2.11.2016

Haïku de route-116/ Mini-Shorts
















C'est encore une chemin pour diabétiques, grabateux, gras, vieux, paralytiques, un chemin craché de mauvais poumons politiquement correct de bon bitume, tout lisse de grains tamis, polis et bien tassés. On peut être le rance du monde et se l'être gavé qu'on filera sur la ligne claire d'un bon bitume. On peut être transit à chaque molécule, blafarde ou obèse, à chaque molécule gangrénée, glacée de graisse, dans la boue tombante des sucs qui s'en viennent dans les veines, dans les artères, la boue suave et succulente de sucs dans une rave bien suintante, bien porcine, chaque molécule, ivre de la joie des sofas dans les soaps de junk-food béants les quotidiens, le sang gavé des néons salés, l'iris bleuie des cannes et des chaises roulantes glissant, lente et cool sur le tapis d'asphalte des parcs nationaux de l'Amérique, plongées, jouasses et biètes dans les merveilles que dieu, le bon, le seul et l'unique affrète au fat. Je monte en pente légère entre les arbres qui délire vers le ciel. Il y a toujours des humains partout. Les filles en mini-shorts me manquent un peu. Je me contente des troncs. Des brindilles de pins ont été prises par le vent. Elles beigent le sol. Je ne sortirai jamais des gens parce que je ne sortirai jamais des bars ni des rues parce que j'ai tellement eu peur d'eux, enfant, que je dois tous les rattraper et que je dois les aimer pour ne pas tous les tuer.


Je gardes les fatigues pour demain ou pour après-demain même si ça revient si vite et si fort, même si les images et les voix se redressent au fond de moi et qu'elles gagnent toujours comme les titans ont toujours vaincu les dieux. Le monde est aux monstres. Et il n'y a que les monstres qui nous aiment nous, les hommes et qui nous comprennent et nous prennent dans leurs bras et nous consolent. Tous nos massacres et nos baises sont des caresses d'enfant aux monstres qui nous aiment à crever et sans jamais nous juger ou nous détester. Les dieux n'existent pas, parce qu'ils n'ont jamais voulu de nous. Tout remonte comme d'habitude, putain ce que c'est dur d'être là.  J'essaie d'adoucir les scénarii, d'y mettre l'azur et du désir plus tendre, des images neuves, sans répétitions, des coulées d'images toutes vides, des monceaux d'images de rien ou de toi ou de tout les toi doux, sans sang et sans stupres, des images dans un technicolor affalé dans un abri moderne rien qu'à lui, un technicolor d'aujourd'hui, avec des cascades en plan d'ouverture et des panoramiques exagérément lents sur des quartiers pouilleux de Rome et un long travelling d'un Mékong de deux jours dans une lumière flasque de février pour finir sur un plan fixe d'une famille heureuse dans un intérieur bourgeois juste entre le printemps.


Je marche comme ça. J'ai le pas vif avec la vie vue sur un chemin en pointillé d'instantanés d'images mentales sciantes, tant bien que mal contrôlées et d'images réelles de boisées et de meutes, dans l'absence d'oiseaux, dans l'absence des cris d'oiseaux, des chants d'oiseaux mais dans les cris d'enfants, les plaintes d'enfants, les chants d'enfants, le feulement des semelles sur les brindilles beiges du bitume et le vent d'air ouvert qui éboule les clics des kodaks, nikons et caetera. Ma mère doit être bien sous son arbre, sur la berge de la garce tranquille qui descend entre la South et la North Drive. Je ne vais pas faire trop long cette fois. Je trace. Je ne me suis même pas arrêté aux mini-shorts. Je suis un stabat en mouvement, l'oeil tranquille dans l'image de ma mère devant la Merced coulante, presque immobile. Les troncs larges et les pointes hautes cachent le monde derrière et les falaises. Nous continuons tous vers le pont. Je suis le pont. Je suis ce pont. Je suis tous les ponts. Dans mon nom de famille, il y a le mot "pont". C'est con mais j'ai toujours pensé que j'étais un pont. Un pont. Juste un pont. Ce truc que les gens passent, qui les lient mais où personne ne s'arrête vraiment jamais. Ce truc qui supporte et surplombe tout ce qui bouge et qui ne bouge jamais et fait entre les choses tous les entre et qui n'est ni entre parce qu'il est là et qui n'est ni au-dessus parce qu'il est là et ni en-dessous parce qu'il est là. Ce con qui est juste là entre le monde.


























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