12.30.2014

Haïku de route-25/ 99 Cents

Les rues de l'Idéal succèdent nos besoins et y ajoutent des envies si la paresse traîne de désirer. L'Eden est fonctionnel. Sa liberté propose l'Essence à bas coût. L'Existence y passe d'une rue à dormir entre les plages d'écran où les beaux nerfs optiques surfent et zappent des réalités substituées à des rues plus grandes, celles du ventre, ventre de la machine et ventre des humains, transportés tranquilles de joie par les machines. Ici dieu est gras. Et même pauvre, dieu est gras. Et le soleil est beau là-haut. En fait, nous sommes allés nous baigner après mon petit tour du quartier. Mes souvenirs s'inversent. Je commence par redescendre la rue, mais j'aurais meilleur temps de remonter, vers le Cactus. Tout est là. Jack in The Box, Valero, Envision Food, Chevron Barstow, Barstow Pawn Shop, Family Fashionz, Big Five Sporting goods, les Wells Fargo ATM, Rigoberto Bros Mexican Food, DiNapoli Firehouse. Un Nightclub Dancing au bord du parking, fermé à cette heure bien sûr. Est-ce qu'on va aller danser ce soir?


La lumière moite, c'est le soleil dans les rues de Barstow. Je vois peu de graffitis. Sur le site de la ville, on peut reporter toutes les dégradations constatées, dénoncer toutes les nuisances. La paix de la communauté doit ouvrir l'oeil et cliquer les problèmes. Harry Partch a composé un morceau inspiré des graffitis de cette ville. Mais c'était le long des voies de chemin de fer. Et c'était en 41. Elle s'appelle simplement "Barstow". C'est pas extraordinaire. Vous pouvez écouter si vous voulez. Moi je ne suis pas allé le long des voies, quelques mètres le long de la 66 urbaine. Je ne me sens pas chez moi. Je traverse un parking. Je connais les parking. Je connais les supermarchés. Je connais un peu d'anglais. Mais je me sens un étranger, presque comme au Caire. A Prague j'ai toujours été chez moi. A Berlin aussi. A Barstow je suis l'autre. L'autre qui entre dans le 99Cents.


C'est fou comme ailleurs un même paraît différent. Un grand hall, rectangulaire. Des tranchées organisées, des rayons de biens, des clients, des caisses. Rien à s'extasier. Strictement rien. Tout est à moins de 1 dollar. Des employés remplissent les rayons. C'est moins chiche que chez Lidl ou chez Aldi. La faune est la même. Je tourne tout autour, je flâne comme dans un musée. Ma mère rêve de fruits. A gauche, ce trouve les assiettes, couteaux, cotillons, serviettes. Les légumes et les fruits sont à l'horizontale, au fond, les médicaments au milieu et les boissons à droite. Pour l'alcool c'est le Liquor Store, à côté. J'irai après. J'achète un couteau, des cuillières en plastique couleur aluminium, un melon, des brugnons. Je fais la file. Je crois que ça allait vite. Je ressors dans des gens qui discutent, je vais chercher deux bières au Liquor Store, un paquet de Camel, je me demande si on me demandera mes papiers. Je choisis des Lites, fraîches. Dans la queue une fille heugue deux gamins qui attendent, "Give me a hug, I'm the girlfriend of this man's brother, we do a party tonight, good booze, good sound". La communauté se serre dans les bras, se retrouvent, tout va bien en Amérique.











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