12.31.2011

la bilariose pour les enfants/8

Chapitre 8


C'est là qu'elle m'a demandé où j'en étais avec Johnny et avec le cul en général. Je lui est dit que Maurice allait bien, mais qu'il était en stage en Dordogne avec les pompiers sur une péniche. Mais pas à se la couler douce, enfin, à ce qu'il m'a dit. C'était pour mieux comprendre le fonctionnement de l'eau et dans quel sens, elle coulait, vu que l'eau, à part celle qui sortait de la pompe, ils savaient pas trop ce que c'était. Greta, elle m'a dit qu'il prenait quand même des douches, je lui ai répondu que, oui, bien sûr, mais les yeux fermés, sinon ça pique les yeux. Alors, ils y avaient jamais vraiment rien vu de près. Greta, elle hochait la tête de compréhension, mais pas trop longtemps parce qu'elle avait bien vu que j'essayais de me défiler avec Johnny. Alors elle a remis la planche sur le métier et je me suis sentie conne parce qu'après les choux-rouge j'étais allé aux tampons. Elle m'a bien fait comprendre que des idées, j'en avais mais de la suite j'étais pas prête de connaître le Ritz. On est resté encore un moment, là, les deux, toutes blettes, à regarder passer les toxs et les flics en civiles comme des vaches à bière. Greta, elle me taquinait bien du coin de l'oeil, le pourri, mais je bronchais pas, j'avais pas envie d'en faire un fromage et j'étais déjà assez mal de moi-même comme ça sans qu'elle en rajoute. C'est ce moment-là que Johnny a choisit pour poser ces choux-rouges sur les escaliers, deux marches sous nous.

12.29.2011

Derrière Lost, le virtuel et le monde déplacé

Depuis l'ouverture des flux et la dissémination des bits, nous avons déplacé le monde.

Le développement et la multiplication des moyens de transports avaient permis de condenser la distance en accélérant le temps, mais n'avaient fondamentalement rien changé à notre servage aux conditions et lois de l'espace-temps.

Le determinum commercial a agi comme une faille dans laquelle pénétra et se répandit le virtuel qui réussit à évoluer de telle manière qu'il devint une nouvelle condition, un nouvel état si puissant qu'il a pu se définir pour lui-même un espace et un temps propre.

Les données naissent puis errent sans qu'il soit possible à l'heure actuelle d'en définir, ni même d'en imaginer le terme. Le virtuel dans l'état actuel des choses est immortel.

Son espace s'est auto-déterminé comme monde à part entière,
avec sa biologie et son écologie, ses géographies, sa proto-histoire, ses gouvernements, ses zones de non-droit, ses religions, ses empires, sa sociologie et ses langues en mutation permanente, en déplacement permanent.

Et notre quotidien dans son va-et-vient virtuel-réel s'est établit de facto en ubiquité. Nous pouvons être là et là et là en même temps.

Il est peut-être aujourd'hui impossible de réaliser parfaitement, de concevoir ce que cela représente concrètement. Mais des limites acceptées et résignées de la physique sont d'ors et déjà devenues obsolètes.

L'ordre est renversé. L'homme est en marche pour défaire l'univers. Et, tel un dieu, le refaire, non pas à son image, mais à celle de ses frustrations.

Nous vivons la seconde étape d'un espace quantique à notre échelle.

12.21.2011

la bilariose pour les enfants/7

Chapitre 7



En général, faut pas chercher. C'est comme ça que j'ai trouvé Greta au rayon tampon, vu que temps en temps, on a les règles ensemble. Elle avait l'oeil gauche tout poché. Greta, quand elle posait trop de question, c'est là qu'elle recevait les réponses. Jamais dans les dents parce que ni Gérard, ni Momo ne pouvaient cracher le dentiste. Et comme l'un comme l'autre, ils étaient dans l'amour de Greta, ils l'auraient jamais laissé douiller toute seule. C'est pour ça, qu'y avait toujours un steak qui traînait dans le frigo, vu que Greta, elle en avait toujours des questions dans la vie. Même Momo qui touche pas le porc mais les allocutions familiales d'un premier mariage foireux, il avait son petit steak pour les visites de Greta. Là elle m'a dit que c'était Gérard. Je lui ai fais remarqué que le steak devait pas être de première fraîcheur vu que c'était en train de moisir sous la paupière, elle m'a répondu que c'était celui d'il y a deux semaine, la fois où elle avait pas pu poser de question, vu que Greta, c'est une fille bien élevée qui parle pas la bouche pleine et que Gérard, il était pressé vu qu'il avait un match à la buvette du stade. Alors je l'ai accompagnée acheter l'alcool pour l'oeil et quelques bières pour le coeur au ventre et on est allé mélangé tout ça à deux pas, là où il y a du soleil sur les marches et une église sans clocher.

12.13.2011

Folie meurtrière sans fou(s) ou l'absence Breivik

La folie seule n'a jamais su résoudre les désarrois d'une société mais s'officialise logiquement comme première ligne et citadelle des manifestations de ses crises.
Elle est la conscience absente non de celui qui se décadre mais de tous ceux qui restent sans comprendre et, pressés par les contingences d'un temps qui n'en a pas, se doivent d'affirmer pour préserver une cohérence qui s'érode.
C'est l'individu lui-même, terrorisé et en manque de spectacle qui s'oblige à tuer médiatiquement et ces meurtres quoi que l'on puisse en dire, sont sans classe, hors classe, non destinés et non définis, des signifiants sans signifié autre qu'un discours de soi à soi, d'une violence l'autre.
Ces meurtres de masse sont des produits de zones de paix mais socialement non pacifiées, socialement compartimentées et socialement spectaculaire.
Mais la notion de folie n'a pas sa place ici. Ou plutôt elle est utilisée comme fin de toute critique et de tout possible de compréhension. Le cas du procès Breivik qui n'aura pas lieu est particulièrement significatif de cette société qui s'absente à se penser et à mettre en face de ses contradictions, toutes critiques aussi abjectes qu'elles puissent être.

12.12.2011

la bilariose pour les enfants/6

Chapitre 6



Johnny, j'ai fini par le retrouver, au centre commercial vers les barquettes de choux-rouge râpés et des sauces toutes faîtes à 50 centimes avec un oeil sur les choux blancs et un autre sur un cul. Pas le mien.

12.06.2011

Nouvelle/7 : Dans les bars






















Une déconnexion pour un retour mais vers où?


Deux landaux, trois femmes, décolorées et grasses, encore jour, trois bières, des paquets de clopes à quatre euros derrière le comptoir.
Un connu par coeur qui ne rapporte rien mais ramène à des situations si acquises mais qui, dans l'habitude s'effacent si vite. Rien ne change et comme c'est sécurisant.
Encore une heure d'écran sur des tables d'une autre classe, un enfermement apparemment serein, on peut toujours payer par carte.
Et de toute cette misère, on ne peut espérer aucune culture.
Longue prise de vue, coupée et reprise, une méthode de travail, d'observation de cette longiligne de la détente qui est un joli filage de l'ennui, de tous les ennuis qui s'échafaudent à distance, se nient et se critiquent, pour s'imbriquer finalement.
Les histoires exceptionnelles sont une beauté du détail, un insipide cependant, devenu, certes, un décalage du sécurisé.
Même la possibilité de la mort ou sa participation comme un tiers qui s'invite n'entrave pas la routine et c'est comme si tristesse et joie sont des émotions interchangeables, réellement jouée sur le même mode, sur un simple tracé musculaire différentiel dans une même compagnie pour une même finalité.

Je les connais très bien les bars d'occident, j'y ai digressé les uniformes, je les ai entamé par classe, conscient des poses et des liens proposés et de leurs interactions viscérales avec ce qu'est totalement la société.

Tout ce qui croit nous différencier et la totalité de nos liens. Il n'y a pas de classe.






































12.02.2011

la bilariose pour les enfants/5

Chapitre 5

Bob, on l'appelle comme ça parce qu'il a des cheveux longs, raides et toujours sales. C'est pour se foutre de lui mais il comprend pas et il rigole avec nous. On l'aime bien parce qu'il est toujours d'accord avec tout le monde. C'est un type qui a pas l'air d'avoir trop d'amour-propre, ni de morale, ni d'honneur comme les serbes et les albanais et les italiens et les autres comme ça, ni de cause à défendre. En fait, il a pas l'air d'avoir grand chose mais il a toujours un bon mot pour nous faire rire. On le voit plus trop parce qu'un jour ses parents ont appelé l'asile et y a des infirmiers vraiment en blanc qui sont venus le chercher. Mais bon, les parents de Bob devaient avoir fait le bon choix vu qu'ils savaient des choses de la vie en étant allé tous les deux dans l'université. On pouvait vraiment pas les traiter de con vu qu'ils gagnaient chacun au moins 10'000 balles par mois. Depuis il a prit du poids et on a plus réussi à le voir sourire. Mais heureusement il boit autant qu'avant, c'est que ça doit pas aller trop mal. Greta, elle m'a dit un jour qu'elle en pinçait pour lui, mais pas suffisamment pour lui prendre la main et aller faire un tour derrière l'école primaire pour se faire peloter les miches. Jean-Jean m'a dit qu'il y était allé avec une fille de 16 ans qui cherchait l'amour alors que lui cherchait juste à perdre son pucelage. J'en sais pas plus et je sais pas non plus comment Jean-Jean savait tout ça. Mais dans les petits bleds si tu fais pas les choses à quatre heures du matin quand les vieilles dort et que ceux qui sont encore debout vomissent derrière le pub, tu peux être sûr qu'il y aura toujours quelqu'un pour ramener sa gueule sur ton histoire. Et tout ça c'est bien beau mais ça m'aide pas à trouver Johnny.

11.29.2011

la bilariose pour les enfants/4


Chapitre 4





Johnny, je sais qu'il aime bien voir se lever le soleil mais qu'il arrive jamais à se réveiller à part dès fois en hiver et encore. Maintenant ça va un peu mieux parce qu'il est devenu insomniaque mais pas toute les nuits. Johnny il est comme ça, inconstant, c'est pour ça que j'arrive pas toujours à le chopper. Il a les habitudes des lieux mais pas des heures, parfois même pas des jours. Il a pas de montre, ça lui fait le poignet tout bronzé, c'est pas comme les épaules parce qu'il met des marcels, on dirait une gonzesse qui ose pas faire topless. Comme moi. Mais j'ai mes raisons, pas comme ces tas d'os qui ont des nichons comme dans les magazines, c'est-à-dire de différentes tailles mais qui plaisent. Johnny, sur son natel, il a mis une heure, faut faire sept heure de moins et douze minutes de plus et la date, j'arrive même pas à compter, mais plutôt quelques mois avant. Ou après, mais là, ça fait vraiment tirer par les cheveux, surtout que l'année, c'est celle d'avant. Je le sais parce qu'une fois qu'il était au toilette, j'ai fais comme si j'avais pas vue que la place était prise, pis j'ai fouillé un peu dans ce qui traînait. Pis j'ai fais comme si j'avais remarqué que la place était prise et je me suis barrée. Johnny, il a dit un jour à quelqu'un qu'il semblait connaître que c'était sa machine à remonter le temps. C'est Greta qui m'a racontée, parce qu'elle était assise pas loin et qu'elle avait pas encore trop bu.

11.23.2011

la bilariose pour les enfants/3

Chapitre 3
Quand je m'emmerde vraiment, je prend ma vieille gourde isostar, du temps où je faisais encore du vélo et je m'en vais faire le tour des églises de la région. En général, je fais gaffe que personne ne me voit, mais dès fois je m'en tartine la crampe, comme l'autre jour où deux Marie-couche-toi-pas m'ont choppée alors que je remplissais tranquillement popol, le petit nom de ma gourde, au bénitier de la chapelle de Finhaut. Elles se sont senties toutes curieuses, pensant qu'elles avaient à faire avec une espèce de missionnaire, alors que moi, à part la position et encore, je m'en tarte le cul des missionnaires, puis carrément blanche comme de la jute de syndic quand je leur ai expliqué que je transportais cette flotte à la grande mosquée de genève, là où on se rince les pieds, histoire de faire un échange de culture, une rencontre des religions. C'est ma façon de montrer que la flotte c'est comme dieu, y a peut-être plusieurs mer, mais c'est toujours là-même. Elles ont rien compris et j'ai du filer assez rapidement vers la gare, ma gourde à moitié pleine, en les entendant encore me menacer des flammes de l'enfer dans leur abominable accent de gouâtreuses. M'en fous des flammes de l'enfer, de toute façon Maurice il est pompier, vu qu'il est obligé sinon il doit payer la taxe. Enfin, personnellement je pense qu'il aime bien ça, parce que, qu'est-ce qu'on picole à la caserne. J'y ai accompagné Maurice une fois et pour tout dire c'est une chance qu'il n'y ait pas eu d'incendie ce soir-là. En règle général, c'est toujours une chance qu'il n'y ait pas d'incendie les jours où les pompiers s'entraînent. En parlant de chance, je suis bien contente d'être née à La Conversion plutôt qu'à Vich, parce qu'à Vich, les filles elles ont pas le droit de faire les pompiers mais elles sont obligées de payer la taxe qui est plus chère qu'à Gland.

11.17.2011

Nouvelle/6 : Premier matin calme


Quelques heures auparavant. 3h du matin. Sortir de l'usine, rentrer chez soi. Un temps, juste un temps. A vie? Pas fou. Les chaînes, de la plonge aux récoltes, de l'usine au service et ainsi de suite.
Rentrer chez soi.
Qui donne le temps de faire quoi?
Rien à faire. Pour personne. Des bandes. des gens forcés de s'apprécier. Tenir ensemble, se faire aller. Des groupes. Les jeunesses. Des clubs de foot. Des tables rondes et des carrées. Des cantines. Des dimanches.
Se lever. Une fois ou l'autre sortir du lit et se lever. Après être rester coucher se lever et sortir. Déjà de la chambre. Un lit. Personne d'autre que soi. Pas toujours, des fois des accompagnants, des accompagnantes, des jours sans. Aujourd'hui par exemple. Du soleil. Par la fenêtre comme une tombée. En ouvrant les yeux, se dire avoir un chez soi ou plutôt un toit. Se dire, être vivant, personne à côté, pas aujourd'hui.
Fin d'usine insomniaque, fin de semaine. Jour de pause, jour de liesse. La neige recouvre le torrent. Il n'y a plus rien à faire. Prévenir les survivants. Ecrire enfin ce livre. Le guide des survivants.
Première chose. Pour survivre, ne pas essayer de modifier son environnement mais s'y adapter.
Toute l'Histoire est une erreur.
Ceux qui suivent le chemin des civilisations industrielle sont sur le déclin.
Oui l'erreur est humaine. Dans tout son sens.
Il faudrait tout arrêter.
Matin calme. La brume se dissipe. Un moment sur le lac. C'est l'hiver qui s'en vient.

11.13.2011

Nu

C'est pas facile à comprendre. C'est comme ces cris d'oiseaux, là. Dehors. Vers l'arbre. Puis sur le champs, avec le brouillard qui fait qu'on voit rien.
J'avais 14 ans, plus ou moins, même avant, déjà, rien n'est précis, les choses se construisent, on ne peut rien isoler comme ça, il n'y a pas de date limite.
C'était tout vouloir, manger la gloire, prendre l'entier, être le meilleur, devenir le plus grand écrivain, avant tout le plus grand poète, puis le plus grand n'importe quoi,
l'invention du VollKunst,
l'Art Total,
être une conscience vivante et conséquente de tous les outils de l'art.
Et être un tout.
Stirner l'apprenait, "L'Unique et sa propriété" et Nietzsche et les Beat, une individualité qui se devait de se faire progressivement et ne rien laisser, ni abandonner, ou laisser ce qui appartenait déjà à d'autres, se faire en fonction, contre
envers et contre tout.
Se faire entre, tanner dans les interstices,
glaner dans les gênes, se défaire, usurper ce que l'on pouvait et lâcher les chiens,
être une guerre douce,
laisser les autres crever, ceux qui ne savaient pas,
laisser les autres se faire récupérer, s'abandonner, glisser, s'enbourgeoiser,
faire tout ce qu'il fallait pour être une merde ou rien, simplement.
Etre l'inverse, réagir. Ne rien dessouder, être un soi, fière et différent.

Puis comprendre l'Ubris, et l'Ego, et le ridicule de cet Ego. Sentir le jeu qu'on nous imposait, la nécessité pour la société d'avoir ses icônes successives, ses référents, ses récupérés,
l'architecture des Je,
leurs fondamentales fonctions pour une suite éternelle,

Tous ceux que j'adulais l'était, adulé, dans des soirées classieuses et rances,

Debord.

Il fallait être invisible.
Il fallait disparaître.

Il fallait créer sans rien montrer. Sans se montrer.
Il fallait faire sans être,
sans paraître.


Alors j'ai bossé à l'usine, dans les bars, les restaurants, comme pécheur, déménageur,

j'ai achevé toute considération sociale pour travailler dans la nuit.

Aujourd'hui, je reprends ce que je dois à la lumière pour pouvoir m'y flinguer.

Quoi que vous fassiez, ne le faîtes pour personne.
Ne le faîtes pour rien.
Même pas pour vous.

Faîtes.


Et Faîtes-le nu.

