Et ça reste fascinant de constater que la réalité existe encore. Tony Boy n'y croit pas. Il marche dans la rue. Sur les vagues des passerelles de métal, dans les tranchées des travaux de la rue, un ouvrier fait tourner son casque sur son doigt en allant à la pause, sur la terrasse plus loin, à chaque table, des gens sont assis ensemble et ils se parlent. Oui. Ils se parlent. Avec des voix et des gestes et sur les visages, même des expressions. Tony Boy s'installe. Seul. persuadé que personne ne le voit, que personne ne peut le voir, assis en plein soleil dans l'obscurité d'une salle d'un spectacle qui le dépasse. Tous ces gens qui semblent étrangement prendre plaisir à leur réalité, il les voit dans des regards sans webcam et des gestes sans claviers.
Des années avant, Tony Boy a 14 ans, il fonce à vélo, sur la route du lac, seul, à tenter de battre les records de sa mythologie. C'est l'été et la piscine municipale avec les plans d'herbes, les pentes et les deux bassins et la descente vers les puces du lac. Il est joliment maigre et sec, il s'étale, nage un peu, sous l'ombre des arbres, les familles et puis, partout, un peu, les filles. Là, plus haut, elles sont deux en maillots deux pièces, elles ont son âge, elles sont trop loin pour qu'il puisse entendre les conversations de leur âge. Dans son bras droit, il tremble son désir et dans son bras gauche, il tremble sa terreur de se lever et de mettre des mots comme il faut. Il y en a une. Elle est très belle. Tony boy la regarde des heures d'une journée entière, l'idéal, là, d'une journée entière comme dans les films ou dans les livres ou les dessins animés avec toute la perfection tendue d'un désir beau d'être intouchable, il fixe un amour courtois d'un regard de psychopathe.
Le lendemain, il fonce sur la route du lac, plongé loin dans la mythologie jolie et le monde aussi extérieur que n'importe quelle terrasse, si doux, comme un musée dont on ne peut rien effleurer, si brutal comme un corps juste mort qu'on ne peut pas toucher, si lisse et évident, comme un écran. Assis sur un plongeoir du grand bassin, il attend rien, séchant sa nage à regarder l'eau, et le monde qui vaque à tirer des lignes. Les filles de la veille entrent et lente longent le bassin, vers lui. A sa hauteur, celle qu'il ne regardait pas dit à sa copine "c'est pas lui le gars qui a pas arrêté de te mater hier". "Oui, c'est lui". Elle est encore belle quand ses mains dans son dos le poussent dans l'eau et qu'elles rient d'une vraie joie, d'une joie juste et saine et toute légère. Tony Boy, assis là, sur cette terrasse, à voir la vie vouloir être réelle se demande comment il a fait pour remonter à la surface, reprendre son souffle, nager vers l'échelle du bord et retourner se coucher dans l'herbe entre les familles et les filles.
Des années avant, Tony Boy a 14 ans, il fonce à vélo, sur la route du lac, seul, à tenter de battre les records de sa mythologie. C'est l'été et la piscine municipale avec les plans d'herbes, les pentes et les deux bassins et la descente vers les puces du lac. Il est joliment maigre et sec, il s'étale, nage un peu, sous l'ombre des arbres, les familles et puis, partout, un peu, les filles. Là, plus haut, elles sont deux en maillots deux pièces, elles ont son âge, elles sont trop loin pour qu'il puisse entendre les conversations de leur âge. Dans son bras droit, il tremble son désir et dans son bras gauche, il tremble sa terreur de se lever et de mettre des mots comme il faut. Il y en a une. Elle est très belle. Tony boy la regarde des heures d'une journée entière, l'idéal, là, d'une journée entière comme dans les films ou dans les livres ou les dessins animés avec toute la perfection tendue d'un désir beau d'être intouchable, il fixe un amour courtois d'un regard de psychopathe.
Le lendemain, il fonce sur la route du lac, plongé loin dans la mythologie jolie et le monde aussi extérieur que n'importe quelle terrasse, si doux, comme un musée dont on ne peut rien effleurer, si brutal comme un corps juste mort qu'on ne peut pas toucher, si lisse et évident, comme un écran. Assis sur un plongeoir du grand bassin, il attend rien, séchant sa nage à regarder l'eau, et le monde qui vaque à tirer des lignes. Les filles de la veille entrent et lente longent le bassin, vers lui. A sa hauteur, celle qu'il ne regardait pas dit à sa copine "c'est pas lui le gars qui a pas arrêté de te mater hier". "Oui, c'est lui". Elle est encore belle quand ses mains dans son dos le poussent dans l'eau et qu'elles rient d'une vraie joie, d'une joie juste et saine et toute légère. Tony Boy, assis là, sur cette terrasse, à voir la vie vouloir être réelle se demande comment il a fait pour remonter à la surface, reprendre son souffle, nager vers l'échelle du bord et retourner se coucher dans l'herbe entre les familles et les filles.
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