3.26.2015

Haïku de route-43/ C'est comme de parler poésie au White bar de Rolle



On longe la halle aux foires,  la Greenland Rch Road sur notre gauche, le sunset campground sur la droite et on s'arrête un peu plus loin, sous les palmiers, en face de la station Chevron et avant la airport Road. Greenland. si on avait su on aurait pu rire un coup et faire le contraste, nous rappeler, emmitouflés sous des couches termiques dans les jours rares, un février avant, à la traque des boréales. Mais ce n'est pas un temps à l'Irish Coffee inuit et ma mère aimerait se poser un peu, en inclinant le siège, toutes les eaux du crâne et le sang dense qui cogne et la migraine qui monte et juste, là, un peu d'ombre, juste en prendre un peu, allongée et les yeux fermés pour calmer la lumière qui bat dans les tempes. Je comprends bien. Je la laisse et remonte sous le soleil d'asphalte et le petit chemin vers les bungalows, le sol propre, je fume et jetterai mon mégot dans une poubelle. Je ne croise personne. Je remonte vers le ranch, le commerce, l'air co et les gras. Je traverse Greenland et prends par Date Grove Rd, quelques mètres jusqu'à l'entrée du merdier parfait. Je ne voulais pas utiliser le mot "gras". Je n'y peux rien si c'est là ce que je vois, si c'est ça qu'on me présente.



 Même les rares fines suintent et l'ambre solaire se dissout dans la chaleur. Je m'arrête d'abord au General Store, les cabines téléphoniques qui bordent la route et les poubelles pour se recycler. L'intérieur s'enfile en souvenirs, à porter d'abord, puis dans le fond à manger et à boire. Je vaque dans les rayons, je vois et j'aimerai, le cash dans mes poches me cajole d'une joie insolente à marquer le coup. Je marche et reviens, traîne, hésitant, je prends le frais des fruits, la lumière hallogène pour contrebalancer dans l'iris, celle du soleil dehors, devant l'ombre où sieste ma mère, je touche les t-shirts, les compare, j'aimerais en ramener un au petit, mais il n'y a que des tailles d'enfants fats et des pierres et des mugs et dans l'autre fond, près de l'entrée, sur la droite, des nécessaires de camping et de survie, des boussoles et des cartes. Je me rappelle qu'on cherchait une crème solaire que je n'avais pas trouvée à Barstow ni à Shoshonee et que ma mère aimerait bien. Je refait les rayons, trouve une belle protection 50 et je finis par choisir un t-shirts pour Eliott dans quelques années. Deux bières encore et je sors.


Du temps encore, à laisser. Je n'ai pas fait exprès de prendre si loin, je veux dire, je n'ai pas volontairement choisi la longueur. Je monte les marches de la travée extérieure du Wrangler, Steak House. Deux personnes qui font partie de ce que l'époque offre de plus cool en sortent et on se croise en se frôlant un peu l'épaule, un couple fume, j'entre. Tombées conditionnées qui m'alterne les températures, la salle principale est presque vide, je me dirige vers le bar et m'assieds sur un tabouret. Je prends ce qu'offre la pression. Le paysage n'est ni glauque, ni trendy, ni cool, ni fonctionnel, ni touristique, le paysage n'est rien, un bar de rien, un aseptisé suprême à forcer la volonté de s'y faire une histoire. j'imagine ici, des rencontres, des premières secondes et la tristesse des souvenirs qui en restera. Il y a des lieux comme ça dans le monde où tu peux croiser celle ou celui que tu croirais être la bonne personne ou la parfaite personne de passage, mais le lieu est une glaise si insipide, un théâtre à mémoire tellement informe que ton histoire en est déjà pourrie. C'est comme rencontré l'amour au Loft à Lausanne ou discuter poésie au White Bar à Rolle. C'est foutu avant d'avoir commencé.






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