3.19.2015

Haïku de route-40/ 25'000 Words






Il y a des boucles qui te regardent et les cercles de Dante qui sont trop loin. J'ai enlevé ma chemise. J'ai envie de courir dans les pierres. On a repris la route vers la fin de la vallée qui ressemble à du foin blanc, rasé, endormi à terre pour des tamis de lumière. On vacille cool la fenêtre ouverte à l'air conditionné. Bennett Peak, Rogers Peak, Colville Ridge, Wildrose Peak. Les faîtes en face, je me demande quand c'est les roses sauvages, qui s'est perdu pour dominer et laisser son nom, puis je laisse aller, tout est bien là, je ne chercherai pas. On regarde sur le livre, les images sont jolies, les photos bien cadrées, on se dit que tant qu'à être là et on bifurque sur Artist Drive, pas de risque de se perdre, la route fait une boucle et rejoint la vallée. On s'enfile avec ma mère. Je vois du violet dans la rocaille et l'ennui des bruns, une voiture nous croise, descendante, il y a, derrière des gens qui n'ont pas encore amorcé le virage, je demande à ma mère de s'arrêter, je veux mettre des pieds sur lce sol, je veux trouver un caillou pour le petit, je voudrais tellement aller tellement loin.


Des rangs alanguis d'épaules de roche, des corps harassés, au repos, les banquets qui suivent les batailles, la nuit finie de vin et bombance, les corps gorgés, pleins, les corps gras, les corps luisants, les corps osseux, cougnés, enlacés, suant et pris et sec de fatigue, de vaillance et de bêtise, la Vallée de la Mort, c'est la dernière heure du dernier banquet d'Alexandre, l'oiseuse fin débile des gloires, l'étendue lente, fouillie, amoureuse, stuprante, l'avachie des grains, le rêve de tous les ors et la liturgie de Méduse. Mes chaussures prennent mal pieds, je m'équilibre, je cherche un serpent. La voiture nous dépasse. Le soleil est global et lent. Ma mère ne sort pas. Je racle le sol, je ne trouve rien, rien qui me plaise, pas de caillou qui m'appellerait, je frotte ma main pleine de poussière sur mon pantalon et je retourne dans la Ford. Je joue avec mes boutons. J'aime bien ma casquette, enfin... La casquette d'Eliott.


La vue sera surfaite. J'aimerais écrire 25'000 mots sur rien. Mais le petit me dirait, pourquoi 25'000, pourquoi 50'000, pourquoi pas 37'000 ou 62'000. Il a raison. Je suis trop conditionné. J'utilise les mêmes expressions, les mêmes nombres pour imaginer des combiens vagues, je continue à dire "le soleil se lève" et "le soleil se couche". Alors que ce sont des erreurs sémantiques majeures, comme si je croyais encore que nous étions le centre de l'univers, que tout tournait autour de nous et pour nous, que j'étais le centre de l'univers et que tournait autour de moi et pour moi. La science nous a réduit à rien. Rien qu'un conglomérat d'atomes régit par des règles physique, là, interagissant de manière plus ou moins aléatoire, dirigé par des forces relative en gros, quantique aux coeurs des coeurs, perdu dans rien, venant de nulle part et s'étendant quelque part pour se réduire ensuite, centre de rien, censé être rien mais obligé de faire et de continuer à se voir. La plus belle promesse de l'écrit, c'est de décrire ce rien et d'y être en joie.

















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