7.13.2015

Haïku de route-67/ Toms Place























Je ne me rappelle plus quelle chanson. Je suis presque sûr que c'est sur Nebraska. Ce nom qui tombe, en fin de couplet je crois. La chanson est lente. Je ne sais pas si Springsteen parle d'ici, de ce Toms Place. Mais j'y pense. Je devrais chercher. Je retrouverai, je sais. Je sais plus où j'ai mis l'album, si je l'ai toujours ou prêté ou perdu dans un de mes déménagements. Je n'ai pas bougé jusqu'à mes 18 ans. On était toujours à Mont-Sur-Rolle. Il n'y avait pas de raison que les choses changent. Les gens ne mourraient pas. Les gens restaient. Les vignes poussaient, donnaient, dormaient. Revenaient. Dans les villages, à la campagne, en montagne, le long des routes américaines, il n'y a jamais eu de raison que les choses changent. Et même si on ne participait pas au mouvement de jeunesse, qu'on ne faisait pas partie de la fanfare, des activités paroissiales, que nos parents étaient pas trop motivés aux fêtes annuelles qui structuraient et structurent toujours la communauté, on restait dans le timbre, dans cette atmosphère qui était réellement l'éternité.


Encore un lac blafard après Aspen springs. Une marina à l'appendice du Lake Crowley dans lequel devrait se jeter la Whisky Creek tarie et la Hilton Creek rachitique. Des résidences bordant des rues en forme de P, de Q Quelques flaques de verdures le long de la route dans la terre qui pèle l'écho de la Sierra Nevada qui disparaît gentiment dans le rétro. Alors que la mort et les liens semblent avoir disparu des villes, que les cercles, concentrés, s'y brisent, que la vitesse et les néons parcourent le Même, l'idolâtre, que ce qui ne s'invente pas assez vite, se vend quand même, en recyclé vintage, que le temps en syphon des villes paraît centrifuger l'éternité, celle-ci se manifeste dans les kermesses des zones reculées. Ce sont dans les villes qui mettent des voiles sur la disparition, qui la reclusent dans ses ombres, qu'elle hurle le plus fort. La mort qu'on avait enterrée dans les rues commerçantes ne cesse de revenir et de revenir encore dans les manques, dans l'ennui, dans le désir, dans le xanax et les burn-out et les bore-out, tandis que dans les bleds où la tradition chevauche la modernité, où la disparition est vue et vécue, la mort dort tranquille sous la terre des cimetières, et l'éternité paît ses champs.


Des miles de rien. Une église au croisement de la 395 et de Benton crossing road, Green Church au bout de la piste d'atterrissage unique numéro 27 du Mammoth Yosemite Airport. Rien d'autre qu'une agence de location de voitures Hertz et cette église le long de la route. Sawmill Rd, Substation Rd, Minaret Rd. On distingue à présent, un peu à l'écart de la route, des arbres qui nous annoncent un nouveau monde. Elle était vraiment bonne cette omelette. On doit être à 300 miles à vol d'oiseau de San fransisco, 350 de Vegas. J'aimerais bien écouter de la belle musique comme quand on allait en Italie. J'ai perdu toutes las cassettes. Ou ma mère les a foutue loin quand on est parti de Mont-Sur-Rolle. Mon père et Dumartheray avait retapé la vieille ferme et tirait au pistolet dans un stand de tir aménagé dans l'entrée de la cave, là où on mettrait le sapin de noël quand je serai arrivé. Ils s'étaient arrangés sur le loyer. On s'arrange au vin blanc et en se serrant la main. Puis Dumartheray est mort et à légué la maison à son fils. Qui a voulu emménager vite. Alors que mon père pensait mourir là. On a échangé notre maison contre leur appartement à Rolle. Et on a placé mon père à côté de la fenêtre qui donnait sur le lac.



































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