12.31.2014

Haïku de route-26/ Old style Traditional-Hand Tossed Pizza

On va donc se baigner. Je reste avant un moment assis sur le balcon, je regarde le paysage, la route qui file, les monts, la piscine sans personne, tout entre les barreaux, la lumière qui reste douce, le soleil encore intégralement là. Je bois une bière. On a défait nos bagages. Il n'y a pas grand chose. Les éléments de toilettes de ma mère, les vêtements que je mettrai. Je laisse la porte fermée, je fume doucement. Ma mère termine sa sieste. Les brugnons n'étaient pas très mûrs, on garde le melon pour demain. Après la piscine, on reste un peu, je regarde mes mails, la carte de demain. Je parle du repas du soir. Je fais le topo des possibilités à ma mère. Je me dis que dans un italien on aurait peut-être une chance de trouver des légumes, au pire une salade, des alternatives au gras. Je lui dit qu'on aura pas beaucoup à marcher. Les motards allemands sont arrivés, une vingtaine. Ils investissent l'étage de l'autre aile, certains sous nous. Des hommes seulement. Probablement comme tout le monde par ici pour la 66 et Vegas. Le cliché à brocher sur la cheminée des indispensables à vivre. Ils ont la quarantaine en moyenne, certains un peu plus, des poils gris sur des plis de ventres gonflés qui bombent heureux dans la piscine sous les commentaires de ceux qui restent encore à regarder en buvant depuis leurs balcons. On va vers une nuit tranquille.


On se prépare à sortir. Je mets mon costume. Ma mère un t-shirt et sa veste verte avec l'Edelweiss sur l'épaule. On fume une cigarette devant les motos. On attend au bord de la route regardant les secondes rouges descendre vers zéro. On passe devant le Nightclub toujours fermé. Ca te va là? DiNapoli's Firehouse. Mais oui, ce sera très bien. On entre. Elle se dirige tout de suite vers les tables, je la retiens, l'Amérique a ses codes. On doit attendre qu'on nous place. Je suis plutôt à cheval sur les coutumes. Ici j'attends qu'on me place et je mange des burgers. Mais elle, elle s'en fout. De plus en plus elle s'en fout. Elle est largement plus punk que moi. il n'y a pas de doute là-dessus. On nous conduit dans le fond à une table à deux. L'intérieur ressemble plus à un chalet suisse qu'à une enoteca napolitaine. On aurait dit qu'on venait de passer le col du Brenner. Sur les murs des photos en noir et blanc des années glorieuses des pompiers de Barstow. Pas d'images d'Italie. On aurait bien voulu commander en italien, juste pour varier, mais je réponds Hi et Fine. Peut-être que dans quelques années les serveuses devront faire des hugs à tous les clients.


La serveuse revient rapidement. Je déteste être pressé. Devant un menu, je suis toujours angoissé, devant un choix en général je suis toujours angoissé. Ma mère regarde les tables à côté. Un serveur traverse la salle avec des pizzas gigantesques, vendues comme des Old style Traditional-Hand Tossed Pizza (Only the finest ingredients used) A Traditionally thin pizza with a thick crust around the edge! Baked right on the brick "Baker Pride". Mouais. Selon la vieille tradition de Barstow probablement. Ma mère fait son choix dans les salades, je ne me rappelle plus laquelle, la César à 6$95 je crois ou la Sicilienne à 7$95. Je sais juste qu'elle ne la finira pas, une histoire de sauce ou de quantité ou de qualité. Un peu des trois sûrement. Je prends les Ravioli W/Meat assez spongieux mais mangeables, de toute manière j'ai tout le temps faim ici. On boit un verre de rouge. Je sais que je finirai le mien assez vite et que je chercherai des yeux la serveuse pour un second qui ne viendra pas. Je finirai celui de ma mère. Je ne me rappelle plus quel jour nous sommes. La salle est occupée, des couples surtout. On payera à l'entrée et l'air est froid dehors, on fume en marchant. Le Nightclub est toujours fermé. Il fera la joie des Allemands.














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