11.12.2014

Haïku de route-17/Suite à Peggy Sue

Surnager dans une mare américaine construite en 54. Je crois qu'il y en a 11 maintenant de sièges au comptoire et j'apprends que booth veut dire cabine et n'a rien à voir avec l'acteur qui tua Lincoln. L'art était encore dangereux. Là j'observe en attendant nos plats le ballet pastel stressé si déférent et les touristes vers Vegas, nature morte mastiquante avec tant de mots la bouche pleine. Nous sommes plus restreints ma mère et moi, c'est comme ça, on vit dans le silence des silence sans gênes. Ce sont les montagnes peut-être, la suissitude, le contraint et la terre, les Alpes à raser pour voir la mer, mais les gens des océans, les gens du vastes savent aussi se taire et l'aimer. C'est fascinant ce monde qui s'oblige à occuper ses bouches et ses oreilles et ses yeux et s'y mettre tant de vide. Dans le théâtre du monde, la loge de la fuite est la plus grande.

 Je sors fumer par le Juke-Box face au vieux combi VW H35421 et la chaleur tombante, le ciel tracé des fins là floues de tant de passages et les luminaires, des gens qui arrivent, une femme moins grasse que la normale qui quitte Peggy lourde, les yeux au sol dans la lumière brutale et sa robe lignée dans l'élégance du Beef Burger. Je rentre et retourne dans la salle du fond. Des enfants et des bras-de-chemise, des casquettes et des brushings. Nos plats sont arrivés, les Enjoy sous les masques grotesques de la joie de servir et le fluo presque, halluciné des fruits de ma mère. Nos verres de vins blancs californiens, mon Brando plus années 60 que 80 et ma salade soudée dans le Dressing. On empiffre et ma barbe continue de pousser.


Qui es-tu Peggy? Je finis mon assiette. Je regarde le livret qui remonte le temps et nous décale un passé toujours doux, les images et les dates, les moments, les faits marquants, ce qui reste, les noms oubliés, ceux qui n'ont jamais traversé l'Atlantique. J'essaye le quizz, je suis incapable de répondre aux questions destinées aux enfants, un ou deux peut-être, on parle de la route à venir, de Baghdad, d'oncle Jo, je regarde la serveuse attendre ses plats à côté du King et des photos de Maryline, la bande rose au-dessus du coude et sa coiffure encore jolie malgré les années de friture et j'attrape en bribe un bout de profile et une commissure plate, un démasque pour une image normale du quotidien. On prend la note et on se lève, je vais payer au guichet, pastel rosâtre et col violacé, un choix de teinte presque alcoolique. On fait un tour dans la boutique à souvenirs, l'extension en étals des variables du kitsch, mon laid. J'hésite un peu sur une statuette du King.













































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