7.22.2015

Haïku de route-73/ Like a Stone



Des gens restent planté là des fois comme des blocs de pierre, des dômes d'obsidienne avec la nature qui pousse et brûle et des singes qui construisent des routes pour rouler dessus. Des fois je me retrouve au coin d'une rue sans savoir où aller. Alors je cherche quelque chose à faire pour que ça m'amène quelque part. Et je réfléchis. Et je suis toujours au même coin de la même rue, toujours immobile. Et je ne sais pas quoi faire. Alors je me dis que je vais marcher pour trouver un truc à faire. Et je me demande dans quelle direction aller. Et je suis toujours au même coin de la même rue. Toujours arrêté. Alors je me dis que je vais aller boire un verre. Et je réfléchis à un bar qui me plairait dans le quartier où je me trouve. Toujours là, toujours posé. Toujours arrêté. Parfois ce n'est pas le coin d'une rue, mais le milieu d'une rue ou simplement dans une rue au milieu du trottoire. Et les gens, eux savent très bien où ils doivent aller. Et ils continuent à avancer. Ils me longent. Et moi je n'arrive pas à bouger. je n'arrive pas à avancer, ni à revenir sur mes pas, ni à aller à gauche, ni à droite, ni cette rue, ni celle-là, ni ce bar, ni celui-ci. Des fois j'ai l'impression que j'ai disparu. Mais souvent j'ai l'impression que quelqu'un va s'arrêter me demander si ça va ou simplement appeler des hommes en bleu ou des hommes en blanc. Alors je me mets en marche vers la gare.


Mais nous, nous n'avons pas ce problème. On va voir le Mono Lake et demain on prendra l'air des hauteurs. Si je ne savais pas un peu d'anglais j'aurais pu appeler la 158 qui longe le Grant Lake, "closed winters Rd". On est tard déjà dans la saison, mais je me demande quand même si le col ne sera pas fermé. Sur la carte, on doit passer devant l'entrée avant d'atteindre Lee Vinning. On sera fixé. Après la Rush Creek, la 158 achève sa boucle et nous retrouve. Je n'arrive pas à m'imaginer l'hiver ici. mais vous savez maintenant que je ne suis pas doué pour l'imagination. Je vois le blanc là-haut, mais je n'arrive pas à le voir en bas, laà, le long de nous, autour de nous. Une route à moitié goudronnée conduit à un cercle poussièreux, comme un exhutoire à stress. Une piste sèche pour tourner en rond en noyant sa colère ou son ennui dans un nuage de poussière. Ou parquer des cars, pleins de cars en attendant un siège ou pour un feu géant et des centaines de piques à marshmallows pour touristes en rêve d'authentique-typique, enfin en rêve comme dans un western mixé avec un film pour ados. Walker Creek, on se marie à la 120. Un massif de tôles habitées le long de Horse Meadows Rd, une vingtaine de véhicules, un bateau. Un quelque chose quelque part.


La plaine. On approche de Tioga Pass. On approche de Lee Vinning. La piste 15, la seule de l'aéroport de la ville. C'est bon le col est ouvert. On y est. Une flaque d'arbres sur la droite, une maison au toit mauve clair sur la gauche. Lake view Lodge, Mono Market, Bronze Bear outpost, Bell's Sporting Goods and Hardware, Nicely's, Bodie Mike's, Yosemite Gateway, Shell, je tourne la tête et nous trouve. En face de la station service. La vue tombe sur le lac. El Mono Motel LatteDaCoffee. Mais je réagis un peu tard, on continue, les voitures derrière. On fera demi-tour un peu plus loin. Je demande à ma mère si ça va, si l'étape n'a pas été trop longue, en souriant. Elle sourit aussi. On passe la 1rst Street. On tourne dans le renflement devant le seul court de tennis de la ville et on revient au ralenti. 2nd Street, Lee Vinning Motel, on tourne dans la 3rd Street et on se parque, un peu où on veut. Même pas trois de route. Je ne peux pas trop savoir ce que ça représente pour elle après le trajet de la veille, mais je me dis que ça doit aller et que ça lui fera du bien une journée cool. Je crois qu'elle est contente. J'aime bien quand elle contente.


























Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire