3.21.2012

Bruxelles-Montauban-Toulouse

Il n'y a pas de campagne à suspendre lorsqu'il y a tout à dire et un peuple, non à unir ou à soutenir, mais bien à tenir.
Et je ne chercherai pas ici à abonder dans la compassion, tout a été largement dit et ressenti et bientôt, bien entendu oublié par la masse ou plutôt remplacé par d'autres peines quotidiennes ou spectaculaires.
A l'unanimité la classe politique française a utilisé l'adjectif possessif comme pour, non partager, mais s'attribuer une douleur, comme à l'époque on nous intimait d'être tous Américains.
La douleur d'autrui ne se possède pas, ni ne se récupère et si elle se partage, elle doit se taire.
Nous sommes descendus là dans des recoins trop connu de l'abject humain, je dis là, dans l'acte commis qui tue l'enfant de sang-froid, mais acte si commun, presque banal, dans les marasmes et les cauchemars des conflits qui nous entourent.
Poutine est intervenu à Beslan et dans les silences de Tchétchénie, les attentats divers en Irak, Pakistan, etc etc, les armées modernes d'Israël et de l'Otan, etc etc...
Les enfants crèvent. Oui. Ici c'est de sang-froid. Donc à bout portant. Donc conscient. Oui. C'est infect. La distance du meurtre ne le relativise pas, il en détourne la conscience et la libère à moitié.

Le XXe siècle n'a rien attendu pour massacrer les civiles en masse et abjurer à l'éternité les commis de l'horreur.

Ce que nous voyons aujourd'hui c'est un retour à la maison, non pas absurde mais prévisible, de tous nos conflits, ceux que nous avons inventé, créé, généré et dont nous avons cru en les deplaçant, en les éloignant, nous préserver ou dont nous croyions pouvoir contenir les résonances.

L'incendie d'une mosquée chiite à Bruxelles est un rappel dans la cité de l'Otan et de l'Europe d'un conflit trop longtemps larvé et qui a éclos comme un bubon après l'entrée des troupes occidentales en Irak et qui est le terrain de jeu stratégique de nos intérêts et de ceux de la Russie entre autre, la Syrie étant le nouveau damier,
Toulouse, Montauban. Il ne fallait pas être grand clerc pour imaginer la diatribe du trop vite jugé fou sur la Palestine et sur l'Afghanistan.

Elle est simple et évidente parce qu'elle est concrète. Et elle n'est pas concrète, parce qu'elle est entièrement vraie, mais parce qu'elle interprète immédiatement et totalement un ressenti que l'on a trop longtemps laissé germer.

La vérité n'est jamais le problème. Il y a un point de vue et une façon de le traiter qui devient une réalité, la totalité de cette réalité.

Je ne cherche pas à être froid. Je vomis aussi. Mais comprendre est une distance. Le monde n'a en lui aucune histoire individuelle.

 

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