4.03.2015

Haïku de route-47/ Daylight












Nous roulons dans le comté d'Inyo, sous la mer, nous sommes tellement de Nemo à grapiller nos tourismes. Moi je suis heureux d'être avec ma maman. Ce n'est pas très occidentale de dire "maman" après 10 ans, on doit être "je" et les autres, on doit être la suite, la jeunesse éternelle et se dire que, putain, les vieux meurent lentement. Il y a une chanson du groupe "Love". Elle est très bien. On repasse devant la station Chevron. Le moteur va encore. La route fait des vagues, elle floue, son tracé est un dôme dans l'à plat de la carte, au-dessus de la Tucki Mountain. Le faît à la hauteur de la Scotty's Castle Road, une porte du Nevada quand elle fuit, plus loin, sur la droite, pour s'appeler Daylight Pass Road. Un château de sable comme à Essaouira quand je rencontre cette fille? Je file dans le réel tous mes mirages. Et je me demande toujours dans ses silences, à quoi pense ma mère?


Daylight. Ces droites qui opposent à nos gauches les premières dunes, Mesquite Flat Sand Dunes, le sable comme une Afrique, comme s'il n'y avait que l'Afrique pour nous assécher, pour nous donner le rêve du sable. Dunes immobiles, nous sommes le vent, nous sommes la trace, le bruit d'air sur la route où le ciel n'a rien à dire à la terre. Rien. Nom d'un chien. Rien. On minauderait la bise noire, celle du Léman, la Salope des os, la chienne si dure à jouer dans les vagues, les à contre à réagir et la tête de ma mère qui s'étarque. Ma douleur n'est pas la sienne. On ne partage pas ce genre de chose. La sympathie est un effet de langage et je ne sais même pas ce que veut dire avoir mal à la tête. La roche est comme le soleil. Tu sais, juste un jeu de lumière. Tous ces noms qu'ont la matière et qui font ces couleurs toujours si jolies.


On approche de Stovepipe, un autre rien artificiel dans le vrai rien plein de tout. Il y a un Motel. Il y a des toits en tôles. Il y a un arrêt à l'ombre et le reste devant qui doit faire du temps et que l'on fera. Le gel du désert sous le fer blanc et les matins à nous brûler. Nous n'en serons rien. On s'arrête un peu. Des décors pour nostalgique de rien. Les époques qu'on joue enfant, même en Suisse. Du champs de terre, c'est ce que je devrais entendre et je crois qu'il y a des chose que je seais censé voir, imaginer les étoiles sous un ciel sans nos lumières, mais je pense à ma mère, à sa tête et à la route qu'il reste. Tu sais, ou vous savez, je ne sais plus comment dire, j'ai pris pas mal de truc qui m'ont envoyé assez loin et pas toujours dans un océan de joie, mais l'ivresse la plus intense, la plus sourde, l'ivresse des ivresses, c'est essayer d'avoir mal à la tête pour quelqu'un qu'on aime, sans avoir jamais connu le mal de tête. 

















Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire