9.29.2014

Guantanamo à Paris ou à Cayenne?

Belle jeunesse,
l'ample et le vide, le désir loin porté, tant d'attentes,
les frustrations, l'air dans la tête, les antres à combler
surtout dans le rien et dans l'ennui
et les absences de perspectives,
belle jeunesse, le temps idéal des idéologies, l'espace où tout entre tant que c'est fort et que ça raconte et résoud le monde.

Ils et elles sont combien à être partis, le cerveaux bien lavés et le coeur bien ouvert en Syrie ou en Irak?
Je me fous des chiffres.
Il y a ceux qui Meraderont parce que c'est ainsi fait et ceux qui vomiront une réalité qui a toujours fait mal à l'idéologie.
Certains et certaines qui reviendront terrorisés ou dégoûtés, abattu déjà dans l'abject des conséquences de l'idéologie (Quel Islam? Ou alors quel Communisme? Ou alors quel -Isme pour quel fleur au fusil d'une cervelle ouverte et répandue sur la terre?)

Mais il suffirait d'une personne, là, dans ce contexte glauque des médias et de la parano, d'un ou d'une seule qui tire ou explose pour que ce sacro-malsain(t) principe de prévention appelle nos sociétés terrorisées à les enfermer tous.

Dans la nauséeuse qui goge la France, ce n'est pas totalement délirant d'imaginer que pour la cohésion de la paix sociale, on enferme, sans procès car il n'y a pas de lois pour un temps x tous ceux et toutes celles qui reviendront.

Merde on aurait presque envie que Chirac revienne...


9.27.2014

Contre l'intervention en Irak et en Syrie/C'est toujours ici et maintenant

De toutes les éloges de la fuite nous transportons, menons, conduisons avec nous, où que nous allions, où que nous nous posions toutes les causes, évidentes ou cachées, de notre fuite.
Mal à soi ou mal aux autres, nous nous perdons au bout du monde. parfois même, certain que la vraie vie est ailleurs, nous partons en humanitaire, emportant avec nous, nos névroses et nos masques.

Le désir d'oubli et l'aveugle que nous sommes, les voiles par couches et notre terreur au monde, ravalant au fin fond des nerfs les origines de nos mal-être, digérant à l'ulcère ce trop-connu que nous ne pouvons et ne voulons résorber ou résoudre, le confort à se plaindre, et la bravache de toute l'éloge de nos faiblesses.

Nous bombardons à des milliers de kilomètres. Nous définissons le plus loin possible ce qui, en fait, nous ronge là, de l'intérieur, dans nos institutions, nos structures, nos sociétés, les valeurs que le spectacle ne peut pas posséder, ne veut pas définir, nous laissant-là, entre la marchandise et la marchandise, les lignes de bétons, les banlieues séparées, les rings toujours plus loin des cercles de nos enfers.

Nous bombardons à des milliers de kilomètres alors que nous devrions éduquer ici. Alors que ce sont nos sociétés qui appellent un autre et un ailleurs. Peut-être pas assez fort.

Les causes ne sont pas en Syrie ou en Irak, elles ne sont pas l'EI, ni la Libye, ni le Mali, ni et ni.
Elles sont encore pétrole bien sûr, même si gentiment, sans s'en rendre compte, cette icône de la société marchande est en train de disparaître. Pour l'uranium aussi, bien sûr, même si, ce lieu-dit de notre confort, glisse lui aussi.

Les causes sont là. Dans notre vie ensemble, alors que nous avons passé un siècle à nous structurer comme séparé et comme marchandise en voilant à chacun de ces individus, qu'on a voulu individualiste, ensemble de "Je" noyés dans un ensemble sans sens, non pas les réponses, mais les questions-mêmes de leur être-au-monde.

Eloge de la fuite de toutes les responsabilités et éloge de la faiblesse de nos sociétés qui se regardent s'écrouler, presque paresseuses, là où il n'y a bientôt plus d'ombres dans nos cavernes, tant elles sont sorties prendre l'air et le soleil.




9.26.2014

Haïku de route 9/ Regarde L.A.

Regarde L.A., regarde-la sur une carte, regarde-la sur google map, entre dans une gare, entre dans une rue de ton occident qui est mon occident, Quatar-Moscou, Paris-Prague, nos archéologies, nos vaticinations des villes d'Europe d'un avant qui devient maintenant, la trace clair, la ligne, le Starebuck, les multipliés du même, il n'y a plus d'ailleurs dans ce même multiplié, nos bétons sont nos bétons, nos goûts nos goûts et toutes les cités interdites, territoires interdits des menaces qu'on nous inventent et qui se réalisent, regarde L.A elle a toujours été notre horizon.


