6.24.2016

Haïku de route-128/ Grand Daddy on Wawona Rd




















Dans la descente de Wawona, on sort du parc. Il y avait d'autres mots. Ils sont pour nous. On vacille entre le passé et là dans les vagues d'asphalte et la joie lumière emprise dans les arbres. Fish Camp, j'ai pêché mes truites dans l'Amérique des creeks de ma mère. C'est d'où on vient. Mais d'un matin qu'on ne savait pas et d'une veille dont on a oublié les détails. C'est une écluse le passé. Le passé des autres quand les autres sont les nôtres et des bout de nous et qu'on est cette suite et qu'entre nous et les nôtres, il y avait un barrage mais pas celui des enfants dans les rivières avant qu'elles ne deviennent des torrents, non, des digues d'adultes, en sable et en béton et en d'autres choses qui filtrent rien. Ce qui vient de nous et des nôtres, du tout rentré, du tout retenu. Il fallait aller loin. Il fallait que ce soit tranquille et dans la descente, dans les crochets de la Wawona ou n'importe quels ailleurs pour qui que ce soit d'autre, là où le loin ouvre, même par bribes, vagues, même entre les fissures et la brume, des pans qui suent et des coulées d'histoires à vaciller assis sur le siège du mort comme un gamin qui rentre de la montagne dans la fin août et le retour au réel. Le parc autour, derrière, s'écoule dans un pendule d'asphalte qui m'hypnotise, ma mère qui s'est tue et le métronome des pins, les cimes et les troncs, les yeux fixés devant, sur la route qui tombe et, en-dedans, loin derrière dans les pas de mon grand-papa.


Cain Drive, Springwood Rd, Oakhurst Crane, toutes les entrées du vrai monde, Gas Station, la civilisation remange les pins et retrouve le béton, bientôt le plat et le gras. Des maisons se parsèment, Sweetwater Steakhouse, Idle Hour Winery & Kitchen, coule la route, le silence maintenant, j'ouvre la fenêtre, on brasse un nouvel air, ça mélange encore, le frais d'en haut, le frais pris de pins et d'eau, le minéral tout brut dans la plaine californienne qui remonte, odeur de Motel, de Diners, odeur de pétrole et d'échappement, odeur de diabète et de plastique, de coeurs atrophiés et de fête nationale. L'odeur électrique des Lodge et des Comfort Inn, Starbucks, Chevron Oakhurst, McDonald, la bonne odeur d'Irak, des tonnes de boeufs des hectares de ranch, la bonne odeur du rêve gras, du rêve abondant, du rêve éternel de l'Amérique. Ce n'est pas que la route du parc s'en sort si facilement. Ce n'est pas même la vue, pas même l'asphalte, toute l'Amérique n'est ni un son, ni un oeil perdu sur une étendue, toute l'Amérique, tout notre occident, c'est d'abord une odeur. Une mignonne et récurrente puanteur aseptisée. La route était un jab, une série de crochets. Dans les pas de grand papa, je la vois s'étaler de plus en plus en long direct et en crochet de poids lourds au 9e round. Alfonso's Hideaway Mexican, Coarsegold Market, la terre reprend sa pelure, les troncs s'espacent, des routes partent à gauche, à droite, de plus en plus fréquemment, Picayune Rancheria Tribal, Chukchansi Gold Resort & Casino, un musée pour la mythologie. Jack's Butane Services, les directes s'allongent, les crochets sont épuisés.


Je suis un peu fatigué. J'ouvre une bière. Une Lite. J'ouvre la fenêtre. Je mets ma main. Je laisse ma main. Je laisse mes yeux. Je crois que je suis mon grand papa. Ma mère a arrêté de raconter. Elle conduit la Ford. On descend encore. Je crois que je marche à la Léchère dans la neige, deux mètre au moins. Je suis tout seul et je fume et je descend à la messe. Je suis tout seul et le trajet est presque trop court même si la neige est dense et que je dois creuser mes mouvements et avancer lentement d'une cigarette à l'autre dans l'air pur d'hiver. Et c'est l'été dans tout le soleil global et lent et trop lent pour moi et tout est si lourd, si évidemment trop dense et trop puissant et je ne suis tellement rien que les cris des enfants ils sont quand même joli mais un peu trop fort et que fais Georgette moi j'y suis bien au lit. Un peu fatigué dans le roulis, je ferme les yeux, la main dehors qui bat dans les odeurs de la civilisation et je sirote en dormant à moitié, les paupières vaguante, ma mère sur l'accélérateur des droites qui languent vers Fresno et ce motel dieu sait, j'ai encore le temps avant d'entamer la carte et récupérer de l'humain sur la froideur du territoire et me récupérer dans la froideur de mon humain en sortant des pas de neige et des désespoirs longs. Je ne dors pas. Je regarde parfois ma mère sans vraiment savoir si ses yeux sont sur la route où devant le chalet à rire avec les enfants des voisins et Michel et Françoise pendant que moi, qui y suis le début et la fin, je râcle le temps dont j'ai toujours été le maître.















































































Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire