11.06.2015

Haïku de route-88/ In the Meantime
























C'est toujours le jour et la nuit et sortir d'un cinéma à 13h en août, c'est toujours alors ainsi avec la lumière d'ainsi et ce n'est ni la bière ni le film qui montent cette impression c'est toujours juste la lumière qui sublime ou salope la vie. Les films en noir et blanc ne sont pas des films en noir et blanc, ce sont des films en nuance de gris, en descente de blanc et en montée de noir comme quand on sort d'un bar sombre et qu'il fait encore jour, même si le jour se plie ou qu'on sort d'un cinéma à 13h ou qu'on se saôule la gueule un lundi vers 8h du matin au buffet de la gare. Je sors du Bodie Mike's lent mais sans ivresse, même pas gris, je sors sans nuance et quelques tables vides sur la terrasse du Nicely's. Je sors d'un bar sans chair parce qu'il n'a jamais su prendre quelque chose qui tiennent à ce bled, un bar sans aïgu et sans ambiguïté, un bar pire que tempéré, un bar qui ne peut offrir rien d'autre qu'un match des world series sans passion. Je rentre au Motel. Ce n'est même pas une ville à mourir, une ville où l'on viendrait mourir. Je suis même persuadé que c'est impossible de mourir ici ou alors qu'on y meurt tiède comme on y vit tiède. Mais c'est la ville idéal pour faire la sieste et pour que ma mère y fasse sa sieste et pour les oiseaux qui viennent s'y reproduire en avalant un max de crevettes.



Je croyais le temps lent mais le temps passe. Mon ventre est tiède. Je n'ai pas faim. Alors que ça devrait venir, que ça devrait même être déjà là. Mais non. Ma mère est toute bien. Ca me fait plaisir. Le lit confortable et la tranquilité. Elle est debout ou réveillée depuis un moment déjà. Elle a bouquiné, fumé une cigarette dehors devant les fleurs et la Ford. La chambre est minuscule. On ne tire aucun plan pour la soirée. C'est une journée à ne pas vraiment vivre, une journée dans l'intervalle entre la Vallée de la Mort et la montagne, le sable et la neige, ici, dans l'entre-deux du sel liquide. J'ai toujours envie de plus, j'ai toujours peur de rater, peur de rater de la vie, coupable de dormir. Elle, ma mère, elle s'en fout, les choses passent comme elles devraient passer et pour être demain il faut bien être aujourd'hui et y être plus ou moins bien et y faire la sieste et y prendre le café le matin et regarder les nouvelles le soir. Ce qui se dure est ce qui se respire et se souffle et s'attend si possible dans des lits confortables.


On regarde sur l'I-pad assis sur le lit, le col de demain et on déplie sur le lit les cartes d'Oncle Joe. On imagine des points et la vastitude du Yosemite. On laisse la porte ouverte pour l'air. On regarde dans des livres qui disent ce qui est beau et ce qui vaut la peine et on y décompte les ratable et les inratable et les distances et les détours entre les inratables et je fais avec un bout de papier une règle pour mettre les cm d'échelle en kilomètre à conduire pour ma mère. Mais je tournicote dans les lacets du col et des routes de la carte. J'estime. On discute. On se dit. Je lis à haute voix les mots des livres qui disent le beau et je dis "si tu peux" et je dis "si tu le sens" et encore "ce serait pas mal là, si c'est pas de trop" et que "moi, comme je conduis pas, alors un peu ce que tu veux". Je mets des "mais" quand même, des trucs qui ont l'air vraiment très bien et des plans a et des plans b, des éventualités. Rien n'est vraiment long mais tout est col, lacet, montées et descentes et virages et boucles. Mêem si ma mère connaît Finhaut et la Forclaz qui sont des routes qui n'endorment pas, qui font conduire et presque aimer conduire, il faut qu'elle conduise et que tout sera bien trop et qu'il faudra couper dans le tout. Et il va falloir prévoir la nuit. Dans le parc, c'est du délire et quasi plein partout. Je regarde les portes de sorties et les proches dans les portes de sortie. Puis on se dit qu'on décidera demain matin.































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