12.07.2014

Amy Winehouse est une pauvre fille



"On n'est pas sérieux quand on a 17 ans" et "J'interdis à quiconque de dire que 20 ans est le plus bel âge de la vie".

On l'a bien cru et vécu assez ainsi. C'était joli nos héros qui traçaient une ligne, tout semblait simple, même mourir à 27 ans.

Il n'y avait pas d'époque pour être absolument moderne, devant c'était les beaux quartiers de la vie, il n'y avait même pas besoin d'écrire vraiment, les choses viendraient naturellement.

J'ai su assez tôt ce que je voulais devenir et j'ai tout fait pour. Ce que je suis, là, c'est une construction méthodique du chaos, pas de regret, je suis la situation que je voulais être.

 J'ai plaqué beaucoup et me suis formé à rien. A 16 ans, 21 tout allait être évident, tout sera évident,
il s'agissait simplement de bâtir les causes, les conséquences viendraient à point, dures probablement, mais grandioses, c'est la vie pleine et l'extraordinaire permanent, la promesse d'un vin nouveau et la possibilité de toutes les îles.
il fallait simplement détruire consciencieusement la maison qu'on nous proposait et creuser des sillons pour le fleuve à venir.

C'est lent aussi, mais ça commence gentiment, ça croît comme ça et ça rattrape vite. Le romantisme est mignon quand il n'est pas vécu, quand il a la délicatesse de ne pas devenir réel. On fait des poses, on se montre, on joue à, tant qu'on a les moyens du jeu et il y a ceux et celles qui glissent plus vite, peut-être qu'ils avaient compris plus vite ou alors c'était dans leurs peaux, à fleur vite éclose et un mauvais virage sur une chaussée trop glissante ou une dose juste un peu trop over.

Et là c'est pas l'Ubris qui monte, elle a bien pu monter bien plus tôt, elle se tortillonne toujours par-ci par-là,
non, ce sont les conséquences qui viennent en écho et se manifestent là, le matin ou dans les poches ou ailleurs dans le mois ou dans l'oeil et les retrouvailles, les histoires de ce qu'on devient, elles viennent et restent ou repartent un peu et rentrent chez elles, mais pas pour long, le ressac, on avait eu le lac pour comprendre plus tôt, on lisait tant et on ne savait pas lire, on regardait et remplissait des carnets mais on ne savait pas voir.
C'est souvent quand on passe 25 ans et que certains et certaines sortent des études, d'autres sont déjà en famille et c'est le spectacle des débuts ou de la routine et c'est le moment aussi où l'extraordinaire devient banal, où les yeux cherchent dans les murs des fissures pour la merveille, où les rues sont plus tout à fait nouvelles, les visages des bars un peu plus répétitifs, les fêtes de plus en plus ennuyeuses.

Il n'y a pas de malédiction des 27 ans, de numérologie branleuse, c'est par là que le rêve devenu à sa réalité, et peu importe depuis combien de temps, peu importe comment, il nous faut goûter à la troisième zone de la liberté qui, après s'être créer des choix, avoir choisi, se doit de les assumer.

Il n'y a aucune malédiction mais un nombre outrancier d'Eloge de la Fuite.
C'est un âge où l'on se suicide volontiers, il y a le courage des dégoûts ou la mollesse des overdoses, la lâcheté, toujours, d'avoir gueulé et brandi et promis et fait miroiter la liberté, le vivre-libre et d'avoir abandonné aux premiers moments difficiles.

Oui, à tous les salopards et salopardes mort(e)s avant trente ans, je crache doucement et en joie sur vos tombes.



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