2.11.2014

Votation suisse/ Europe, fouette-nous!

La frustration (compréhensible) de certains ne doit pas entraver la richesse (même relative, même potentielle) d'un tout, si imparfait soit-il.

L'Europe est une réalité, un idéal et une utopie. Un continent de guerres ne s'unifie pas en claquant des doigts.

Pour être clair, je suis citoyen suisse, vivant à l'étranger. J'ai longuement été contre l'intégration à l'Union.
Je suis pour une Europe fédérale,
je suis pour une Europe politique, sociale et culturelle
et pas pour la libérale.

Je crois que Lisbonne aurait dû venir avant Maastricht.
Je pense que le politique devait ou devrait fonder l'économique et pas l'inverse que nous subissons.

Ses bases, je crois, sont doubles. L'économie (le charbon et l'acier) et la paix.
Et c'est la paix qui me porte, la cohésion, l'unité des différences.

Le signal envoyé par la Suisse, qui fait bander les populistes européens, est une marque rance et ce serait déjà trop si ce n'était également une marque dangereuse.

Même Fillon, cet UMP "modéré" trouve ce choix naturel (avant de se raviser pathétiquement).

Bientôt l'Europe votera puis la Grande-Bretagne.

Alors j'espère, en tant que Suisse (et même si je vis à l'étranger, en Europe, ma famille y réside, mes amis, mes connaissances) que l'Europe réagira vite, très vite et très fort.

Elle ne doit pas montrer aux autres pays que l'on peut faire ce que l'on veut avec ce que l'on a signé.

Elle doit être ferme. Et tant pis.


Et ne croyez pas que je me contente de l'Europe qu'on nous construit, mais il y a une soudure à tenir et des failles brunes à colmater.


Europe, fouette-nous!


2.10.2014

Le populisme est une infection/le printemps brun de l'Europe

C'est toujours une question de temps
et de nerfs.
Des statistiques que l'on combinent, des histoires qu'on arrangent, une lecture qu'on dirige, un argumentaire qui doit se tenir en trente secondes, des mots cru qu'on cuit et recuit
et, dans un lexique simple et clair, nous jouer dans le ventre, dans les nerfs, dans le sang.
Le populisme est une infection.
L'incubation est lente, souvent et ronge, en profondeur.
C'est le poids démesuré de l'interprétation, la relecture, le moiré, le vitrage, la fumée,
les plis,
les interstices,
les couches,
où tout peut être vrai,
et l'image.
La force de frappe, l'immédiat et le réactif, les affiches de l'UDC, le langage de l'UDC, la syntaxe de l'UDC.
Du FN, de la Ligue du nord, du Jobbik, d'Aube dorée,...
Et même si ces populismes peuvent s'analyser et se catégoriser de manières différentes,
la grammaire (verbale et non-verbale) est la même.

Lorsque l'histoire enseignée est pauvre et consiste à avaler des dates, lorsque l'enseignement enfonce, gave et ne structure que le crachat des informations,
sans essayer de faire naître, une analyse et une critique, même seulement d'essayer d'en dévoiler les possibles,
lorsque le marché ne peut que jouer la peur, la flexibilité, l'adaptativité, le changement permanent, la vraie insécurité,
lorsque les technologies nous rendent totalement et en permanence disponibles,
lorsque le fatigue ou la lourdeur quotidienne, la multiplication des fleuves d'informations et le lointain toujours plus loin des sources conditionnent notre approche du monde à la surface,
lorsque le temps d'attention est limité

alors, les conditions sont idéales pour l'avénement d'idéologies limitées, en noir et blanc, un espace binarisé de la pensée,
un terreau de fracture
un printemps brun.

2.07.2014

Nouvelle 27/La perfection

Une brise. C'est le soleil déchaîné, la tenture, l'oeil diaphane de Jill. L'homme est parti dans la nuit. Juste avant le matin, dans l'ivre encore entre.
Tout est resté parfait.
Une longue glissière, tortiller les draps, les avoir à soi.
Oublier déjà, c'est fait. C'est bon. La suite, maintenant.
Jill s'enclenche dans l'après-midi, un décorum clair, des rollmops et du café, la perfection.

2.03.2014

Nouvelle 26/ une ligne attentive

Dessiner une perfection et aller-et-venir en attendant, ce n'est qu'une vraie ligne, attentive.

Tony boy traduit des signes et dans sa tête, les chambres se capitonnent, les étages s'interfacent, les voisins changent, certains reviennent.

Tout est si contrit. La flèche blesse d'abord puis nous dit, je suis fatiguée d'être bandée, votre chasse m'ennuie, le sang est pareil,
même vos goûts sont pareils,
rien ne rentre, ni ne me raconte des débuts de monde.
Tony boy glace l'écran et se frotte les yeux, la faim.
Puis dans un parc, archivé, lent, des moineuax ou quelque chose comme ça, le marteau sur l'acier et des feuilles à aller dans l'air comme il veut, la ville, intégrale, une sorte de moment possible, des humains qui s'en foutent et tracent et s'affairent de tracer entre la sortie et une autre sortie.

Un grain, comme un oeil habitué à une image dégradée de la réalité, un oeil rongé d'écran qui revoit un timbre de lumière réellement distordue par la pollution.

Tony boy prend une pizza, du vin. 

2.01.2014

Nouvelle 25/ La création des mondes

Glace fraîche, glissée, tombante dans le redoux sur la fenêtre de Jill.
Elle se lève, c'est tôt, chaque moment de son appartement est parfaitement défini. Elle sait ce qu'elle veut là et ce qu'elle cherche ici.
Elle se confine, les limites n'ont pas de point, chaque pièce est une étendue déterminée pour, rien ne doit se mélanger.
Elle s'étire et s'assied, mange lentement, la cuisine est silence, l'odeur est blanche.
Chaque pièce est rythmée d'une température idéal, ce que la chambre à coucher est froide, la salle de bain est brûlante.
Le contrôle lui permet d'accepter l'extérieur,
ce qu'elle détermine lui garantit un ailleurs à subir sereinement.
Dans la vie fragmentée de Jill, il y a des règles et des compas, des lignes claires et de beaux murs.
Et entre, le chaos qui la bat et l'assomme la réduit sur le ring et l'endort doucement.
Chez elle à présent, elle peut enfin s'émettre dans les interstices et vivre enfin dans son monde 1, son monde 2, son monde 3, son monde 4,...