7.27.2012

Cérémonie d'ouverture des JO, commentaire live et amoureux/3

Alors jouons Vangelis et ramenons dans l'ancien, le mythe, le spectacle, l'invention de la crise et la réalité du mensonge, la réalité auto-réalisée du faux devenu vrai,
de la conséquence définie hors de la cause, mais qui devient elle-même cause et conséquence.

Oui, la crise n'existe pas.

La crise est comme une exception.

Le système en lui-même ne risque bien entendu rien. Les zones de pouvoir seront déplacées, mais le capitalisme sera sauvegardé.
Ce qui est en définitive la raison principale de l'invention de cette pseudo-crise et le sacrifice de certains Etats non-utiles.

Mais ceci sera développé dans un post ultérieur.

Restons dans la joie organisée.

Et voyons la maison et le retour qui est organisé en show, illustré au travers du duplicata d'une série, souligné toujours par la récupération amoureuse d'une musique qui a d'abord été une réaction avant d'être un outil uniquement commercial.


Talking 'bout my generation
AVANT
Satisfaction


Puis la bonne négresse et l'assimilation par l'économie
le racisme tué par la consommation

dans une chorégraphie qui mime l'unité du cercle dans le rang, par le rang,
par l'angle
qui redéfini la danse en zone non-humaine, configurée, construite et contrite, contrainte
et si misérablement laide.

Punkons donc les marionnettes
ou marionnettons la réaction et faisons la sauter comme un gosse limité sur des extensions d'handicapé.

5 secondes pour du merveilleux détourné et la totalité d'une absence technoïque qui se croit, se veut et est considérée comme superbement moderne.
La répétition mainstream que l'on nous vend comme l'unique revenu, la fraîcheur depuis 20 ans, mais qui est l'exécrable du même,
non dans sa production,
mais dans les oreilles de ceux qui se persuadent d'une développement permanent
et qui ne sont au final
que des singes écoutant des singes.





Cérémonie d'ouverture des JO, commentaire live et amoureux/2

Ce sont deux imageries qui se font face à face,
deux moments particuliers du mensonge et de l'illusion
deux époques particulières du spectacles qui sont ici présentées et mise en scène

James Bond et la Reine,

deux merveilles du faux, deux totalités du faux qui sont l'amour et le gage de soumission de ceux qui payent pour les justifier.

Boyle ose, sans se gêner, faire plonger dans l'arène, je veux dire montrer explicitement, à nu, la genèse, le développement et la réalité transhistorique du spectacle

et

le peuple jubile.

Dans l'excès et la simplicité.
Dans le miroir qui est déjà écho d'un monde éteint qui se ronge jusqu'à l'os.

God save ceux qui croient en lui.
Avant l'exorciste.

Alors la NHS
pour encore avoir une prise sur celui qui, s'il tient, payera.
Et y croire, c'est s'y endormir

Boyle suit une dialectique d'une simplicité parfaite. Il peut se permettre de dire exactement. Il ne risque rien.

Cérémonie d'ouverture des JO, commentaire live et amoureux

C'est l'Europe crevante qui s'applique à montrer son déclin.

qui se chante sous Jérusalem en introduction d'un spectacle qui a entamé dans la Tamise le popisme des Pistols et des Clash, récupérés joyeusement et furtivement,
cela sent le décompte historique, qui nous témoignera la naissance du capitalisme et son double triomphant.
C'est bandant de voir la classe perdue des îles britanniques s'extasier devant le spectacle de la bite qui la baise,
bite qui épuise une vigueur qu'aucun viagra ne viendra sauver.

Je veux dire que l'histoire britannique continue et confine dans la chaîne de montage et l'automatisation le terme absolu de la vie réelle, véritable ou simplement possible et que nous assistons là, devant la vue des mineurs grimés, adorés par Boyle et soumis encore dans le trou du stade, dans la bouche infernale du spectacle et des commentateurs de TF1 qui soulignent le génie du concepteur de montrer le chaos sans niaiserie, au chant du cygne d'un système qui verra peut-être la Grèce profiter de ce détournement de l'Histoire, de cette perfection de l'Histoire parfaitement immédiatement réécrite devant nous et sans critique qu'un adoubement fretillant des journalistes accrédités, pour sortir d'une zone qui ne peut plus la supporter ou simplement se mettre en défaut de paiement.

Oui, semble-t-il, là, devant nous, Boyle montre, sans ambage et sans vergogne, le peuple le plus soumis de l'histoire de l'occident, le bon papa volontairement sacrifié et se sacrifiant du capitalisme, le tout dans une chorégraphie tout aussi simple et fonctionnelle que celle d'une téléréalité.


7.19.2012

A propos du Parti Pirate

La question centrale de la politique est sa correspondance avec son époque, l'écho qu'elle est et provoque sur un instant donné de l'histoire.
Il n'est pas de savoir le niveau de mensonge ou de vérité répandu, ni de s'interroger sur la différence entre les partis, mais bien de se demander si le message idéologique primale s'accorde avec les données actuelles de la demande.
La politique est un rapport économique qui doit être à même de gérer les manques et les besoins du citoyen.
La politique comme pouvoir est la réponse proposée aux manques et besoins, non pas la réalisation d'un projet qui réduirait ou effacerait ce manque et comblerait ce besoin, mais la cristallisation consciente d'une frustration, sa pose collective sur la place publique, son spectacle et son sacrifice comme exutoire opérant et suffisant.

Le problème principal auquel se trouve confronté un parti politique est de pouvoir comprendre les desiderata de son électorat, de les anticiper-même pour pouvoir entièrement et pleinement les représenter. Il se peut tout à fait qu'il garde des réflexes, des automatismes, une manière tant que cette manière n'apparaît pas à l'électorat réel de ce parti comme n'ayant plus d'assise sur l'appréciation que cet électorat à de la réalité.

On fonctionne par mots-clés et on rattache spectaculairement la réalité à ces mots-clés, on la suffit à eux. On évolue en fonction du niveau de conscience du peuple, on transfère sémantiquement le manque, le besoin et la réponse-type.

Mais il peut arriver un point du temps, de la réalité historique où le projet-même et les mots-clés attenants soient dépassés et deviennent relativement inopérant. C'est le cas lorsque la société dans sa forme s'accélère et que le surplus de forme conditionne les bases d'un nouveau fond, encore indéfini.

La totalité spectaculaire dans son engendrement de l'égo-mythe et de son conditionnement bureaucratique à créer un être polyphrène et la constante de sa déstructuration.
Nous sommes des twitters compulsifs et warholiens, majoritairement salariés, quotidiennement consommateurs et périodiquement citoyens.
Nous avons des désirs, des aspirations, des environnements, des conditionnements qu'aucun parti politique ne peut englober, ni comprendre et encore moins résoudre.

La société voulue par le capitalisme spectaculaire a engendré un être parfaitement dompté, moi, mais qui ne se retrouve dans aucun projet idéologique,
ou pour être plus clair, dans aucun projet collectif.

Je ne peux que vouloir être la naissance d'un projet collectif, en être le maître adoré mais je ne veux en aucun cas être responsable de quoi que ce soit, je veux être le mot qui pousse et l'absence de conséquence de ce mot.
Je suis le jour terré dans la nuit.


L'émergence d'un parti appelé Pirate, qui se présente et gagne des élections sans aucun programme, sans aucune idée, sans aucun projet, sans aucune perspective et sans aucune cohérence est non pas la marque d'une défiance, d'une démission, d'un désintérêt d'une partie du corps électoral, mais bien la conscience claire et précise de ce même-corps non seulement d'une incapacité des partis traditionnels à être ici-et-maintenant,
mais également de l'absence totale d'être de la société occidentale.



Le Parti Pirate est le miroir exactement flou d'une société parfaitement et volontairement déstructurée.


Le Parti Pirate prône une liberté sans la définir, liberté dans laquelle peut se retrouver sans aucun problème un fasciste futuriste, un gauliste keynésien et un écologiste libéral.



C'est là, le réel intérêt de l'émergence de ce parti, du moins en Allemagne, la France vivant toujours dans l'écho de 68, de montrer à la fois, comme un parfait reflet, une société délitée et instructurée et son désir citoyen profond d'être politique et politisé,
en somme le désir de se structurer à nouveau, la volonté d'équilibre dans le collectif.

Mais sommes-nous prêts à la privation de l'égo, ne serait-ce que parcellaire?
(moi pas)


6.05.2012

Anarchisme/1 - Le capitalisme est génial

L'anarchisme, dans son abordage simplifié,
celui qui s'occupe d'être tagué et revendiqué sans être lu et réfléchi, se limite et se contente à paraître être une question de destruction des structures étatiques, un abandon de l'idée de nation et donc de frontières,
un monde sans dieu
un monde à soi.

Les logiques en applications se déclinent et la praxis nécessite sa forme.
Les constantes ainsi créées s'imagent comme elles peuvent,
selon une lecture collectiviste ou individualiste
et leurs décantations relatives.

Il y a chez moi des approches purement personnelles, que cette approche concerne ma réalité quotidienne, mes choix (ou absence) politiques, mon réalisme immédiat, mon réalisme à long terme ou mon réalisme utopique, c'est-à-dire, la conscience de l'impossible mais comme possible à vouloir,
la part d'enfance quoi.

Mais ces approches ne sont pas la bases ni l'intérêt de cet article.

La pensée anarchiste a rapidement été comprise puis considérée comme une réaction et un possible politique bien plus dangereux que le communisme
qui a toujours été une composante-miroir du capitalisme, sa face ou son pile nécessaire,

un territoire jouissif de la production et de la consommation,

une réponse aux frustrations de l'autre.

Les extrêmes se sont adorés durant tout le XXe siècle, se sont construits mutuellement, se sont justifiés et se sont clignés de l'oeil en jouant de l'ignorance des militants, en fait, simplement, des croyants de l'une et l'autre.

Le délire mélanchonnien actuel est une résurgence de l'ignorance et de la naïveté des romantiques éthérés de la gauche, comme le néo-cool-fascisme est une résurgence de la naïveté tendue de la droite.

Nous gogeons dans l'exact même, l'écho de pathologies peinées et limitées, clivées uniquement dans des constructions nerveuses différentes.


Le capitalisme est génial.

Il l'est parce qu'il a compris exactement son miroir et sa gestion
et
son ennemi intime et sa gestion.


La récupération méthodique, la réinitialisation des idées-bases, le contournement fin des critiques de l'anarchisme fondamental

EST la véritable victoire actuelle du capitalisme.

L'ultra-libéralisme qui est l'outil exagéré, fondamentaliste du capitalisme est la résolution et la réalisation d'un certain idéal anarchiste.

L'ultra-libéralisme terrasse les Etats, annihile les frontières et encule dieu(x) en le (les) niant.

C'est l'humain en marchandise qui est effacé, mais c'est l'humain toujours qui est le parti prenant du système en tant que consommateur.

Il est de comprendre et d'accepter cet état de fait et de continuer à laisser le système ultra-libéral achever ce qui a été la naissance et l'unique constante de l'humanité,

la hiérarchie, le fascisme, les dieux, dieu, l'Etat.

Mais en étant parfaitement conscient que cet ultra-libéralisme comme allié stratégique aujourd'hui est l'ultime ennemi.


6.04.2012

Hollande ou le Changement doit être pour plus tard

Le changement brutal, le changement immédiat est un contre-pouvoir.
Il réagit. Il est l'analphabète qui n'accorde qu'une durée au regard. Il est la violence comme réceptacle un et fini.
La cassure, le contre-temps est un caprice,
une pose sexy

il est étalable, il doit être tendre.

Le changement est une construction, un schéma, un plan puis maquette,
il se pense, il est une volonté qui s'étend,
silencieuse,
il est un secret qui se tait au plus grand nombre, il est un secret qui entrave sa réalisation quand il se partage,
le changement est un égoïsme, une tendresse reclue, une envie à soi

quelles que soient ses causes, ses embrigadements, sa justification,

ce qui me dit que
et le répète
et 17 ans après ou plus ou moins ou peu importe
ou
est-ce que tu m'as raconté cette histoire?

Est-ce que tu m'as suivi et me la sussures encore?
Est-ce que tu vas m'adorer suffisamment pour ne jamais me laisser tranquille?


Le changement, c'est un écho.


Il doit se faire lentement pour être efficient.
Il doit être une action simple répétée souvent, avec patience, longtemps.

Retour à discipline.
Déception pour les nerveux.
Ratage pour les nerfs tendus.
Oui le changement doit décevoir.

On reprend.



On.

Tout doux.



On reprend.























On reprend.

5.28.2012

Secret Story Encore Encore

Il faut, en logique, réduire le contingent, limiter les contractions,
définir diplomatiquement des restrictions de langages
orales,
compresser, réprimer les envies de s'étendre
reprendre conjointement les nuanciations et les répliques cinglantes.

Les massages commencent, le mensonge s'éprouve, se teste, se jauge,
le mensonge s'apprend, se regarde, va-et-vient en string, torse nu,

la dissimulation paaaaaaarle beaucoup, blablate, gigue, croise les jambes, bat des jambes, tabasse mollement le sol du pied,
 le mensonge s'adore quand il se révèle, quand il se confesse, quand il se croit au-dessus du mensonge suivant, du contre-mensonge,
de l'anti-mensonge,

le mensonge se prélasse, il s'exhibe, il se tait, il se tait beaucoup, il se tait très fort, très très très fort,
le mensonge attend qu'on lui laisse le silence et l'obscurité pour s'offrir une lamelle de vérité

Il a besoin, tant besoin, tellement besoin d'être présenté, introduit, entré, séparé, entrecoupé d'autres présentations, d'autres introductions,

d'autres séparations,
d'autres spectacles magistralement séparés pour nous faire adorer des besoins qu'on ne soupçonnaient même pas,
les poches de résistances qui critiquent, salissent, évitent, fuient, ridiculisent la scénographie du mensonge, la jubilation bronzée, lascive, panoramisée du mensonge
est un succulent moment de ce mensonge
est une assidue conscience du mensonge
est un participant décalé, détaillé, stoemelé, inconscient et esclavifié sanctu sanctu, beatu, méta-beata des chaînes de la consommation,
la critique est parti prenante
la critique est la justification
la critique est la mauvaise conscience inconsciente de l'histoire du secret
la critique est rouge ou brune
elle est incolore
elle est mucho "sans pitié"
elle adore détester
elle est la critique cool, la critique est cool, elle est concernée, elle est bonne et juste, consciente et prenante comme carla bruni,


La jouissance de s'envelopper, d'être ainsi qu'un soldat en plastique, parfaitement sûr de ne pas vivre, de ne pas mourir, de ne pas souffrir,
d'être un élément de la haine, de la colère, du sang canalisé, maîtrisé, domestiqué, adouci, acceptable.

Tout commence toujours autour d'une piscine symbolique.

5.23.2012

Nouvelle 22/ Parano-land-01

Toujours les mêmes ventilos qui survolent toujours mes mêmes somptueux paysages où des perdus et des malades rampent et rêvent d'égorger ou de ne justement PAS égorger, tandis que toujours certains gerbent et toujours certains jurent.

On te dépose avant de partir?

Ceux qui partiront en dernier seront ceux qui auront réussi à pomper les dernières lapées du canal blanc et se seront acoquinés les bons seigneurs en phase et les sauts de puces speedées et dopées qui mènent des champs aux villes toutes bigarrées et affamées de dépressions et de remèdes interlopes.

L'Afghanistan c'est si bon, l'Afghanistan c'est dollarland, c'est euroland, l'Afghanistan c'est la route légal, c'est le tampon, c'est le terrain de jeu. Il y aura toujours une puissance pour aller goûter l'Afghanistan.

Un commerce, c'est un consommateur. Une guerre c'est une raison. Une mafia c'est une couverture. Un gouvernement, c'est joli.

L'inverse est justifié. Le spectacle a faim.

Part pour la liberté. Engage un penseur sexy ou deux pour planifier ta moral. Convaincs-toi qu'il y a des guerres justes. Tourne ta tête à droite, compte ce que tu possède. Tourne à gauche. Adore ton électricité. Ta chemise. Le prix de ta vie.

Bouygues bétonne des zones lavées aux mirages pour qu'on jubile peinard devant koh-lanta.

Personne ne veut partir de là.

5.20.2012

Sur "Shame" de Steve Mc Queen/4 Conclusion ou nouvelle 21/ La lumière polaire

C'est un visage crispé, tendu sur lui-même quel que soit le corps qui gigue, les corps utilisés, leurs sexes ou leurs histoires, toujours un visage crispé sur lui-même dans l'étendue d'un temps qui s'efface sous son désir.
L'entraide est un point de vue.
Mon égoïsme point à point avec celui de quelqu'un d'autre.
Quelle vérité?
On parlait de vérité.
Celle partagée en est une abandonnée.
La vérité partagée est une vérité qui se sépare.

L'image est un miroir parfait.

L'image créée est le miroir idéal.
L'image donnée, prise est un miroir de seconde main.

L'image créée est une fondation dense et lointaine de la frustration et de la joie d'être qui la supervise.

L'image donnée est un mouroir d'imaginaire, un succédané mais suffisant,
parfaitement adapté à l'absence de temps de la vie moderne et aux besoins de la vie moderne spectaculaire.

Lascaut est le partage et la séparation, la pièce jointe, la honte de l'enfance lâchée. Notre victoire éclatante, le bonheur d'être, toutes les extensions du marasme, la force du monde contre lui-même, la vraie puissance qui se révèle,
l'image
qu'on adore
ou
qu'on abhorre
le christ caché avant d'être révélé
les interdits constants dans les autres systèmes organisés de la pensée absente.

Dans la pensée présente, l'image est un soleil sans fin, un nuit permanente.
Le reste est un pathos inepte que l'on doit taire.



Sur "Shame" de Steve Mc Queen/3 ou Nouvelle 20/ La grotte de Lascaut

La vérité n'est qu'une donnée partielle.
Je peux tout jeter.
Je peux laisser entendre.

On prend les limites de la ville.
On prend la vue.
On entame les perspectives.
On décide de s'entamer. On commence à réaliser. On commence à prendre le risque de perdre.
On entame et on entre dans le temps. On conditionne les rencontres. On spatialise le désir.
On est réellement là. On a réellement abandonné l'idée et l'image. On a réellement décidé.
On a fait ce qu'on attendait de nous. On a matérialisé.
On a volontairement quitté la perfection.

L'âge adulte ne commence pas à une date donnée. L'âge adulte est l'adultère de l'enfance, une terminaison, l'entrée dans le goût, la fiente du rêve et l'adorable totalité bandante du monde.

La jouissance virtuelle que nous offre toute l'absence côtée en bourse de facebook est un déréglement volontaire, une acuité tendre et violemment bicéphale à vouloir et à nier le monde.
Un caprice à 30 milliards, un caprice jubilatoire et vital pour un monde trop confortable à priori, affreux réellement, auquel quelque centaines de millions d'individus n'étaient pas préparés.

Parce qu'impréparable.

Asseyez-vous un moment au bord du lit. Nourrissons-nous sans image. Les yeux crevés. Laisse les rideaux tirés, non, laisse-les ouverts sur le périphérique et les pendulaires. Nous sommes terrorisés par ce qui devient réel.
Lascaut est la plus effroyable découverte de l'humanité. La seule chose qui peut contenir le monde.

Une grotte. Et un écran.


Sur "Shame" de Steve Mc Queen/2 ou Nouvelle 19/Séparation/Partage

Une odeur de filtre bleu. Une cuisine banale. Du carrelage banal.
Un intérieur de film des années 2000. Un intérieur global et désirable, totalement ikea, une musique parfaite, un travelling très années 2000, transcription urbaine en défilé, en décalé, en désiré, les risques et les désirs,
nos étirements, l'effort. Le stand-by small trotte devant les ordures et un panneau déglingué par un chauffard.
Le partage. Les open space, les collocations, les salles de réunions, les banquettes de bars, les banquettes de trains, de métro
le partage
skipe, facebook
les bouquins, les conseils, les filles, les mecs.
Il faut être atteint pour CROIRE à ça.
Il faut être COINCE pour faire avec.
Il faut être maintenant, nous, urbain pour y croire et faire avec VRAIMENT.

Les repas sont des mises en scène. Nous sommes trop éduqués pour y voir autre chose, nous avons trop vu de fiction pour ne pas comprendre la réalité comme la fiction parfaitement réalisée.
Dans ces repas nous sommes l'interaction du dupe et du naïf, nous désirons (l'agneau ou le boeuf) sans fin.

Sois subreptice. Sois comme ça parce que c'est comme ça, parce que tu veux que ce soit comme ça, parce que tu n'as pas le choix, parce que c'est inscrit, parce que c'est la règle autour et en toi,
sois comme ça parce que tu voudrais que ce soit comme ça,
parce que l'étendue de la connaissance est un océan froid qui courent entre toi et moi.

Dînons.


Nous ne voulons par être puissant et beau, nous voulons être la puissance et la beauté
mais nous ne les voulons pas figées alors déteriorées, nous ne les voulons pas sanctifiées et sanctuarisées,
flinguées, castrées, annihilées, finies et frigides

nous les voulons chaudes, en mouvement, aussi fantastiquement bandantes et douces qu'un virus qui s'étend.

Revoyons tous ces gens dans ce restaurant. Revoyons-les dans la totalités de l'ennui et de l'obligation d'être cet ennui standardisé et consommable, désirable par ceux qui observent.
Revoyons ces gens dans ce restaurant. Revoyons les prémices, les rencontres, la genèse d'une nouvelle excitation, d'une nouvelle histoire enrichie, d'un nouveau passé en gestation, en maturation, en macération.

Marchons un peu. Anecdotons. J'aimerais. J'aurais voulu. J'étais. Je serai.
Tout est dans la grammaire.
On retourne à ici. On retourne au présent.
Je dois y aller. J'y vais. Je te remercie. On remet ça.

On revient vers le présent, parce qu'il est tellement oppressant que nous ne faisons que le fuir.

Séparation/Partage.


  

Sur "Shame" de Steve Mc Queen ou Nouvelle 18/ Liens possibles vers pièces jointe

Il s'était rendu inattirant.
Il avait essayé d'éviter. Rien de différent, rien d'autre, rien d'éventuel, rien qui soit une possibilité de tout reprendre, de tout redessiner,
Rien
S'éviter soi-même les règles qui tombent sans qu'on ne les appellent, le jeu qu'on doit prendre en s'asseyant autour d'une table qu'on ne croyait jamais pouvoir voir, qui ne devait pas être réelle.
Il y a un moment de la vie où on sait que l'on est là et ou l'on croit dur comme fer que la suite est un théâtre où le seul rôle valable est pour nous.
Il y a des moments dans la vie où c'est branle-moi
et des antipodes de la pensée où c'est range tout, remballe tout, attends
il y a des moments où c'est combien? où ce qui importe c'est doggy style, où ce qui importe c'est le remplissage, l'assure des atouts, de l'exposition et de la vente,
et des moments où tu te planques derrière la corniche et tu te branles hilares sur les occidentales qui montrent leurs cheveux, où d'abord l'appartement, puis le mariage puis la chatte,


il y a des zones inconditionnelles et démultipliées de la frustration,
il y a un éternel de la frustration,
il y a le grand écart de la frustration,
il y a toutes les données épuisées de la frustration

il y a le désir épilé, vu et ressassé, le souvenir concret ineffaçable et reproduit, il y a le souvenir invité, la mémoire des on-dit, l'excitation des fonds de placards

Il y a l'orgie monumentale du manque dans toutes les constructions intellectuelles de la frustration.

Il avait décidé de refuser de se projeter. Il avait décidé de sentir méchamment mauvais. Il avait décidé de jubiler sa peau mauvaise. Il avait décidé d'être incapable de parler, de mater inconditionnellement, d'occuper prosaïquement les toilettes publiques, de manger de quoi suinter de gras.

Une table, large avant une table plus restreinte,des négociations menées vers une cuite, des vitres d'open space par une journée de mai rayonnante, des boards réfléchissants, des idées monumentales accouchées la veille, un intérieur de whisky trop chères, cuir sombre, réussite affichée, rayonnantes et pétasses classes.
 L'interaction monumentale de tous les désirs et du comblement momentané de toutes les frustrations.

26 étages. Les étages supérieurs à 22 uniquement accessibles depuis l'étage 14. L'étage de triage, toutes les correspondances coordonnées par la secrétaire de réception numéro 2.
Tu n'as le droit de bander que lorsque tu deviens un "changeur", un "pendulaire", un transitaire du 14.

La bite n'est pas une extension, elle est un constat.

La chaleur est imbattable, la chaleur est la meilleur blague du monde, la chaleur est laudate. Elle est le plus merveilleux enjoliveur, elle frappe sur l'épaule comme le meilleur pote ne saurait le faire, elle justifie tous les couloirs, tous les halls, tous les bureaux, tous les offices, toutes les salle de réunions, toutes les chambres, toutes les pièces, tous les corridors, toutes les rues, toutes les avenues, tous les parkings, toutes les places à trouver, à payer, tous les chiottes, tous les compartiments
ceux des trains et ceux de la pensée
La chaleur que tu colles dans tes souvenirs, c'est New-York New-York, c'est juste une petite lumière feutrée, un petit filtre érotique sur ce qui s'est passé.





5.15.2012

Nouvelle 17/ Laisse ouvert, tout ira bien

J'ouvre une pièce, je glisse, c'est pas là, c'est un autre chez.
je prends le temps.
J'adore les autres chez.
Les chez inconnus. Interdits. Les chez ininvités,
les chez à forcer.
J'aime la noirceur, pleine et compact, très douce, l'amplitude silencieuse, le store.
J'aime l'espace qui sépare.
j'aime la lumière en face, loin. J'aime attendre.
Je suis l'oeil qui lit son expérience dans les ombres de l'appartement d'en face.
Je suis la vie en translation sur l'ennui de l'appartement d'en face.
Je suis la joie quantique des espaces que je viole
je suis l'éternité de vos salons, vos chambres, vos chiottes
je suis exactement ce que vous voudriez être

Je force des portes.
Je me glisse hors de chez moi, la nuit,
je marche dans les rues, en plein soleil, dans vos occupations diurnes
je vous pénètre.
Je suis le facteur, le livreur de sushis, je suis le voisin qui a reçu un colis par erreur
je suis le diamant qui glisse sur vos vitres.

Je ne vole rien, ne prends rien, ne ramène rien, ne garde rien.
Je regarde.
J'hume.
Je goûte.
Je lis.


Puis je sors. Lentement.
Je n'oublie jamais mes gants. Je change de coiffure tous les jours. Je me teints.
Je me maquille.
Je ne suis personne.
Je ne veux être personne.
Je suis déjà tout ce que vous ne pourrez jamais être.



5.10.2012

Sur le nationalisme en Europe/ Les enclos adaptés

Les révolutions internes aux structures nationalistes, les émoussements relatifs de leurs tessitures ou au contraire, les emphases d'un nouveau jour et les certitudes rapportées d'un contexte ne sont qu'une oscillation globale, une inertie générale qui se répand lentement, consciencieusement à travers toute l'Europe
et s'allie étrangement
comme une union des nations "contre"
comme une unions liée, soudée autour de l'enclos.

Révolutions internes, ce sont les jus doux, les miels et les moulures des clôtures françaises et hollandaises par exemple ou le magnétisme subtil, attraction consentante mais sans copulage effectif, répulsion théâtralisée des embrassades en coulisse du parti d'Orban et du Jobbik en Hongrie.

L'aube dorée grecque serait ridicule dans son exposition si elle ne comptait pas dans ses défilés des mignonnes faces d'emasculeurs de négros, j'entends les sous-bassement musclés et limités qui ont toujours su garantir un espace de jeu aux pré-juntes, aux coups de force fascistes (voire d'extrême-gauche évidemment) et autres lyncheurs des anciens paradis de la ruralité sudiste aux USA.

Cette droite qui enfle et se sourit de cette lente et belle graisse qui l'empourpre se modélise comme l'UDC suisse ou la liga del norte italienne. Elle reste profondément libérale, elle jubile d'un spectacle de la marchandise nationalisée, elle construit l'ennemi et le simplifie, elle parle simplement et elle rajoute un lexique de gauche à ses diatribes.
Elle est amour.
 Elle est conscience.
  Elle est respect d'un autre cantonné.
Elle est l'amour de l'autre qui s'aime et se sépare.
 Elle est respect de l'autre qui se compartimente et avec lequel on interagit par-dessus le muret.

L'extrême-droite s'adoucit alors que l'extrême-gauche est toujours aussi débilement marqué par un discours achevé, fatigué, ponceux et tout aussi facilement haineux.

Il faut bien concevoir cette droite comme un mouvement concordant, c'est-à-dire la concevoir dans une perspective européenne, la concevoir comme l'union de sa propre négation.

La connaître comme puissance en action, inertie en état, volonté en marche.

En France la nation est devenue républicaine. Mais il ne s'agit que d'un transfert qui pourrait tout justifier. Il y a toujours l'idée d'un socle commun de valeur, même si ce socle peut être historiquement variable afin de faire de ces valeurs une zones potentielle d'exclusion.

Le fascisme est un enclos, disons l'extrémisme est un enclos dont le matériau de construction n'est pas l'important,
dont les thèmes sont un support théâtralisé de l'enfermement
il y a un potentiel d'asservissement dans toutes les formes de tribus qu'élabore la société moderne.
Le danger apparaît dans leur aptitude à se synthétiser, s'organiser, se reproduire et surtout se renouveler, leur capacité à devenir ce que la société se décide d'être.


5.07.2012

De l'urgence d'effondrer les anciens

Il ne semble pas y avoir de changement politique à proprement parler en occident, disons une balance, un tangage, un effet de roulis les premiers soirs, la tête et l'idéal ballotant, la nausée attendra.
Les grands partis qui se sont fondés et consolidés après-guerre et dans les trente glorieuses et qui se partagent les rênes en Europe depuis, sans réelle alternance ou dans l'alternance du même, représente une constante,
un état particulier d'une philosophie du statu quo marchand et spectaculaire.

L'enjeu de la gauche française EST celui de la droite, c'est-à-dire de la permanence du même, la confirmation de l'identique, le léger théâtre de légères augmentations qui seront tamisées par de légères compensations
et la joie immense de la Bastille est la même que celle des sans-culotte de 89, qui n'en ont pas eu une en plus (pour ceux qui gardèrent leurs têtes).
Le passage de témoin était salutairement nécessaire pour éviter justement que quelque chose puisse changer
et que Sarkozy ait au final, fait tout ce qu'il pouvait pour ne pas être élu (et son score est ainsi assez extraordinaire, je dirais même victorieux d'un certain côté) est une triste lumière de la seule contradiction ou réaction que la sous-éducation massive de la société a su réaliser, je veux signifier, la force latente et étendante du néo-fascisme.

Même les bourses ne dévissent pas réellement et si elles le font, ce ne sera pas vis-à-vis de la France, mais parce que la Grèce aura enfin décidé de ne pas rembourser (sous la bannière rouge ou l'influence néo-nazie?).
Qui joue avec le feu?
Ceux qui ont un intérêt particulier à voir l'Europe désunie et uniquement considérée comme un grand terrain de jeu commercial.
Ceux qui poussent les esprits à se liquéfier suffisamment pour être consommo-compatible sans pour autant glisser vers les aubes dorées des bottes claires sur les avenues marchandes.
Nos fascismes sont vastes,
parce qu'on communautarise au délire,
on compartimente pour sécanter les risques, persuadé que tout ce qui est séparé est gérable, conditionnable
drôle de pari...


De necessitatis novum partes


5.06.2012

La Bilariose pour les enfants/ Ch. 15

On pense jamais du mal de ses amis au bon moment.
Forcément ça rajoute dans la culpabilité. Quand ça a cogné sur la porte, j'ai dû avoir la même tête que la mère Raimondi l'autre fois, version Jumilla et l'altitude en moins.
Et quand on frappe à deux litres trois-quart, approximativement deux heures du matin, la surprise se renforce et on se tenaille un peu avant d'aller ouvrir. J'ai hésité. Puis ça tambourinait encore. Le chambard donne un genre. Mais de ça, j'en avais de quoi faire et bien assez. J'ai traversé la pièce pour chercher un couteau dans la cuisine. Je suis tombée sur une scie, ça allait aussi.
La voix de Jean-Jean.
Ca m'a détendue.
Pas longtemps.

4.30.2012

La Bilariose pour les enfants/ Ch.14

Vivre c'est une affaire bizarre. On sait pas vraiment pourquoi on fait des efforts, puisque tout ce qu'on sait c'est que demain ce sera comme hier.
Mais personne n'a envie de mourir. Pire, les gens comme moi ils n'arrêtent pas d'essayer de se reproduire, allez comprendre...
On se suicide pas des masses chez les pauvres, faut pas croire. Pour se tuer il faut avoir le temps de penser, de se faire toute sorte d'idée. C'est un luxe le suicide, c'est réservé à ceux qui ont pas à courir après les traites, pour remplir le frigo. Si on se tue beaucoup par chez nous, je parle dans l'occidental en général, c'est parce qu'on passe moins de temps à essayer de survivre.
On lit des bouquins. Quelle drôle d'idée. On cogite dans des fauteuils puis on se trouve un pont.
Moi-même, il a fallu l'assurance-invalidité pour que je commence à me demander ce que je foutais là. Après j'ai découvert le Jumilla au litre et j'ai rencontré Greta.
Depuis j'ai plus à me plaindre.
Mais là, ce soir, elle me manque un peu Greta.
J'aimerai bien hésiter à l'appeler mais j'ai plus un raque sur mon portable et si elle le fait pas c'est que c'est probablement pareil pour elle.
Ou alors elle est en train de se faire fourrer par Johnny, ce qui lui met la tête ailleurs.

4.26.2012

Elections de-ci de-là/ Viens joli mois de mai, viens donc...

Le joli mois de mai qui nous attire à lui ainsi, doucement, malgré le froid, la pluie par ici, le vent persistant, le rose dans le gris et les élections par-ci par-là.
On s'abreuve jusqu'à la nausée du 6 mai qu'on nous rabache depuis trop longtemps, mais surtout en l'isolant du reste ou plutôt en gondolant nos esprits de Francitude comme s'il n'y avait qu'eux.
Certes, ce n'est pas un poids maigre en Europe, ni dans le monde, un poids encore lourd et dont l'inertie l'écroule.

Le 6 mai. Il se déroulera en Grèce des élections législatives anticipées, probablement méchantes ces élections, en tout cas pour le bipartisme qui tient le pays depuis des décennies. On ne cherchera pas les sondages, ils oscillent et se trompent ou trompent et tendent à incliner, mais la matrice qui est en train de vendre le pays, qui le brade en fait, risque bien de se prendre une rouste. Au profit de qui?
De personne probablement. D'un partage entre partis d'extrême-gauche incapables de s'entendre, d'une extrême-droite ayant voté certains des plans de rigueur, d'une nouvelle extrême-droite plus virulente mais encore en gestation (l'Aube dorée).
Le XAOS donc. Je veux dire pour la Grèce, le statu quo ante crisis.

Puis le 13 mai, on vote en Rhénanie-du-Nord-Westphalie.
On pourrait s'en foutre, si ce n'était le Länder le plus peuplé d'Allemagne, contribuant à environ 22% de son PIB, frontalière de la Belgique et des Pays-bas,
en somme un Etat presque parfaitement viable en indépendance mais pas assez stupide pour la réclamer.
Un Länder-clé dans une Allemagne qui n'a pas d'autre choix en Europe que de mener la danse, une Allemagne-CDU qui va se faire des sueurs froides entre le résultat de la présidentielle en France, les législatives grecques et les élections de la Rhénanie-Westphalie.
Je me demande si les marchés financiers ne vont pas vriller et twister entre le 5 et le 15 mai.

Je n'ai aucunement les compétences pour dégrader des chiffres. Je laisse donc ce plaisir à mes amis statisticiens.
Je voulais simplement faire remarquer que le printemps s'annonce très chaud, l'été encore plus. On veut nous faire croire que la crise est stabilisée, relativement, que la gauche est un danger, mais pas autant que ça.
Je crois que nous n'avons pas conscience que nous n'avons encore rien vu.
En tout cas les marchés financiers vont vriller et twister entre le 5 et le 15 mai.

4.25.2012

De la terre à la lune/Une solution au monde ou pourquoi cheminade ne délire pas toujours

On s'est bien gaussé du Cheminade, le minablant et le réduisant à des propositions absurdes, se lassant le menton en agitations dédaigneuses.
Le sérieux est immigratoires, endetté, schengenisé ou schengenisant, le sérieux français se gavent de permis à point et de vrais travailleurs,
la France est un pouvoir d'achat, la question est consommante, avide de,
la question a faim
la question veut remplir le panier de la ménagère
et la question met la Joly à 2%, parce qu'elle a cure de castrer son désir, parce que le plèbe débilisée par une éducation nationale archaïque dans son élitisme, c'est-à-dire considérant l'appris par coeur lénifiant et recraché en bon ordre et l'orthographe sanctifié, le code de la dissertation et la rectitude, non de la pensée, je veux dire de la critique, mais de l'application à être un sous-énarque juste apte à voter pour un énarque (toute la justification et le pourquoi, le sens-même du bac),

cet élitisme-là
ce sous-élitisme fonctionnaire qui fonde la France
et qui est sa méthode particulière pour créer un ustencile consommant et adorant comme un critique de foire la totalité du spectacle qui ne lui est pas proposé mais soumis

cet élitisme-là l'empêche de considérer comme fondamentales des propositions comme celles de l'industrialisation de la lune, de la conquête martienne ou des grands projets transnationaux.

Il ne faut pas être grand clerc pour savoir que nous ne sortirons pas de nos schémas de consommations et que, pire encore, nous continuerons sans vergogne à enseigner à nos enfants à consommer comme nous consommons.
L'écologie est un luxe. Une réserve de pose mondaine pour bobos, c'est-à-dire pour nantis de naissance ou construit en mal de conscience, en nécessité de conscience. Une forme, en somme, de considération protestante, un pardon sans confession possible, un face-à-face avec son état-au-monde.

L'écologie est une notion bourgeoise.


Et il est indécent, fat, colonialiste de penser que nous pourrions imposer, voire même suggérer nos utopies de décroissance à une émergence internationale qui n'aspire qu'à jouir comme nous de l'apaisement du progrès.

Il n'y a pas assez de lithium en Bolivie pour les ipad de l'avenir, pour les désirs auxquels tout le monde à droit, ni assez de terres rares en Chine.

C'est la contradiction-même de la gauche qui n'est pas en mesure d'assouvir les besoins, nécessités et droits légitimes de ceux sur lesquels nous avons fondé notre confort.
Nos crises de conscience ne serviront qu'à nourrir les psychologues.


Nous ne décroîtrons jamais. Ou par un fascisme général, uni, international, vert et suffisamment fort pour tenir plusieurs générations.


Notre avenir comme notre paix se situera à plus ou moins long terme dans l'espace.
Nous devrons coloniser la lune. Et les planètes utiles du système solaire. Nous devrons implanter des usines itinérantes sur des asteroïdes. Nous devrons forer, sonder les astres qui nous entourent.
Nous devrons créer des sociétés d'extractions de matières premières et de transports spatiales.


Ce n'est ni du délire, ni de la science-fiction.

C'est l'avenir.

Et la condition de la paix. Ou une éventualité de cette condition.

Ce genre de programme ne sera possible que dans le cadre d'une entente, d'interaction, de cofinancement, de partage de théories, de connaissances, d'infrastructures internationales.
L'espace est vaste. L'espace suffira aux américains, aux chinois, aux européens.
Il n'y aura, à priori, pas de guerres territoriales nécessaires.


L'espace est notre unique solution, notre dernière perspective, notre absolu, notre délire, notre rêve, la condition de la paix et du progrès.


L'espace c'est cool.

4.23.2012

la bilariose pour les enfants/ Ch.13

J'ai vu Bob dans le bus.
Il semblait avoir grossi. Faudra que j'y pense si on m'interne une fois de faire gaffe sur le xanax. Et leur expliquer les effets bénéfiques du Jumilla sur ma psyché et ma ligne. Fais chier Bob de me faire penser à n'importe qui.
Je rentre chez moi.
Je me demande même pas ce qu'il est venu faire aux barres, de l'avoir vu, il m'a fait penser à de la merde. Dès fois je me dis qu'à l'asile, ils leur font des trucs qui font que dans la rue, ils transmettent le malaise et que ça leur fait des nouveaux clients aux médecins.
J'y ai toujours pensé à ça, enfin, depuis que je pense presque toute seule, que la raison d'être des médecins, c'était la maladie et que pour en avoir encore des villas et des secondaires et de l'accessoires à mettre dedans et autour, ils n'avaient aucun intérêt à ce qu'elle disparaisse, la maladie.
Quelle qu'elle soit et comment elle a bien envie de se manifester.
Enfin bon, il ne faudrait pas trop que je parle de ce que je connais pas, c'est Greta qui me le répète tout le temps, vu que la dernière fois que j'ai vu un médecin, c'était il y a bien longtemps, quand j'avais encore la télé.

4.16.2012

Pour une séparation de l'Europe

L'Europe est faussée et traîne parce que ses composants ne jouent pas dans les mêmes divisions
et que les volontés antérieures de puissance et d'extension à l'est ont poussé les dirigeants à accepter n'importe qui à n'importe quelle condition.
La création Euro n'aurait dû concerner qu'une infime partie des pays membres à l'exclusion même de certains fondateurs.
On ne doit rien à personne. Et jouer sans pitié. Ce n'est qu'ainsi que l'on peut étirer la sphères des participants, par contrainte et par excitation, l'huile se répand puis le soleil vient et l'arc-en-ciel.
Mais l'huile est parcimonieuse.
Goutte à goutte.
L'Europe devrait se scinder en deux groupes, en deux divisions, qui, chacune posséderait un sur- et un sous-Euro, interchangeable à taux privilégiés, différent des hors-zones.
Chaque division serait fonction de ses propres réalités économiques et s'organiserait indépendamment de l'autre,
on pourrait imaginer deux capitales
Bruxelles et Rome par exemple
ou Bruxelles et Stockholm plutôt.

Il serait possible de rétrograder en seconde division comme il serait tout à fait envisageable de monter en première.
Les critères seraient politiques en priorité, économiques puis qualitatifs (niveau de vie, fécondité, mortalité infantile, espérance de vie, taux de suicides, consommation de stupéfiant, estimation de "bonheur").

Il n'y a pas d'union, parce que la solidarité ne fonctionne qu'horizontalement et le progrès ne fonctionne qu'en fonction des manques et des désirs.

Tranchons.

4.01.2012

la bilariose pour les enfants/12

Donc je me suis trouvée toute gourde avec mon sel et rien à foutre dedans. Vu que j'avais monté un étage, je pouvais bien descendre les 11 autres. Je ne vais pas vous parler de l'ascenseur. A part qu'il existe mais qu'il bouge pas souvent il n'y a pas grand chose à en dire. Je ne vais pas non plus vous parler du paysage dehors, c'est un peu comme l'ascenseur.

Ce qui est bien avec le shit, c'est que je peux m'acheter de la sauce en plus du beurre. Faut juste se bouger un peu entre les barres, encogner une porte aux bonnes heures, genre les pauses scolaires et laisser faire.
Ce que je m'empresse.
Voilà. Sus à la bouffe et au Denner notre Liedl local.
Je me décide pour la sugo, c'est pas tous les jours qu'on peut s'acheter de la viande. En général, je suis végétarienne, pas tellement comme les petits bourgeois qui se font des principes de temps en temps, c'est plutôt une conscience par défaut.
D'un certain côté c'est bien les fins de mois difficiles, ça rend la vie plus saine. J'oublie pas non plus le pinard. Pour ça le Jumilla au litre, c'est plutôt un bon rapport qualité/prix. Il offre de bonnes torchées bien fruitées avec un rab de chiasse garantie. C'est mon programme minceur à moi vu que l'héroïne est vraiment hors budget.

3.30.2012

Pourquoi Sarkozy va gagner

C'est une question d'opposition et l'opposition comme une force factice ou plutôt une opposition qui admoneste pour absoudre qui critique pour conclure, qui crie pour en fait se taire.

Bien entendu que Sarkozy va gagner.

Et il va gagner parce qu'il est méritant.

Celui qui mérite le fait en contre-partie de ce qui l' a fait échouer, le bilan de son action est sa réaction à ses chutes.
Le fait que lui et ses lieutenants bandent actuellement dans des shows dans lesquels on nous fait passer l'action pour le décors et vice-versa c'est-à-dire où la récupération de l'immonde et le dragage supposé des alluvions sous-éduqués et épuisés de l'aile droite-droite n'est qu'une bagatelle aux alouettes et en sus, un os bien saignant dont Hollande, gaudriole de la lissitude se repaît mollement, plongeant niais dans la voie de garage où on l'engage, presque jubilant de pouvoir continuer à ne rien dire, ne rien proposer, dans un stand-by de logorrhée fade, quasi muette dans l'attente d'une date qui n'advient que trop lentement, tétanisé dans l'inertie flasque qui pourrait rendre le temps élastique.

Sarkozy lui, se repent des erreurs qu'il a crû devoir commettre pour. Ou qu'il a commis sans un fait-exprès mais qui sont son unique atout pour continuer ce qu'il n'a jamais vraiment commencer.
Son théâtre permanent ne cache pas qu'il a été le président du statut-quo, d'un continuum d'un état de fait d'une France qui n'a jamais cessé de vivre dans les années 50.

Oui. Il se repent. Et oui, il suffit qu'on enlève une Rolex pour être un homme non nouveau mais refait. Et oui, ce simple fait est l'élément crucial de cette campagne. Il n'a jamais été question que de ça.
Le mérite en France (et ailleurs) n'est pas conditionné par une somme d'actes mais bien cette faculté de reprendre par-devers soi des moments décalés, des fautes (aux yeux d'une masse facilement clivable) et de les recaler en conscience. C'est réagir contre soi et le montrer.

 Ce pays presque plus spectaculaire que les Etats-Unis a historiquement prescrit le cirque comme condition déterminante et définitive de l'accession au pouvoir quelle qu'en soit la manifestation et le tremblement d'images répétées ad nauseam par les médias de l'imagerie blingblingienne de la faute (bien que les menteries, coucheries morales, contre-vérités, dé-vérités, suffisances, arrogances, injures et parjures soient règles adoubées mais tant consenties par lui comme par tant d'autres dans toutes les sphères de la présences) ne sert qu'à projeter encore plus puissamment le seul credo/projet politique du candidat Sarkozy, c'est-à-dire cette contre-image du repenti, du "je vous ai compris", du je-suis-vous assimilé et contrit, en somme du pécheur qui ne gagnera le paradis que parce qu'il a péché, la reconnu et a fait oeuvre (de la manière et avec l'intensité qu'il veut) de repentance.

Le paradis ou l'Elysée ne sont pas fait pour les vertueux, bien au contraire.
Il faut s'échouer pour se vaincre et se vaincre ne consiste parfois simplement qu'à reconnaître publiquement. La conscience n'entre ici nullement en ligne de compte.
Et cette France fille-mère de l'Eglise, comme génétiquement programmée à la critique permanente, à l'exaspération, à la détestation du bouc, infiniment fébrile de justice, donc d'injustices concrètes, ne jubile que du pardon qu'elle accorde, pardon post-confesse, honorant comme se doit l'aveu, chérissant le fouet qu'elle prend et redonne à celui qui frappe et se flagelle.

Hollande le vertueux va perdre, car il ne mérite rien, n'ayant rien tenter, rien échouer et n'étant revenu de nulle part tandis que Sarkozy la putain respecteuse avancera sous des caudines de plumes vers une prolongation de son règne.  

3.29.2012

Sur le "mythe de Sisyphe"

"Il faut imaginer Sisyphe heureux"

Cette phrase ne suffit pas à nous rassurer, elle comporte trop de mystère, elle enferme trop de possibles, elle est indéfinie parce qu'elle ne nous situe pas quel moment de Sisyphe nous devons isoler, s'il faut prendre sa condition comme une totalité ou si l'on doit s'attarder sur un moment particulier de son actes, si notre salut est une séquence, un espace de sa/notre condamnation.

Camus nous pose un constat clair de l'absurde parce qu'il fait partie de ses penseurs qui ont su imager un concept, concrétiser l'abstrait,mais cette image n'est pas un instantané photographique ni une peinture, mais un film en repeat one et plan large.

Lors de divers discussions sur le sujet, j'ai remarqué que la plupart des gens cherchait à défaire le général, comme terrorisé de la perspective, réduire le monochrome, plaçant le loop en pause et que dans cette velléité de castrer le questionnement, de nier en somme par la suppression du mouvement cette absence de mouvement qui résume notre existence, ils essayaient de se définir un cadre fixe et rassurant, une empreinte à suivre comme une photo de famille sur le coin d'un bureau.

Ce raccord à la plénitude se manifestait généralement entre une jubilation de l'effort qui serait à la fois sa trajectoire et sa destination unique (imagier musculeux de la peine, exagération de la dimension du rocher, inclinaison de la pente, obstacles et entraves vicieuses) et l'acme, point d'orgue, instant fébrile de la réussite, jouissance de l'achèvement.

Et cette constante d'appréciation n'a rien d'absurde dans un monde dont la matrice est la réalisation et sa consommation, le faire surconscientisé, l'héroïsme dans l'horaire respecté d'une société de service.

L'on ne demande plus quel est notre film préféré, mais quel a été la séquence la plus marquante de notre vie.
On nous conditionne à estimer en image(s) ou fragment(s), on réduit notre rapport au monde à un imagier et on réduit cet imagier à sa préhistoire, c'est-à-dire la peinture ou la photographie,
on ôte à la totalité la chance de pouvoir s'expliquer, on cloisonne tout développement d'une pensée, on ne peut la considérer qu'en chapitre.
Nos discussions sont des cut-up appliqués, nos pensées sont des cut-up. La pensée est séparée d'elle-même, elle glâne, elle éparpille.

En jouant ce jeu de la résolution instantanée avec le cas Sisyphe, l'ile que je séparerais du continent serait cette infime où le rocher perd pieds et s'entame à dévaler la pente une énième fois et ce moment bien particulier de la joie où je considère l'oeuvre à reprendre, le travail à recommencer.
On se plaint tant des emmerdées effroyables que nécessitent la conduite d'un projet quel qu'il soit, la fatigue, les autres, les informations perdues, inexistantes, qui ne viennent pas, les gens qui ne répondent pas, qui répondent rien, mal de travers, les attentes, les courses, les nerfs pris, la fatigue, l'ennui, l'excitation, les va-et-vient émotionnels, la croissance du "plus jamais ça".
Mais on repart tous.

Parce que le faire est également outil dont on dispose pour ne pas penser.
Pour oublier que rien ne sert à rien. Que rien n'est vrai. Qu'il n'y a pas de dieu(x) ou d'idée(s) pour définir le rien, rien d'autre qu'une définition du dictionnaire.

Sisyphe dans la totalité de son éternité est un bandeau coloré.


3.27.2012

Nouvelle/13 Ce ne serait pas pareil à New-York

Il regarde derrière lui une plaine alarmante, la ville sera toujours mieux.
Cet océan plat, sans nuance que des trous vagues et de la terre trop sèche, des vallons pour nains ou enfants à ramper, des aléas de tourbes, des collines d'ennui. Des arbres rachitiques de s'être hivernés, des vasques craquelées, des crêtes maigres et argileuses gravie en deux pas.
Oui. La ville sera toujours mieux.
Il se retourne et arpente.
Il plane entre le béton et la brique, les enjeux ramifiés, la nature concassée, avilie, joyeuse de ses angles, de ses bords à bords joints, multipliés, ivres de rigidité. Les courbes comme des statistiques, les virages comme des graphiques, un orgasme continu de trigonométrie, chaque incurvation est un repère à nouveau perdu, un triangle rectangle, minutieusement calé et reproduit, indécelable, des montagnes conscientes entre, des créneaux vivaces et habités, des échouages, des ratés, des joies et des caves.
Il transpire sans pause, il avale et braque, quitte, retrouve le connu, le dépasse, s'enfonce et brûle et de toute chose les cuisses qui s'allument et le sang lourd qui les transpercent et autour la brique en dégradé saccadée de béton.
Les gens ne sont pas intéressants. Il n'existe que dans l'absence des vitres trop éclairées pour qu'on puisse voir à travers, les rideaux, les stores, les étages gavés de l'ubris d'échapper non à la rue mais aux regards d'une plèbe incapable, détériorée de mirer si haut.
Et puis ce moment si particulier où l'on ne pense plus, où l'effort est impossible, où les images s'arrêtent.
L'errance urbaine où même le corps se tait.

3.26.2012

la bilariose pour les enfants/11

Je sonne chez la famille Raimondi. C'est ceux d'en haut. En règle général, c'est plutôt rare de connaître les gens des autres étages, on se cantonne au palier et encore. Faut que je dise quand même que c'est avec le père Raimondi que je suis à la bonne. Et que c'est plutôt lui que j'espère de voir, parce que le reste de la famille, ils ont pas encore tout a fait compris comment ça se fait que les usages ne soient pas respectés et qu'on se fréquente entre étages.
Il y aurait même de la méfiance sexuelle du côté de la femme Raimondi, alors que pour une fois c'est vraiment aller chercher midi à 14 heure. Non, c'est qu'une fois Raimondi père, je l'avais croisé complétement torché sous l'escalier du hall. Il était tout sanglant d'avoir raté une marche à la montée et pas de chance la dernière de la première volée d'escaliers, ce qui fait qu'il s'était pris une sacrée ramassée. Il s'était planqué pour reprendre de la contenance et éviter le reste de la famille vu qu'il avait bu et joué toute son allocution chômage. Sans compter l'arcade pour la couture et les trois dents pour un dentiste assez hypothétique selon la conjoncture.
Enfin, moi ça m'avait fait chose de le voir et d'en entendre tout ça, surtout que je ne suis pas du genre à juger, les pierres je les gardes pour ma pogne, que je comprends en plus très bien la motivation, que c'est pas Beyrouth de s'en mettre une de temps en temps, c'est pas toutes les années noël.
Moi-même j'avais largement dépensé ma dernière assurance-invalidité entièrement en shit, alors... M'enfin je m'étais quand même mieux démerdée en en revendant pas mal à de la fraîche jeunesse complètement à Morge sur les prix.
Enfin pour en revenir au père Raimondi, la pitié avait croisé le génie et je lui avait proposé de monter une petite mise en scène de toute pièce avec témoin à l'appui. Moi.
Je l'avais aidé à remonter jusque chez lui. C'est d'ailleurs là que j'ai découvert le 12e étage pour la première fois. On s'est pas émerveillé longtemps et on a été obligé de frapper parce qu'il avait dû laisser ses clés à un bosquet quelconque.
Et ça, ça a dû la surprendre pas mal la mère Raimondi, parce que les visites, à part un mot pour le scrabble... Et comme à cette heure-ci ça pouvait pas être les poursuites... Elle en a fait une drôle de mine, vite rejointe par la chiaritude qu'elle avait consciencieusement pondue. Faut bien dire, son Jules dans l'état, avec une grosse au bras d'un étage inconnu à minuit passé, ça sentait les ongles ou la chevrotine. J'ai anticipé en causant de but en but, sans laisser qui que ce soit en placer une.
Et comment le père avait été de retour tout brave, le bon pognon du chômage dans les poches. Et comment une fois sans coutume il avait été fière de ne s'être pas arrêté au troquet, ni le premier, ni les autres. Et comment cette meute sans foie ni loi lui était tombé dessus et lui, braillant, dans des gestes, "C'est pour mes filles! Pour mes filles! Et Pâques! Noël! Fête national! Lampions!" Et comment ils l'avaient rossé, tabassé à même le sol, les dents voletantes, l'estomac en crise et si c'est pas une honte madame Raimondi.
Et moi qui était de villégiature, en train de faire ma petite marche crépusculaire, qui avait tout vu mais qui, rongée de trouille n'avait pas même pu hurler un coup. Alors la honte, penaude, et comment je l'avais aidé à se relever, dans la culpabilité, que je l'avais fait faire une petite escale dans mon chez-moi, histoire de schlouquer une prune ou deux (fallait bien justifier l'haleine quand même...) et que le voilà, là et si c'est pas la misère noire cette jeunesse merdique qui ne respecte même plus l'honnête travailleur qui ne peut plus travailler.
Elle a semblé avaler. Elle a parlé de porter plainte. J'ai dit, évidemment, mais à quoi bon, que ça servirait à rien, mais que j'étais disponible au cas où, l'étage en-dessous, pour une identification, le témoignage, al description des agresseurs (bien entendu arabes-noirs-casquettes-survêtes-une petite dizaine).
Voilà. Depuis on se rend des petits services avec Raimondi père. Genre là comme j'ai faim, je me suis dit...
"Ah c'est toi" qu'elle me dit la mère Raimondi. Je demande quand même à tout hasard un peu de sel à ma prêter. Comme j'ai omis le récipient, elle me le fout dans un de mes vieux mouchoirs avant de claquer la porte.

3.22.2012

Zone calme

La normalité était stressante.
La programmation active. Couler de source était impossible. Destiné au point P de l'accomplissement.
Il fallait être nerveusement cool et paraître affairé en souriant, en permanence, même à l'interne familiale ou célibatant,
s'inventer une tension, la montrer subtilement et sa défaite, enfin notre prise au monde de s'en défaire, la nonchalance parfaite des anxiolytiques.
Le temps tendu devait se bouffer, baisser la tête quatre secondes, la relever trois, regarder ailleurs trois, la rebaisser, dans la rue, d'un point à l'autre, se fatiguer à dire tout va bien, résoudre les banalités en soufflant, se tenir droit en se plaignant et jouir sérieux.
Le sourire en traversant le parc à midi d'une bonne foulée et le terne à narrer un week-end au soleil.
Nous ne pouvions être considéré qu'en étant tendu.

