11.01.2011

Nouvelle/4 : La ville est juste et autour d'elle


Il y aura du retour parce qu'on a oublié de se dire des choses.
J'ai tracé les lignes, lentement, une à une, j'ai gratté une lèche sans force et sèche,
puis je suis revenu.
Tout semblait si tremblant mais si sûr, quelles questions poser encore et encore,
comment comprendre en prenant si peu de temps.
Des heures pour les mots, lettre à lettre leur dire quelque chose, qu'elles reviennent toutes, une fois, qu'on s'asseye un moment sans se dire et qu'elles nous écoutent nous comme on les écoute elles.
On a tué les mots en leur enlevant leur goût.
Et moi qui me plie jamais, je me suis plié pour les parler une à une sur le papier.

Ensuite c'est d'autre chose et pour cette autre chose, il fallait une autre matière et c'est pour suivre un fil qu'on ne comprend toujours pas, qu'on prend du fer et c'est justement pour faire quelque chose qu'on entendra avec les yeux qu'on tisse chaque lettre avec la même lenteur du trait noir.
On les sent alors comme des nervis, avec dans le mot ce quelque chose d'organique qui manque au langage,
et c'est toujours l'espace qu'on prend dans le jour qui fera le sentir qui fera le comprendre, parce que c'est lettre à lettre que le mot est et que rien n'est là par hasard.
Parce que rien n'est là par hasard et c'est toujours une histoire qui doit en rencontrer une autre parce qu'il n'y a jamais eu d'autre choix et parce que ce qui arrive doit continuer à arriver et que des jours, être doit devenir s'être
et que 1+1 ne peut rien faire d'autre que 1 ou 3.
Et toute la mathématique qu'on gangrène aux enfants n'est qu'un vaste mensonge pour faire de demain un hier permanent.

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