3.27.2012

Nouvelle/13 Ce ne serait pas pareil à New-York

Il regarde derrière lui une plaine alarmante, la ville sera toujours mieux.
Cet océan plat, sans nuance que des trous vagues et de la terre trop sèche, des vallons pour nains ou enfants à ramper, des aléas de tourbes, des collines d'ennui. Des arbres rachitiques de s'être hivernés, des vasques craquelées, des crêtes maigres et argileuses gravie en deux pas.
Oui. La ville sera toujours mieux.
Il se retourne et arpente.
Il plane entre le béton et la brique, les enjeux ramifiés, la nature concassée, avilie, joyeuse de ses angles, de ses bords à bords joints, multipliés, ivres de rigidité. Les courbes comme des statistiques, les virages comme des graphiques, un orgasme continu de trigonométrie, chaque incurvation est un repère à nouveau perdu, un triangle rectangle, minutieusement calé et reproduit, indécelable, des montagnes conscientes entre, des créneaux vivaces et habités, des échouages, des ratés, des joies et des caves.
Il transpire sans pause, il avale et braque, quitte, retrouve le connu, le dépasse, s'enfonce et brûle et de toute chose les cuisses qui s'allument et le sang lourd qui les transpercent et autour la brique en dégradé saccadée de béton.
Les gens ne sont pas intéressants. Il n'existe que dans l'absence des vitres trop éclairées pour qu'on puisse voir à travers, les rideaux, les stores, les étages gavés de l'ubris d'échapper non à la rue mais aux regards d'une plèbe incapable, détériorée de mirer si haut.
Et puis ce moment si particulier où l'on ne pense plus, où l'effort est impossible, où les images s'arrêtent.
L'errance urbaine où même le corps se tait.

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