6.09.2011

fédéralisme/ Pour la recréation de la Yougoslavie

La paix perpétuelle est une notion inconnue de l'Histoire.
Celle qui prévaut actuellement en ex-Yougoslavie dépend directement de plusieurs facteurs et d'un processus dont les ex-Yougoslaves sont absents.
Que cette paix soit artificielle nul n'en doute. Elle a été déterminée par l'Europe en majeure partie, bien aidée et probablement conseillée par les Etats-Unis d'Amérique et ce au moyen de bombardements, de sanctions, de promesses d'éventuelles intégrations futures au sein du marché commun.
Rappelons également que, sans en être la cause directe, elle a été, cette Europe, le déclencheur du conflit à travers les prises de position de l'Allemagne dans un premier temps puis de la France.
Après avoir abandonné les enclaves bosno-musulmanes de Bosnie-Herzégovine, après la visite de Mitterand à Sarajevo, elle s'est ingéniée à inventer la paix, en bombardant Belgrade, en imposant des frontières, principalement en Bosnie, en reconnaissant dans sa majorité le Kosovo, en imposant des conditions à l'intégration européenne entre autre en exigeant qu'on livre à la Haye les principaux auteurs des atrocités de la guerre.

Il n'est pas à se demander si telle ou telle action a été bonne ou mauvaise. Je suis allé à la Haye. Je n'aime pas la justice des vainqueurs, mais les bouchers et leurs fonctionnaires ne peuvent ni ne doivent être oubliés par l'Histoire.

Non le problème est autre.

Aucune cause n'a été interrogée, aucune racine analysée. Ici en tout cas.

Il y a des proportions à garder, évidemment et des situations qui pourraient se ressembler sans avoir ni les mêmes causes et encore moins les mêmes conséquences. Mais la Yougoslavie comme la Belgique comme les ex-républiques soviétiques, comme l'Espagne, comme... sont des constructions arbitraires, stratégiques, imposées. Elles n'ont jamais été la manifestation de la volonté des peuples.
En quelque sorte la Yougoslavie c'est Tito. Même si on a pu idéaliser Sarajevo comme une réalisation d'un vivre ensemble voulu, Karadzic y a fait ses études de médecine, Mladic est né en Bosnie.
Mais c'est le joug et la naturel réaction face à lui.
Les volontés de différenciation ou de séparation se manifestent de différentes manières et pour des fins divergentes.
Mais ces séparations sont toujours le démembrement d'une unité factice parce que non-déterminée par la volonté d'une communauté de partager les complexités de la vie avec une autre communauté.
Parce que cette unité factice est issue d'une volonté intérieur (la France par la monarchie), extérieur (la Belgique après les guerres napoléoniennes) ou un mélange des deux (dislocation de l'empire ottoman et austro-hongrois et Titisme).
Comme toute unification volontaire n'est pas forcément gage de réussite, toute unification non-volontaire n'est pas forcément vouée à l'échec mais créera nécessairement des zones plus ou moins violentes de tension.
L'absence de volonté des peuple dans la création d'une unité est une métastase, un foyer cancérigène, bien que la métaphore soit ici mal choisie, un Etat n'étant jamais un corps social ou l'étant mais idéalisé dans les sociétés de type paternaliste, totalitaire ou pré-totalitaire.

Nul utopie ici. La volonté d'un vivre ensemble n'est pas gage de paix. D'ailleurs toute utopie est un fascisme en gestation. Le but est d'essayer d'imaginer le meilleur ou le moins pire vivre ensemble dans une société résolument adulte.

Mais revenons à l'ex-Yougoslavie. Rien n'est réglé. Bien au contraire. La solution factice qui déboucha sur Dayton, Pristina, la fédération bosniaque, la fédération serbe dont la finalité devra être une intégration à l'espace économique européen tiendra ce qu'elle tiendra, Bruxelles prenant en quelque sorte le rôle de Tito. Mais pour qu'une paix, disons parlementaire, s'impose, elle ne pourra que découler d'une vraie volonté de vivre ensemble. Certes des accords bilatéraux entre les Etats nouvellement crées, sous l'égide de Bruxelles ou guidés par des nécessités économiques pourraient inventer une certaine forme d'unité. Mais tangente, bancale, à fleur de peau. Cette unité ou cette paix ne peut être déterminée par une volonté supra-régionale qui plus est, imposée dès l'origine.

Il faut recréer l'origine. Avant d'être Européen, les ex-Yougoslaves devraient redevenir Yougoslaves par libre décision, scellée par les urnes, en créant de juris une fédération d'Etats ou de Régions ou de Communautés ou de Cantons (ce ne sont "que" des questions sémantiques) incluant bien entendu le Kosovo.
Cette remarque vaut pour tous les Etats européens.

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