3.21.2012

Bruxelles-Montauban-Toulouse

Il n'y a pas de campagne à suspendre lorsqu'il y a tout à dire et un peuple, non à unir ou à soutenir, mais bien à tenir.
Et je ne chercherai pas ici à abonder dans la compassion, tout a été largement dit et ressenti et bientôt, bien entendu oublié par la masse ou plutôt remplacé par d'autres peines quotidiennes ou spectaculaires.
A l'unanimité la classe politique française a utilisé l'adjectif possessif comme pour, non partager, mais s'attribuer une douleur, comme à l'époque on nous intimait d'être tous Américains.
La douleur d'autrui ne se possède pas, ni ne se récupère et si elle se partage, elle doit se taire.
Nous sommes descendus là dans des recoins trop connu de l'abject humain, je dis là, dans l'acte commis qui tue l'enfant de sang-froid, mais acte si commun, presque banal, dans les marasmes et les cauchemars des conflits qui nous entourent.
Poutine est intervenu à Beslan et dans les silences de Tchétchénie, les attentats divers en Irak, Pakistan, etc etc, les armées modernes d'Israël et de l'Otan, etc etc...
Les enfants crèvent. Oui. Ici c'est de sang-froid. Donc à bout portant. Donc conscient. Oui. C'est infect. La distance du meurtre ne le relativise pas, il en détourne la conscience et la libère à moitié.

Le XXe siècle n'a rien attendu pour massacrer les civiles en masse et abjurer à l'éternité les commis de l'horreur.

Ce que nous voyons aujourd'hui c'est un retour à la maison, non pas absurde mais prévisible, de tous nos conflits, ceux que nous avons inventé, créé, généré et dont nous avons cru en les deplaçant, en les éloignant, nous préserver ou dont nous croyions pouvoir contenir les résonances.

L'incendie d'une mosquée chiite à Bruxelles est un rappel dans la cité de l'Otan et de l'Europe d'un conflit trop longtemps larvé et qui a éclos comme un bubon après l'entrée des troupes occidentales en Irak et qui est le terrain de jeu stratégique de nos intérêts et de ceux de la Russie entre autre, la Syrie étant le nouveau damier,
Toulouse, Montauban. Il ne fallait pas être grand clerc pour imaginer la diatribe du trop vite jugé fou sur la Palestine et sur l'Afghanistan.

Elle est simple et évidente parce qu'elle est concrète. Et elle n'est pas concrète, parce qu'elle est entièrement vraie, mais parce qu'elle interprète immédiatement et totalement un ressenti que l'on a trop longtemps laissé germer.

La vérité n'est jamais le problème. Il y a un point de vue et une façon de le traiter qui devient une réalité, la totalité de cette réalité.

Je ne cherche pas à être froid. Je vomis aussi. Mais comprendre est une distance. Le monde n'a en lui aucune histoire individuelle.

 

3.20.2012

Nouvelle/12 les déplacés

Il marche au rythme de la musique et ne s'attarde sur rien.
Elle n'est pas là. La matinée est avancée, elle pense ailleurs, elle se concentre à ne rien entrevoir.
Ses yeux se figent sur le rectangle fin de lumière qui translate sur le sol, le long du couloir, suivant le rythme du train. La barre glisse, le train vire, elle s'approche, s'allonge, puis revient. Et les immeubles de la banlieue proche l'absorbe avant que les passagers en sortie ne lui marche dessus. Elle revient par intermittence.
Il ne regarde ni le sol, ni les murs, ni les gens, ni le haut des immeubles, ni le ciel. Il sent se tendre le haut de ses cuisses, il n'accélère pas, ne ralentit pas, il estime trente minutes à trois kilomètres, un peu plus. Les objectifs n'ont aucun intérêt, la chaleur qui le trempe sous son manteau, il n'a même plus l'impression de respirer, tout est normal et fonctionne sans lui, autour de lui, en lui, hors de lui.
Elle rate son arrêt, la ville la prend, les tunnels d'une gare à l'autre, les façades, les disparitions et l'étirement de cette bande de lumière qui ne touche jamais son pied, ce soleil qui la tente et tend à elle, cet achèvement d'une si longue route où il y avait tant de vide pour ne parvenir qu'à rater ce pied-là.
L'espace entier, celui qu'on ne peut que penser et où tout adviendra un jour, cette attente et toute cette poussière qui se crève à s'unir, il remplit jour et nuit les distances, s'en foutant de l'entoure et des autres qui ne servent qu'à s'ennuyer, il marche pour combler les distances, combler l'univers. Lorsqu'il s'arrête c'est pour regarder les autres marcher, il compte les pas, marque les temps, il n'y a d'autre raison à vivre que de se déplacer et revenir.
Le temps passe, elle n'est pas sortie, la ville est finie, mais elle n'est jamais finie, toujours les ressorts du béton et les câbles en haut pour garder contact, elle entend le déplacement de lumière qui se réduit, malgré l'angle qui est juste. Elle n'a pas relevé la tête, elle n'a rien quitté, rien lâché, il n'y a d'autre raison à vivre que de rester immobile et laisser venir.

3.19.2012

la grammaire est sexy/4 la création du temps comme outil politique


















Ainsi donc le présent n'est nulle part, sphère instable et insaisissable, éternité de notre condition, fondement de nos terreurs et des moyens que l'on se donne pour tenter de les résoudre.
Le présent nous a ouvert le temps et nous y avons plongé.

Ce présent si vide nous a abreuvé le vertige et la perspective et nous l'avons empli de temps et ce temps nous l'avons étiré et segmenté.
Parce que, avant Bergson, avant Einstein et encore aujourd'hui, après eux nous l'avons défini en espace et continuons à en nier les intervalles, parce que nous sécantons nos existences et parce que nous sommes toujours persuadés qu'il existe un futur et un passé.


Ces notions qui nous projettent ou nous ramènent, que nous utilisons quotidiennement, que nous manions d'ailleurs plus que le présent lui-même ne représente en elles-même strictement rien.


Ce n'est pas que le passé n'existe plus, c'est qu'il n'est pas. Il n'est pas une disparition, ni une absence, il est un écho tout au plus et ce que l'on peut en dire, ce que nous en disons, n'est qu'une infime partie de ce qui a été. De ce qui est. Une impression, toujours vague, toujours floue, imprécise, interprétée, relue, revue, re-présentée au moyen de mot qui eux-même, en eux-même ne signifient rien.

Même dieu ou les dieux ne peuvent pas changer ce qui a été.


Le futur est une absurdité. Il est à la fois l'infime probabilité de sa réalisation et la totalité de ce qui peut être. il n'est même pas un possible, parce que celui sera en étant, sa preuve est son existence. On ne peut rien dire de ce qui vient.


En français le seul temps ayant une éventuelle consistance est le conditionnel. Cette création merveilleuse qui chevauche et le passé et le futur par sa construction et son usage au présent.
Les autres temps ne servent qu'un usage immédiatement politique qui se résout à relire l'histoire et imposer en ordonnant les volontés à venir.



Le temps a été créé uniquement pour assurer la stabilité sociale quel que soit le système politique appliqué.

En peinture, la seul manière parfaitement réaliste de figurer ce qui est, ce qui a été et sera est l'abstraction.









































3.13.2012

la grammaire est sexy/3 Le référentiel absent

Le présent est la matrice du temps et son absence.

L'idée de temps, qu'elle soit instant fixe, succession de points ou durée, mélange d'instantanés photographiques et d'étirements ne peut exister qu'au moyen d'un "par-rapport-à".

Le temps est une comparaison entre un point A et un point B (et C, D, ...). Il est ainsi, toujours, comme une corde plus ou moins tendue entre un référentiel et sa ou ses destination(s).
Il n'y a de passé que parce que je peux le penser maintenant, quelque soit le temps utilisé, complexe ou non il doit s'inscrire dans un rapport.
En jonglant dans la concordance des temps, un plus-que-parfait justifiant un passé composé par exemple, ce passé composé est un autre référentiel (R2) mais qui ne peut être que parce que je suis là, maintenant, à vouloir le dire ou le raconter,
mais ce passé composé est aussi un autre présent dans un certain sens, un moment où j'étais un "je suis".

Si l'on observe la construction, la fabrication des temps en français, on constate que dans leur extraordinaire majorité, la difficulté qui réside à définir le radical, se résout à travers l'infinitif du verbe et des divers formes de son présent.
Je me fiche complétement de l'écrit dans cette série d'article, je parle du prononcé, je parle de son
et dans cette optique, la conjugaison française n'est plus cette illusion d'un océan d'exceptions, mais bien un rigueur froide et méthodique à se calquer sur l'unique référentiel qui nous définit au monde et au temps, c'est-à-dire le présent.

Mais si on observe ce référentiel, notre unique point d'attache à la réalité, à son explication éventuelle, à sa mémoire et sa projection, l'on constate en fait qu'il n'existe pas.

Le présent n'est pas un point, il est un éternel intervalle, une oscillation à l'amplitude variable, les résidus fuyant d'une pierre jetée dans l'eau.
Il est toujours un peu avant et après lui-même et si c'est lui qui tient tout, il est intenable.

Ainsi, parler revient à bâtir une maison en suspension dans l'air ou s'asseoir sur une chaise liquide.



 

3.12.2012

Nouvelle/11 La tension monte

Ils étaient entassés, empilés, presque ivres, déjà bien mis le long de la balustrade, encore en maillot, certains en short, semi-hilares et de plus en plus gras. Ils ne perdaient rien de ce qui se passait sur le terrain.
Ils aimaient unilatéralement.
En-bas, sur les gradins, des femmes, la quarantaine, la cinquantaine, simili-classieuses, apprêtées sans forcer, suivaient les cuisses et les mollets, ricanantes, enchaînant les verres de vins blancs, guindantes passablement derrière leurs lunettes de soleil, tant qu'il y avait encore une raison.
Le match venait de reprendre.
Les supporters de l'équipe adverse, légèrement exilé, au bord du terrain, peu nombreux, invectivaient l'arbitre. Pas de chant de leur côté. Des cris lourds entre deux gorgées. Les filles se taisaient, se retournant, tantôt souriantes, tantôt hochant la tête en direction de la balustrade, énervées de façade, matantes.
Des poussettes s'éloignaient juste après que le soleil a passé les arbres.
Les serveuses descendraient plus tard, gauches, une caisse de bières vide à la main, récupérer les bouteilles qui traînaient et que personne ne rapporterait.
La tension montait.
Dans les gradins rien ne filtrait, rien ne se vivait d'autre que les poses méthodiquement appliquées et les regards sur les corps tout en discutant de profile. Plus haut, les chants redoublaient. Toujours plus gras.
Tout était parfaitement normal dans ce dimanche après-midi de l'upper-class de banlieue. Et le printemps venait.

