12.30.2014

Haïku de route-24/ California Inn

Regarde la route qui ne regarde rien, la bannière des rois et l'hagard des passants du Mojave tranché et le Saint des Saints, Bahia et les routes de ma mère plus loin racontées sur notre route à nous et les traces que j'y mets et le faire d'y vivre et d'être à ma vie et d'y mettre les images de toutes les histoires à nous. On entre dans la réception avec nos valises et tout est joli et la fille est jolie et c'est Hi et how are you doing et la découverte que je fais de la Visa. On ressort et mon anglais suit les indications vers la porte au fond où l'on doit être doux avec notre carte qui est notre clé. On essaye plusieurs fois. On finira bien par réussir et monter les marches et le couloir et la porte. Il n'est pas encore trop tard. Le jour est là. Ce matin est loin. Regarde maman, on va être bien là. King ou Queen Size. Ou Doubled bed cette fois. Chacun le sien et la télé, c'est devenu tellement évident. Je l'ai jamais allumée en ailleurs. Même quand il n'y avait rien dans la vie.


Les draps lissés et tendus, le dessus en damier épais verdâtre et lie-de-vin. Est-ce qu'on réussira à faire du café demain matin? Je pose la casquette du petit à côté du four à micro-onde. Je garde mes chaussures sur la moquette. J'ouvre la porte fenêtre. Le balcon minuscule. Ma mère regarde la fraicheur toute bleue en bas sans personne. Je ne me rappelle plus de la douche. Je ne me rappelle plus si je suis sorti d'abord en repérage ou si nous sommes descendus nager en premier. Peu importe. Allons dans l'eau d'abord. Ma mère se déshabille et met son maillot, sans pudeur, comme d'habitude. J'ai le corps pâle. On n'oublie pas nos cartes, on s'enfile dans les couloirs, elle me dit là et c'est l'opposé, puis là et c'est à nouveau l'opposé. Comment a-t-elle fait seule en Colombie? On descend des escaliers, on passe un autre couloir, devant la machine à glaçon, la piscine est nue, derrière une porte. Entourée d'une barrière de métal fort, le cadenas ouvert, le grand warning. Personne ne vous surveille. Noyez-vous ou noyez vos enfants, mais ce sera sans nous.


Elle descend sans hésitation son corps d'adolescente dans l'eau très froide et nage sa tête hors de l'eau. Nos affaires sur les transats de métal, je vais marche par marche et fais ma chotte. Elle est vraiment froide. Je mouille ma nuque et trace sous l'eau deux-trois aller-retour. Le soleil cogne encore. Un couple s'approche. Deux viandes. L'homme bedaine une glacière et la pose sous une des tables de la pergola. Ils sont jeunes et probablement sur la route de Vegas. Je sèche sur le transat en plissant les yeux pour les observer. Ma mère sort de l'eau. Elle commente le bide, la glacière et la fille entre dans la piscine sans hésiter. Son gars fait comme moi ou presque. Des jappées dès le premier pied. Il n'ira pas beaucoup plus loin. Sa femme se foutera de lui, gentiment. Il rira et fera des chis, les chis des  jeunes couples. Dans quelques années, il n'essayera même plus d'entrer dans l'eau et sa femme n'essayera même plus de le taquiner. Puis ils cesseront d'aller à Vegas ensemble. Pour l'instant il se colle, lui assis sur les marches, elle couchée, le corps immergé, la tête sur son ventre.




































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