11.06.2017

L'affaire Weinstein et l'Iphone x (plus quelques mains congolaises coupées) / Début sur l'obscène








L’obscène. Mon ami le Goulven me demande d’y penser. Il parle de l’ob-scène. Ce qui est hors de la scène, derrière la scène, sous la scène. Commençons.


L’obscène de ton beef burger, ce sont les sols secs de Californie
L’obscène de ta douche dans un 4 étoile de LA, ce sont les creeks à sec de Californie
L’obscène de ton dernier Samsung Galaxie, ce sont les 12h sans pause des gamins dans les mines de cobalt.
L’obscène de ton Iphone, ce sont les dortoires des ouvriers des usines chinoises
L’obscène de ton bain chaud, ce sont les déchets d’uranium stockés où déjà?
L’obscène de ta chemise Zara, ce sont les ateliers qui s’effondrent sur les ouvriers au Bangladesh
L’obscène de ton vote Michel, ce sont les les milliards des Panama Paper
L’obscène de ton vote Michel, ce sont les rafles à la gare du nord.
L’obscène de ton vote Macron, c’est la fin de tes droits de travailleurs
L’obscène de ta jupiler, ce sont les 0% d’impôt payé par AB Inbev
L’obscène de ta mère, c’est ta naissance comme participant du monde
L’obscène de ton voyage à Beijing, ce sont les chiens découpés vivants
L’obscène de ton vol sur Turkish airlines, ce sont les expulsions de Soudanais
L’obscène de ton vol Ryan air, ce sont les 800€ par mois des stewards et stewardess payé à la fermeture des portes de ton avion
L’obscène de ton pull en cachemir, c’est le cri de l’animal dépecé vivant
L’obscène du livre que tu lis, ce sont les x% payé à l’écrivain
L’obscène de ton boudin chez Lidl, c’est le salaire de l’employé(e) qui te sourit
L’obscène de ton verre de lait, c’est le suicide du producteur qui reçoit x sur le prix que tu paies
L’obscène de ton sirop pour la toux, c’est l’ouvrier grippé qui fait ton mélange sur la chaîne de montage
L’obscène de ton filet de perche, ce sont les 12 heures de travail du pécheur levé à 3h du matin.
L’obscène de ton plan cul, ce sont les 54 likes de ta semaine sur Tinder
L’obscène de ton rail de coke, ce sont les mules crevée ou en tôle

L’obscène de ton 16e arrondissement, ce sont 40 ans d’exclusion en Seine-St-Denis
L’obscène de ta banlieue, c’est le manteau sur le chien des putes de la télé réalité
L’obscène de ta voiture, c’est l’air que tu respires
L’obscène de demain, c’est hier
L’obscène de ton jogging, c’est l’air que tu respires
L’obscène de ton confort, c’est ton contrat de travail
L’obscène de ton désir, c’est ton ennui
L’obscène de la sirène de flic, c’est ton impossibilité à vivre avec les autres
L’obscène de ta colère, c’est ton impossibilité à vivre avec les autres
L’obscène de ton aigreur, c’est ta peur
L’obscène de ta Leffe, c’est qu’elle appartient à AB Inbev
L’obscène de ton poulet, ton boeuf, ton veau à si peu d’euro le kilo, c’est Auschwitz
L’obscène de ton électricité française, c’est le soldat crevé en Centre-Afrique qui pensait se battre contre le terrorisme
L’obscène de ton premier rendez-vous, c’est la sueur de tes aisselles
L’obscène de l’agriculture, c’est l’enclos
L’obscène de ta ville, c’est la sédentarisation
L’obscène de ton présent, c’est l’histoire
L’obscène de ton café, ton riz, ton thé, ... ce sont les 1€6 par jour de celui qui cultive ta terre
L’obscène de ta fatigue, c’est le contrat que tu as signé
L’obscène de ta séparation, c’est la vie que tu ne voulais pas abandonné
L’obscène de ta séparation, c’est le langage que tu n’as pas appris
L’obscène du rien, c’est le désespoir de l’offre
L’obscène de la demande, c’est ton besoin
L’obscène de Marc Lévy, c’est ta niaiserie
L’obscène de l’Europe, ce n’est plus la deuxième guerre mondiale
L’obscène de l’âge de ta retraite, c’est le réfugié dont tu acceptes l’expulsion
L’obscène de midi, c’est le soleil qui a bien voulu se lever
L’obscène de ton haleine, c’est ce que tu as mangé les dernières années
L’obscène du sexe, c’est aussi ton manque
L’obscène du poisson que tu manges, c’est lui nageant
L’obscène du sourire que tu offres alors que tu ne veux pas sourire, c’est le code qui te demande de le faire
....








La liste à continuer. A détailler. La liste à en faire une image de ce qui n’est pas immédiatement ce qui est.
Comment faire?
Cataloguer. Et pour chaque objet jusqu’à chaque geste, la chaîne qui le fait être et, dans la longueur de la chaîne, la disparition de sa naissance.
Ou. A se demander, non ce qui obscène. Ce ne serait qu’un long travelling de trois heures, trois jours, montrant. Tout.
En réfléchissant à la question de l’obscène, je me suis demandé à chaque objet vu (un Iphone, une veste Zara,...), chaque bâtiment vu (le cinquantenaire, les bureaux d’Umicore, le chantier du nouveau BNP, ta maison,...) chaque geste vu (une main dans les cheveux, des pieds qui traînent, la vapeur d’une cigarette électronique,...) quel était son obscène.
Quel était l’obscène de nos banalités.
Et sans préavis d’une obscène nécessairement négatif, immanquablement sale.
L’obscène, c’est le vertige.
Synchronique d’un système de production-consommation quasi immédiat et, en général, ignare de la mine de cobalt au téléchargement d’une app, ignare de la chaire rose du veau qui mijote après le cellophane au conditionnement des fermes-usines.
Diachronique de la poignée de main, de la main au cul, de la main coupée du caoutchouc qui se prélasse l’été sur l’herbe du cinquentenaire ou du recyclage de l’Union minière dans le recyclage, de la Stadt des KdF-Wagens au Dieselgate de VW.
L’obscène c’est le vertige de l’oubli conscient. Le vertige du confort, alors le vertige de la peur.
Le vertige de ne pouvoir rien être si la conséquence doit s’en chercher une cause.
L’obscène c’est le vertige de la scène sans conséquence.






















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