11.13.2015

Haïku de route-91/ HERE



















Les gens déjà semble dormir. Peut-être que l'on boit enfin au Bodie Mike's. Peut-être qu'il y a des filles. Les places sont prises, en face. Les voitures coupent la vue sur la cour. Je n'y pense même pas. Je parle des filles. Je n'arrive même pas à y penser. J'ai la libido froide. C'est pas humain. Enfin... Ce n'est pas mâle. La queue c'est la vie. La queue qui pense mène la vie. Là, elle n'est nulle part. Juste tassée, prête à pisser la première Lite que je termine. Les chambres, le long, sont silencieuses. On a fini depuis un moment avec ma femme. Le petit est avec elle. On se manque et on se l'écrit. Une voiture passe. Juste une. Il paraît qu'il y a une école ici. Enfin... C'est normal. Il doit y en avoir une. plus loin sur la rue, avant qu'elle devienne une route, je crois. Est-ce que les gosses ne devraient pas être rentré? Peut-être demain, Je ne sais pas combien les morts à la guerre ont fait de jours fériés. On est lundi? Dimanche? On doit bien être dimanche. Le petit était à la maison. Il est à la maison. Nom d'un vide, je suis un peu largué. Nous, on a vécu comme un dimanche. L'air sent. Plus encore là, dans la nuit, même s'il n'y a pas tant de voitures que ça. J'allume une cigarette. Je respire l'air et la nuit. Je ferme l'I-pad. Il faudra pas que j'oublie de le mettre à charger. Michel nous a donné un adaptateur pour les USA qu'il avait acheté dans les années 80. Quand est-ce qu'on a commencé à fabriquer des choses qui ne duraient vraiment pas?


La nuit est noir et silencieuse, je suis seul et j'ai des dollars dans la poche dans un trou tiède entre le désert et la montagne, au bord d'un lac mort. Demain nous sommes loin. Je pourrais tout faire. Tout. Je pourrais faire n'importe quoi. Je pourrais remonter la rue comme ma femme adolescente à Charleroi. et la redescendre. Et la remonter. Je pourrais traquer au Bodie Mike's de la jeunesse ou de la mère. Je pourrais m'engouffrer dans la Lee Vinning Creek Trail, descendre vers le lac et me perdre et glisser un peu. C'est long la nuit, les villes, les bleds sans soleil, les délires des Gomorrhes ou les jardins de Gethsémani et l'ennui tout simple à avaler comme une golée d'air et à expirer comme un peu de vie en moins. J'ai passé deux niveaux à Candy sans utiliser ni de main ni de sucette. On publie toujours des chats sur facebook. mon livre est resté sur le chevet. J'ai prêté l'autre à ma mère qui dort là, sûrement. La porte est fermée. La nuit est ouverte et je n'en veux pas. Le frais vient. J'allume une cigarette. Je sais que je ne finirai pas la deuxième Lite. Il y a des moments où les yeux ne savent plus regarder mais n'arrivent pas à se fermer. Il faudrait alors être aveugle pour y voir un peu, encore un peu.


La bière, elle tire sur mes pommettes, elle les tire vers le haut, tombe sur mon front et me plisse les yeux. Le temps est autant de secondes après les autres que des heures qui passent sans rien nous dire. Alors on sent le poids des secondes comme des jours qui passent et les heures devant la Ford et les fleurs s'effacent comme si on venait de s'asseoir. Inspiration, expiration, répétition et le clic du briquet. On reprend. Et on reprend. Les constellations se déplacent mais lentement. Je regarde rien avec assiduité. je vis un apaisé compulsif. J'étire le temps, immobile, mes nerfs immobiles, mes os immobiles et même si je cligne des yeux et que ma bouche aspire la fumée et que ma main monte encore vers ma bouche, c'est comme si je dormais plus fort et plus vrai que si je dormais vraiment. Le sol est dans mes pieds et mes pieds sont un autre sol. Il y a chaque jour la nuit et chaque jour des heures qui passent et des mois qui passent et des saisons qui passent et moi je n'arrive tout simplement pas à passer les jours comme eux ils passent et les mois comme eux ils passent et les saisons comme elles elles passent. Sauf de rares moments, comme là où je suis une partie de la nuit et mes pieds qui sont une partie du sol et ma bouche qui est une partie de l'air. Ces moments où je suis un moment d'ici, hors du monde qui met des néons dans la nuit et dans les jours, des gens dans des voitures sur les routes. En buvant et en fumant j'ai cherché et je cherche à être ailleurs, alors que le seul ailleurs, c'est ici.











































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