2.17.2016

Haïku de route-119/ Almost Sleep










Je remets mes pompes, c'est pas tout ça. C'est décevant. C'est juste décevant. C'est simplement magnifique. Et sans plus. Quel attrape-con la beauté. On penserait qu'elle suffit. Comme une fille. On penserait qu'il faut qu'elle soit juste belle et tout le reste est fait et advient. Belle ou chienne, c'est la même histoire. Et ça ne devrait être vraiment que comme ça. Une cascade. Un air qui sent rien d'autre que les pins et l'eau. Une fille avec des yeux à amener partout ou à rester chez soi sans rien faire d'autre que les regarder. Un cul qui suce quand on claque des doigts, des lèvres, celle d'en haut et celle d'en bas qui lape quand il faut. Pourquoi c'est pas comme ça? Je rouvre les yeux et je reviens sur mes pas, sans me couper les pieds, sans glisser sur les faces gorgées d'eau des rochers. C'est facile d'être là. Ce n'est que lorsque l'on rêve qu'on se tranche quelque part, qu'on marche dans les chiures de chiens, qu'on oublie l'heure. J'enjambe le gros caillou, le rocher, je passe les dalles en frôlant les grappes, les sacs des vieux, sorry sur les rides, sourire de sorry sur les rides, sur les joues flasques, sourires sur les mini-shorts en stand-by sur le pont, en jouant des coudes doux entre les groupes, les filles, les enfants. Je sens les parfums comme si on les avait écûmer des pins, comme si tous ces gens étaient des pins. J'écoute les voix, de bribes en bribes comme si c'était ma chute qui riait, qui criait, qui alpaguait, qui traitait, ma chute qui se répétait pour que tout soit bien clair et je reprends l'avenue à piéton sur le bitume et les brindilles, en courant presque.


Je me retourne, une ou deux fois, il faut bien. C'est beau. Ca doit se voir et se prendre et se revoir et se reprendre à plein dans les yeux ce qui est beau. C'est obligatoire. C'est comme les jolies filles dans les rues. Comme les monuments. Comme les images dans les musées dans les salles avec la lumière en évidence. On ne peut pas s'échapper comme ça. Se retourner, ça n'a rien de naturel, personne ne se retournerait normalement. Normalement, on marcherait et il y aurait devant et il n'y aurait que devant et il n'y aurait pas de raison qu'il y ait derrière sinon on se serait arrêter. Et on serait peut-être reparti mais ça n'aurait rien changé parce qu'à partir de là, ça aurait été devant et juste devant. Personne ne devrait se retourner. Seulement les rares qui ont quelque chose qui traînent derrière, comme un passé ou des souvenirs, des trucs comme ça. Je dépasse à peu près tous ceux qui sont devant moi. Je passe la cabane, la North Drive et je retrouve ma mère, assise sous l'arbre dans l'après-midi qui commence à prendre. Il fait bon. Sur le ban de sable des gens ont remplacé les gens. Là, quand on n'y pense pas ou qu'on pense à autre chose, on n'entend presque pas les routes. "Je me suis presque endormie". Il n'y a plus les cinq minutes. Il n'y a plus l'heure. Elle est bien. Il y a le temps qui court et le temps arrêté.. Elle a passé un joli moment. Un bon moment. Elle a laissé passer les gens, la North, la South, elle a laissé passer la Merced. J'ai ralenti avant le pont. Pour reprendre le souffle. Pour faire comme si c'était comme à Brideveil, avant les sandwiches. Pour faire comme ci. pas pour prendre l'air doux et le monde arrêté. Pas pour faire la sieste, pour faire comme si j'avais fait la sieste,, une sieste en mouvement. Non. j'ai repris mon souffle pour faire comme si j'en avais.


Le phénomène ne suffit pas. Le monde tout seul ne suffit pas. Il entre dans tes narines et il est déjà passé à autre chose, il est déjà pensé dans autre chose. Il bat dans tes muscles, il les tend et t'as déjà envie de te liquéfier dans ton canapé et de caler tes bras le long de tes côtes avec les paumes sous ton pull, à plat sur ton ventre. Et quand tu penses aux pins, quand tu penses à cette paume ou au cul de la femme qui s'amasse sur le chemin devant toi, t'as envie de te lever et de déplacer une armoire ou la table basse, de respirer un burger ou les pots d'échappement de la North Drive ou de dépasser le legging flasque et passer à d'autres regards. Crier au sens, apprendre à les gorger les cinqs, croire qu'ils seront les uniques à te prendre par la main pour te raconter le monde, c'est susurrer doucement à la pensée pour qu'elle rampe et t'avalle et te recrache vers d'autres sens. L'oeil ricanne le nez, la bouche traduit la main. C'est dommage qu'on ne soit pas plus que des humains. C'est dommage qu'on ne soit pas que des chiens ou des singes. Le monde est un écho dans mes narines où ma tête tombe pour lire et me le dire ce monde, jusqu'à ce que je me rende compte que je ne sais pas lire, que je ne sais rien lire, que ne comprends même pas l'alphabète de mes sens. Je reste un peu sous son arbre. On devrait foutre le camp. Il y a tellement d'arbres entre lesquels foutre le camp. Se faufiler entre et filer et voir comment ça se passerait et revenir plus tard ou ne pas revenir ou s'arrêter dans une clairière en attendant que les hélicoptères nous retrouvent.




















































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