7.27.2015

Haïku de route-74/ El Mono Motel











Ce n'était pas Nebraska. C'était "The Ghost of Tom Joad". Et probablement j'ai mal entendu. Je me suis fait un film. Mais un joli. Les journées sont trop courtes pour écrire et trop longues pour ne pas boire. J'aimerais ne jamais avoir à dormir et noircir du monde sur du papier en vrai bois et j'aimerais domir sans cesse pour sevrer la booze et tous mes désirs. J'aimerais des journées interminable avec ma femme, à rire avec elle et traverser des cons sur le siège arrière de sa moto. Et j'aimerais des nuits infinies pour ne pas entendre toute sa colère qui a fait ce qu'elle est. Je l'aime tellement que j'aimerais être elle et je m'aime tellement que j'aimerais vivre hors d'elle. J'aimerais que ma mère et mon frère meurent pour ne penser qu'à eux et j'aimerais qu'ils soient éternels pour qu'on ait le temps de se dire les mots qui viennent pas. J'aimerais que les zombies envahissent le monde pour être ce que je suis et j'aimerais qu'aujourd'hui soit demain pour sortir de la Ford et aller prendre nos chambres au El Mono Motel.


La beauté s'est un peu ratée pour l'instant. La réceptionniste est probablement la première fille mignonne que je croise depuis Genève. Même les touristes semblent calibrées. On aurait pu aller à Venice, traîner les beach de LA. Mais si une ville a des belles filles, même juste des bonnasses, elles doivent se trouver dans les rues les plus glauques ou les bouges les plus tristes. Pas compartimentées sur Sunset ou Beverly. Et ça donne raison au trafic qui couvre le dialogue entre Jane Seberg et Jean-Paul Belmondo dans "A bout de souffle", dans la chambre d'hôtel où Belmondo lui dit que les plus belles femmes vivent entre Genève et Lausanne. Entre. Pas dans. Des conneries bien sûr. Les conneries sérieuses de Jean-Luc. Les belles femmes ne sont pas partout, elles sont là où elles peuvent. Elles sont jolies et bandantes chez nous, mais elles le sont dans le Matonge, à Luang Prabang ou au Caire. J'ai bandé partout. J'ai baisé presque partout. Partout où je suis allé, évidemment. Il en reste quoi, Des souvenirs. Plutôt bon. Des classements de chattes à faire avec des connards dans des bars fatigués ou des Club House où on fait du sport pour justifier les litres de bières. Mais pas sur cette route. Si ça se trouve c'est une question de manque de chance ou la magie si puissante de ma femme.



Les Brownies sur le comptoire ont l'air merveilleux. Fait là. Dommage que je n'aime pas vraiment le sucré. Ils ont plusieurs sortes de cafés. Et des plantes qui poussent en vrai devant la devanture et devant la porte chaque chambre. Ce n'est pas très grand. La réception donne sur la cuisine. Tout est très alter, les tables le long de la fenêtre qui donne sur le jardin, des étagères de livres, la bouffe, le choix de café et de thé, les barbes des mecs, le décolleté de la fille, les manières, les gestes, les sourirs. Cet alter que j'ai cherché, dans lequel j'ai vécu et que j'ai fui d'ennui et de dépit. C'est dingue quand même, comme une idée, un fantasme te bouffe, te nourrit, ne peut être que parfait. Et que la réalité s'ouvre sur les mêmes conneries, les mêmes haines, les mêmes manques. Il n'y a pas tellement de différences entre les envies basiques d'un traders, d'un no-life, d'un geek, d'un alter, dans leurs manières de voir la vie, de la prendre, de la lire. Je consomme ci, je consomme pas ça, je veux untel, je me fous de unetelle.  Mais là, ça change de la graisse et de l'essence. Ma mère paye la chambre. Elle se réjouit de goûter un brownies. Elle sourit comme une gamine. On ressort, quelques tables sur la terrasse qui donne sur le jardin devant la route, la station service en face et derrière, le lac. On contourne le bâtiment. On s'est presque parqué en face de notre chambre. Un micro jardin bien entretenu vit sous le patio.




























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