2.11.2012

Sur les peintres/2 Richard Moszkowicz ou les mots apaisés sur la masse-monde

Je ne ferai pas ici l'historique du CRéAHM, vous trouverez au bas de cet article un lien menant à leur site et bien que vous fassiez ce que vous voulez, je vous enjoins vivement à aller le visiter.
Je parlerai peut-être dans un autre texte de cette incompréhension qui me tient quant aux qualificatifs "brut" ou "différencié" dont est caractérisé le travail de maints artistes, tant les choix, les trajectoires, les traces ou les signes stylistiques suivis par eux sont multiples, disparates, longeant, traversant, décalant ou aveuglant les mouvements artistiques qui ont marqué le XXe siècle.
Et je ne ferai dans mes critiques aucune différence d'appréciation ou de niveau entre les travaux de Richard Moszkowicz ou de Pascal Duquenne  et ceux de Twombly ou de Tuymans. Il n'est pas innocent non plus de faire remarquer que Wölfli est entré au Kunstmuseum de Berne. La question n'étant pas de savoir si cela lui est profitable ou non, mais bien d'en finir avec une frontière qui n'existe pas.

Cela précisé, attaquons.

Je tâcherai de chroniquer le plus d'artistes que je pourrai, mais je n'ai pas choisi le travail de Richard Moszkowicz par hasard, surtout après avoir parlé de Twombly dans un article précédent.
Et il est ici une puissante question de la ligne et de l'enjeu des masses, comme si le texte inscrit au fusain ou au pastel ne cherchait point dans les mots à peine lisibles, la consolation d'une signification mais l'apaisement d'une parole, dite ou entendue, émise ou reçue, transmise et par-dessus tout possible à travers ou plus précisément le long et au-dessus du poids du paysage.
C'est l'extérieur, tout l'autour-monde qui ici est une violence à la vie, une peine-à-la-vie, un pèse-nerf que Moszkowicz applique en premier, en longues et lentes traînée verticale, en chute ou en ascension pénible et ardue, presque boueuse, dans le sens où les pas qui s'y portent sont comme des efforts pour s'en dégager.
C'est le tertre qui nous entrave et nous enfonce, alors que les mots y sont déposés dans une horizontalité adoucie, presque timide, parfois trébuchante, bancale mais toujours surnageant la masse-monde.
Et ce monde est un ensemble de faits, une continuité de faits et ces faits chutent en nous et autour de nous et face à ce vertige, il n'est pas insensé de penser qu'ils chutent pour nous ou à cause de nous.
Ce n'est pas la pensée qui s'efface dans ces lignes à peine lisibles et je ne crois pas non plus que ce soit un appel au sens, une velléité de donner corps, de faire forme à l'absurdité, mais bien de signaler simplement un possible, une étendue où le mot, sans être forcément à même d'expliquer ce qui a lieu ou de le justifier, nous permet, parce qu'il entoure le monde, l'illusion cruciale de pouvoir l'aborder, l'interroger, le jouer, le défaire en quelque sorte et même, d'une certaine manière de le maîtriser.


http://www.creahm-bruxelles.be/ 





Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire