3.03.2012

Féminisme/ Sur la question de "Mademoiselle"

Il pourrait paraître inepte aujourd'hui de concentrer ces efforts sur l'effacement d'un terme, en l'occurence "mademoiselle" ou de le laisser simplement à libre choix, comme si la lutte pour l'égalité des sexes n'avait à se préoccuper uniquement des questions des égalités salariales, du droit à l'avortement ou des problèmes liés à la violence physique et psychologique.
On argue facilement du côté ridicule de cette demi ou quart victoire comme sussucre alors qu'en France par exemple, au sujet des inégalités salariales et malgré pas moins de 6 lois successives entre 72 et 2008, le gouvernement, en douce des vacances estivales lâcha du lest aux entreprises fautives en leur donnant 6 mois pour s'arranger un accord collectif avec, si mesdames râlent, toujours la possibilité de se raccrocher derrière des difficultés économiques pour n'avoir ni à arranger la parité, ni à s'acquitter des amendes prévues.

Et c'est probablement en fonction de cette sévère enculade que la disparition du "mademoiselle" ou son libre choix a pu, sans autre et si rapidement, trouver tant d'avals et passer comme une fleur.

J'ai publié deux-trois textes sur ce blog et d'autre concernant entre autre le sexe des mots.

Je vais donc y revenir.

Ma préoccupation première, mon intérêt comme mon jeu réside et tourne autour de la langue et du langage, des origines à l'usage, des normes et des mouvements ou plutôt du mouvement de la norme.
Ce n'est pas rien de dire ni de parler.
Notre lexique, quelque soit notre langue nous sert à nommer, c'est-à-dire à faire exister le monde, à lui donner en quelque sorte, un corps abstrait.
Et notre grammaire est toujours une philosophie. Elle nous permet d'ordonner ce monde selon une vision. Des langues il y en a encore plus de 6000 parlées actuellement à travers le monde. Ni plus belles, ni plus logiques, ni plus fonctionnelles que les autres. Les langues n'ont pas de strates entre elles dans leur rapport au monde.
C'est une question de survie, d'harmonie et d'économie.

L'autre s'entrevoit, s'accepte, se comprend, se partage par la langue et hors du simple lexique, par la grammaire qu'elle porte.
C'est la langue elle-même qui nous fonde au monde, qui nous le détermine, qui nous détermine, qui est notre axe 1 de pensée, qui entrave ou complique tout autre axe, qui est la totalité et la limite de ce que l'on peut penser de nous, des autres et du monde.

Je reviendrai souvent et plus longuement sur la grammaire française.
Mais en la simplifiant au maximum, elle n'est pas cette horreur d'exception permanente que suppute ceux qui tentent de l'apprendre. Elle est au contraire effroyablement binaire.
Elle est aristotelicienne, platonicienne, voire même plotinienne et chrétienne.

Le français partage le monde en deux sur plusieurs points. Mais celui qui nous intéresse là, c'est la différenciation masculin-féminin. Nous n'avons pas d'alternative, comme le neutre par exemple. Ou l'absence de genre.

Duras recommandait aux femmes, il y a de cela un petit bail de se trouver leur propre langage, leur propre langue, plutôt que d'utiliser celui ou celle des hommes pour tenter d'être.
Dans un texte que j'ai écrit il y a quelque temps déjà, je proposais par exemple de remplacer le mot "homme" pour "humain" par "hoamme" ("woam"). Une simple contraction qui est déjà la totalité des représentants.

La question de "mademoiselle" est intéressante et nécessaire parce qu'elle pose le combat dans la source, dans le fondement de notre être-au-monde. Dans sa définition. Dans la langue.

Je ne trouve donc pas cette velléité ridicule. Je la trouve juste timide. Trop tendre. Juste un peu fade ou faible par excès de politesse ou de déférence vis-à-vis du "sexe fort".

La question n'est pas une guerre. Elle est une création.
Je viens d'un pays où l'on parle trois langues. Et si la France s'en donnait deux?







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