2.10.2016

Haïku de route-115/ There's Church everywhere













C'est juste parce qu'elle aussi voulait bien tomber et plus fort et de plus haut encore, droite comme la pisse-vache et que le soleil, lui aussi, était tout en haut encore et qu'il n'y avait aucune raison de courir et que le détour par Glacier Point, on l'avait déjà mis en deuil et que la carte disait à vol d'oiseau, que Fresno n'était pas si loin que ça et que nous, nous n'avions pas tant envie de donner à la journée, plus de ville que de nature. On est toujours sur South Drive et en Europe comme en Amérique, il faut toujours qu'il y ait une chapelle jusqu'au fond des trous. Et ça touche ma mère ces terreaux de croix, ces réduits sans les bombances des cathédrales, ces caches où dieu se restreint, ça doit dater de son enfance, avec la micosimale chapelle sur le chemin de la Lèchère à Finhaut. J'ai jamais très bien su si elle croyait ou pas, comment elle croyait si elle croyait. Je sais que mes parents ne m'ont jamais forcé à faire le catéchisme, ça s'est plié vite. Ils m'avaient demandé. J'avais dit non. Et c'était réglé. Pour mon frère ça a été différent. Il a dû, lui. J'ai jamais bien compris pourquoi. Reste qu'on a jamais pratiqué. J'ai été baptisé, pour la forme, mon frère aussi. Les seules fois où on entrait dans une église, c'était pour la fête de Noël organisée par l'école de Mont-Sur-Rolle où l'on chantait en vaste choeur et qu'on m'avait donné le surnom de bourdon.Une maîtresse m'avait même demandé quand j'avais dans les 7-8 ans de mimer les paroles. On traumatise une voix pour moins que ça.


La chapelle est toute de bois cougné, contrite comme un ulcère de protestant, mais polie et vernie avec des encadrements de bois clair, toute tendue vers le ciel avec une volée de huit marches, les seules lignes horizontales, comme la fin de la terre, la fin du chemin sur terre. Mais on ne visitera pas celle-ci. Peut-être parce qu'il n'y a pas le froid des promenades par -20 à Kangerlussuaq quand on avait traversé la piste de l'aéroport à pied, suivant la route vers le village d'ancien baraquement de l'armée américaine et la plaine de jeu sous la neige, les bars qu'on s'arrêtera au retour et l'église au bord de la route qui conduit aux entrepôts de l'aéroport en face du Fjord gelé qui ressemble au lac Léman depuis Villeneuve quand on le regarde depuis la boucle de route, après le pont, le lac d'après la prochaine glaciation, le long de la route dégagée qui contourne la colline et mène vers tous les nulle part du nord. On laisse la Ford encore une fois et on prend le chemin de dalle blanchâtre vers la South un peu calmée qu'on traverse et qu'on longe, 10 mètres sur la gauche pour prendre le chemin plein de bitume qui tranche la prairie, haute, sous les arbres. On passe devant un tronc fini et c'est le pont qui enjambe la belle garce. Il y a une berge sur la gauche avec un couple assis sur le sable et un nid d'arbre avant le pont, sur sa droite et, en face, Lower Yosemite Fall qui dit, viens petit garçon, viens.


Et moi je laisse tout l'amour pour voir une chute et un oracle, mes yeux fixent et repartent en-dedans et je laisse ma mère sous un arbre devant la Merced qui fait la douce. C'est dingue de boire autant de bière et d'être à ce point fasciné et hypnotisé par l'eau qui coule. Il est là-haut, entre les arbres et la meute, cet oracle que je saurai évidemment lire et que je mettrai consciensieusement à l'épreuve en le vivant de travers. Je crois que j'ai toujours su ce que je devais savoir et j'ai toujours ignoré ensuite ce que j'avais su, doucement, par paresse, en passant les heures, dans les rues et les rades. Il y a un temps où les herbes si hautes m'auraient rongé les yeux, où je m'en serais arraché les paupières avec des ongles mal coupés et sales, les narines pleines en torrent sur ma lèvre supérieur, des mouchoirs crasseux et trempes dans toutes mes poches. Mais là,non. J'arrive même à les sentir et encore cette odeur d'eau fraîche qui descend de la chute. Je rejoins Cook's Meadow Loop et le bosquet avant de traverser la North Drive que je découvre enfin. Il y a un arrêt de bus et un chemin qui semble contourner un baraquement. Mais il y a aussi un groupe avec des filles qui parlent espagnoles en mini-short et qui remonte la North Drive en semblant savoir où ils vont. Je prends toutes les vues et je les suis. On fais une cinquantaine de mètre et le groupe s'embranche dans le Lower Yosemite Fall Trail, dans le dense des arbres. Je prends leurs pas. Ils s'arrêtent devant un grande cabane en bois pour parler de choses et d'autres. Ma mère m'a dit d'essayer de pas faire trop long. Alors je les laisse parler de choses et d'autres et je monte vers la chute.















































Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire