11.15.2014

Haïku de route-18/ Road to Bag(h)dad

La 15 n'a pas cessé. De Vegas, vers Vegas, pour Vegas. Aucun oiseau dans le ciel et toujours des restes d'avions, on marche sur la poussière, la chaleur enfin, on est sorti, le bus est toujours là, à manger, probablement. Les bouteilles d'eau sont restées sur la banquette arrière en plein soleil, nos valises dans le coffre, on fume. Ma mère va devoir s'habituer à la bouffe, je m'adapte sans mal, il n'y a que les choux de Bruxelles qui ne passent pas. je pensais qu'on croiserait des soldats de la Marine Corps Logisitcs Base of Barstow, mais rien. Ils doivent avoir des choses à faire ou partis ailleurs. J'écrase ma cigarette, un oeil encore sur les dinosaures, j'enlève ma chemise et remets à corps le gilet de mon costume. "Par où on va alors? " Je suis le copilote, un copilote à papier. Baghdad c'est par là, même si je devrais m'habituer à écrire à l'américaine Bagdad. C'est drôle. Là où ils bombardent, il rajoute le H. Il doit y avoir une ou deux blagues à faire. On y va maman?


On laisse derrière la 15, par la Dagget-Yermo Road, on longe un complexe poussiéreux d'habitats et de la verdure un peu qui ne doit pas trop savoir ce qu'elle fait là, la base à gauche, je dis tout droit, on rate la 66, ce ne sera pas la première fois, je suis sûr de ma 40, il y avait Mojave Road et des gens qui y vivaient, là, dans Dagget et les voies qu'on retraverse, ma mère n'aime toujours pas, même si les rails se perdent lointaines et droites des deux côtés et que tout se voit, Santa Fee Street en parallèle, ce nom comme dans des films que j'avais vu avec papa. On aurait dû tout de suite prendre à gauche, la National Trails Highway, qui est la 66 quand elle se cache et qu'il faut la mériter pour la rouler. On dirait que la terre n'a pas de couleur, elle joue toutes les nuances du ternes. Elle s'accouple avec l'asphalte par politesse. L'entrée de la 40 du ciel, on dirait un caillot dans les mauvaises artères de l'Amérique. On passe le pont et s'embranche sur la Freeway, Baghdad n'est plus très loin. Toujours ce H.


Le tronçon de la 40 que nous empruntons s'appelle Needle comme une descente diabétique dans l'Amérique des béquilles ou une tranchée d'heroïne, le ciel pur et les soleils flasques, le désert des désirs dans l'ennui du Mojave, la vie au ralenti, bétonnée le long de la perte de vue. Nous sommes à 230 km de Los Angeles, les maisons n'ont toujours qu'un étage et l'Amérique s'est tracée son entièreté de lignes claires. Needle pour coudre entre eux les espaces et se faire une nation. Dans les myriades des nuances, les mosaïques des couleurs, l'Amérique s'est unie en gris dans l'asphalte et l'acier. Sur notre droite la Newberry Mountains, à gauche des champs ronds, peut-être, toute la beauté de l'agriculture concentrique. Je regarde la route, ma mère me fait confiance, on doit prendre la sortie 18, à Newberry et trouver le numéro 46548 sur la 66. Attention maman, encore un demi-miles.

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