4.03.2015

Haïku de route-46/ Smurf's Stories




Bien entendu j'aurais pu les tuer. Même qu'une. La ou les pousser du muret. Dans cette simplicité du geste et cette innocence de l'à coup, la douceur de la chute lente comme sont toutes les chutes et le son d'os brisés comme une voile qui se reprend dans le vent et la fin, tendrement normale, dans ce point d'éternel qu'elles offraient, la grâce de ne plus être. Mais bon, il y avait tous les autres autour, dans leurs juste-au-corps poisseux, dans l'indigence des shorts de marques et le parfum pour combler la sueur, les autres qui n'auraient vu, dans l'évidence et le don vraiment donné, que l'horreur et la haine folle. Et ça, ça aurait bien entendu gâché le voyage de ma mère. Ce sont des choses qui ne sont font pas. Bien qu'il n'y ait pas de haine à souligner l'acmé et en faire un réservoir clair à la justification de tous les devenir, ni qu'il y ait folie à définir, par le faire du geste et de cette poussée douce, la raison-mère qui les faisaient danser et se figer pour se revoir être quelque chose. Je n'ai pas poussé les filles. Je les ai laissée et j'ai rejoins ma mère et nous sommes retourné vers la Ford et nous sommes repartis vers la fin de la Mort.


On ne décrit pas le ressenti, ni les émotions. Ni les sentiments. On ne décrit rien ou les écrivain décrivent mal. Ils décrivent en imaginant transcrire, en aura dans les mots, l'exact d'un vécu, les myriades externes et le jeu, transité dans leurs nerfs. Ils mentent. Ils nous mentent. Les écrivains se salissent dans l'ubris d'une vérité qu'ils auraient saisie et scandée, à la pointe ultime du vrai, qui n'est que leur vrai, un vrai pâle, un sous-vrai, un vrai, qui même chez les écrivains les plus honnêtes, n'est qu'un pauvre vrai. Les mots de jeudi qui racontent lundi. Je raconte loin, un là. Cette chaleur. peut-être me lisez-vous dans un train moite de 17h en janvier ou sous la pluie, là, derrière la vitre d'un café ou dans le lit d'un mars pluvieux. Et je vous raconte sous ma pluie une chaleur inimaginable. Personne ne fait médecine pour lire Céline ou se fait un fixe à Tanger en lisant Burroughs. Personne ne lit. et nous n'écrivons que rien.


Alors il fait chaud. Durement chaud dans la Ford. Tu te rappelles des Schtroumpfs? Il y avait le grognon qui avait trop froid et le grand lui disait de se dire qu'il faisait chaud, de s'en persuader et à la fin de la page le grognon avait attrapé le rhume en pleine canicule. On se fait comme ça. sur des mots. et tant de mots faux. On se construit à entendre celui qui nous racontera le mieux notre mensonge. Les Schtroumpfs, c'est un miracle linguistique et une horreur fasciste. Ils nous montrent que notre langage ne tient à rien ou à si peu. Que le contexte réduit tellement de termes; que quelques outils suffisent pour que tu me comprennes. Des relatives, des marqueurs temporels, des liens logiques. Le reste se montre. La langue est un geste. Un tendre geste. Mais tu dois être là, vraiment là, pour me comprendre. Alors que les mots ne disent pas grand chose et nous endorment tant. On verra le fascisme plus tard, de toute manière, il est un mot d'abord. Commençons par nous parler.



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