11.09.2011

l'idéal socialiste et le cinéma occidental





















Interchangeable, une étendue sans facette alors qu'on désirerait un oedème,
le cinéma français sublimant l'idéal socialiste sublimé par hollywood.
On se désagrège comme Opalka dans des sérigraphies du désir qui jubile le même et nous l'exige, nous le rappelle en mouillant des mêmes cons sur des faces qu'on bande,
ad VITam aeternam.
Il y avait cette femme dans ce film, couchée, puis cet homme après un plan de coupe
et son visage à lui était son visage à elle,
neutralisé dans l'envie du spectateur d'être eux pour pouvoir se haïr et se sortir de soi en zappant.
Nous inversons l'image, la figure au vent et le point tendu vers l'avenir glorieux,
nous sommes apostrophés et éclatés dans nos désarrois, nous avons la gloire déprimée, nous nous devons d'être splendidement abattu ou alors nous sommes calcifiés dans nos assurances, nous sourions, annonant des dialectiques implacables,
experts en tout,

mais avant toute chose, nous sommes comme dans tout fascisme respectable, parfaitement interchangeables.











































11.08.2011

Nouvelle/5 : Parkings lents

Grèbe de vent, une attention à une table, 6 corbeaux couchés au sol que personne ne doit approcher.
Des parkings lents, du mascarpone et deux flaques de vieilles eaux, un incendie sur deux collines de cèdres surplombant une rigole d'abattoire à 09h19.
il y a d'imperceptibles flammèches de vie dans la dernière part quand werner quitta Munich et maurice chercha le sommet.
Laisser l'argent à côté du verre qu'on viendra finir hier.
Garder des rènes et glacer les diférences pour que sous la roche les pierres se tiennent chaud.
Chercher un lac qu'on mènera à la brume pour n'y rien voir comme quand on fume trop dans une pièce avant de finir les fenêtres.
Acheter des bananes pour le transit, puis des endives rouges, du produit pour la vaisselle et le regard d'une vieille femme parce qu'elle était jeune en même temps que moi.
Juste assez d'envie pour se dire que sans hier, je ne mourrai pas aujourd'hui.

11.07.2011

Abolissons la dette de la Grèce/1

On ne va pas revenir sur ce qu'on leur doit.
Ou peut-être peu.
Une histoire.
Où pour prendre la mer, on a dû passer par Milet et lire les étoiles, entre autres, ne pas se perdre
et moins couler,
on invente de rien une science, on trace des cartes d'Anaximandre à Sophocle, les étendues à survivre et les territoires de la psyché,
les parhélies de la mer Noire d'Anaxagore et les choix perdus d'Oedipe.
Et dans cette force qui contemple et caresse, conquiert et y meurt l'eau qui l'entoure, on y invente un dieu qui la sublime et n'en est pas un, juste homme et c'est Ulysse qui rentre chez lui.
Nous tremblons des fuites et des sols qui s'effacent, nous cherchons Parménide, à le croire, nous voyons d'Héraclite un mouvement qui nous terrifie et nous excite.
Et malgré la pauvreté des textes, c'est Démocrite que l'on raillait et qu'on l'on s'est absenté de traduire pour sublimer ce qui sera le fondement et la soudure de la chrétienté en occident, Platon, Plotin, qui nous a ouvert l'Espace, infime et sans limite.
Sans certitude. Hypothèse. Un terme de plus qui n'a qu'une source.
On marche pour s'entendre et se comprendre, on se parle des langues qu'on affine comme une fonction à vivre et à dépasser ce vivre,
Hérodote, Sapho
on crée l'origine, on s'apaise en s'unifiant, on justifie tous les meurtres, toutes les morts,
on interpelle la condition,
Hésiode.
On découvre le rire dans les pires temps, comme une respiration, une cachette, une soupape,
Aristophane.
On reprend au tyran la subtilité, les feintes, les menteries, les jeux de droit, on jongle avec le peuple, on le replace dans les enjeux,
Solon.


Pour en revenir à un certain délire qui voudrait sans histoire et sans mémoire abolir et avilir un peuple pour des attitudes tant sues, tant connues et même voulue depuis des décennies,
pour des questions sombres de milliards et de matière

il s'agirait de se rappeler que nous ne serions rien,
rien
et rien
sans les Grecs.
Que l'Europe EST grec,
qu'ils ont amené la lumière et le doute
Et qu'ils sont le début et la fin de notre Histoire.

Abolissons la dettes de la Grèce et donnons-leur 100 milliards d'euro en remerciement pour qu'ils se détendent quelques années à nos frais.

11.01.2011

Nouvelle/4 : La ville est juste et autour d'elle


Il y aura du retour parce qu'on a oublié de se dire des choses.
J'ai tracé les lignes, lentement, une à une, j'ai gratté une lèche sans force et sèche,
puis je suis revenu.
Tout semblait si tremblant mais si sûr, quelles questions poser encore et encore,
comment comprendre en prenant si peu de temps.
Des heures pour les mots, lettre à lettre leur dire quelque chose, qu'elles reviennent toutes, une fois, qu'on s'asseye un moment sans se dire et qu'elles nous écoutent nous comme on les écoute elles.
On a tué les mots en leur enlevant leur goût.
Et moi qui me plie jamais, je me suis plié pour les parler une à une sur le papier.

Ensuite c'est d'autre chose et pour cette autre chose, il fallait une autre matière et c'est pour suivre un fil qu'on ne comprend toujours pas, qu'on prend du fer et c'est justement pour faire quelque chose qu'on entendra avec les yeux qu'on tisse chaque lettre avec la même lenteur du trait noir.
On les sent alors comme des nervis, avec dans le mot ce quelque chose d'organique qui manque au langage,
et c'est toujours l'espace qu'on prend dans le jour qui fera le sentir qui fera le comprendre, parce que c'est lettre à lettre que le mot est et que rien n'est là par hasard.
Parce que rien n'est là par hasard et c'est toujours une histoire qui doit en rencontrer une autre parce qu'il n'y a jamais eu d'autre choix et parce que ce qui arrive doit continuer à arriver et que des jours, être doit devenir s'être
et que 1+1 ne peut rien faire d'autre que 1 ou 3.
Et toute la mathématique qu'on gangrène aux enfants n'est qu'un vaste mensonge pour faire de demain un hier permanent.

10.21.2011

Nouvelle/3 : Approche de la zone


Nous connaissons tous des zones où personne jamais n'a mis le pied.
A qui faut-il encore des repères?
Maintenant regarde autour de toi, ils marchent comme ils marchaient il y a 534 ans. Quand penses-tu?
J'ai connu sally richardson et vincent mcguire.
Une femme est venue aujourd'hui dans le bar où je l'attendais, je sais que je la connais depuis 42 ans. Pour l'amour que je lui avait donné, elle m'a répondu par sa confiance et personne autour ne s'est rendu compte de nos signes, n'a su lire nos gestes.
En 1939 je signais un pacte de non-agression avec ma cousine. Elle arrachait les ailes des mouches que je cherchais à protéger et je cassais des pierres sur le bord d'un chemin quand elle y voyait son coeur et l'exacte image de ce qu'elle était. Nous nous sommes retrouvé le jours où elle et moi avons vu un fossile de mouche gravé dans la roche. Puis chacun, à un moment précis de nos existences avons quitté la zone de combat pour devenir la guerre elle-même.

10.20.2011

Nouvelle/2 : il y a de la place dans mon ventre


Friday, October 20, 2006

Les piqures d'insectes sur nos corps sont des postes de surveillance aux vitraux percés.
Longues allées calmes, des mensonges et de la gale, des non-dits et des absences, des coups montés et des baises sans envie.
Industrialisation, naissance du capitalisme, du marxisme et de l'anarchisme, la guerre fera naître dada, la seconde, l'absurde.
Il y a de la place dans mon ventre, tu sais, je peux encore porter.
Des braillards dans la rue à la sortie du restaurant chic.
Arrêt de bus, attente minimale. Barrière de travaux, deux planches rouges et blanches.
Je n'ai jamais fait l'armée, je n'ai jamais eu peur de porter un fusil, j'ai bossé toute ma vie, de temps en temps, je n'ai jamais été un esclave, je n'ai jamais été riche, je n'ai jamais rien possédé, je n'ai jamais été aimé par les femmes que j'ai aimé. Toutes ont choisi le comfort et la sécurité et je n'ai jamais pensé que la femme était vénale. Des concours de circonstances probablement.
Court-circuit sur los angeles, suite de jours de grand vent, je sors quand même.
Le vent donne la force, le froid t'oblige à réagir, à être en mouvement, la chaleur te rend paresseux.
Le soleil, c'est l'enclume des forces.

Houellebecq/1

Jai lu Houellebecq
Il écrit comme un peq

























Ce poème est meilleur
Que toute la poursuite du bonheur


10.07.2011

Sur le théâtre/4 - Le théâtre bâtard

Le théâtre pour nous n'est pas une unité mais bien un art bâtard et c'est ainsi que nous le lisons et que nous allons le produire.
Ici il n'est pas question du fond de notre travail et de ce que nous chercherons à exprimer sur scène en janvier, mais bien de la manière qui nous fonde et ce que nous chercherons à déconstruire dans notre modus operandi.
Nous ne considérons pas le théâtre comme un ensemble fini et défini par des codes qui lui serait entièrement réduit. Au contraire, nous voulons le sortir de lui-même.
Nous ne voyons pas des scènes successives, mais un ensemble de tableaux qui reprend à la peinture et à la composition du cadre ses droits dans une unité temporel et spatial qui se rapporte directement au plan-séquence cinématographique.
Nous pensons en ligne et en masse et considérons la manifestation des sentiments comme un enjeu de la couleur, un enchevêtrement où l'harmonie est subjective et se décline des fondamentales aux dégradées.
Nous concrétisons les développements de l'abstraction, nous simplifions pour éclairer.

