle, elle viendra plus tard, je m'avance sur la jetée sans eau, mais je n'y ai pas d'image d'enfance, Orly sans piste, le monde d'avant qui sera toujours le monde d'après. Ce monde qui se fait sans nous, pour lequel nous n'existons pas. Quel réchauffement climatique? Quel nucléaire? Nous, nous sommes à la seconde, nous nous apprêtons, nous nous maquillons, nous courons, nous trouvons ce mec, cette fille tellement cool/con/conne, nous sommes si réduits que j'en bande. Je trouve le monde très beau.
























3.10.2015

Haïku de route-36/ A Lone Coyote


J'ai été ce que je devais être et je n'ai plus à faire les routes comme elles voulaient être faites. J'ai l'impression de voir maintenant, de regarder dehors. Presque de pouvoir voyager en compagnie, d'envisager des compromis. oui, j'ai l'impression de voir l'extérieur. Non pas que j'aie voyagé les yeux fermés ou que les souvenirs se soient clos ou qu'il n'y ait rien eu à y mettre, mais c'était des fondations, dans un trou loin à y mettre moi et mon image de moi et mon image tirée du futur de moi. Je me suis extirpé. Et tout ce goût de sel et de salpêtre, et de plâtre, ce goût humide qui filait et n'happait rien, mais se consolidait dans un combat vorace, celui des deux désirs et deux besoins et les vases entre, dans la vase des caves. Je crois que je suis à présent capable, à dose douce, en parcimonie, de regarder un peu la réalité. Oh, je n'irai pas encore jusqu'à ouvrir la fenêtre, sortir est exclu, mais, déjà, tirer de temps en temps les rideaux et, dans la rétine, avaler un peu de réel.


La chaleur de sel. On n'en savait rien. On a pris cette route comme ça. Nous, c'est Zabriskie Point, nos arrêts font nos cinémas. On est sorti des chairs de roche en s'ouvrant sur la vallée, excavé des lèvres pour pénétrer cette vulve sèche qu'on longe en collant aux monts, la route oscille en amplitude basse, elle rebondit, tentée par l'aride et revient aux rocs qui ressemblent à des tas de terres craquelées comme dans les vignes, après l'orage et le soleil de plusieurs jours quand tout se casse dans la main et retourne en poussière. Ashford Junction. Scottys Canyon. Ashford Canyon. On ne sait jamais si ce sont les mots qui ne veulent rien dire ou les phrases qu'on en fait. La climatisation est à fond, même si normalement maman n'aime pas. Nous ricochons le soleil. Mormon Point. La tiaffe à travers la vitre. On boit de l'eau. On imagine ceux et celles qui sont arrivés en Californie par là, qui ont survécu à la traversée et les éternels de la malchance qui se sont fait dépouiller et massacrer au premier point d'eau, au premier soulagement. C'est une sorte de fait de ne jamais baisser sa garde, la vie se creuse en position ramassée.


Non, on avait pas vraiment prévu d'y aller. La route est un peu droite. Il surgit, lent, sautillant, la langue pendante, au milieu. On s'arrête, légèrement sur le bord. J'ouvre ma fenêtre. Il s'approche. Ma mère demande de la fermer. Il est là, juste devant la portière. On se regarde. Il fait le tour, s'approche de celle de ma mère. Il est sacrément maigre. On se demande ce qu'il peut bien trouver à manger et à boire dans cet environnement, mais s'il a choisit ce milieu, c'est qu'il ou qu'elle en fait, à une bonne raison. On reste comme ça un moment. une voiture en face, freine en nous voyant nous, avoant de voir le coyote. Elle s'arrête aussi. Il ou elle doit être affamée pour s'approcher comme ça, comme Ernestine, on a presque l'impression qu'on pourrait le caresser, qu'il ou qu'elle pourra rester là un moment, même monter un peu sur nous ou jouer. Mais on ne sortira pas de la voiture. Parfois, il disparaît derrière ou sous la voiture. On fait bien attention en redémarrant. On ne lui aura rien donné. Je crois que les autres non plus.

3.06.2015

Haïku de route-35/ Jubilee Pass




Un trait dense et des lacères et la trace immédiate prendrait la 127. Nous, nous coupons. On prend la 178. Je vous ai dit que j'étais né en 1978? Pile quand le monde a décidé que l'économie coupait les jambes pire que les mitrailleuses. Quand les punks posaient comme des putes kardaschiennes un "No Futur" qu'on aurait en plein. Tout ça pour avoir les 17 ans avec Jo et son SIDA et le sexe en soda light et être X ou Y selon comment on repousserait l'entrée dans la vie responsable. On mesure pas sa chance. La joie de la suissitude, c'était d'être lent sous bulle à voir venir en sous-traitant les autoroutes des carrières en stage. Tous nos virages de tous nos cols cachaient cette belle éternité du vivre virtuel, en sous-sol des sofas, la perspective de l'absence de perspective. Né en 1978, il n'y a rien et le spectacle a nivellé les classes comme prévu. Universitaire sous pilule ou en transit, ouvrier pour des usines dans les estuaires de l'Europe. On est jeune. On ne veut rien. On veut tout. Vous avez joui sans entrave. Cool. Vos conneries nous ont bouffé notre monde. Mais je ne t'en veux pas, maman, j'aurai fait pareil.


Un trait dense et des lacères, c'est parti. La vrai Death. Les images diront. Elles n'auront pas la lumière exacte, ni la chaleur, ni l'air conditionné, ni la fenêtre ouverte de temps en temps. Rien pour les 76 Miles, rien, plus de point qu'une vallée défaite et la roche de part en part, la roche qui tombe, la roche pelée, la roche pour nous lécher l'asphalte clair, la roche qui prend, qui jouit en 68, glacée de vent, effritée, l'érode et le sol dur dessous, le sol d'air brûlant. Jubilee Pass Rd. Une cicatrice, tu sais, ce moment où tu suis ta plaie, la belle tranchée, franche, la chair vive et cette douceur sans concession des plaquettes qui te reconstruisent une peau, qui colorent en sombre ton sang, qui te caillent en crevasses et t'aiment et te veulent revenant, cet amour du corps qui se refait et revient à toi, le corps de terre, le corps pris de pierre qui se ramasse et se blottit, se cougne doux, ce corps-gosse qui n'a jamais rien connu de plus sérieux et de plus aimant qu'une couette qu'il referme et compose, les sous-marins de tissus dans le lit-barreau de la pièce où je mettrai Steppenwolf en vinyle bien plus tard.


J'aimerai un géant pour me tracer l'esprit comme un silex, j'aimerai être un géant pour avoir des veines comme la caillasse là, j'aimerai être sûr de tout, j'aimerai être le sang caillé de ma jeunesse et Salsberry Spring qui m'irrigue d'en-dessous, j'aimerai être un spectacle figé et vivre en-dessous. Salsberry Pass. Ouvert et serré. On roule. On roule doux. "On" en fait rien du tout. Ma mère joue les curves, je regarde, c'est encore facile. Je jette des yeux sur la carte. Je sais et sens. Ce sera long. Ce sera plus loin qu'il faudra soutenir. Mon grand-père était, ce qu'on appelle aujourd'hui, bipolaire. Les phases des excessifs, ouvre ma joie, elle est totale, ouvre ma peine, mon lit est l'unique. Il était catholique. Je ne l'ai jamais connu. Dans les phases maniaques, ma mère, son frère et sa soeur, ont bouffé des psaumes, des prières, les évidences de dieu. Ma grand-mère était infirmière pour les soeurs. Je crois que traverser la Vallée de la Mort doit représenter un truc spécial pour ma mère. Des absurdes qui, dans la roche, prennent de l'histoire à toucher. Enfin... Moi ça me touche.. Et putain, je ne suis toujours pas mort.























3.05.2015

Haïku de route-34/ I See the Light








Doublure des ventres diurnes. Le sheriff sort sa masse du Famous en gilet pare-balle, dans l'habitacle de la Higway Patrol luisante, un fusil d'assaut encastré entre les sièges avant et arrière. Du bon gun, suréquipé sous 40 sans tâche de sueur, le gras au lèvre et retour au bureau. Swiss Cheese For All, je ne me sens même pas plein, ma mère hallucine un peu de mon appétit, mais comme disait grand-maman, c'est une bonne maladie comme moi je le dirai dans l'ascenseur d'AG, un entre-cours, une année plus loin. 74,4 km2, dernière halte-essence avant Furnace Creek. Si vous googuelisez l'itinéraire, vous n'aurez pas celui qu'on a suivi, la ligne évidente contre la ligne claire, on tracera dans la vallée, la longue plaine de sel. Je suis le sheriff dans le midi qui s'approche et s'affale sur lui qui ferme la porte de son office, théâtre des pionniers, je vais faire un tour à la poste. Jours amples et âpres de la vingtaine où j'écrivais "Casier 7", je me cherche dans le bleu et les loquets argentés. Je ne me trouve pas. Ma jeunesse ne s'est pas endormie à Shoshone.


Je paye. Ma mère a fini son café. Il nous reste les fruits dans la voiture. On va faire un saut au magasin, le Charles Brown General Store de la station Chevron qui fait face à son musée, futur des nostalgies à venir, indienneries plus ou moins bien véridiées, les pierres qui me font penser au petit, mais j'irai en cueillir des vrais, banalement belles, mais de là, prises à sol, sur le sol qu'on marchera. Je lorgne sur les bières, mais c'est tôt et même pour plus tard, je prends quelques cartes postales avec les animaux qu'on ne verra et que le petit mettra dans sa chambre, au mur, près du lit. Je retourne hésiter sur les pierres, j'en prends une pour finir, dur et diaphane, douce. Nous faisons la queue avec des japonais qui s'entassent d'eau et de conneries, les femmes pleines de casquettes tiennent la caisse le temps que les hommes aillent et viennent pour combler le quota d'achat. L'air conditionné est une couillonade.


Je vois la lumière. Toujours pas de dieu. On sort du magasin. Tout est juste évident. Je suis bien. On traverse la rue, on retourne à la Ford, longeant la Highway Patrol. Il fait chaud. Dans d'autres mondes, le jour passerait à une vitesse folle, plein d'Allianz et de BNP Paribas, de pronoms personnels et de subjonctif, d'étudiants passant leurs week-end à faire du vélo ou à rénover la maison qu'ils viennent d'acheter à 26 ans ou à aller manger chez la belle-famille, plein des mêmes qui font des vies des autoroutes, les lignes droites qui tuent les lignes claires, le mouvement arrêté dans un sofa du dimanche à regarder du mouvement hollywoodien qui change de plan toutes les secondes pour nous harponner dans l'assis d'un scénario fade qui vit pour nous. Vous vouliez lire de l'aventure? Mais mes amis, l'aventure c'est traverser une route sans voiture avec sa mère pour reprendre la Ford vers Furnace Creek ou entrer dans un GB de la gare centrale à 14h32. L'aventure c'est une intention et un oeil aiguisé. Mais personne ne vous empêche d'aller faire du stop en Irak.

















3.04.2015

Ethaque à Nicomique/ Pharell Williams est un gestionnaire de sinistre (dans une bonne compagnie d'assurance)

Mille manières. Toujours. A chacun la bonne si chacun la sienne, consciente et constante.
Ma manière de générer une image est d'une part, d'avoir, à la seconde, une acuité et une assiduité acide aux réels, une intimité au banal, un fil de chair, en somme, dans l'entre des dalles et la transformation des lumières sur les façades choisies dans le rance le plus jubilatoire du modernisme. Les ruines faites et la joliesse m'ennuie, les ruine en devenir et la nostalgie en advenir me fascine beaucoup plus.



Et d'autre part, d'avoir, à la seconde, le cinématographique d'un décalé, la lecture d'un autre gris dans le gris, non la nuance, mais la moisissure à prévoir, la joie colorée des bactéries pour demain, le poétique, même, voire même toujours, naïf d'une dalle, d'un asphalte ou d'une façade des années huitantes.



Evidemment l'extraordinaire n'est jamais ailleurs puisqu'il n'a d'autre choix que d'être, d'une manière ou d'une autre, ici. quel que soit l'ici. Vous pouvez voyager. Vous déplacer. Vous fuir. Vous serez toujours votre volume d'espace. Et la névrose de vos yeux comme sa joie sera toujours la même névrose et la même joie.


La génération d'images sera la forme construite de votre fond, bas ou haut et la méthode de votre fond sera la construction de votre image propre.


L'exigence de la forme est la géométrie de vos regards. Même un chaos est toujours construit.


La clarté est dureté. Le laisser-aller doit être conscient et oublié.


Et l'art est toujours le pire choix par défaut. Ce qui est proposé directement n'est jamais artistique. M Pokora est un employé d'assurance, Pharell Williams, un gestionnaire de sinistre.


Dans le monde virtuel, votre réel est compté.


Gardez la ligne.





























3.03.2015

Haïku d'image-32/ Oh, What a Day!















Oh, What a Day
(And the trees!)














Every Tongue

Shall

Tell                





































Haïku de route-33/ Chevron Suprem Gasoline



J'ai évidemment faim. La Californie humaine que l'on traverse semble un champ transitoire touristophage, à la démence cougnée et lasse, se concentrant principalement sur l'espace intestinal, moteur compris. Nous nous parquons dans ce bled interstice, tunnel ouvert, séparé en deux par la 127 entre un côté nourrissant et le bureau du sheriff et le coude-à-coude commercial de la poste fermée à la boutique aircotée, compilation d'indienneries plus ou moins factices et nécessaires digérables. L'entrée du village longe une piste 15-33 pour petits avions jusqu'au croisement avec Charles Brown Hwy qui tranche dans la vallée vers Pahrump, final sur Vegas. Une voie "naturelle" pour s'infuser dans le post-strass et revenir sur LA moins décomposé ou descendre dans le jeu en prenant le temps de se concentrer et se réunir afin de se préparer à dominer zen le hasard et les putes. Des palmiers font l'exotique, des routes mènent visiter des vieilles mines, des gorges d'eau souterraines soufflent des touffes de verdures denses en surface, paisible en pause à l'orée de la mort. Nous sortons de la voiture. En face, une maison en bois bleu-gris fatigué et décorée de toutes ses façades de fleurs enfantines bariolées, certaines dépassant le cadre des fenêtres, prolongent du sol au gazon ras, la vie enfouie.


Wind River Reservation, 9178 km2, Fort Hall Indian Reservation, 2201 km2, Duck River Indian Reservation, Ely Shoshone Indian Reservation, 0,45 km2, Fallon Paiute-Shoshone Reservation, 33 km2, Goshute Indian Reservation, 449 km2, Reno-Sparks Indian Colony, 8 km2, Skull Valley Indian Reservation, 73 km2, Fort McDermitt Indian Reservation. Wyoming, Idaho, Nevada, Utah, Oregon. Les gens du serpent ne sont plus très présent ici. Les 52 habitants sont blancs, du moins ceux que j'ai vu, celle qui nous sert, le gras Sheriff, l'autre serveuse, le type qui cause avec le sheriff, la vendeuse dans la boutique, deux-trois passants. Je passe les deux portes sas du Famous Crowbar Cafe & Saloon à la façade rutilante, bois rouge explosant, nappe rouge où ma mère s'est assise et la rangée de palmiers comme des platanes sur les quais. Le bar est dans le prolongement de la porte d'entrée. Il fait frigorifiant. Le sheriff déjeune dans la seconde salle avec un un type sans uniforme, grand et sec, moustache noir en décalque poivre. Le sheriff lui, est une masse blonde rasée en pique, la chemise sans sueur. Un carré de touriste avalle sans trop de bruit. Je reste au bar. Je regarde la carte.


On ne verra pas l'Amargosa. On ne savait pas qu'elle existait. Et si elle coule en cette saison, là , plus bas dans la vallée, derrière le Crowbar. J'ai pris la California Omelette à 8$95, three country fresh eggs,avocado, bacon, sour cream, Swiss cheese & American cheese et deux cafés. On peut être servi dehors, je repasse le sas, le plomb chaud m'assied, je dis à ma mère que j'ai pris un petit truc à manger. Je vais pisser, je fais le tour du bâtiment, j'indiquerai le chemin à ma mère. Je vais photographier la Chevy carbonisée de rouilles en en-tête du Museum gift shop dans une mise en scène de station-service d'époque. Chevron Suprem Gasoline, les prix bancaux encore derrière leur vitre, la poussière bleue, le moteur, Calcium Carbid Container bosselé, un essieu, un cric et un diable.
La lumière est brûlante à l'image. Je vais vider mon assiette.