3.16.2016

Haïku de route-124/ Glacier Point Rd

















C'est un peu flou sur la carte, je ne suis pas très sûr et c'est pourrait bien  être là, mais ce n'est pas indiqué et j'ai oublié de calculer les miles et des les regarder sur le compteur. La Wawona continue droit devant et sur la gauche, ça mon,te dans l'ombre des arbres. Il y a des bâtiments des deux côtés du carrefour et une puissante envie de pisser. Je demande à ma mère de s'arrêter. Les deux maisons semblent vides et derrière elles c'est vert et dense et presque noir, aussi sombre qu'à l'intérieur, derrière les vitres sales. Je cherche un arbre pour me soulager et je regarde la route qui monte en face de moi. Je suis presque sûr que c'est elle, mais je n'arrive pas à être totalement sûr, c'est souvent comme ça, un fond de doute qui m'alourdit toujours les décisions à prendre. Je traverse la Wawona. L'autre bâtiment semble vide, lui aussi. Je monte un peu le long de la route, jusqu'à voir un panneau. Alors le doute s'allège et je cours comme un gosse dans l'air de sapin pour rejoindre la Ford. "Alors... C'est bon?" Oui, c'est tout bon. Tout est léger, mon ventre, ma vessie et mes nerfs et l'air autour que je fais entrer dans la voiture en ouvrant ma fenêtre alors qu'on attaque les lacets de Glacier Point Rd, coupant Avalanche Creek, coupant Brideveil Creek et ses milliards de molécules d'eau qui ne se doute pas de la chute à venir et qui descendent, réjouies, se jeter sur d'autres joues et baigner d'autres pieds.


On ne sera pas seul. On dépasse des barres noires de touristes, on se fait dépasser par des monstres aux vitres fumées, on se traîne derrière d'autres cars, de virage en virage, la file s'allongeant, au pas, derrière nous, comme nous. Le soleil fronce entre les cîmes. Mono Meadows Trailhead, Sentinel Dome Trailhead, Washburn Point. Partout des gens qui s'arrêtent, qui repartent et la monotonie des lacets, la beauté monotone qui se répand devant, autour de nous et la balance des courbes, toute une danse pour la Ford. Les routes de montagne c'est le bal des bagnoles. Je fumerais bien une cigarette. On doit à nouveau approcher les 3000 mètres. On arrive en file indienne, finalement, derrière les monstres, au pas et le bus, devant qui peine sa manoeuvre à l'entrée du parking qui ressemble à une bite molle à demi tendue dans la touffe des arbres. Pour les cars, c'est tout de suite à la naissance de la queue, directement devant le chemin qui mène au point de vue. Les voitures ont l'embarras du choix sur le pourtour. On descend jusqu'au gland et on remonte un peu, se parquer entre deux veinures de peinture blanche fatiguée. J'allume une camel. J'aspire la première bouffée longuement, je la recrache longuement puis je respire à pleine narine l'air des trois milles, cet air qui n'a plus d'arbres au-dessus de lui, cet air qui est l'air de la haut, l'air d'un ciel qui ouvre les bras à l'en-bas qui s'exhale à lui et nous entre les ciels et les sueurs qui s'évaporent de la vallée, des pins et des bus, de la Merced et des parfums de nous tous.


Du vent en vrac et des peaux qui traduisent la saumure des intérieurs des bus et les sueurs massées de l'air conditionné. Le parking est gras et les corps vont et viennent. Si je devais créer une ville, je commencerai par mettre un parking. Même si je devais créer un site naturel ou la nature tout court, je commencerai par poser un parking avant les arbres et les falaises à pics avec les cascades au loin. C'est ainsi. Comme si tout devait être fait pour nous séparer et en même temps nous réunir dans des lieux-dit fonctionnels. Des smartphones qui nous restreignent à l'autre et des supermarché où l'on se frôle dans les rayons. On est frôlé et liké et on regarde, assis sur les terrasses l'écran plus que les jambes et on lit plus les étiquettes des vêtements que les mauvais livres qui se publient à la pelle. Et on se frôle encore sur des pages communes et on s'engouffrent dans des cars vers des points gras sur des cartes adoubées. On s'ignore un peu partout. On est là, ensemble, virtuellement et réellement, amassé et contrit et un peu obligé de se partager sur les commentaires et les likes et les rayons et les sites naturelles et on se survit en s'ignorant doucement, activité facilitée par les écrans qui s'accaparent les jolis regards, même bovins qu'on pourrait se lancer en sortant du parking, alors qu'on se frôle en s'engageant sur le chemin. Elle était bien l'eau de la Merced, elle nous a réveillé. Les yeux sont là, ils sont prêts à regarder. 






























Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire