8.22.2011

Nouvelle/1 : C'est de bonne guerre

Il n'était pas obligé d'accepter. De là à parler de responsabilités. Qu'est-ce que j'y peux si on dit oui. Le reste c'est le reste.
On venait de commander. On venait de trinquer. Rien de grave. Ni là ni après.
Il l'avait remarqué, mais ça je l'ai su après. On était en costard. Le sien c'était un vrai. Moi je jouais. Pas trop mal, mais à comparer il s'en tirait nettement mieux. Mais lui en plus du veston et des chaussures, il portait sa condition. C'est lui qu'on a remarqué.
Pas de pluie, un temps lourd. 16h20. Les gens commencent à sortir, on pense lentement, l'attention est ailleurs, en veille. Ailleurs.
Une terrasse en parasol, une tige vers le métro, un escalier, une gueule débile, émaciée, sales dents, des cheveux courts, bouclant, une veste en jean sale, le pantalon en contreplongée, maghrébin mais ça aurait pu être n'importe quoi d'autre. Ma description au flic. Ce qu'il en reste quoi. Il me tend un papier, me demande sans rien prononcer, mâche. Un temps. Il se barre.
L'autre se lève.
"My laptop!"
Tout est vite. Splendidement vite. Je me lève.
Rien. Rien qui court. Rein qui change. Le flux. Le simple flux.

Vite et de bonne guerre.
On attend chez les flics. J'attends par principe. Il ne connais pas grand chose en français. J'attends surtout pour voir, les halls de la division centre. Des menottés, des menottées, des uniformes qui tchatchent, qui laissent aller, nous qui attendons, pause clope pour un, continuum de la tchatche vague, je regarde la goutte de coca imprimée sur la machine. Des flics passent. Service commencé, achevé, des salutations, j'écoute un type demander qu'on bloque son numéro sur le téléphone de sa thérapeute parce qu'il ne peut s'empêcher de l'appeler. Il parle bien.
On nous prend. Je traduis. On sort. On se quitte.On se voit demain. Suite des cours.
Ils étaient plus malin que nous. Plus rapide. C'est de bonne guerre.

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