10.27.2014

Haïku de route 14/ Flip Houses

Flip Houses. On longe les rues pures de la communauté, au bout d'une arête d'interstate, au bas d'une colline, dans un rien resserré, on glisse et remonte, maison après maison, pas de shop, ni mall, pas de station-service, juste des gens, des familles, à se mettre ensemble dans un au-delà lisse et séparé, un homme décharge et sa femme, les enfants, un espace plastique, une existence idéale et plissée, Lennar, le camp clair d'un paradis en annexe, fonctionnel, un vivre en joie androïde. On roule au pas, ma mère voudrait que je demande et je ne veux pas, continue, on sort d'ici, on peut encore reprendre et voir plus loin. On retrouve le carrefour un peu perdu dans les priorités, la langue est crasse et étirée des bandes cassées et traîne à 20 miles à l'heure entre les collines. On choisit l'annexe, on se retrouvera bien.


Ma mère oublie parfaitement sa jambe gauche, le ciel ne s'est toujours pas levé, buissons drus pâles sur les flancs, on approche de la voie quand la barrière se baisse. On oublie si vite que c'est le train qui ouvrit ces terres et acheva la vie sauvage. Les rails posés, on les releva pour les clôtures, la terre errante tranchée, les océans eurent le même goût. Tout sera fait pour arrêter l'espace, la plus grande erreur de l'humanité, c'est la sédentarisation. Voyez. Maintenant que l'espace est ouvert et le temps contrit, les villes s'uniformisent et aller là ressemble à aller là ou là. L'extension du même. J'ouvre les yeux pour en sortir, les aiguise à gratter et ronger dans le lisse, le grain d'autre et je regarde l'interminable filant de marchandises, les wagons taggés, les wagons jaunes qui tirent du soleil défraîchit sur la gange grise du ciel, un train long et lent, des monticules de gravats de chaque côté de la route. Je serai bien sur son toit.


Crossing Railroad, les barrières s'ouvrent, 300 mètre plus loin on voit la station Arco et un lapin dans un champs. Quatre pompes glauques et deux satellites sur le toit, on s'étire un peu, je m'écarte pour fumer, un panneau me demande de faire attention aux chevaux, une station Shell juste en face. En fait, je viens de me rappeler, on avait pas besoin d'essence, juste un café, celui dont on aurait eu besoin pour sortir de LA et de l'eau ou des conneries américaines à boire, une joie chimique pour la route rêvée. Food Mart, j'achète des cartes, le plus petit café, un Dr pepper, de l'eau, je passe le coin pour aller pisser. Un autre train sans fin ennuie le décor Barstow sur la gauche, l'embranchement avant les machines de chantiers endormies, comme s'il n'y avait rien aujourd'hui et les belles roses de la maison devant Shell où le panneau nous rassure d'une communauté qui se surveille.

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