9.09.2011

L'origine des langues/1- L'état et l'action

Nous n'entendrons probablement jamais le son de la ou des langues alpha. Et ce n'est certainement pas si grave que ça. L'intérêt de ce présent article consistera à tenter de dégager des pistes afin de retrouver la généalogie du "comment", d'essayer de se demander quelles furent les premières syntaxes et plus particulièrement de s'interroger sur ce qui a poussé les hominidés à se détacher progressivement du langage animale pour se doter d'une ou de pré-langue(s), puis de langues à proprement parler.
Qu'est-ce qui a nécessité le passage et comment s'est-il manifesté? Quels sont les outils grammaticaux qui se sont développés les premiers?
Nous ne possédons que des agrégats de connaissances variées et nous ne sommes versés dans aucune discipline particulière des sciences humaines. Nous essayons sur cette question de penser à nu. Peut-être que ce qui nous semblera être des découvertes seront des évidences pour certains chercheurs.
En simple, nous cherchons à nous amuser à penser.
Au-delà de la naissance de la et des langues elles-même, la question de la genèse de la pensée et de ses développements ultérieurs, de l'évolution de la taille de notre cerveau, de l'extension de la durée de l'enfance, entre autre, est sous-tendue à cette problématique.
Nous estimons que l'émergence d'une pensée complexe est proportionnelle à la complexité du médium de transmission du message.

Le paradoxe pour le linguiste, c'est qu'il n'est pas en possession des outils nécessaires à la quête de son Graal. Il ne pourra se passer de l'intervention de l'anthropologue, de l'ethnologue, de l'éthologue, du paléontologue et du biologiste.
Il n'y a pas eu de pensée, ni de langues qui soient issues d'une immaculée conception, rien n'a pu surgir entièrement fait d'un néant quelconque, ce sont les conséquences d'un effort constant déterminé par des nécessités. L'enjeu est de réfléchir sur les causes potentielles. La question de cette genèse n'est pas de chercher à comprendre le comment, mais le pourquoi. Les outils grammaticaux qui ont peu à peu émergé sont les conséquences de ce pourquoi.
Il s'agit à notre avis d'aborder cette question sous un angle fonctionnaliste. Nous pensons que le principat de l'humanité sauvage comme de l'animal en couple ou en groupe est l'action et que cette action découle de la conscience d'un état, état qui définit une situation qu'il s'agit de gérer.
Et cette action doit se porter dans deux directions opposées et complémentaires. A l'intérieur du groupe afin d'assurer sa cohésion et sa pérennité et à l'extérieur du groupe pour les données fondamentales de la survie (chasse, cueillette,...). Ces deux directions créent des intersections comme par exemple la défense ou l'extension du territoire ou encore la migration.
Toute société animale s'est trouvée confrontée à ces mêmes problématiques et la question est de savoir, non pas pourquoi le passage du langage à la langue ne s'est pas produit , mais bien qu'est-ce qui a poussé certains groupes de grands singes à complexifier ses systèmes de signes. Ces groupes ont dépassé le stade d'une structuration simple de leurs sociétés basée sur la séparation entre un dominant et les autres et une répartition établie des rôles et des fonctions.
Nous pensons que nous devons aller au plus simple pour comprendre cette genèse. Nous devons réfléchir à la portée du geste et à ses limites. Je peux montrer un arbre sans avoir besoin de sonoriser un signifiant "arbre". Je peux me montrer moi-même sans avoir besoin de sonoriser un pronom personnel. Je peux gestualiser, mimer certains prédicats simples.
Dans une question aussi basique que "Qui fait quoi" (toi attaque lui/moi aller là-sur cet arbre/...) le sujet ainsi que le complément peuvent se suffire d'une succession de gestes, probablement répétés. Pour le cas du verbe, nous pouvons imaginer pour certains la possibilité du geste ou d'un son ou des deux réunis. Mais c'est dans le moteur de l'action, le verbe que la structure se complexifie et nous pensons que la nécessité de l'action était la préoccupation fondamentale autant des sociétés animales que des sociétés pré-hominidés et hominidés. Mais nous pensons également que cette nécessité ne se portait que sur l'action présente, le besoin plus ou moins immédiat ainsi que sur l'expression d'un état qui nécessite en français par exemple ou en allemand ou en serbe ou... déjà l'élaboration d'une phrase simple mais qui peut se résumer comme nous l'avons dit, à un son ou un mélange son/geste et où la répétition de ce son ou de ce mélange pourrait avoir valoir d'intensité (d'une certaine manière une fonction adverbiale).

Nous définissons alors deux axes qui pourraient pré-déterminer la frontière que nous cherchons à entrevoir entre le langage et la langue.
D'un côté la nécessité fondamentale de l'action à l'intérieur comme à l'extérieur du groupe et d'un autre côté, comme initiatrice de l'action, l'expression d'un état.
Mais nous insistons sur un point fondamental. Cette double nécessité de la transmission d'un message se trouve enclose dans un cercle dont le centre est le sujet qu'il soit individualisé ou caractérise le groupe dans son ensemble et dont les deux extrémités de son diamètre, ses limites sont constituées de deux variables correspondant au passé récent et au futur proche mais qui représente en définitive cette zone trouble, floue, intangible que nous appelons le présent.

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