Dernière nuit. Nous sommes sorti du métro et avons marché. Nous avons continué à manger mal, évidemment, là, dans les quartiers fuyant l'aéroport vers les quartiers qui ne prennent pas vraiment l'avion, qui marchent avec des cannes dans des paysages qui se répètent. Je mange avec ma mère dans la chambre du Royal motel sur Inglewood, ces nuits nous avons nos lits, j'irai regarder les traînées illuminés les ciels sur le balcon, la chaise où je relirai les gens qui s'inscrivent et ceux qui vont et viennent dans des maillots de baskets et les femmes qui vont et viennent ou restent sur leur balcon à regarder le même rien que moi et les même traînées et la même piscine éclairée dans le même vent et la même fraîcheur qui tombe et nous rend frais à la réalité qu'on digère et qu'on ira dormir.


J'aime les couches de draps serrés, j'aime savoir les corps avant moi, j'aime les lits d'autres corps, j'aime toutes les histoires des chambres de motels ou d'hôtels ou d'appartements repris, j'aime l'avant qui continue, j'aime la saleté, les draps maculés, j'aime chier sur des sièges de toilettes de gares ou d'entreprises ou de cafés, j'aime être tout seul dans des lieux qui ont été vécus, j'aime être seul dans des endroits qui ont été habités, j'aime qu'on soit seul ensemble, j'aime être aussi, dans ce nulle part, avec ma mère, avant dans maintenant, tout droit vers demain, mourir en mouvement.





























9.25.2014

Nouvelle 33/ Une occasion à prendre

Une explosion de chair tendre et diurne. Un traînée de carne, rugueuse, tendue à attendre. Un I-phone à se river, le collagène pour plus tard. Paluche était coincé. il construisait des comètes à y mettre des plans. La plupart du temps il trempait dans toutes sortes d'affaires plus ou moins clair, parfois bien obscures mais les limites avaient toujours été vagues pour lui. Une camionnette de nuit, en général la sienne, avec des gens qu'on ne citera pas à couper des câbles le long des voies ou à attaquer les grillages des chantiers à la pince où le cuivre et la plomberie là où ils traînaient. On lui ramenait des vieux fruits qu'il distillait dans sa cave, utilisant le vieil alambic de son père. Il avait appris jeune. Il distillait toujours à double, des eaux-de-vie impeccables qu'il se réservait ou qu'il revendait au Pat ou aux bons copains et une charognerie qu'il écoulait au litre, à la fine limite de rendre aveugle. Juju disait qu'il avait rendu son fils débile et borgne à force de l'utiliser comme cobaye à gnôle, exclusivement pour la charognerie mais la Grosse Marie, elle, disait que le fils était débile de naissance parce que Paluche, n'ayant jamais été particulièrement doué avec les filles n'avait réussi à engrosser que deux cousines presque sans degrés.


Paluche reluquait la fille, goulu et affamé et elle, elle s'en foutait royalement, d'une main elle répondait aux tremblements du bus et de l'autre elle parkinsonnait sur son écran. Paluche s'était assis. Le trajet était long, il devait faire presque toute la ligne. La faune changeait presque à chaque arrêt. Il avait regardé défiler les murs de briques sales changer en façades de béton sale et les filles en survêtement en filles en tailleur. De H&M on approchait de Channel, même le tissu des voiles semblaient plus affiné. Pour Paluche on traversait la fin du monde, tout un inconnu qui semblait décider de tout et n'achetait jamais son eau-de-vie, qui ne faisait que spéculer sur le cuivre sans être capable de faire la différence avec du zinc. Les chantiers là ou les bâtiments inoccupés, vides depuis tant d'années étaient toujours trop surveillés. Au bout de la ligne, il devait descendre et prendre un tram pour retrouver des briques sales, là, au fond, dans les quartiers sud où un ferrailleur s'intéressait à son stock. Il avait pris la vieille malette de son père et y avait glissé deux-trois échantillons de métal et deux bouteilles de sa meilleure production. Un pruneau et un coing. Le coing s'était pour négocier, le pruneau comme cadeau.


La vie entière était un monde rare. Les gens semblaient fatigués d'une éternité qu'ils ne voyaient même pas, dans tous les quartiers pensait Paluche, dans sa traversée des couches, migration qu'il effectuait rarement, se cantonnant d'habitude aux quartiers nords. Mais c'était la crise comme on disait et depuis quelques mois il était obligé d'élargir ses perspectives. Il avait déjà largement entamé la fiasque d'abricotine qu'il gardait dans la poche intérieur de son veston. C'est juste après avoir rebouché la bouteille, à la hauteur de la Commission européenne que l'explosion renversa le bus. Il appris plus tard que la fille qui s'était fait sautée et s'était répandue tout autour de l'entrée du bâtiment était originaire comme lui des quartiers nord et qu'elle avait grandi à deux rues de chez lui. Paluche s'était violemment cogné la tête mais était resté conscient. Ce n'était pas le cas de la fille qu'il avait si longuement matée. Elle était étalée sur lui, évanouie, ses seins dans le visage de Paluche. Il attendit les secours en les gobant, lui pelotant les fesses, dans les cris et les pleurs des survivants, regardant un amas de sang et de carne collés à la vitre au-dessus de lui. Pour Paluche il y avait les vivants et les morts et la vie n'avait jamais été qu'une occasion à prendre.







9.23.2014

Nouvelle 32/ Quelques chats de passage

Robbie servait. Il ne savait plus trop depuis combien de temps. Il avait l'impression de s'avaler lui-même, ses cernes le tiraient, lui tiraient le regard vers dedans, à travers ses paumettes et résonnaient par les tempes des avants qui n'avaient pas vraiment existés. Un petit blanc entre deux clients, parfois il sortait fumer sur le trottoire, la peau grise dans le ciel qui lui disait pareil et les filles qui ne lui disaient rien, montant et descendant la rue. Faire autre chose. Peut-être qu'il serait temps. Robbie ne savait pas trop quoi. Les heures creuses il avait mal aux jambes. Autre chose ça valait quelque chose et c'était n'importe quoi qui valait comme rien. Un petit blanc dans les heures creuses et parfois une cigarette dans la peau grise des trottoires, un plafond jouait un ciel comme un autre, un patron comme un autre, un travail comme un autre et un cul est un cul comme on dit.


Patrick mais que tout le monde appelait Le Pat se tenait debout la main serrée sur son eau-de-vie à peine entamée, figé, le regard sur la rangée de bouteilles ou sur les photos de la rue et du bar d'avant, secoué et blafard, Mireille venait de sortir au rationnement.

- c'est pas tous les jours dimanche!

robbie faisait avec et comme-ci, Le Pat glissait et remontait mais c'était déjà enfant comme ça, la Grosse Marie l'avait raconté un soir et répété tant depuis, Le Pat gamin marchait le matin vers l'école la tête peinée à lorgner la vie dans les interstices de la rue puis la relevant, revenant à lui, et il tenait droit dans la fierté d'être en train d'être grand et l'après-midi, elle le voyait depuis la fenêtre de sa cuisine, la tête au ciel, flottant, sautillant avec son sac qui lui pliait le dos puis plier avant de rentrer chez lui. La Grosse Marie, elle aimait les gens juste avant qu'il ne baisse trop les yeux, elle les aimait le regard percé, juste juste au-dessous de l'horizon et le dos droit.

-Surtout quand mardi rime avec lundi!
-et mercredi!

Paluche venait d'entrer et il connaissait les jours de la semaine.

-On respire ces jours!
-Attends que Le Pat ouvre la bouche!

Et on riait. On riait bien. La vie en biais. S'il n'y avait pas les mots, on aurait que des glissières de regard sur les bouteilles en rangées et les photos du bar et de la rue d'avant.


Le cessez-le-feux n'avait pas duré longtemps. Les combats avaient repris dans les quartiers ouest. Parfois un pich-up passait devant le bar avec cinq ou six miliciens accrochés comme ils pouvaient à des regards froids et excités sans photos de rien d'avant. On tirait à l'arme lourde, des rafales de fusils automatiques. Au bout de la rue, trois hommes, les fusils sur l'épaule remontaient le trottoire lentement. Peut-être qu'ils viendront boire un petit verre avant de rejoindre leur unité stationnée plus haut dans l'ancienne école de commerce.

9.22.2014

Nouvelle 31/Le recyclage de John

Il y a longtemps eu de tout. Du soleil dans la rue par exemple ou des tâches et des gens qui marchent et qui croisent d'autres gens dans les embouteillages par le rétroviseur. C'est l'angoisse de l'offre dans une absence relative de demande ou une demande qui pourrait très bien se contenter de son éternel même.

On s'en crée, on sait comment faire, Jill sait comment faire, Jill sait que ça n'a pas d'intérêt et elle sait que c'est un peu tout ce qu'elle a aussi. Pale blue Eyes, dans les dégradés du Pale, du Blue, le reste des yeux quand John ne rentre pas.