Le texte n'est qu'une trace, une encoche, il finalise la ligne, enduit les perspectives, achève les protagonistes en les déterminant dans un ensemble où ils ne sont que contrastes.
 Le texte est une limite. Il est neutralisé parce que naturalisé. Il est notre défaite face à l'écoulement, nos ongles sur la paroi.

Et ainsi ces lignes vivantes sont un ballet géométrique clos, les regards et la gestuel, la recherche dans la prélangue d'une communication réduite et déjà fatiguée de ne pouvoir se signifier totalement, clairement, simplement.

L'image reproduite sur écran est à la fois un surplus et une mise en abîme, la représentation de la représentation, la distance à la volonté qui nous détériore et nous détermine et le double à jamais réel et réalisé que l'on a ou que l'on est.

Du théâtre il ne reste rien. Nous sommes peinture, image donc, totalisée et saisie dans la danse qui n'est qu'une autre musique.

Nous sommes la manifestation de l'Art premier qui se fait corps pour s'exprimer.

pourquoi Steve Jobs a gâché ma vie

Pas de old good year, ni de nostalgie attardée dans ce post, pas d'Eden regretté. Jamais.
J'ai eu mon premier natel/portable/gsm a 23 ans, peut-être 24, je ne me rappelle jamais les années ni ce que j'y ai fait. Je ne me rappelle pas non plus quand j'ai envoyé mon premier mail, quelque part dans la vingtaine...
Je fais partie de la dernière génération qui a entièrement vécu son adolescence sans les urgences de la communication.
J'ai eu une existence sociale. J'étais au courant de ce qui se passait. Je lisais, je voyais, j'écoutais et je parlais.
Mon virtuel ne consistait que dans les rêves que je faisais, éveillé, fantasmes et désirs, projections et idéalisations.
Je sortais dans des lieux-clés où hors rendez-vous les rencontres étaient des éventualités, les absences des conditions à autre chose.
Depuis lors je suis prisonnier.
Je suis devenu et dois être à présent éternellement joignable, réactif, prenable, contrôlable.
Si je ne répond pas au téléphone, je dois me justifier, si j'éteins mon téléphone, je dois me justifier.
Si je ne réagis pas à tel mail dans tel temps, je dois me justifier.
Le temps est contracté, la réalité immédiate et sécantée, l'absense, étrange ou étonnante, incompréhensible, la distance, limitée, l'oubli, un effort, la quiétude, un impossible.
Je n'ai plus la possibilité de n'être rien, personne, nulle part.
Je hais Steve Jobs.

9.19.2011

L'origine des langues/2- La séparation et le lien

Et dans ce jeu de pensée, l'observation de l'enfant ne pourrait nous être d'aucun éclairage parce qu'il est immédiatement propulsé dans une phase d'apprentissage mimétique et que ses découvertes se déclinent dans un transfert d'acquis
alors que ce qui nous intéresse, nous, c'est le processus qui s'appuyant et dépassant cet acquis mène à l'invention.
L'acquis chez l'hominidé antelangue représente pour lui la totalité de son expérience et l'unique modus de transmission d'un et dans un immédiat au contour vacillant. C'est la limite de sa survie. Et de la survie dans un groupe restreint.
L'état et l'action dans ce présent flottant conditionne le geste et le cri. Un lexique succinct se suffit à la succession des immédiats du besoin et l'habitus est progressivement à même de palier et d'instinctiver le geste en cri et mimique.
Le prédicat simple est conditionné par l'expression simple d'une émotion aussi basique que vitale qui générera une action déployée dans un temps toujours présent.
Et les pronoms personnels caractérisant uniquement la présence, le sous les yeux, pourront se matérialiser au travers du geste ou de l'individualisation d'un timbre de cri ou d'une élaboration mimique personnalisée.
Nous nous trouvons encore à un stade où l'idée est impossible, où l'abstrait n'existe réellement pas mais où l'accroissement de la taille du groupe créera à l'interne comme à l'externe une extension dramatique des problématiques et une évolution vitale vers un utile différencié.
Les hypothèses de Jean-Marie Hombert et de Christophe Coupé nous proposent une intuition fondamentale dans le passage d'un langage complexifié à la proto-langue.
je cite :
"...un événement me semble présupposer le langage de manière solide. Il s'agit des premières traversées maritimes. Nous avons tenté de montrer que les traversées maritimes sur une distance d'au moins 100km, c'est-à-dire nécessitant un voyage d'au moins trois jours et trois nuits, ne peuvent aboutir sans le langage. Nous avons étudié le cas du passage d'homo sapiens du Sud-Est asiatique vers l'Australie. on ne fait pas un tel voyage en se laissant dériver. Cela exige un projet longuement mûri, avec un accord sur la nourriture à emporter, le nombre de passagers, la construction du bateau. On trouve là un ensemble de facteur qui selon moi prouvent de manière convaincante l'existence d'un langage complexe. Or la présence de l'homme en Australie est attestée il y a 50'000 ans. Ces traversées ont certainement eu lieu quelques milliers d'années avant."

Ce voyage originel que nous devons penser comme une succession d'échecs, lentement, ardemment, difficilement résolus ne pourrait avoir été effectué sans l'élaboration d'un système de cris complexifié et d'un dépassement de la gestuelle et de la mimique simple.
Si nous insistons sur cette question de l'échec, c'est qu'il devait y avoir, bien au-delà de la simple curiosité ou du simple esprit d'aventure, une nécessité aussi vitale que fondamentale pour le ou les groupe(s) concerné(s) de quitter une terre qui pour lui ou eux devait sembler achevée et de s'établir sur une autre terre, très éloignée et surtout séparée par une frontière qu'il(s) devai(en)t considérer (et qui l'étais) comme infranchissable et qu'il(s) s'estimai(en)t seul(s) capable(s) de franchir.
Les difficultés qu'induisent un tel voyage sont évidemment multiples. Mais une des questions centrales est de savoir, non pas forcément ce qui a motivé cet effort répété à résoudre l'échec, mais ce qui a poussé homo sapiens à le poursuivre et le consolider non par l'abandon du projet, mais bien en s'y tenant et en atteignant le but fixé.
Et c'est bien dans l'écheveau de complexités de ce mouvement que réside pour nous une des clés, voire la clé qui nous permettra d'imaginer quels pouvaient être les éléments grammaticaux qui ont conduit homo sapiens à ce doter d'abord d'un langage élaboré, puis d'une proto-langue.
Ce voyage initial, son retour évident et la transhumance qui s'en suivit n'ont pu se réaliser que sur un nombre gigantesque de générations et probablement sur une mécanique de solidarité entre différents groupes.
Cette traversée a dû être projetée, expliquée pour convaincre, élaborée, préparée et construite matériellement. Et ce, nous le répétons, sur plusieurs générations.
Qu'un projet de basse complexité soit mené à bien par l'unique volonté du dominant n'est compréhensible dans un système simple de signe que sur une génération et encore faut-il que le dominant domine l'entier de sa courte vie. Mais le problème de la transmission d'un but, de l'acceptation commune transgénérationnelle de la nécessité d'atteindre ce but, la description-même de ce but, ne peut se concevoir sans une structure sociétale complexe qui nécessite elle-même un haut degré de transfert du message.

Mais pour qu'il y ait projet, il doit y avoir causes et analyses. Ce voyage est d'abord une séparation. Que cette séparation n'ait pu se contenter d'une distance réduite, cela nous pousse à penser que les causes de cette transhumance dépassait les problèmes simples de la taille du groupe et le temps accordé à l'achèvement d'un projet, que cette cause, si importante soit-elle, pouvait encore se déployer dans la durée.
Mais nous pensons que la donnée fondamentale de la séparation vitale a dû, dans un premier temps, être manifeste et que des groupes se sont scindés pour survivre.
Mais que pour une raison encore inconnue, ces groupes ont senti le besoin de garder un lien.
La séparation du groupe initial n'a pas signifié son démembrement et sa perte dans la création de plusieurs groupes différents dans un oubli partagé de lui-même, mais bien dans un continuum divisé, une constante en distance qui se devait de garder un lien permanent entre les différentes "phratries".
Ce lien, c'est le messager. Le vecteur qui est l'entre-deux et l'absent et qui doit corroborer des référents qui se doivent d'être exacts.

Il y a eu un moment où le groupe pour des raisons probablement de cohésion interne, a dû se séparer consciemment. Et pour ces mêmes raisons de cohésion interne, il a dû consciemment sentir la nécessité de préserver le lien.
La complexification du langage dépend non du message, mais du vecteur.

9.15.2011

dieu n'existe pas

Les peuples mythologiques ont toujours su atténué et préservé la violence fondamentale en la répétant méthodiquement mais parce qu'il la réitérait oubliée, enfouie, ravalée.
Le judaïsme théorique su décrypter cette image en la retournant, en nouant sur la victime le noeud de sa peine.
Et le christianisme théorique défit le même en le nommant clairement, revint dans les viscères du judaïsme pour en chier le masque des pères et donner à la violence son nom en effaçant ses ombres.
Il s'agit d'une évolution de la conscience et de la critique qui déconstruit les mystères et marche de plus en plus nu.
Mais l'application a toujours fui dans l'image et les textes, interprétés au lieu d'être lu.
Si tout texte nomme c'est qu'il ne fait rien de plus que moi avec toi, en te donnant existence, il te sort de la durée qui indéfini ou plutôt redéfini perpétuellement pour précisément te finir, c'est-à-dire te déterminer dans un momentané qui est l'entier de ta vie. Nommer c'est artificiellement arrêter, c'est donner une balise, un point/ombre stable qui permet de se définir et de s'opposer.
Satan par exemple, n'est rien d'autre que le monde, la somme de la volonté et de ses représentations, les ombres sur le mur, la maya, la faiblesse, les désirs, le jugement, le comment et le pourquoi sans réponse, le doute abandonné. Dieu son pendant, quant à lui n'existe pas. Ou n'existe que comme opposition. Ni être, ni étant.
Le dieu des textes n'est que la révélation de ses mêmes textes. Dieu c'est l'individu révélé, éveillé.
Il n'y a rien que la vie.
Dieu c'est moi.

Au début était le verbe

Au début était le verbe.
Et il faut prendre ce prédicat judéo-chrétien à la lettre. Il n'a en lui pas une seconde de symbolisme, ni de mystique quelconque. Il est la totalité d'un message qui explose par sa clarté. Et la datation que la Genèse propose, bien que vague, est une datation qu'il faut prendre également au pied de la lettre en regard des considération et de la conscience historique de l'époque.
Notre démembrement de l'animalité est notre naissance au verbe, c'est-à-dire le passage lent et complexe du langage sous-tendant l'état et l'action immédiatement présente, dans un présent vacillant et étiré à la langue qui suppose et impose le développement des sociétés hominidées.
Au début était le verbe. Non l'image. Non son image. C'est à nous dans cette société parfaitement inversée, dans cette société du faux où nous avons sanctifié l'image et relu les verbes anciens comme une image déjà faîte, performante et achevée.


9.09.2011

L'origine des langues/1- L'état et l'action

Nous n'entendrons probablement jamais le son de la ou des langues alpha. Et ce n'est certainement pas si grave que ça. L'intérêt de ce présent article consistera à tenter de dégager des pistes afin de retrouver la généalogie du "comment", d'essayer de se demander quelles furent les premières syntaxes et plus particulièrement de s'interroger sur ce qui a poussé les hominidés à se détacher progressivement du langage animale pour se doter d'une ou de pré-langue(s), puis de langues à proprement parler.
Qu'est-ce qui a nécessité le passage et comment s'est-il manifesté? Quels sont les outils grammaticaux qui se sont développés les premiers?
Nous ne possédons que des agrégats de connaissances variées et nous ne sommes versés dans aucune discipline particulière des sciences humaines. Nous essayons sur cette question de penser à nu. Peut-être que ce qui nous semblera être des découvertes seront des évidences pour certains chercheurs.
En simple, nous cherchons à nous amuser à penser.
Au-delà de la naissance de la et des langues elles-même, la question de la genèse de la pensée et de ses développements ultérieurs, de l'évolution de la taille de notre cerveau, de l'extension de la durée de l'enfance, entre autre, est sous-tendue à cette problématique.
Nous estimons que l'émergence d'une pensée complexe est proportionnelle à la complexité du médium de transmission du message.

Le paradoxe pour le linguiste, c'est qu'il n'est pas en possession des outils nécessaires à la quête de son Graal. Il ne pourra se passer de l'intervention de l'anthropologue, de l'ethnologue, de l'éthologue, du paléontologue et du biologiste.
Il n'y a pas eu de pensée, ni de langues qui soient issues d'une immaculée conception, rien n'a pu surgir entièrement fait d'un néant quelconque, ce sont les conséquences d'un effort constant déterminé par des nécessités. L'enjeu est de réfléchir sur les causes potentielles. La question de cette genèse n'est pas de chercher à comprendre le comment, mais le pourquoi. Les outils grammaticaux qui ont peu à peu émergé sont les conséquences de ce pourquoi.
Il s'agit à notre avis d'aborder cette question sous un angle fonctionnaliste. Nous pensons que le principat de l'humanité sauvage comme de l'animal en couple ou en groupe est l'action et que cette action découle de la conscience d'un état, état qui définit une situation qu'il s'agit de gérer.
Et cette action doit se porter dans deux directions opposées et complémentaires. A l'intérieur du groupe afin d'assurer sa cohésion et sa pérennité et à l'extérieur du groupe pour les données fondamentales de la survie (chasse, cueillette,...). Ces deux directions créent des intersections comme par exemple la défense ou l'extension du territoire ou encore la migration.
Toute société animale s'est trouvée confrontée à ces mêmes problématiques et la question est de savoir, non pas pourquoi le passage du langage à la langue ne s'est pas produit , mais bien qu'est-ce qui a poussé certains groupes de grands singes à complexifier ses systèmes de signes. Ces groupes ont dépassé le stade d'une structuration simple de leurs sociétés basée sur la séparation entre un dominant et les autres et une répartition établie des rôles et des fonctions.
Nous pensons que nous devons aller au plus simple pour comprendre cette genèse. Nous devons réfléchir à la portée du geste et à ses limites. Je peux montrer un arbre sans avoir besoin de sonoriser un signifiant "arbre". Je peux me montrer moi-même sans avoir besoin de sonoriser un pronom personnel. Je peux gestualiser, mimer certains prédicats simples.
Dans une question aussi basique que "Qui fait quoi" (toi attaque lui/moi aller là-sur cet arbre/...) le sujet ainsi que le complément peuvent se suffire d'une succession de gestes, probablement répétés. Pour le cas du verbe, nous pouvons imaginer pour certains la possibilité du geste ou d'un son ou des deux réunis. Mais c'est dans le moteur de l'action, le verbe que la structure se complexifie et nous pensons que la nécessité de l'action était la préoccupation fondamentale autant des sociétés animales que des sociétés pré-hominidés et hominidés. Mais nous pensons également que cette nécessité ne se portait que sur l'action présente, le besoin plus ou moins immédiat ainsi que sur l'expression d'un état qui nécessite en français par exemple ou en allemand ou en serbe ou... déjà l'élaboration d'une phrase simple mais qui peut se résumer comme nous l'avons dit, à un son ou un mélange son/geste et où la répétition de ce son ou de ce mélange pourrait avoir valoir d'intensité (d'une certaine manière une fonction adverbiale).

Nous définissons alors deux axes qui pourraient pré-déterminer la frontière que nous cherchons à entrevoir entre le langage et la langue.
D'un côté la nécessité fondamentale de l'action à l'intérieur comme à l'extérieur du groupe et d'un autre côté, comme initiatrice de l'action, l'expression d'un état.
Mais nous insistons sur un point fondamental. Cette double nécessité de la transmission d'un message se trouve enclose dans un cercle dont le centre est le sujet qu'il soit individualisé ou caractérise le groupe dans son ensemble et dont les deux extrémités de son diamètre, ses limites sont constituées de deux variables correspondant au passé récent et au futur proche mais qui représente en définitive cette zone trouble, floue, intangible que nous appelons le présent.

9.01.2011

L'éternité, l'alternative et les squats genevois/1

Escale en pays trop connu. Qu'a-t-on envie d'y faire? Et quel soleil par contre... A l'inverse.
Je longe l'Usine, ce qui redeviendra le Rhône, l'apex du Léman, la Jonction puis je reviens.
La décharne qu'est devenu Artamis.
Oui. Qu'y faire? Qu'y faire à part retourner pas à pas sur d'ancien lieu, pélerinage vers jeunesse sous couvert de s'en défaire.
Cette démarche quasi religieuse est apologie de l'ennui de vivre, l'effet néfaste de l'éternité cherchée dans la pierre, dans les bitumes et ce retour en arrière en fait comme une éternité abolie.
Le Mamco ouvre à midi. Quelle alternative dans une culture qui ne se réveille pas le matin, lorsque c'est dur et que vaporeux nous sommes justement poreux et sans entrave, prêts à prendre comme me disait une amie à Berlin et les films à absorber sans défense les yeux en décollage.
J'enlève ma cravate, déboutonne ma chemise, oui je viendrai alors plus tard, donc oui je ne viendrai évidemment pas. Je laisse faire le soleil sur cette terrasse, encore 6 heures allusives, prisonnières au risque des abus d'envie dans Paresse et Complaisance.
Je n'ai étrangement appelé personne alors que j'avais bien entendu besoin de voir tout le monde.
Je me lève, je traverse la plaine, les cages du cirque, je remonte les Philosophes. La façade refaite a perdu sa corne, sur la porte de la Cave 12 un digicode, sur la porte du Bistrok la plaque du docteur Schlaudorff, chirurgien plastique, reconstruction et esthétique.
Je recule. Oui. Tout est reconstruit, un léchage esthétique et fonctionnel, une couche de vernis, un lissé plastique. Tout colle. Tout est logique et achevé.
Place de Jargonnant, j'ai évité la vieille ville et la parade de la protestance upper classe, je longe le jardin anglais, traverse le pont où l'on a tracé sauvage une piste cyclable.
Paquis putes déglinguée sous un soleil de tanne et remontée vers les grottes où j'avais déjà vécu la fin de la Sibérie et le reste. Un long temps amorphe et sans réaction devant la porte décapée au clous luisants du 10 bis.
Que reste-t-il à moi, là, de tout ça, s'il n'y a pas de destination? Un enchevêtrement de situations.
Je rentre dans Bruxelles où tout est si simple et officiel, naturel quelque soit le théâtre que l'on se donne.
Non je ne suis pas si libertaire ou si libéral que ça. Je crois aux contraintes et aux salauds nécessaires.
Pour devoir réagir. Je ne crois pas que la maison de repos soit un paradis ni même une simple éventualité à prendre comme dans le "Procès-verbal".
Quelle est l'alternative ici?
Je la préfère, même débile ou naïve comme elle a su l'être quand j'ai aimé la mépriser.


 

8.29.2011

discipline

Ne pas trop pousser la rampe, c'est se connaître assez pour vouloir cesser de s'emballer.
Faire.
Comme d'habitude. Une voie du milieu, sans s'exciter, ne pas consumer en trois heures ou trois semaines une envie ou une volonté.
S'arrêter de vouloir maîtriser avant, ne serait-ce qu'avoir commencer à réaliser.
Sortir du désir sans entrer dans l'ennui.
Cette notion non-freak de la discipline, se contenter pour simplement continuer.

8.25.2011

Travaux pratiques à l'usage de cinéaste en panne/1 : Bien essayé

Dans le premier plan il y aurait le patron jeune et bien coiffé et la serveuse typée moyennement jolie, volontairement cool qui réclamerait de l'aide, disons un substitut de deux heures.
Accordé et à son choix.
Puis un panoramique derrière le bar vers le patron qui irait récupérer son ipod et reviendrait dans une fatigue tamisée et relax.
Plan fixe américain sur la porte d'entrée, soleil massif et contre-jour, pas si belle et pas si sûre d'elle, elle entre, jupe pour l'histoire pas trop courte pour éviter le catalogue et farde serrée contre la poitrine.
On suivrait dans un contre-plongée large, les trois et en amorce allant et venant un serveur afféré, le patron ce retourne, dialogue "c'est vous/oui c'est moi" puis champ/contre-champ, lui qui l'écoute quand elle dit n'avoir aucune expérience, sur elle quand il dit "venez, on sort, vous avez de la chance j'allais partir".
Fixe sur le profil de la serveuse qui mime muette dans un ralenti joué "Non", long et quatre fois. Elle se retournerait vers l'autre qu'on ne verrait pas, bruit du couteau sur la planche, on resterait serré sur elle "Pas d'expérience, c'est pas possible!" on glisserait vers les mains juteuses de citron, on garderait le couteau un moment.
On finirait sans dialogue en travelling arrière lent, début serré sur la farde ouverte qui se referme et le corps engoncé encore espérant de la postulante, poignée de main et retour à l'intérieur du patron en masque et elle qui s'éloigne vers d'autres embauches ou quoi que ce soit.
Cut.

Immortalité/ La huitième escouade

Ptinus Tectus

Tenebrio Obscurus



 La huitième escouade intervient environ trois ans après la mort et comprend des Coléoptères des familles des Tenebrionidae (Tenebrio molitor, Tenebrio obscurus) et Ptinidae (Ptinus brunneus), faisant disparaître tous les débris laissés par les escouades précédentes (insectes morts, pupes vides, excréments).

(Texte de  Damien CHARABIDZE )

8.23.2011

Immortalité/ La septième escouade

Hofmannophila Pseudospretella

Anthrenus Museorum
La septième escouade apparaît lorsque le cadavre est complètement desséché. Elle est constituée de Coléoptères de la famille des Dermestidae (Attagenus pellio, Anthrenus museorum, Dermestes maculatus…) et de Lépidoptères de la famille des Tineidae (Tineola pellionella) et des Oecophoridae (Hofmannophila pseudospretella). Ces insectes se nourrissent en temps normal de matière animale sèche (fourrures, animaux empaillés, laine, etc.).


(Texte de  Damien CHARABIDZE

8.22.2011

Pour la légalisation totale de toutes les drogues. Toutes.

C'est un topique simple.
Nous ne sommes pas capables de vivre sans substitut. Nous.
Donc la majorité.
Peu importe quoi, combien, comment. Xanax, vin, héroïne. La différence dans l'effet, non dans la cause.

Nous ne savons pas.

De là nous devons être simples
et clairs.
Libéralisons toutes les formes de dépendances qui nous aident comme nous entravent à vivre.

Trois raisons. Entre autre.
Le cauchemar principal de l'illégal c'est la rue et les conditions de sa procuration. C'est l'entoure et l'usure, les lieux et les possibles de ces lieux et ce que l'on doit faire pour y accéder, au lieu comme à l'usage.
La zone deux, c'est la qualité. Le pinard de merde est un pinard de merde. C'est une donnée. Mais il y a à côté du vin correct, puis du vin excellent. Et du correct pour un prix abordable. La qualité en matière de sanité est une donnée fondamentale même lorsque l'on parle de défonce. Le haschiche au plastique ou au goudron comme l'héroïne dix fois coupée créent les détériorations majeure de leurs usages.

L'économie comme fundamens de l'argumentaire pour la libéralisation. Dans le spectacle actuel et malgré la défaite nécessaire de l'Etat (mais à long terme), ce même Etat se retrouvera dans la taxation des revenus de la vente organisée de toutes les "drogues" (que l'on s'accorde sur le terme, qu'il exprime tout ou alors rien).

Bien entendu que la consommation n'explosera pas et la prévention pourra être contrôlée par l'Etat lui-même ou des sub-structure qui probablement sauront se charger de cette tâche mieux que lui.

La question actuelle tournant autour de la légalisation éventuelle et seule du cannabis est une absurdité.
Evidemment que les mafias se réorganiseront et bien plus évidemment que si les zones libéralisées sont isolées, le projet échouera à plus ou moins long terme.


Légalisation totale des substances nécessaires aux fonctionnements quotidiens de l'individu du cannabis à l'héroïne dans toute l'Union européenne.



Nouvelle/1 : C'est de bonne guerre

Il n'était pas obligé d'accepter. De là à parler de responsabilités. Qu'est-ce que j'y peux si on dit oui. Le reste c'est le reste.
On venait de commander. On venait de trinquer. Rien de grave. Ni là ni après.
Il l'avait remarqué, mais ça je l'ai su après. On était en costard. Le sien c'était un vrai. Moi je jouais. Pas trop mal, mais à comparer il s'en tirait nettement mieux. Mais lui en plus du veston et des chaussures, il portait sa condition. C'est lui qu'on a remarqué.
Pas de pluie, un temps lourd. 16h20. Les gens commencent à sortir, on pense lentement, l'attention est ailleurs, en veille. Ailleurs.
Une terrasse en parasol, une tige vers le métro, un escalier, une gueule débile, émaciée, sales dents, des cheveux courts, bouclant, une veste en jean sale, le pantalon en contreplongée, maghrébin mais ça aurait pu être n'importe quoi d'autre. Ma description au flic. Ce qu'il en reste quoi. Il me tend un papier, me demande sans rien prononcer, mâche. Un temps. Il se barre.
L'autre se lève.
"My laptop!"
Tout est vite. Splendidement vite. Je me lève.
Rien. Rien qui court. Rein qui change. Le flux. Le simple flux.

Vite et de bonne guerre.
On attend chez les flics. J'attends par principe. Il ne connais pas grand chose en français. J'attends surtout pour voir, les halls de la division centre. Des menottés, des menottées, des uniformes qui tchatchent, qui laissent aller, nous qui attendons, pause clope pour un, continuum de la tchatche vague, je regarde la goutte de coca imprimée sur la machine. Des flics passent. Service commencé, achevé, des salutations, j'écoute un type demander qu'on bloque son numéro sur le téléphone de sa thérapeute parce qu'il ne peut s'empêcher de l'appeler. Il parle bien.
On nous prend. Je traduis. On sort. On se quitte.On se voit demain. Suite des cours.
Ils étaient plus malin que nous. Plus rapide. C'est de bonne guerre.

8.21.2011

Immortalité/ La sixième escouade

Acarus Siro
La sixième escouade intervient dans la dessiccation du cadavre ; elle est composée uniquement d’acariens (Acarus siro, Tyroglyphus sp.).


(Texte de Damien CHARABIDZE  )

8.18.2011

Immortalité/ La cinquième escouade

Necrophorus Interruptus
Oeceoptoma Thoracia
La cinquième escouade colonise le cadavre au moment de la fermentation ammoniacale et comprend des Coléoptères des familles des Silphidae (Necrophorus humator, Necrodes littoralis, Thanatophilus sinuatus, Necrophorus interruptus, Oeceoptoma thoracica…) et Histeridae (Hister cadaverinus, Saprinus rotondatus…) et d’autres Diptères appartenant aux familles des Muscidae (Ophyra leucostoma), et des Phoridae (Phora aterrima, Triphleba hyalinata…).


 (Texte de Damien CHARABIDZE)

8.17.2011

Immortalité/ La quatrième escouade

Eristalis Tenax

Necrobia Rufipes
La quatrième escouade intervient sur le cadavre lors de la fermentation caséique (odeur de vieux fromage). 
 Elle est représentée par des Diptères appartenant aux familles des Syrphidae (Eristalis tenax), des Piophilidae (Piophila casei), et des Muscidae (Fannia canicularis, Fannia scalaris…), ainsi que par des Coléoptères de la famille des Cleridae (Corynetes violaceus, Necrobia rufipes…) reconnaissables à leurs couleurs métalliques.


(texte de  Damien CHARABIDZE )

8.16.2011

La liberté c'est l'esclavage

La liberté.
Quelle drôle d'exigence pour une notion si inexistante.
Quelles que soient les définitions.
Vouloir tout faire nous entrave aux limites de l'autre,
le n'importe quoi aux conséquences.
Un jour ou l'autre.

Voyez. Pour moi la liberté, c'est se donner les possibilités d'un choix, puis choisir

puis assumer.

Mais assumer c'est se contraindre.

La liberté n'existe pas.
Le luxe c'est l'architecture de sa prison.

Immortalité/ La troisième escouade

Dermestes Lardarius
 La troisième escouade est attirée sur le cadavre par les acides gras volatils dégagés lors du rancissement des graisses (odeur de beurre rance). Elle comprend des Coléoptères de la famille des Dermestidae (Dermestes lardarius, Dermestes frischi) et des Lépidoptères de la famille des Tineidae (Aglossa pinguinalis).
Aglossa Pinguinalis


(texte de Damien CHARABIDZE)

8.15.2011

Immortalité/ La deuxième escouade

Lucilia Caesar

Sarcophagia Carnaria
La deuxième escouade apparaît dès que l’odeur cadavérique se fait sentir. Elle est constituée de Diptères de la famille des Calliphoridae (Lucilia caesar, Lucilia sericata, Cynomya mortuorum) et de la famille des Sarcophagidae (Sarcophaga haemorroidalis, Sarcophaga carnaria…). Il faut signaler que les Lucilia sont considérées comme faisant partie à la fois de la 1ère et de la 2nde escouades.

(texte de  Damien CHARABIDZE)









8.14.2011

Immortalité/ La première escouade

Calliphora Vomitoria
Les insectes de la première escouade sont attirés sur le cadavre immédiatement après la mort, alors qu’aucune odeur ne se fait encore sentir. Ce sont des Diptères appartenant aux familles des Calliphoridae (Calliphora vicina, Calliphora vomitoria, Protophormia terraenovae, Phormia regina) et Muscidae (Musca domestica, Muscina stabulans). Dans certains cas, ces insectes pondent avant la mort, pendant l’agonie. Ces espèces sont connues des médecins car elles peuvent également être responsables de myiases pathologiques chez l’homme ou l’animal.
(texte de  Damien CHARABIDZE)

7.25.2011

l'homme dans l'eau

Ce sont dans les moments de fatigues prenantes, physiques ou psychologiques ou un banc des deux et en forçant un peu, encore, un ou deux parties de la machine que l'on est le plus en état d'une mise au clair d'une évidence
parce que la tension qui nous castre au monde, les contraintes qu'exige la représentation , s'étiolent, se fissurent et nous projettent par flash dans le mouvant
où notre conscience cherche à se dépêtrer, mal vêtue, mal mise mais glanant subrepticement des intuitions éparses, une seule parfois comme si elle buvait la tasse.

7.24.2011

l'espace des phases ouverts

Le groupe est une métaphysique. Mais non une idée à atteindre ou à construire pour l'insérer dans une réalité.
Il est en quelque sorte nécessaire de se laisser déterminer par le groupe, quelle que soit sa taille, de se laisser prendre par le mouvant des interactions et ce, sur mais également hors des zones où il s'active.
Mais s'y déterminer ne consiste pas à s'y former, à y prendre forme. Le groupe ne me sculpte pas. Plutôt à s'y fondre, pouvoir, informe s'y mouvoir et en absorber les intentions et les contraintes. 

En tant que metteur en scène je ne peux que définir des vecteurs et tenter de les faire être dans un seul et même espace qui serait le théâtre (non pas le lieu, mais la notion floue que le terme représente). Mais les variables je ne peux que les sentir. Nous évoluons alors dans un espace de phases ouverts.
Généraliser les rapports de forces qui jouent à l'intérieur des comédiens, entre eux, de moi à eux et de moi à moi est la première possibilité et la possibilité récurrente pour garantir d'abord une unité et de tendre cette unité vers un but.

Mais ce but n'est qu'un pré-but. La première intention. La pièce écrite est une pièce idéalisée.
L'enjeu de la pièce est sa réalisation et cette fin ne dépend que du jeu entre chaque protagoniste.

Le théâtre comme notion doit être le référentiel de nos rapports et nos rapports doivent découler d'une volonté individuelle puis commune qui est déterminée par un but que personne ne connaît, parce qu'il n'existe pas encore. La possibilité de la pièce existera quand la pièce sera réalisée.
Nous devons tendre dans une direction commune, encore inconnue.
La volonté ne peut être que personnelle, intrinsèquement liée à l'individu qui a décidé de participer au projet et cette volonté sera le sens du mouvement qu'il aura choisi de suivre vers cette fin.
La longueur de chacun des pas qu'il effectuera sera proportionnelle à l'intensité de la motivation qu'il est capable de mettre dans la manifestation de sa volonté.
Et lorsqu'une donnée est négative, c'est la volonté elle-même qui est faussée.

Chaque participant est son propre vecteur, mais le metteur en scène doit être la base, les origines, l'impulsion de ses différentes déclinaisons.

Observer, se fondre, revenir, construire, retourner.

7.17.2011

le mouvant

Le travail, c'est de la matière brute que l'on affine. Chaque nouvelle étape est un retour au bloc de pierre, de marbre, au tronc, à la feuille vierge.
Le travail c'est un point que l'on étire, des points que l'on assemble puis que l'on étend.
Les indications sont un écho, elles doivent résonner lentement, s'ancrer, se faire corps progressivement.
L'espace est une durée, la durée une étendue, le déplacement une intention, le mot l'appui. Il n'y a pas d'intervalles, ni d'arrêts, le mouvement est permanent et l'expression donne le rythme.

6.21.2011

des litres

Le monde m'aspire et me rejette comme une image inspirée
une de plus.
Ma paresse et mon angoisse comme une jubilation avortée, toujours de peu et le bonheur aussi scintillant qu'éclatant.

Travailler oui, travailler, remplir du papier, des litres de papiers, des litres de scènes, des litres d'écran
et les préciser, les revenir, les remettre,
des litres.
Et marcher, marcher vers n'importe où, des litres de marches, des litres de pas. Construire des souffles pour vouloir en pleine puissance tous les plus tard.

Essayer d'être méticuleux à construire un quotidien pour se donner le contexte des ailleurs, des autres choses, bâtir consciencieusement l'habitude pour avoir une écorce à décortiquer, des surprises en gestation.

Ne pas lâcher une seule seconde, gérer les pertes, adorer la faiblesse pour la prendre à revers, danser en somme.

6.18.2011

Tu as de la chance

"Tu as de la chance" 
quelle phrase inepte, subissante, quelle phrase si pauvre, quelle vie en attente...


Il n'y a jamais eu une seule seconde de chance dans ma vie, rien qui dépendrait d'un Fatum quelconque, encore moins d'un dieu, plus quelconque encore.

"Quand tu veux tu peux"

quelle marque de volonté mince et terne qui dans sa sémantique alignent entre le vouloir et l'action tant d'étapes incertaines, vaseuses, miel indécis, soudure hésitante, tremblotante avec cette part de soi qui toujours cherchera à nous faire éviter la vie.

Quand tu veux tu fais.

Chaque mouvement comme terreau de toutes ses conséquences, dramatique jouissive de l'effet qui seront tant de nouvelles causes d'une vie en devenir. Peu importe que l'on agisse à gauche et que les portes s'ouvrent à droite, tant qu'il y a des portes.

Nous sommes cette urgence d'une physique, d'une chimie qui nous constitue et qui est la totalité des coups dont nous caressons le monde.

Combien d'atomes échangés dans une poignée de main, dans un baiser, combien d'électrons dans tous les frôlements des rues, combien de particules partagées même sans contact?

Le Faire déplace l'univers.

Quel dieu alors plus puissant que mes paupières s'ouvrant au réveil?


Et si je fais le bien c'est sans retour attendu, ni là, maintenant, ni dans quelque paradis ou vie ultérieure, ce bien donné me détermine un état et une conscience qui me construit immédiatement en joie et en puissance. Et les réactions qui s'ensuivront.


Agissant je suis l'éternité des possibles, la résurrection permanente de la vie.

 

6.16.2011

sur le théâtre/3 -d'un projet en cours




Nous respecterons en les modernisant les règles de la tragédie grecque, en particulier celles édictées par Sophocle.
Nous auront trois comédiens qui porteront directement l’action (H1, H2 et F).
Un Coryphée commentant et participant parfois à l’action (H3).
Un choeur formé de deux marionnettes de taille humaine assise sur le devant de la scène.
L’action sera par moment dédoublée et/ou renforcée par des scènes projetées sur un écran.

Il n’y aura pas de scènes à proprement parler mais des Tableaux composés comme des plans-séquences cinématographiques où les actions se dérouleront entrecoupées des commentaires du choeur et des actions/commentaires du coryphée.

Le prologue s’étalera sur les 4 premiers Tableaux où l’enjeu de la tragédie sera présenté en même temps que l’on montera le décor. Le texte sera dans un premier temps porté par un membre du public (volonté d’effacer la différenciation scène/public, création d’un espace tragique unique) puis par le metteur en scène (hommage à la tragédie pré-sophoclienne) et enfin par le coryphée. Le tout étant également une volonté de mise en abîme du théâtre (avec en parallèle la montée du décor, la présence/participation du public et celle du metteur en scène).
Les épisodes quant à eux, tout en étant coupés de stasima, suivront l’ordre de la tragédie classique.
Les Tableaux 5 à 9 seront l’exposition de la situation initiale.
Le Tableau 10 représentera l’élément perturbateur. Le double meurtre figuré y est le symbole d’une état qui fatigué de durer, doit exploser.
La fin du Tableau 10 et jusqu’au Tableau 12 consisteront en stasima.
Les problèmes se poseront et chercheront à se résoudre dans un crescendo dramatique du Tableau 13 au Tableau 22.
Dans les Tableaux 23, 24, 25 et 26 les liens essayent de se renouer sous le regard du coryphée.
L’action se dénoue et s’apaise à travers le mariage et les deux suicides symboliques des Tableaux 27 et 28.
Le Tableau 29 décrivant l’Exode.



Nous ne respecterons pas les 3 Unités, les considérant comme une forme de cloisonnement alors que la tragédie contemporaine se doit à nos yeux d’être aussi distendue, étendue, délitée et hâchée que le quotidien qu’elle cherche à montrer, à décrire, à analyser.
La scénographie simple et épurée répond à la diversité de l’espace, tandis que le temps intégrant l’action à la façon de Pialat sera déterminé par les jeux de lumière et l’évolution psychologique des figures représentées par les comédiens.
La tragédie par essence traite de la noblesse de ses personnages. Ici l’on peut parler de noblesse de caractère, en entendant par là, non l’expression d’une haute valeur morale, mais l’Idée-même au sens platonicien des topoi principaux qui déterminent l’Homme moderne, dit citadin et civilisé.
L’inéluctable fatalité ici ne dépend ni des Dieux, ni d’un Fatum quelconque, elle est inhérente à la condition humaine, propre à l’homo individualis, viscéralement ancrée en lui, déterminée par lui. Elle est une question de liberté qui, pour nous, signifie se donner les moyens du choix, choisir et assumer ce choix.
Ici face à la pléthore des possibles que la société leur propose, les trois protagonistes, comme terrifiés, ne choisissent rien ou plutôt préfèrent choisir de continuer ce qu’ils étaient.
Nous sommes loin de Pindare, de Goethe ou de Nietzsche, plutôt dans un pythique résigné par le confort et le désoeuvrement.



6.14.2011

la bilariose pour les enfants/2

Chapitre 2.


Aujourd'hui nous sommes le 4 juillet 1997, le jour de la fête de l'Amérique dont je n'ai rien à foutre vu que je suis suisse de naissance et de père.
Un temps j'aimais bien le premier août, pour les lampions, mais comme on dit, j'ai passé l'age. Les feux d'artifice, c'est Maurice qui me les fout dans le con quand il me culbute dans son studio sans cuisine. Maurice, c'est un copain d'enfance presque aussi moche que moi, mais qui n'a vraiment pas de chance, vu que lui, il travaille. On ne s'aime pas comme dans les films mais quand y a besoin d'un coup on est toujours là l'un pour l'autre. Il a toujours des histoires à raconter pour quand c'est fini et qu'on fume. 
L'autre jour, il m'a parlé d'un type qui avait raboté la porte de sa chambre avec un tournevis cruciforme sans la dégonder. Mon papa m'achetait toujours deux-trois pétards bisons qu'on allait faire pèter au bord du lac vers les nids de cygnes, mais aujourd'hui j'attend pas le premier août pour les fumer avec Greta. C'est dire si l'on s'en branle du premier août.
D'autant plus qu'on est le 4 juillet et que j'arrive pas à mettre l'oeil sur Johnny, bien que j'aie fait toutes les terrasses où il traîne d'habitude le matin. Vu que j'ai plus de sou sur mon natel, je peux pas appeler Greta, c'est pas qu'elle aurait été d'une grande aide, mais c'est ma meilleurs amie et c'est toujours utile quand on s'emmerde et qu'on arrive pas à mettre l'oeil sur l'homme de sa vie.
La dernière fois, elle s'était fait embarquer dans une discothèque pourrie de la Côte par deux noirs qu'elle avait finie par traiter de sales bougnoules, parce qu'ils lui avaient dit qu'elle était belle, alors qu'elle est presque aussi moche que moi et qu'elle déteste les menteurs et les hypocrites qui ont des bites à la place des yeux. Greta c'est une fille de principe, mais complètement nulle en géographie. Bougnoules pour des noirs…

la bilariose pour les enfants/1

Chapitre 1
Johnny Nash n'était pas flic. D'ailleurs Johnny Nash ne s'appelait pas vraiment Johnny Nash. Il s'appelait Roger Plantaz. Il vivait à Luins, un bled comme un autre au milieu des vignes.
Il ne croyait en rien, n'avait aucune ambition et passait son temps assis sur des terrasses, des bancs, des marches d'escalier, sauf en hiver où, ma fois, par la force des choses, il devait se réfugier à l'intérieur, à regarder le monde passer ou à fixer des points que personne d'autre, pensait-il n'avait fixé avant lui. Il voyait la vie comme une ville à traverser et c'est ce qu'il faisait d'ailleurs, en ce moment précis.
 Moi je m'appelle Gina Calle-feutrée, je suis moche en général, grosse et amoureuse de Roger Plantaz. La plupart du temps, comme je fous rien de ma vie et que je suis payée pour, vu que j'ai réussi à me caser à l'AI pour une histoire de dos ou de genoux, je me souviens même plus, je suis Johnny Nash ou plutôt Johnny Plantaz dans ses pérégrinations diurnes. Quand je n'ai pas le temps, parce que dès fois j'ai autre chose à foutre, j'engage un détective privé qui ne me coûte rien puisque c'est ma meilleurs amie, Greta. Elle, elle n'a pas la chance d'être à l'AI comme moi, mais on peut pas la plaindre vu qu'elle est au chômage.

La distance

La distance rend les choses claires, le temps limité, évidentes.
On dépasse le choix, les calculs du choix.
On sort des vaticinations.
On connaît tous les groupes, les bandes, les rencontres qui nous arrêtent, les discussions que l'on prend et dont on se fout, mais pour nourrir le temps ou essayer de se sentir seul en commun comme deux vieux dans un cani qui boivent sans rien se dire.
Ces espaces effroyables de l'ennui où l'on s'oblige à s'intéresser, à écouter, à participer à des choses, des moments, des conversations ineptes ou fades ou vides ou celles si répandues qui reviennent si souvent.

Il y a toujours la déception, un goût triste de ne pas voir, de ne pas avoir eu le temps d'entendre, de sentir certaines personnes nécessaires parce que le temps était trop court et que l'on ne voulait pas faire de l'amitié un agenda d'hommes d'affaire mais simplement pouvoir avec certains étaler le temps.
Oui, une odeur qui manque, des conversations avortées depuis des années. Oui, c'est chiant et ça pèse au ventre.

Mais l'évidence est si belle quand le temps est si court d'entendre des voix qui doivent résonner et des histoires communes qui deviennent de l'Histoire, la nôtre.
Oui. Pas de choix, parce qu'avec la distance il n'y a pas le choix, qu'avec l'urgence il n'y a pas de choix.

Après il y a des envies, des désirs qu'on ne comble pas, des arrivées que l'on tait, des rues qu'on évite pour éviter de se faire dire
"va te faire enculer"
Et quand on nous le dit, ben voilà.

L'amitié comme l'amour sont des pensées constantes qui essayent parfois de se manifester, de se créer corps.