11.13.2011

Nu

C'est pas facile à comprendre. C'est comme ces cris d'oiseaux, là. Dehors. Vers l'arbre. Puis sur le champs, avec le brouillard qui fait qu'on voit rien.
J'avais 14 ans, plus ou moins, même avant, déjà, rien n'est précis, les choses se construisent, on ne peut rien isoler comme ça, il n'y a pas de date limite.
C'était tout vouloir, manger la gloire, prendre l'entier, être le meilleur, devenir le plus grand écrivain, avant tout le plus grand poète, puis le plus grand n'importe quoi,
l'invention du VollKunst,
l'Art Total,
être une conscience vivante et conséquente de tous les outils de l'art.
Et être un tout.
Stirner l'apprenait, "L'Unique et sa propriété" et Nietzsche et les Beat, une individualité qui se devait de se faire progressivement et ne rien laisser, ni abandonner, ou laisser ce qui appartenait déjà à d'autres, se faire en fonction, contre
envers et contre tout.
Se faire entre, tanner dans les interstices,
glaner dans les gênes, se défaire, usurper ce que l'on pouvait et lâcher les chiens,
être une guerre douce,
laisser les autres crever, ceux qui ne savaient pas,
laisser les autres se faire récupérer, s'abandonner, glisser, s'enbourgeoiser,
faire tout ce qu'il fallait pour être une merde ou rien, simplement.
Etre l'inverse, réagir. Ne rien dessouder, être un soi, fière et différent.

Puis comprendre l'Ubris, et l'Ego, et le ridicule de cet Ego. Sentir le jeu qu'on nous imposait, la nécessité pour la société d'avoir ses icônes successives, ses référents, ses récupérés,
l'architecture des Je,
leurs fondamentales fonctions pour une suite éternelle,

Tous ceux que j'adulais l'était, adulé, dans des soirées classieuses et rances,

Debord.

Il fallait être invisible.
Il fallait disparaître.

Il fallait créer sans rien montrer. Sans se montrer.
Il fallait faire sans être,
sans paraître.


Alors j'ai bossé à l'usine, dans les bars, les restaurants, comme pécheur, déménageur,

j'ai achevé toute considération sociale pour travailler dans la nuit.

Aujourd'hui, je reprends ce que je dois à la lumière pour pouvoir m'y flinguer.

Quoi que vous fassiez, ne le faîtes pour personne.
Ne le faîtes pour rien.
Même pas pour vous.

Faîtes.


Et Faîtes-le nu.

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