9.25.2014

Nouvelle 33/ Une occasion à prendre

Une explosion de chair tendre et diurne. Un traînée de carne, rugueuse, tendue à attendre. Un I-phone à se river, le collagène pour plus tard. Paluche était coincé. il construisait des comètes à y mettre des plans. La plupart du temps il trempait dans toutes sortes d'affaires plus ou moins clair, parfois bien obscures mais les limites avaient toujours été vagues pour lui. Une camionnette de nuit, en général la sienne, avec des gens qu'on ne citera pas à couper des câbles le long des voies ou à attaquer les grillages des chantiers à la pince où le cuivre et la plomberie là où ils traînaient. On lui ramenait des vieux fruits qu'il distillait dans sa cave, utilisant le vieil alambic de son père. Il avait appris jeune. Il distillait toujours à double, des eaux-de-vie impeccables qu'il se réservait ou qu'il revendait au Pat ou aux bons copains et une charognerie qu'il écoulait au litre, à la fine limite de rendre aveugle. Juju disait qu'il avait rendu son fils débile et borgne à force de l'utiliser comme cobaye à gnôle, exclusivement pour la charognerie mais la Grosse Marie, elle, disait que le fils était débile de naissance parce que Paluche, n'ayant jamais été particulièrement doué avec les filles n'avait réussi à engrosser que deux cousines presque sans degrés.


Paluche reluquait la fille, goulu et affamé et elle, elle s'en foutait royalement, d'une main elle répondait aux tremblements du bus et de l'autre elle parkinsonnait sur son écran. Paluche s'était assis. Le trajet était long, il devait faire presque toute la ligne. La faune changeait presque à chaque arrêt. Il avait regardé défiler les murs de briques sales changer en façades de béton sale et les filles en survêtement en filles en tailleur. De H&M on approchait de Channel, même le tissu des voiles semblaient plus affiné. Pour Paluche on traversait la fin du monde, tout un inconnu qui semblait décider de tout et n'achetait jamais son eau-de-vie, qui ne faisait que spéculer sur le cuivre sans être capable de faire la différence avec du zinc. Les chantiers là ou les bâtiments inoccupés, vides depuis tant d'années étaient toujours trop surveillés. Au bout de la ligne, il devait descendre et prendre un tram pour retrouver des briques sales, là, au fond, dans les quartiers sud où un ferrailleur s'intéressait à son stock. Il avait pris la vieille malette de son père et y avait glissé deux-trois échantillons de métal et deux bouteilles de sa meilleure production. Un pruneau et un coing. Le coing s'était pour négocier, le pruneau comme cadeau.


La vie entière était un monde rare. Les gens semblaient fatigués d'une éternité qu'ils ne voyaient même pas, dans tous les quartiers pensait Paluche, dans sa traversée des couches, migration qu'il effectuait rarement, se cantonnant d'habitude aux quartiers nords. Mais c'était la crise comme on disait et depuis quelques mois il était obligé d'élargir ses perspectives. Il avait déjà largement entamé la fiasque d'abricotine qu'il gardait dans la poche intérieur de son veston. C'est juste après avoir rebouché la bouteille, à la hauteur de la Commission européenne que l'explosion renversa le bus. Il appris plus tard que la fille qui s'était fait sautée et s'était répandue tout autour de l'entrée du bâtiment était originaire comme lui des quartiers nord et qu'elle avait grandi à deux rues de chez lui. Paluche s'était violemment cogné la tête mais était resté conscient. Ce n'était pas le cas de la fille qu'il avait si longuement matée. Elle était étalée sur lui, évanouie, ses seins dans le visage de Paluche. Il attendit les secours en les gobant, lui pelotant les fesses, dans les cris et les pleurs des survivants, regardant un amas de sang et de carne collés à la vitre au-dessus de lui. Pour Paluche il y avait les vivants et les morts et la vie n'avait jamais été qu'une occasion à prendre.







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