10.16.2015

Nouvelle-54/ Les bars rouges






















Ne pas s'en faire. Le train roule. L'air est froid. il est devenu froid. Il a voulu. Les choses se règlent là-haut, entre forces et sans dieux. J'ai froid. J'ai mis des couches, même si c'est trop tôt. Mais c'est con de dire c'est trop tôt. Là c'est. C'est comme ça. On fait avec ce qui vient et avec ce qu'on sait, l'aléatoire est ma certitude, mon ignorance ma réaction. J'ai froid sur ce quai. j'ai chaud dans ce train. Et même dans ce chaud, j'ai froid. C'est comme ça. Dans ces froids, les gens restent au lit. Ils croient que ça ira mieux. Ils se gavent de chimie ou d'huiles essentielles. L'essentiel c'est ma chimie. Mon corps. Ma physique. Cette physique qui me lève et me sort et me tremble. La vie, c'est vivre. Je suis dans le train, j'ai froid, je tremble, je vis, je réagis, je ne prends ni l'économie de la chimie pharmaceutique, ni l'économie de la chimie alter. Je suis ma chimie. Je crée ma chimie. Je traverse mon corps. Tout seul.
Je vois dans le filant une pie sur une chèvre dans un champs le long des voies. Une pie posée sur une chèvre. Dans un champs vrai le long du bruit des voies.
Si tu as de la vie qui s'ennuie, cherche les pies posées sur des chèvres. Cherche le vrai. Si tu le prends en photo, tu es un minable. Parce que tu lescauras ratées, la pie et la chèvre.
J'ai passé la journée. J'ai vécu des choses merveilleuses et banales. J'ai vécu l'extraordinaire de l'ordinaire que je ne connaissais pas.
Le train du retour était à l'heure et moi en avance. 1€30 le 25, je suis entré. Je ne suis pas allé au fumoir, je suis allé au bar. Ils étaient tous rouges, sauf la vieille au thé. Ils avaient des âges, mais même le mien. Ils buvaient la 25. A côté de moi, il y avait un homme qui parlait avec le visage et des yeux et des spasmes, et le bras droit parfois, un peu au-dessus du zinc. Un autre avec un oeil en biais. Des rouges. Des peaux rouges. Des visages rouges. Des spasmes. Des lenteurs. Et des mots. Des tonnées de mots. Des mirées de gestes. Des gestes. Et des mots. Pas des paumés silencieux et frigides derrière des écrans dans les bars hypes. Pas des fils et filles de putes assis face-à-face derrière facebook. Pas ce sale monde. Pas le vide des galeries, pas le vide des films, des scènes de théâtre. Une vraie saloperie vivante et rouge.
Et une vraie pie sur une vraie chèvre. 






























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