3.11.2012

la bilariose pour les enfants/10

Chapitre 10


Depuis qu'on se voit plus avec Greta, ça va pas mieux. Je suis pas sortie de la barre depuis trois jours. J'ai commencé par réparer le store qui grippait en haut mais j'aurais pas dû. Y a un bout qui est tombé et l'autre qu'a pas voulu suivre. Quand y a soleil, ça dégrade toute la pièce en strie. Tant pis. J'ai la dalle.
 J'ai méchamment la dalle. Mais ça implique beaucoup. Et j'arrive pas à penser le ventre vide, sauf que pour le remplir faut que je sorte acheter de quoi et ça implique beaucoup de diverses actions pour lesquelles, faut que je pense un peu. Mais j'arrive pas à penser le ventre vide. Je me lève quand même du canapé-lit, je m'étire un peu, mais pas trop, je suis pas encore sûr de vouloir me réveiller. Je suis sûr de rien, à part que j'aimerai fermer le store, parce que ça m'énerve de savoir qu'y fait jour et que j'ai rien envie de foutre. 
Bordel, j'ai faim. Je suis passé trois fois devant le frigo, mais au bout de trois jours faut pas trop se leurrer. J'y repasse quand même encore une fois, mais je savais que j'allais le faire, avec le frigo, on espère toujours qu'on découvrira quelque chose qu'on aurait fait exprès de pas voir avant, une gentillesse à soi-même. On a beau savoir que c'est des foutaises, on y va quand même, faut être con ou avoir pas envie de sortie. J'ouvre la fenêtre. C'est bien ce que je disais. Le rebord est vide. Ici, dans ces deux-pièces modernes qu'on se demande où est la deuxième pièce, peut-être le chiotte, ou le hall d'entrée de l'immeuble, ou la cave ou va savoir, enfin, dans mon chez-moi, on constate l'étendue de l'attention portée à la population, certes la plus nombreuse mais néanmoins la plus pauvre de notre société quant à son confort. Je vais pas me plaindre, parce qu'y a pire, mais je pensais que cuisine équipée qui disait au social comportait frigo dedans.
 Mais non. 
Tant pis, hein. 
Si jamais, cuisine équipée dans l'occurrence, c'est deux plaques à gaz de ville dans la cuisine-salon-salle à manger-chambre (va savoir où est cette putain de deuxième pièce ?). Le détail qu'on avait oublié de nous le dire, c'est que le gaz de ville avait un petit problème du à des fuites ici et là, sans qu'ils sachent trop où c'était ici et là, ce qui fait que d'un commun accord entre tous les locataires, on utilise pas trop le gaz de ville.

3.09.2012

nouvelle/10 je ne veux pas perdre

La quiétude. Dans le terme.
Un mot. Et pour lui le changement permanent fût l'arrêt-même du temps. Ou son étirement.
Transformer dans son heure les mouvements, les multiplié, déplacer l'espace, pour ne rien y faire ou y faire la même chose.
Le temps n'était plus qu'une question d'espace à mouvoir. Il évitait les lieux connus, trop sus, il ne revenait pas ou rarement, il mutait les rues, ce créait de nouveau isoloir où s'asseoir, regarder, boire, debout, observant.
Il trafiquait ses transports, tantôt à pied, tantôt en métro, en bus. Il décalait les rues, en parallèle, puis en perpendiculaire,
il créait consciencieusement des souvenirs trop nombreux, il étendait sa vie dans un identique nombre d'heures. Il rencontrait par intermittence, il s'arrêtait plus ou moins longuement, il définissait la perspective d'une relation, non pour qu'elle dure, mais pour qu'elle existe et disparaisse.
Il concevait l'autre comme un point ou une durée,
un intervalle.
Il se foutait méthodiquement des conséquences. Il les prenait uniquement pour des résidus de vie.
Il se forgeait. Et chaque coup sur sa route était une déviance et chaque détour était un nouveau plein dans sa zone.
L'entoure était un ustencile pour allonger sa vie.
Cette illusion était consciente et voulue. Il connaissait le secret et sa révélation. Il était le maître.

3.08.2012

la grammaire est sexy/2 La naissance du temps

Si elle ne servait qu'à décrire une langue n'en serait pas une et un geste, des gestes, des cris ou succession de cris, des panneaux indicateurs suffiraient amplement.
On a l'air assez idiot avec l'image d'une pomme par exemple, sans savoir quoi en faire.
Un mot en lui-même, isolé, comme perdu, ne signifie strictement rien. Et même hors de la phrase, il reste bien nu, sans au minimum deux locuteurs pour se le partager, deux locuteurs ayant en commun une référence relativement similaire (que cette pomme ne soit pas une poire).

A l'extrême-naissance d'une langue, il y a cette nécessité devenue vitale, cette urgence d'organiser des choses éparses, de faire interagir l'image que l'on se fait de quelque chose avec cette chose elle-même et de transmettre cette impression, tant bien que mal à un autre potentiellement intéressé.

La langue en quelque sorte se trouve alors être la marque d'une frustration du dire, le besoin d'évacuer de notre tête quelque chose qui y prend trop de place, un tue-solitude en somme.

On pourrait aussi l'imaginer, non comme la naissance de l'action, mais le besoin d'échanger cette idée de l'action. Un incapacité à agir seul, la mise en commun d'un projet.

Une société peut très bien vivre et survivre avec un langage limité. La langue elle, devient alors une portée et au-delà de la portée un rappel, une transmission, non du savoir, mais de l'erreur.

Oui, des actions simples peuvent toujours se traduire au moyen de ces mêmes cris et gestuelles, comme des fonctions attributives (la pomme est bonne) ou possessives (j'ai une pomme, c'est ma pomme) s'en suffisent aisément.

Mais ce n'est que lorsque l'action quitte l'immédiate nécessité, sa présence plus ou moins proche, que son dire nécessite une complexité nouvelle.

Se projeter. Préparer. Rappeler.


Le temps avant la langue n'existait pas. Il est pure invention des sociétés hominidées qui l'ont créé pour sortir de l'éternité, pour se faire au monde, se construire et tuer la mort.

3.05.2012

La grammaire est sexy/ 1 La grammaire est un point de vue

Tout ce qui suivra dans cet article et dans les suivants sur le même sujet ne constituera qu'un point de vue, images particulières de la construction d'un monde, images en fait de l'image voulue, point de vue d'un point de vue sur la réalité et l'abstraction de cette réalité.

La grammaire est une totalité intriguante, une méta-image relativement figée (quant au décalage ou transformation de sa norme) d'un mouvement permanent, innomable, succession d'étant, d'ayant été, de potentiels "serant", incernables, proprement incompréhensibles.

Dans un certain sens la grammaire est un signe, les outils grammaticaux, des formes de signes élémentaires et qui malgré les variantes d'un même élément reste et résonne comme une réduction du signifié, comme une castration volontaire des sens possibles. Mais cette réduction est en parallèle une multiplication, dans un seul signifiant, de signifiés.

Mais à nos yeux, la grammaire est avant tout un référent.

La question du lexique dans ces articles ne nous intéressera pas. Les termes rendent une image de ce qui est. Mais la grammaire ordonne ce qui est selon un point de vue particulier. Chaque langue est une vision et le commentaire de cette vision.

Et c'est cette grammaire qui nous conditionne notre pensée du monde, comme elle conditionne notre manière de l'aborder et d'y intéragir.

Il ne peut y avoir de changement de société quelconque sans changement dans la langue. Et hors du simple lexique qui enrichit ou appauvrit la connaissance, c'est la grammaire comme forme première d'organisation qui doit être ou pas transformée.


Nous commencerons notre analyse des outils grammaticaux selon un plan pédagogique. Si l'on ne prend pas en considération le lexique, la maison-mère de l'acquisition d'une autre langue, c'est le voyage dans le temps. La faculté de raconter, de projeter et d'agir.

Et pour commencer logiquement, nous parlerons du présent.


Oui la grammaire est sexy.

3.03.2012

Féminisme/ Sur la question de "Mademoiselle"

Il pourrait paraître inepte aujourd'hui de concentrer ces efforts sur l'effacement d'un terme, en l'occurence "mademoiselle" ou de le laisser simplement à libre choix, comme si la lutte pour l'égalité des sexes n'avait à se préoccuper uniquement des questions des égalités salariales, du droit à l'avortement ou des problèmes liés à la violence physique et psychologique.
On argue facilement du côté ridicule de cette demi ou quart victoire comme sussucre alors qu'en France par exemple, au sujet des inégalités salariales et malgré pas moins de 6 lois successives entre 72 et 2008, le gouvernement, en douce des vacances estivales lâcha du lest aux entreprises fautives en leur donnant 6 mois pour s'arranger un accord collectif avec, si mesdames râlent, toujours la possibilité de se raccrocher derrière des difficultés économiques pour n'avoir ni à arranger la parité, ni à s'acquitter des amendes prévues.

Et c'est probablement en fonction de cette sévère enculade que la disparition du "mademoiselle" ou son libre choix a pu, sans autre et si rapidement, trouver tant d'avals et passer comme une fleur.

J'ai publié deux-trois textes sur ce blog et d'autre concernant entre autre le sexe des mots.

Je vais donc y revenir.

Ma préoccupation première, mon intérêt comme mon jeu réside et tourne autour de la langue et du langage, des origines à l'usage, des normes et des mouvements ou plutôt du mouvement de la norme.
Ce n'est pas rien de dire ni de parler.
Notre lexique, quelque soit notre langue nous sert à nommer, c'est-à-dire à faire exister le monde, à lui donner en quelque sorte, un corps abstrait.
Et notre grammaire est toujours une philosophie. Elle nous permet d'ordonner ce monde selon une vision. Des langues il y en a encore plus de 6000 parlées actuellement à travers le monde. Ni plus belles, ni plus logiques, ni plus fonctionnelles que les autres. Les langues n'ont pas de strates entre elles dans leur rapport au monde.
C'est une question de survie, d'harmonie et d'économie.

L'autre s'entrevoit, s'accepte, se comprend, se partage par la langue et hors du simple lexique, par la grammaire qu'elle porte.
C'est la langue elle-même qui nous fonde au monde, qui nous le détermine, qui nous détermine, qui est notre axe 1 de pensée, qui entrave ou complique tout autre axe, qui est la totalité et la limite de ce que l'on peut penser de nous, des autres et du monde.

Je reviendrai souvent et plus longuement sur la grammaire française.
Mais en la simplifiant au maximum, elle n'est pas cette horreur d'exception permanente que suppute ceux qui tentent de l'apprendre. Elle est au contraire effroyablement binaire.
Elle est aristotelicienne, platonicienne, voire même plotinienne et chrétienne.

Le français partage le monde en deux sur plusieurs points. Mais celui qui nous intéresse là, c'est la différenciation masculin-féminin. Nous n'avons pas d'alternative, comme le neutre par exemple. Ou l'absence de genre.

Duras recommandait aux femmes, il y a de cela un petit bail de se trouver leur propre langage, leur propre langue, plutôt que d'utiliser celui ou celle des hommes pour tenter d'être.
Dans un texte que j'ai écrit il y a quelque temps déjà, je proposais par exemple de remplacer le mot "homme" pour "humain" par "hoamme" ("woam"). Une simple contraction qui est déjà la totalité des représentants.

La question de "mademoiselle" est intéressante et nécessaire parce qu'elle pose le combat dans la source, dans le fondement de notre être-au-monde. Dans sa définition. Dans la langue.

Je ne trouve donc pas cette velléité ridicule. Je la trouve juste timide. Trop tendre. Juste un peu fade ou faible par excès de politesse ou de déférence vis-à-vis du "sexe fort".

La question n'est pas une guerre. Elle est une création.
Je viens d'un pays où l'on parle trois langues. Et si la France s'en donnait deux?







2.22.2012

la bilariose pour les enfants/9

Chapitre 9


Des fois, j'aimerais bien être un homme pour lui mettre la réponse sur la gueule à Greta. Moi j'étais tranquillement en train de regarder les moineaux . Alors j'ai pas remarqué quand elle est s'est levée. Quand je sors des moineaux, je la vois assise deux marches sous moi à faire de l'humour avec Johnny. Elle me fait le clin d'oeil « raboule-toi » qui  a toujours manqué de discrétion, vu qu'elle le fait avec les bras, les mains, le menton, en disant « raboule-toi » et le clin d'oeil pour faire complice. Moi, je me tâte, forcément. Johnny lui aussi se retourne en souriant. L'a pas l'air d'être trop choqué par l'affaire, alors je me dis que ça peut pas être plus foireux que la normale et je me lève tout dans ma contenance, c'est-à-dire en me grattant la tête, en oubliant les bières, en remontant les chercher, en en décapsulant une, façon Faye Dunaway, en ratant la première gorgée et la deuxième marche, puis en remontant dans un rire un peu crispé pour finir par m'asseoir à côté de Greta et d'un chien. Ca peut commencer pire, mais j'aimerai pas tant être à la place de la personne qui commence pire. Faut que vous sachiez, bien que vous vous en doutassiez que j'ai jamais causé avec Johnny dans l'auparavant et je sens qu'il y pas des masse de garantie que ça se refasse dans l'après. M'enfin. Faut savourer l'instant présent, chose que je manque pas de faire puisque je rote de joie les deux bières précédentes. Dans certaines cultures c'est bien vu pour signifier combien on apprécie la qualité du repas. C'est ce que je fais remarquer d'ailleurs et Johnny dit qu'il savait ça. Alors je compte, un point pour moi. Je sais pas si le fait de se taire et de ricaner de temps en temps fait des points parce que c'est ce que j'ai fais pendant une heure. Après ça vaut plus, puisque Johnny est parti. Avec Greta. Elle m'avait pas dit qu'elle avait déménagé près de la gare, mais même entre meilleurs amie, on a des jardins secrets. Moi j'ai dit que j'avais quelque chose à faire enfin quelqu'un à voir, enfin un truc que j'avais oublié de faire et que je devais voir quelqu'un pour qu'il me file un truc pour faire le machin.
Quand ils sont partis, j'ai compté jusque à dix et j'ai rien fait que regarder quelque chose droit devant moi. Au bout d'une demi-heure de sinistrose, je suis allé dans un bar. Au fond.

2.11.2012

Sur les peintres/3 Pascal Duquenne ou l'absurde digéré

Pascal Duquenne en s'étirant sur plusieurs zones de la création ne se disperse pas, mais s'affine et se précise. Il est comme un cadre qui se déporte, une pensée qui pour mettre à plat sa densité, multiplie les gros plan et ce, on pourrait dire, pour établir une conscience détaillée.

On pourrait de ses nuits ou de ses jours vaporeux, diffus déduire une mise en espace absente, au mieux brumeuse, un non-monde où ses figures, personnages, corps évolueraient sans contexte et sans situation.
Je pense que c'est tout le contraire.
Chez Richard Moszkowicz l'espace est une masse asphyxiante, un paysage qui chute en nous. Mais chez Pascal Duquenne le vide apparent est aussi prégnant que les scénographies chez Beckett et ses nuits sont aussi terrorisantes qu'elles l'étaient lorsque l'électricité n'existaient pas encore, où les villes n'étaient pas engorgées de néons, où les ténèbres et les peurs naturelles qu'ils engendraient, étaient le lot quotidien de l'humanité.
Et ses lumières pâles, crémeuses et blafardes sont l'image exactement symétrique de la vraie nuit, la blancheur angoissante des chambres d'hôpital ou des toilettes publiques, néonniennes et carrelées.
L'espace manifesté dans son absence formel est un choix significatif. Le noir et le blanc flou existe réellement. Il suffit parfois, simplement, d'éteindre la lumière ou de l'allumer.
Et le traitement en gros plan choisit par Duquenne oblige à l'isolement et ce noir et ce blanc se décale alors vers le vide, non pas vers le rien qui suppose toujours quelque chose, ni vers le néant qui est toujours une distance, mais bien vers ce vide tellement dense et présent où l'être n'a d'autre choix que d'être.
Parce que les figures de Duquenne ne sont pas (toutes) marquées par la terreur ou l'angoisse. Elles sont diverses bien entendu, mais elles sont mises en scènes, consciemment et l'on a parfois l'impression d'êtres inconscients de leur(s) milieu(x) ou de leur(s) condition(s), de personnages curieux, prêts peut-être, désireux, oui, du monde, de ce qui pourrait advenir, confiants presque ou appliqués simplement à faire ce qu'ils ont à faire.
Et en eux, tout ce qui peut s'approprier le monde, yeux, bouche, sexe est représenté par des trous noirs, enlacés dans le corps comme un écrin et une plongée. Ses figures semblent être absorbées par le monde comme à leur insu, on pourrait dire naïvement, alors qu'en fait, elles le tranchent.
Il n'y a pas de justification, mais un état, une absurdité digérée et dans ces regards une résignation victorieuse.
Oui, ce sont des trous noirs, les mêmes que ceux qui interrogent la physique, qui amoureux transits de la matière et de la lumière l'avalent sans effort et dans la joie.
Et si les corps qui portent ces yeux, ces bouches, ces sexes ne sont pas lisses mais vibrant, c'est parce qu'ils ne peuvent être achevés, mais toujours en train d'être, en construction, en mouvement.
Les toiles de Duquenne nient le rien, le néant, la perte, l'absence. Elles ne jugent rien, ne condamnent ni n'approuvent rien.
Et elles ne disent rien.
Elles montrent.
Un état qui advient toujours dans un espace qui n'a pas de sens.
Toutes ces figures sont vivantes et elles ne demandent pas autre chose.


Sur les peintres/2 Richard Moszkowicz ou les mots apaisés sur la masse-monde

Je ne ferai pas ici l'historique du CRéAHM, vous trouverez au bas de cet article un lien menant à leur site et bien que vous fassiez ce que vous voulez, je vous enjoins vivement à aller le visiter.
Je parlerai peut-être dans un autre texte de cette incompréhension qui me tient quant aux qualificatifs "brut" ou "différencié" dont est caractérisé le travail de maints artistes, tant les choix, les trajectoires, les traces ou les signes stylistiques suivis par eux sont multiples, disparates, longeant, traversant, décalant ou aveuglant les mouvements artistiques qui ont marqué le XXe siècle.
Et je ne ferai dans mes critiques aucune différence d'appréciation ou de niveau entre les travaux de Richard Moszkowicz ou de Pascal Duquenne  et ceux de Twombly ou de Tuymans. Il n'est pas innocent non plus de faire remarquer que Wölfli est entré au Kunstmuseum de Berne. La question n'étant pas de savoir si cela lui est profitable ou non, mais bien d'en finir avec une frontière qui n'existe pas.

Cela précisé, attaquons.

Je tâcherai de chroniquer le plus d'artistes que je pourrai, mais je n'ai pas choisi le travail de Richard Moszkowicz par hasard, surtout après avoir parlé de Twombly dans un article précédent.
Et il est ici une puissante question de la ligne et de l'enjeu des masses, comme si le texte inscrit au fusain ou au pastel ne cherchait point dans les mots à peine lisibles, la consolation d'une signification mais l'apaisement d'une parole, dite ou entendue, émise ou reçue, transmise et par-dessus tout possible à travers ou plus précisément le long et au-dessus du poids du paysage.
C'est l'extérieur, tout l'autour-monde qui ici est une violence à la vie, une peine-à-la-vie, un pèse-nerf que Moszkowicz applique en premier, en longues et lentes traînée verticale, en chute ou en ascension pénible et ardue, presque boueuse, dans le sens où les pas qui s'y portent sont comme des efforts pour s'en dégager.
C'est le tertre qui nous entrave et nous enfonce, alors que les mots y sont déposés dans une horizontalité adoucie, presque timide, parfois trébuchante, bancale mais toujours surnageant la masse-monde.
Et ce monde est un ensemble de faits, une continuité de faits et ces faits chutent en nous et autour de nous et face à ce vertige, il n'est pas insensé de penser qu'ils chutent pour nous ou à cause de nous.
Ce n'est pas la pensée qui s'efface dans ces lignes à peine lisibles et je ne crois pas non plus que ce soit un appel au sens, une velléité de donner corps, de faire forme à l'absurdité, mais bien de signaler simplement un possible, une étendue où le mot, sans être forcément à même d'expliquer ce qui a lieu ou de le justifier, nous permet, parce qu'il entoure le monde, l'illusion cruciale de pouvoir l'aborder, l'interroger, le jouer, le défaire en quelque sorte et même, d'une certaine manière de le maîtriser.


http://www.creahm-bruxelles.be/ 





2.08.2012

La pensée est une erreur

Nous sommes viscéralement conditionné par les choix que nous faisons ou qui sont pris pour nous.
Mais aucun de ces choix n'en est un. Il nous ai impossible d'agir parce que nous sommes incapables de penser l'action. Pourtant nous agissons en permanence.
Comme je l'ai dit précédemment la liberté est une question, c'est-à-dire que sa manifestation ne peut être une action, mais au contraire un arrêt de l'action.
Une suspension.
Nous ne faisons jamais ce que nous devons faire, comme, par exemple une pierre, l'eau ou un ver, mais ce que nous pensons devoir faire. Or l'entière pensée d'une action ne peut être que la parfaite correspondance d'une entière compréhension d'une situation, d'un état de choses ou d'un faisceau de situations, la connaissance totale d'un état ou ensemble d'états, présupposant la connaissance totale des éléments constitutifs de cet état.
Notre impuissance à agir est théoriquement totale et nous agissons tout le temps et ce, même quand nous n'agissons pas.
L'ensemble de nos actions faîtes, en train de se faire ou à faire ne sont et ne seront jamais un facteur d'évolution, mais bien une dégradation constante de ce que nous sommes au monde.

Ce n'est pas l'homme qui est une erreur. C'est la pensée.

La liberté/ Avoir le choix

En disant que la liberté c'était le choix et l'assumer, j'ai omis de préciser ce que signifiait pour moi cette idée de choix.
Et si ce n'était pas que son illusion ou simplement une question de hasard.
Un fait est ou n'est pas, il n'a pas d'alternative. Et un choix est un acte, il porte une portée, il détermine une conséquence. Il est déjà une suite.

Mais nous sommes toujours restreints. Les circonstances qui précèdent et conditionnent tout choix sont des données impossibles à saisir dans leur totalité et dont il faut se contenter.
Le choix part donc d'un à peine-connu pour se diriger vers un inconnu dont nous ne pouvons que présupposer et espérer en quelque sorte les contours et il est déterminé par un désir ou une volonté dont on doit se convaincre de l'existence sans pouvoir réellement la préciser. On ne sait que si peu de notre forme, on ne descend que si bas en nous. On ne tend que vers une idée d'une idée qu'on a de nous-même.
Tout choix revient alors à un jet de dés.
quelle que soit la précision que l'on peut avoir d'une situation A et l'image que l'on peut se faire d'une situation B à atteindre.
Tout choix est alors inconséquent parce que sa résultante sera dans tous les cas aléatoire.
Si je suis un monde, alors la connaissance de moi-même ne dépasse pas le palier de ma porte et ma connaissance de l'ensemble d'états de choses qui représente ma situation ou une situation particulière est si infime et
 l'impossibilité que signifie le futur (le futur ne sera possible que lorsqu'il sera réalisé)
confèrent à la multiplication des choix éventuels un goût hasardeux.
Et les choix se multipliant, j'augmente la preuve de mon ignorance.
A partir de là, le seul choix qui correspondrait, tant bien que mal, à ma représentation de la liberté, serait le choix unique ou l'absence de choix.

Mais au-delà de ce problème, l'ignorance manifestée dans cette multiplication des possibles de décision est une conscience des enjeux réels de la matrice-monde qui ne peut être aristotélicien, ni manichéen, ni binaire.

Et dans ce sens, la manifestation de la liberté, ne réside point dans l'acte de faire des choix, mais bien dans celui de ne pas en faire.
La liberté n'est pas une connaissance, elle est un doute. La liberté n'est pas une réponse, elle est une question.