6.16.2011

sur le théâtre/3 -d'un projet en cours




Nous respecterons en les modernisant les règles de la tragédie grecque, en particulier celles édictées par Sophocle.
Nous auront trois comédiens qui porteront directement l’action (H1, H2 et F).
Un Coryphée commentant et participant parfois à l’action (H3).
Un choeur formé de deux marionnettes de taille humaine assise sur le devant de la scène.
L’action sera par moment dédoublée et/ou renforcée par des scènes projetées sur un écran.

Il n’y aura pas de scènes à proprement parler mais des Tableaux composés comme des plans-séquences cinématographiques où les actions se dérouleront entrecoupées des commentaires du choeur et des actions/commentaires du coryphée.

Le prologue s’étalera sur les 4 premiers Tableaux où l’enjeu de la tragédie sera présenté en même temps que l’on montera le décor. Le texte sera dans un premier temps porté par un membre du public (volonté d’effacer la différenciation scène/public, création d’un espace tragique unique) puis par le metteur en scène (hommage à la tragédie pré-sophoclienne) et enfin par le coryphée. Le tout étant également une volonté de mise en abîme du théâtre (avec en parallèle la montée du décor, la présence/participation du public et celle du metteur en scène).
Les épisodes quant à eux, tout en étant coupés de stasima, suivront l’ordre de la tragédie classique.
Les Tableaux 5 à 9 seront l’exposition de la situation initiale.
Le Tableau 10 représentera l’élément perturbateur. Le double meurtre figuré y est le symbole d’une état qui fatigué de durer, doit exploser.
La fin du Tableau 10 et jusqu’au Tableau 12 consisteront en stasima.
Les problèmes se poseront et chercheront à se résoudre dans un crescendo dramatique du Tableau 13 au Tableau 22.
Dans les Tableaux 23, 24, 25 et 26 les liens essayent de se renouer sous le regard du coryphée.
L’action se dénoue et s’apaise à travers le mariage et les deux suicides symboliques des Tableaux 27 et 28.
Le Tableau 29 décrivant l’Exode.



Nous ne respecterons pas les 3 Unités, les considérant comme une forme de cloisonnement alors que la tragédie contemporaine se doit à nos yeux d’être aussi distendue, étendue, délitée et hâchée que le quotidien qu’elle cherche à montrer, à décrire, à analyser.
La scénographie simple et épurée répond à la diversité de l’espace, tandis que le temps intégrant l’action à la façon de Pialat sera déterminé par les jeux de lumière et l’évolution psychologique des figures représentées par les comédiens.
La tragédie par essence traite de la noblesse de ses personnages. Ici l’on peut parler de noblesse de caractère, en entendant par là, non l’expression d’une haute valeur morale, mais l’Idée-même au sens platonicien des topoi principaux qui déterminent l’Homme moderne, dit citadin et civilisé.
L’inéluctable fatalité ici ne dépend ni des Dieux, ni d’un Fatum quelconque, elle est inhérente à la condition humaine, propre à l’homo individualis, viscéralement ancrée en lui, déterminée par lui. Elle est une question de liberté qui, pour nous, signifie se donner les moyens du choix, choisir et assumer ce choix.
Ici face à la pléthore des possibles que la société leur propose, les trois protagonistes, comme terrifiés, ne choisissent rien ou plutôt préfèrent choisir de continuer ce qu’ils étaient.
Nous sommes loin de Pindare, de Goethe ou de Nietzsche, plutôt dans un pythique résigné par le confort et le désoeuvrement.



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