Je regarde avant de monter, mes pieds sont des canots, je regarde le fleuve debout de Brideveil Fall, la rivière qui pisse au vent, qui coule dressée, ce bonheur des lignes sauvages, claires et sauvages et toute la tristesse joyeuse, à vif, la tristesse du fleuve qui chute pour l'éternité. Je ferme les yeux et danse mes rivières d'amour et tout le carnaval à renverser, les horizons à pleuvoir et les falaises lisses à affaler. Je ferme les yeux et je rêve de sauter les mondes et de renverser le cours des choses, renverser les traînes de lits, les canaux larges, endormis, lascifs, les redresser et sauter les mondes pour allonger les agonies d'eau et coucher toutes les verticales, toutes les chutes. J'aimerais renverser le Bandama perdu dans les lagunes Lahou, renverser le Nyong, le Buregreg, le Casamance, renverser le Ruvuma, le Wouri, le Saloum et l'Oum-er-Rbia, le Jubba, le Cavally et le Congo, retourner le Draa, le Comoe, le Moulouya, retourner le Sebou et l'Ogooué, le Limpopo et le Tana, le Volta et le Sanaga, saillir le Zambeze, saillir le Gambie, le Sénégal et le Niger, l'Orange et le Nil, et saillir en sautant le monde le Saint-Jean, le Saint-Laurent, le San Juan, le Santa Cruz et le Mackenzie, l'Amazone et le Yellowknife, retourner encore et encore le Yukon, l'Orénoque, le Rimac, le Parana et le Potomac, dresser l'Hudson et le Savannah, le Tocantins et le Parnaiba, le Moche, les Rios Grande et Negro et Colorado, cambrer le Colorado et le Lampa, le Mississippi et le Sao Francesco, l'Uruguay et l'Atrato.
Et encore les yeux fermés et encore sauter les mondes pour renverser alors l'Amou-Daria et l'Euphrate, le Selenga, le Sittang et le Syr-Daria, le Cagayan, le Buriganga, renverser l'Irrawaddy et le Tarim, le Tigre et le Gange, le Méandre, l'Ob et l'Oronte, retourner le Kapuas, le Jourdain, le Krishna et le Tumen et saillir le Salouen, le Sefid-Roud, le Brahmapoutre, dresser le Jiang et le Yangzi Jiang et l'Ienissei, le Godavari, le Vaigai, dresser le Mékong, le Chao Praya, le Narmada et le Chatt-el-Arab, le Léna et l'Amour. J'aimerais encore longer les plaines et dresser la Vilaine, le Shannon, l'Ems et la Garonne, la Seine et la Somme, le Niémen, l'Aulne et l'Elorne et redresser la Rance, le Rhin et le Rhône et l'Oural et la Canche et la Charente, l'Adour et l'Aude et le Tage et le Têt et le Don et l'Ebre, retourner le Tibre et le Var, l'Authie, l'Orb et le Po, le Corrib et la Dordogne, l'Escaut, l'Adige et le Guadalquivir et l'Oder, la Weser et l'Yser et saillir l'Isonzo, l'Héraut et l'Elb, la Volga, la Vidourle et la Tamise, l'Odet et le Guadalete, le Sevenne et l'Elbe, le Douro et le Segura, le Minho et la Meuse, saillir la Loire, le Jucaretle Guadiana, le Diepr, le Danube et la Daugana, le Dniestr et l'Aa et sauter encore, étiré, sauter le monde une dernière fois pour renverser l'Oreti, l'Avon et le Sepik, le Mokau, le Murray, renverser la Rangitata River, la Hasting River, la Burdelain River et le Pomahaka, leWaikato, leWaitaki et le Whanganui.
Puis j'ouvrirai les yeux pour les laver et je les refermerai et je reprendrai le monde pour reposer la Cicatrice d'Alice, le Salto angel, le Salto Roraima, le Kakaauki et les Falls de Kahiwa et d'Aimoo, coucher le Salto Yutajé et le Trou de Fer, la Cascade de la Lyre, la Cachoeira do Pilao et Hannoki no taki, le Wall of Tears et les Falls d'Hanakoa et de Mo'oloa, d'Hirere et de Torment, de Louise Creek, de Vivienne et de Blackwell, étendre doucement Keana'awi et la Sentinelle, la Cascade du Giètro, du Bras d'Annette et du Chaudron, étendre doucement la Barra Nula et les Chutes Della, les Cataratas Yumbilla, Gocta et Las Tres Hermanas, reposer pour la sieste les Fossens de Balai, Krune, Kvea et Grinddals, Volde et Tjornadals, Sag et Skale, Sunde et Tjiota et coucher les Falls de Madden et d'Aa, Waimanou et Lahomenou, Kakeha, Papala et Papalava, les Falls d'Hidden Valley et de Ndedema, d'Hi'ilawe et d'Harmony, d'Ipuu et de Wollomombi, coucher et bercer le Salto del Iguapo et la Slapovi Levo Savice et les Cascades du Bras Magasin et la Cascade Blanche et Ytste Tingefjellfossen. Les yeux fermés, marcher et bercer les chutes de 400 mètres, de 237 mètres, les chutes de 193 mètres et les chutes de 18 mètres et les chutes de 3 mètres et les affalées qui suivent le chemin des Farques par Vers le Clou du chalet de grand-maman jusqu'au village de Finhaut. Et je rouvre les yeux, ma mère tient mes chaussures à la main et le sac de nourriture. Je passe la barrière.
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