12.25.2015

Haïku de route-99/ Limpid Boulder on Fairview Dome






















J'ai rien regardé. La carte semble droite. Des départ de Trail et des Creeks le long ou en coupe. C'est plus bas, vers Crane Flat qu'il faudra prendre la Big Oak Flat Rd sur sa gauche pour éviter de sortir vers Manteca ou Mather par Evergreen Rd. Je suis assis, calé dans un creux sur le lisse, à regarder les pics des arbres et loin, Ragged Peak, avec ma mère, assise en contre-bas sur la suite du lisse, dans une autre cale à elle, à regarder vers devant et entre nous, les rochers en stand-by d'errance, assis comme nous à regarder et respirer les 3000 mètres sur Fairview Dome. Nous sommes la salle éclaircie d'une scène pour rien. Ma mère porte son t-shirt noir et son pantalon en jeans délavé coupé au molet. On est haut et encore tôt dans le jour et dans l'année et j'aimerais bien me mettre torse nu et m'allonger un peu. Il y a comme des arrêts dans la vie où il faudrait une méduse et plus faire un pas de plus, une pause pour l'éternité en attendant qu'elle passe dans un trou noir et que tout recommence dans un trop plein de tête d'aiguille. Je ne sais pas encore si la dernière réincarnation c'est la goutte d'eau ou le rocher en fin d'errance, immobile, à flan, face à tout et rien. Ou alors peut-être que c'est le suc gastrique ou le virus de la grippe ou un quart de nucléon. Je me demande comment un arbre peut décider de vivre dans une fente de pente, mais je me demande aussi comment certaines personnes peuvent décider de vivre dans certains endroits. Peut-être que l'on s'arrêtera vingt fois encore avant de s'arrêter là où les bus de chinois s'arrête pour regarder ce qui est en gras sur la carte.


On a passé plus tôt l'entrée du col à 30$ sans circulation et le cabanon simple après la boucle d'Ellery Lake et la longé de Tioga Lake. On a reçu un joli plan à 3031 mètre, 9945 ft sans y croire un centimètre. Il semblait qu'on était déjà en train de descendre, le pic derrière nous à 3513 m, 11526 ft sans que je réalise ni là, ni au passage du col ni encore maintenant que je n'ai jamais été si haut. Le barrage où j'avais le vertige et mangeait parfois une glace et plus loin les meilleurs croûtes au fromage de ma vie n'est qu'à 1931m. Alors que j'avais toujours eu l'impression qu'il était tellement haut et le haut encore plus haut qui nous dominait autour et l'altitude des rochers que je gravissais dans les jeux seuls d'enfant, les après-midi dans la forêt qui semblait immense autour du chalet et tout l'immense qui se rétrécissait chaque année, comme si le monde rapetissait, mon monde que je touchais, grimpais, la mousse où je tenais longtemps tapis à mitrailler l'ennemi. Seul le haut du haut restait trop haut et fermait la vue et me protégeait de tout ce qu'il pouvait y avoir derrière les hauts. Je n'étais pas comme Carlo, je ne voulais monter là où il n'y avait plus d'air pour voir ce qu'il y avait derrière et s'il y avait quelque chose. Petit, les murs protègent et les montagnes sont les plus beaux murs et juste, parfois, dompter dans les après-midi seuls des immenses à mon échelle. 3513 m, 3031 m comme une blague qu'on traverse.


Les gorges d'eaux de Dog Lake, Cathedral Lake, les tronçons dans les veines de la Tuolomne River ou de Bud Creek, les traces de nerfs entre les Dômes et les Pics, Lambert, Pothole, Medlicott et Tresidder, Echo, Unicorn vers le sud et les sillons à hommes et toute la beauté lymphocyte qui nous nettoye et nous accepte le long du tronçon de la 120. Ma mère se redresse. Il est temps. On sera des roches une autre fois, on s'arrêtera pour de bon une autre fois. Toute la terre est un corps comme un autre, à foison et éreinté où nous sommes merveilles et parasites. Je me veille de ne pas glisser, ma mère a déjà rejoint la Ford, queqlues brindilles encore pour le sol du siège du mort déjà bien mélangé. "ça fait du bien", "et c'est vraiment beau", "mais je n'arrive toujours pas à croire qu'on est à 3000 mètres". On reprend Tioga vers Tenaya, lac d'outre-mer et on s'arrête 6 miles plus loin à Olmsted Point. La montagne s'y prend dans le fond comme une fente. On se parque sur une des 44 places, à l'extrême-droite même si pour Perceval droite et gauche ne veulent rien dire. Pas de bus, ni Chinois, ni meute grasse des week-end prolongés, deux voitures sans personnes autour et les terrasses de lisse vers la vallée de Tenaya. D'autres rochers encore en fin d'errance méditent, leurs atomes en surface giguant dans les molécules d'air. Des nids de sapins et des aventuriers isolés enracinés dans des masses blanches et pelées, le Half Dome doublement coupé et la route vierge derrière nous. Et oui, encore, peut-être, 19 fois, on s'arrêtera avant le vrai gras de la carte.









































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