3.21.2015

Haïku de route-41/ AC2-3T4O10X2








Précession de mes équinoxes, les zones à être stable, la caillasse égayée et le je-m'en-foutisme actif de l'éternité. Ma mère semble raide, je vois les nuits mais maintenant je me couche plus tôt, rien à regretter, c'est simplement que je veux tapisser toutes les parcelles des jours. J'ai toujours vu triste les gens qui couraient sur leur temps à racler la jeunesse et l'étirer et la croire comme une règle simple à appliquer et des lieux à rogner. Ce sont eux les rognés, les doux pauvres dont les ados se foutent ou adulent et laissent en fin de soirée ou en fin de nuit dans des remblais défoncés pour jouir tranquilles de chairs claires et lisses sans veinules, larmes, colliques de vieux temps ou mauvaise haleine. Leur saison sous le soleil. Je les détestais autant que j'avais de la tendresse pour eux. J'étais pas ça. J'avais mes bottes et j'avais pas le courage de leur marcher sur la gueule. Peut-être aussi que je ne me sentais jamais si loin que ça. On hait si facilement ce qui nous pend au nez. Comme mon père quand il était plus rien mais qu'on le maintenait pour la forme. Mais laquelle? J'aurais dû le tuer.


Chinatown. Ni celui de Chang Mai, ni celui de Bruxelles. On est en train de s'endormir devant avec ma femme, la semaine a été longue, San Fransisco est loin, un an, presque, 1400 kilomètres environ. La tête voyage sans trop de problème dans le temps, ce serait même à cela qu'elle sert et l'espace se désire, se matérialise et se rematérialise à notre gré, c'est une question d'effort. Ne croyez pas que j'ai oublié où nous sommes. Nous sommes sur une route simple, sans marquage au sol qui vallonne entre des roches qui semblent friables. L'asphalte est usé, poussiéreux, une ligne jaune à gauche, blanche, à droite, la route déborde un peu, des deux côtés comme un bide d'Américaine dans un pantalon trop serré. Artists Drive porte bien son nom, on a l'impression d'une page blanche. On pourrait choisir de voir la sécheresse, la croûte de sel dans l'imaginaire qui ne fait rien venir, la pauvreté face à trop plein de mêmes qui deviennent du rien, la teinte trop unie des mots qu'on a déjà trop utilisé. On peut aussi prendre le parti d'y voir tant de lignes et les infimes de tous les touts et une langue évidente à sinuer méthodiquement, en nommant, méticuleux, chaque grenaille de pierre, chaque grain de poussière et le ciel, là-haut.


Du rouge de fer, du rose de fer, du jaune de fer, le vert est AC2-3T4O10X2 et le manganèse fait le pourpre. On s'arrête en bord de route, face à la palette. Je m'attendais à quelque chose de plus brillant, plus scintillant, plus évident. Je sors de la voiture pour courir sur les talus de cailloux, j'aimerais m'approcher un peu, peut-être trouver et prendre des restes à terre. En me retournant, je vois ma mère qui est sortie de la Ford et qui prend le mur en photo. Je ne vais pas faire trop long. Je ne sais pas quelle heure il est, mais on devrait avancer un peu. Furnace Creek ne me semble pas trop loin sur le plan, avec un bout de papier, j'ai fait une règle pour les échelles, je love sur la carte et à l'estime je ne me trompe pas de beaucoup. Pas de basal en feuillet, malgré le soleil, pas vraiment d'éclat métallique, je ne raménerai rien de là, je regarde encore un peu et je rejoins ma mère sans trop me presser. Une voiture se gare derrière la nôtre. Il est temps de boucler la boucle et de rejoindre la Vallée.

















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