Ce n'était pas sa vie qui était augmentée, elle s'était rendue accessible à accepter et comme pour s'occuper, nourrir ou répondre dans la salle des maîtres ou avec Sarah ou là et là ou comme ça, seule, devant un écran sur la table du salon.

Le monde de Jill s'était angoissé de lui-même et elle glissait les publicités, les rappels à vouloir ça après ça et au lieu de ça. Les sons ultras de l'objet désiré, ses nuances et prendre pour pouvoir dire, le neuf pas assez neuf qui devenait l'ancien à nouveau nouveau.


John haïssait massivement le recyclage. Quand il cuisinait, il jetait les pelures et le plastique, les bouteilles qu'il buvait et les conserves dans la même poubelle alors que Jill faisait bien attention à tout séparer. John vidait les poubelles de Jill pour composer son 110 litres pour qu'il sonne de verres et de PET quand il le déposait les mardis matins dans la rue quand tout le monde sortait, fort que les bouteilles au fond résonnent.

Il disait à Jill, l'économie du recyclage c'est la suite logique de l'économie du plastique, ta mauvaise conscience justifie le toujours plus de tout comme ta nostalgie justifie le prix de tous les vintages qui te ruinent. Tu crois laver le pétrole mais tu l'extrais et là, il danse et danse et il t'emballe comme ce connard quand tu étais ivre dans les bois.

Give me a new Cold War!

La disparition de l'Union soviétique est la plus grande catastrophe du XXe siècle. Il est bon Poutine, un grand homme doit sortir non pas de ses chiottes des terroristes mais de sa bouche de grandes phrases. Mais j'espère que vous ne croyez pas qu'il n'y ait que Vladimir qui le pense ou que ce genre de nostalgie n'est propre qu'aux "perdants" de l'ancien bloc (puisqu'il est clair que Vlado est un joli perdant).

Moi aussi par exemple, quand je suis fatigué de profiter et de jubiler du spectacle de notre société libre de la consommation ou de la consommation libre ou consommée de liberté ou.. Je rêve de revenir en arrière pour rêver pouvoir en sortir en sautant le mur.

Le bloc soviétique ne s'est pas effondré durant le triomphe de l'économie de marché, il s'est effondré (et encore ce sont les frontières et l'idéologie qui ont muté) alors que l'économie de marché elle-même
et maintenant choisissez votre grille de lecture
s'effondrait sa redistribution des richesses (qui était faite pour se redistribuer dans le pouvoir d'achat)
ou
montrait, non pas son vrai visage mais son seul visage possible (Thatcher-Reagan vers Clinton jusqu'à Jospin-Schroeder).

Pour ceux qui viennent de naître, la "crise" n'est pas née en 2008 mais bien avant. Le monde bipolaire s'est effondré parce qu'il était parvenu à un stade où il ne pouvait plus se soutenir mutuellement et en 89-90 je ne me rappelle pas avoir vu beaucoup de leaders occidentaux, hormis dans une douceâtre langue de bois, danser sur les tables. Irak1 et Yougoslavie s'amusant déjà à glisser vers maintenant.

Ce monde qui était, non pas post-colonialiste mais néo-colonialiste, stabilisé dans ses structures, sa propagande, sa sécurité, tenant un tiers-monde non-aligné contraint et maîtrisé a été le garant de votre confort quel qu'il ait été et/ou celui de vos parents.

Bien entendu je n'ai aucune preuve de ce que je pose, mais je suis assez persuadé que le sentiment de Poutine est largement partagé à l'intérieur des chancelleries occidentales. Les problèmes et complexités de la situations ukrainienne sont vastes et denses bien au-delà à la fois des propagandes russes et occidentales et des rêves des Ukrainiens.

L'Europe ne rêve pas du Dombass et Moscou ne rêve pas de Kiev. Au contraire. Personne ne veut de la merde géopolitique et économique de ce pays. Il sera probablement divisé en zones pseudo-autonomes où tout le monde gardera la face mais où
surtout
un nouvel équilibre, qu'une frange croissante de l'occident désire, dans et par la tension,
se formera entre les puissances (défaillantes, vascillantes) "blanches" et "chrétiennes".




Je crée un parti politique 2/ Sarkozy est mon ami

C'est fantastique de constater qu'à peine deux semaines après avoir publié ici-même un post posant les bases de ce que je crois devoir être l'avenir de la politique (je n'ai rien inventé, c'est l'air du temps comme on dit),
on entend le brave Nicolas nous parler d'en finir avec les divisons partisanes, de rassembler, de sortir des clivages, faire rimer centre et gauche, libéral avec écologie, hier soir, 21 septembre sur France 2, lors du journal télévisé.

Bien entendu ce n'est pas de m'avoir lu qui lui a mis une puce dans l'oreille, il est assez écouté comme cela et c'est un joli affinage démagogique pour faire écho à l'UMPS de Marine et de Bayrou, mais c'est assez révélateur d'entendre un cacique de l'ENA et un jubilant du monde des affaires se sortir d'un échec dans la création d'un fond d'investissement en posant dans le blabla politiqueux une réalité qui sera, un jour et existera, hors de lui si possible.

Mais alors que lui propose et nous verrons ce qu'il restera de vrai dans la réalité, une descente dans les partis pour y acheter une idéologie qui le consacrera en chef, un plongeon de son égo dans son désir et ses manques, plongeon dans le même pour touiller du même et refaire du même avec les mêmes,
ce que je proposais, c'était au contraire, de sortir de ces mêmes et de ce même pour recréer un langage de la polis à l'aulne non pas du réel ou de la réalité fantasmée mais des réels existant et concevoir un dialogue critique afin de poser les bases de nombreux nouveaux partis,

c'est-à-dire de nombreux nouveaux points de vues qui se baseraient non sur la sortie de quelques ENA ou sur l'expérience des "affaires" de toutes républiques, non sur l'expérience associative ou pas seulement mais sur un rapport des concrets (sociologie, économie, architecture, agriculture, physique, histoire, linguistique, ...),

je m'en fous des orientations de ces nouveaux partis, l'important est qu'il ne soit ni créer par une pseudo-élite faite pour gouverner ou issu bancalement de la société civile, mais qu'ils se créent sur la connaissance et donc sur le doute, sur la science et donc sur la recherche, sur la statistique et non sur les sondages.

Ni élitisme, ni populisme. De la piratrie.


9.20.2014

Haïku de route 8/ Subway ou Burger King?

Une chaise sur le balcon. L'eau comme mes yeux, de la piscine éclairée de l'intérieur. On a monté les marches pour rejoindre le pont. Une voiture de police, Highway patrol arrêtée devant le bus, des gens qui attendent et ne remarquent plus rien. Les flics ont l'air si grands et forts et le ciel qui tombe vers les pistes de l'aéroport, la remontée moite, tu te rappelles la Zumba, les garages qui transpirent les pneus et les pièces de rechange, ces femmes aux pince-fesse qui sentent comme de l'huile de moteur, bon et les nuages, plus haut que les lignes d'avions.


Des canettes d'un litre de bières fades et une chaise dans le bois tracé au couteau d'un passage et les lumières de la piscine dans la ligne noir du fond et la famille grasse en face, les blacks en ventre de tous les pizzas Hut entre leurs bras de pompes, gonflés d'exercices, de saloperies et de diabète qui montent et descendent de l'ascenseur, les femmes en tonnes qui ne passent pas leurs portes. Les mecs vaquent et l'eau flotte et les trois palmiers aspirent dans la nuit leur dope de smog.


Je suis sorti. Chercher le manger. Tu sais la nuit, les familles trop jeunes et les bandes, les routes à traverser, j'hésite sur l'empanadas qui m'a cuit un café ce matin, à l'eau et à la plaque, presque à la turque dans un gobelet de sajex mais je me dit que le moins sale pour ma mère c'est le Subway avec le choix à mettre vert dans un pain toujours fait maison. Je ne comprends rien à ce qu'elle me dit, je commande, je montre, c'est noir derrière, la fraîcheur tombe, je traverse la rue vers le Burger King, derrière elle attend en survète que je commande, deux tables prises. La paix du quotidien.






























9.18.2014

Haïku de route 7 / Sissi Spacek

Je regarde l'étoile de Sissi Spacek, piétinée comme toutes les autres, mes pieds sur Kazan, en plongée sur Dolly Parton, tous pressés, contraints, une file d'étoiles en somme, nivellées, sans plus, avallées là dans le bitume de tous les rêves. American Cinematheque. On s'arrête un peu. Je ne trouve pas l'entrée du métro, un vétéran black nous parle de la Suisse, fière de savoir que le romanche existe, de l'autre côté du carrefour, jesus gives Eternal life et sur une autre pancarte, Repent Follow Jesus, les passants passent, les voitures roulent, le soleil cagne.


On attend sur le quai, je regarde le trajet, Watts à traverser, pas de quoi stresser sauf dans le Routard qui liste les quartiers interdits. Tellement de visages à décrire dans la station et la rame d'un tracé absurde, on change deux fois, Downtown sous la terre, les codes vestimentaires nous situent dans la géographie souterraine, trois lignes, on remonte à la surface, Lennox, Car entre les nuages qui tombent de lumières, je ne vois pas les tours, ma mère assise, je reste debout, on se regarde de temps en temps, on se sourit et je compte les arrêts, glisse dans mes yeux les gens autour, la folie et la brillantine, la pacotille entière de Sunset, écartelée, les pôles extrèmes de la pacotille, celle de Watts, je dépense mes dollars partout sauf à Sunset.


Mais tout se ressemble tellement, la décrépitude marque les zones, un parc par les vitres de la rame, des familles, des rues, des routes. L'Amérique des glacières. LA, la ville où on peut réellement disparaître.

Nouvelle 30/ La clinique est fermée

Un premier temps, des prairies, tu vois, pour se sertir un peu, on vit mille vies de toute façon, sans se faire lire et des bouquins à distiller tous les algorythmes de la façade des bonheurs cheaps, une glissière en Amerzone, la chemise ouverte en plein soleil alors que, dans la salle de bain de ses parents, Tony Boy lit, couché, des Canardos empruntés à la bibliothèque.

La clinique fermée qui ferme un autre monde quand la réalité ne peut rien être d'autre qu'une ombre regardée sur un mur. Les détours dans une rue ouverte des regards d'adultes. Il en sera bien un et les rides. Des marques toutes naturelles comme si la vieillesse existait alors que Tony Boy sait qu'il est immortel, que la seule chose qu'il ne sait pas, c'est qu'il n'y a que la joie qui s'éteint. Un vin bu doucement, une cachette, la main en visière, un aérodrome. Un pli sur la tempe.

Ceux et celles qui ne meurent jamais ne peuvent se montrer aux autres. Il y aurait trop de jalousie et de terreur et pis on ne comprendrait rien, les gens qui ne meurent pas sont des fables ou des parias, Tony Boy sait qu'ils sont rares et qu'ils se partagent une île où ils vivent et qu'ils quittent parfois pour aller marcher sur le monde. Il écoute les quintes rauques du type assis à côté de lui qui fume et se plaint fort. Il met ses écouteurs et cherche un morceau de The Smith. Il vient de découvrire ce groupe et ça fait des décennies de sons qui sont passés ailleurs et qui jaillissent là, qu'il émerge le soir derrière son écran quand il a trop travaillé pour dormir juste tranquille.


Assis en plein soleil, la chemise ouverte, il écoute des morceaux qui lui invente un passé ou lui décrit en écho, le langage clair, la bande-son des images qu'il choisit de faire remonter, d'interpréter, timbre par timbre.

Une faiblesse si douce, il n'y a aucune vague qui revient que des berges qu'on n'a pas trop envie de quitter. Ce n'est pas la nostalgie, la faille, ce sont ces images qu'il voulait être et cette tranchée, là, c'est d'être parvenu à les devenir et de ne plus être tant sûr de vouloir continuer à être ce qu'il est devenu.

Nouvelle 29/ Les filles de la piscine

Et ça reste fascinant de constater que la réalité existe encore. Tony Boy n'y croit pas. Il marche dans la rue. Sur les vagues des passerelles de métal, dans les tranchées des travaux de la rue, un ouvrier fait tourner son casque sur son doigt en allant à la pause, sur la terrasse plus loin, à chaque table, des gens sont assis ensemble et ils se parlent. Oui. Ils se parlent. Avec des voix et des gestes et sur les visages, même des expressions. Tony Boy s'installe. Seul. persuadé que personne ne le voit, que personne ne peut le voir, assis en plein soleil dans l'obscurité d'une salle d'un spectacle qui le dépasse. Tous ces gens qui semblent étrangement prendre plaisir à leur réalité, il les voit dans des regards sans webcam et des gestes sans claviers.


Des années avant, Tony Boy a 14 ans, il fonce à vélo, sur la route du lac, seul, à tenter de battre les records de sa mythologie. C'est l'été et la piscine municipale avec les plans d'herbes, les pentes et les deux bassins et la descente vers les puces du lac. Il est joliment maigre et sec, il s'étale, nage un peu, sous l'ombre des arbres, les familles et puis, partout, un peu, les filles. Là, plus haut, elles sont deux en maillots deux pièces, elles ont son âge, elles sont trop loin pour qu'il puisse entendre les conversations de leur âge. Dans son bras droit, il tremble son désir et dans son bras gauche, il tremble sa terreur de se lever et de mettre des mots comme il faut. Il y en a une. Elle est très belle. Tony boy la regarde des heures d'une journée entière, l'idéal, là, d'une journée entière comme dans les films ou dans les livres ou les dessins animés avec toute la perfection tendue d'un désir beau d'être intouchable, il fixe un amour courtois d'un regard de psychopathe.


Le lendemain, il fonce sur la route du lac, plongé loin dans la mythologie jolie et le monde aussi extérieur que n'importe quelle terrasse, si doux, comme un musée dont on ne peut rien effleurer, si brutal comme un corps juste mort qu'on ne peut pas toucher, si lisse et évident, comme un écran. Assis sur un plongeoir du grand bassin, il attend rien, séchant sa nage à regarder l'eau, et le monde qui vaque à tirer des lignes. Les filles de la veille entrent et lente longent le bassin, vers lui. A sa hauteur, celle qu'il ne regardait pas dit à sa copine "c'est pas lui le gars qui a pas arrêté de te mater hier". "Oui, c'est lui". Elle est encore belle quand ses mains dans son dos le poussent dans l'eau et qu'elles rient d'une vraie joie, d'une joie juste et saine et toute légère. Tony Boy, assis là, sur cette terrasse, à voir la vie vouloir être réelle se demande comment il a fait pour remonter à la surface, reprendre son souffle, nager vers l'échelle du bord et retourner se coucher dans l'herbe entre les familles et les filles.

9.16.2014

Haïku de route/6 - Vers Sunset

Tellement de visages à décrire. A deux mains, devant la maison quand on recule et longe pour redescendre, tellement de visages différents dans un visage. Le soleil dans Redondo qui rebondit les façades à un étage, cossue vers des bribes d'océan et les lignes interminables à chevaucher, la fenêtre ouverte, vers Beverly Hills. Santa Monica, Lax, Freeway en plein centre, les traces de freinage, les arbres rares et les murets, Jefferson Blvd à la sortie 50B, la grâce beef-burger des scientologues et les chiks à volonté devant le palais-bite mormon.


Tellement de bitume à décrire comme une raie au gel dans les architectures gavées et sans goût de l'orgie nantie de Beverly, sous les palmiers, l'ombre, Sunset à gogo de mes mythologies, Jimmy Choo me paume ses lunettes de soleil à droite de l'épée qui gravit l'affiche de Transformer en bas de la colline. Dans toutes les villes du monde les corvidées plannent sur le ciel bleu qui surplombe les catins black and white de Prada.


On parle. Janos raconte sa ville, son retour à sa ville de celle de l'autre côté, les heures à prendre faites pour la route et l'avion, un train comme un autre. Je passe mes yeux de gauche à droite, ma mère à l'arrière qui somnole un peu ce Sunset qu'on traverse des océans pour n'y rien voir. Mon cousin nous lâche et on s'embrasse. Ni la distance, ni le temps n'ont rien à voir. 12'000 km, 4 heures, peut-être 5. Quantifier ne crée que des regrets, des remords, des attentes, des désirs ou de l'ennui. La vraie vie n'a pas de mathématique.

9.04.2014

Haïku de route/5 - Mon oncle

Un deuxième douche pour enlever la ville, mon cousin dans le hall vers les corn-flakes qui nous attend. Ma parano des premiers jours met le cadenas sur la valise que je cache sous l'évier. Tellement inutile. Une voix de contre maintenant, amassée sur le balcon. Inglewood sans bois que les palmiers éparses, quelle belle voix, les bougainvilliers, le reste en rose et violet, les enseignes, la ville colorée pour 2jours ou 20 ans, ni plus, ni moins, rien entre, la ville des anges, la ville sans pitié, la ville racée et sans pitié. Les points s'approchent encore, les points s'étirent, s'écartent.


Oncle Jo. Comment dire quand vingt ans après on vient dire bonjour comme adieu? Je n'ai pas oublié, à la fenêtre, par la vitre de la voiture de mon cousin, l'homme debout, au sommet de la colline de Redondo et après, l'adieu à deux bras, comme papa, devant la maison. Le vin de Balaton, les Tuc's et le fromage, les toiles, les livres et ce tissu, comme chez nous d'avant. La cuisine d'un vieux gaz à cuire comme on peut, le manque d'appétit.

Mais ce sont des yeux parce qu'il n'y a qu'eux pour prendre et rentrer ou retourner ou faire dans les images revenir tous les restes. On se regarde. toutes les pluies et tous les beaux temps suffisent. Je monte derrière, on descend la colline, le drapeau gigantesque, qu'est-ce que tu es venu faire ici? Au restaurant chinois, je sors parfois fumer et le mystère du biscuit m'a dit, cheerful company and a merry time are ahead for you.

Trierweiler/ Le socialisme n'en a jamais rien eu à faire des pauvres

C'est drôle d'imaginer dans les mots ce qu'ils devraient porter, ce que l'on croit qu'il porte ou ce que l'on désire.

Les "sans-dents" ou le mépris du pauvre.

Les vengeances publiques ronflent et délectent et dans le rance, elles n'apportent qu'en décades un moisi plus bas. Trierweiler fait ce qu'elle veut dans cet espace de la Polis qui ne sait plus vendre, pour ne pas dire offrir, ni d'abstrait, d'idées, ni de concret, de praxis. Ce n'est pas, ici, le propos.

Les gens semblent découvrir une ineptie et s'insurge. Le socialisme doit respecter, comme viscéralement, les pauvres.

Mais ça n'a jamais été le cas.

Le socialisme respecte et défend, du moins théoriquement, le travailleur.

A la limite, le pauvre est une donnée de la pensée de droite, parce qu'il fait partie du théorème de la droite, il est une fonction de cette pensée politique. Il n'est en rien une fonction de celle de gauche. Il est une absurdité dans la construction pratique de la théorie de gauche.
Il n'y a rien d'incongru dans la phrase de Hollande. Elle est en accord avec ce qu'il croit et ce qu'il défend.

Pour être clair, le pauvre n'a aucune représentation politique. Il est un outil que seul la droite considère réellement.

9.02.2014

Haïku de route/4 - Inglewood

Revenir, les lignes comprises, Gate 5 du parking vide, Betfair Holywood Park, je n'ai pas besoin d'implants dentaires, no credit, no problem, 699 dollar, FREE EXAMS AND X-RAY, les couronnes incluses avant la ligne droite vers la 105 et la 405, je descends dans le quadrillage, le ciel est âpre, longé La Perla, mexican food collé au Zumba classes où la musique troue dans la rue la salle vide en attente. A gauche, le magasin de gnôle est encore fermé, les passants rares.


Je lâche un dollar au cycliste qui pousse, je traverse et le regarde avec la vieille femme. Je remonte vers la zumba, une enfilade de béton détruite, rongé d'herbes en bosse, quatre voitures parquées devant des façades décharnées d'un étage, probablement toutes habitées, des bâches translucides sur les aérations flottent la poussière d'un vent pauvre. Devant chaque porte, deux marches et des rideaux sur la moitié droite de chaque fenêtre.


En face, en attendant le feu vert, un homme encore trop jeune pour les cannes de diabète me mate et sur le passage, nice sneakers, je remonte vers les graisses qui déhanchent dans le cours de zumba, la porte ouverte, la terrasse, un bloc plus loin, de l'empaneda est ouverte, les avions apportent la suite par-dessus l'avenue. Bar à pute, allées, parking, fast-food et angles droits, tout est très clair.








9.01.2014

Je crée un parti politique/1 - La terre n'est plus plate, le monde n'est plus binaire

C'est quand même fascinant de faire encore confiance à des partis politiques qui portent un langage d'un autre temps et de se gausser quand ils évoluent ce même langage, même si, cette évolution est toujours tendue sur un axe dépassé.

La politique française en particulier nous montre un état de pensée(s) qui n'est ni sorti du pré-post-colonialisme, ni des trentes glorieuses. Et ce, tout parti confondu. Une forme d'intérêt supérieur de la nation est porté par l'UMPS et même si ce terme est martelé par les gars de la marine, il n'en est pas moins cohérent et la réaction n'est que réactionnaire, un repli sans perspective, les abris anti-atomique en moins.

Peu importe sa tendance ou son affiliation politique, il devrait y avoir un constat clair, partagé d'un bord à l'autre que plus aucun discours, ni logique, ni charte interne, ni même pensées défendues n'est en phase avec un monde qui, lui, n'a pas cesser de se transformer. La forme n'a plus de fond et l'archaïsme est un musée dans lequel la société ne peut pas se permettre de vivre.

Il y a, bien entendu, plusieurs raisons pour lesquelles les citoyens ne votent plus. Mais l'une d'entre elles, dont personne ne parle, c'est qu'aucun de ces partis ne porte une langue que la population est à même de traduire dans son quotidien.

La tentative Pirate de s'immiscer dans le jeu politique, bien que bancale et bordélique est, néanmoins, un joli coup, pour remettre dans les mots du pouvoir, une grammaire nouvelle.

Il est vitale aujourd'hui de recréer un espace au dialogue de la cité et à la pensée de ce dialogue.

Je posterai dans les mois qui suivent des jalons pour un parti parmi d'autres à venir. J'ai des idées. Elles doivent être confrontées, critiquées. Mais le principe de base est un mouvement politique européen qui ne sera ni de gauche, ni de droite, ni du centre. Il est temps de changer de dimension. La terre n'est plus plate, le monde n'est pas binaire.